Le [wiki] d'Alice - Histoire (original) (raw)

Contenu : Une introduction sur les micro-ordinateurs de Matra et l'histoire de la société.

AliceAlice est né en France à l'automne 1983. Fabriqué par Matra et commercialisé par Matra-Hachette, il se place dans la catégorie des micro-ordinateurs familiaux dit d’initiation. Quand on découvre Alice pour la première fois, ce qui surprend de suite c’est sa couleur d'un rouge profond, pas habituelle il faut l’avouer sur ce genre de matériel. Ensuite on remarque sa toute petite taille, en effet il ne mesure qu’environ 21 centimètres de large, pour un poids qui ne dépasse guère 850 grammes. Les 48 touches blanches du clavier se détachent bien du cadre noir qui les entoure, et au final on se trouve devant un objet à l’aspect visuel fort sympathique.

Malheureusement, même dans le contexte d’une utilisation familiale, les performances d’Alice sont anémiques. Premier point faible, la mémoire vive de seulement 4 kilo-octets, dont il ne restera réellement que quelques 3 kilo-octets pour l’utilisateur sous Basic, c’est vraiment très faible. Deuxièmement, l’affichage semi-graphique qui ne permet qu’une résolution très grossière et bien loin de ce que propose au même moment la concurrence. Le processeur Motorola 6803 qui l’anime offre des caractéristiques intéressantes mais n’est pas des plus connus, ce qui n’a sans doute pas facilité le développement d’applications. Et même si le Basic intégré est un classique du genre signé Microsoft, le peu de mémoire morte de la machine en a limité la quantité d’instructions. En revanche son prix de vente fin 1983, de l’ordre de 1200 francs de l’époque, est finalement suffisamment attractif pour le marché auquel il est destiné.

Tandy MC10Pour être exact, Alice n’est pas tout à fait de nationalité française, car il est le fruit d’une collaboration entre Matra et Tandy Corporation, qui donna naissance en 1981 à Matra Tandy Electronique (MTE) et qui permis à ce dernier de construire sous licence des micro-ordinateurs de la gamme TRS-80 en France, dans l’usine de Wintzenheim en Alsace. Par conséquent, Alice n’est autre que le frère jumeau du TRS-80 MC10 américain, aussi blanc qu’Alice est rouge. A noter que Tandy a commercialisé quelques temps des MC10 dans ses succursales françaises, donc avec un clavier azerty et dans un boîtier blanc.

En 1984, Matra décide de faire évoluer Alice en proposant une version améliorée. Celle-ci sera présentée dans le même boîtier, au point qu’il est difficile de différencier les deux modèles sans connaître précisément les différences. Baptisé Alice 32, en référence à la quantité de mémoire installée, il faut cependant comprendre mémoire vive et morte additionnée, soit 16 Ko de ROM et 16 Ko de RAM. Outre la mémoire, la fréquence du processeur est légèrement plus élevée, l’affichage est plus performant et l’utilisateur dispose d’une possibilité de programmation en assembleur.

Ultime déclinaison de l’Alice en 1985 avec Alice 90, le cœur du système est identique au modèle 32 mais équipé de 40 Ko de mémoire vive et d’un véritable clavier mécanique. C’est au niveau du boîtier que la différence est plus singulière, car celui-ci dispose d’un design très particulier avec ses deux angles opposés tronqués et toujours cette couleur rouge accrocheuse. C’est original et plutôt réussi, bien entendu toujours dans le cadre d’une utilisation ludique et familiale. Mais en 1985 il n’y a plus de place pour Alice, des machines beaucoup plus puissantes se disputent le marché et les 16 bits pointent déjà leur nez…

En marge de ce créneau familial dans lequel il ne réussi pas à émerger, Matra cherche dès 1984 une destinée plus professionnelle à sa production et conçoit à l'abri des regards une machine totalement différentes des précédentes. En tant que processeur principal le Motorola 6803 est abandonné et remplacé par un Intel 8088, la mémoire est portée à 64 ou 256 Ko en base et un moniteur monochrome est intégré à l'ensemble. La robe rouge est mise à l'écart au profit du blanc crème, il faut faire sérieux pour convaincre les décideurs car le but avoué est de s'introduire dans les écoles françaises au titre du plan informatique pour tous alors naissant (plan IPT). Le projet porte le nom de code de "Nanomachine" mais quelques temps plus tard le nouveau-né sera rebaptisé Alice 8000. Au cours de l'année 1985 quelques exemplaires verrons le jour mais finalement ne serons jamais commercialisés...
Alice 8000 restera pour toujours à l'état de prototype. Le grand bénéficiaire du plan IPT est alors Thomson et Matra abandonne définitivement la micro-informatique.

Matra Matra, acronyme de Mécanique Aviation Traction, est une entreprise française fondée en 1945, son activité est alors centrée sur la fabrication de moteurs d'avions. La société entreprend l'étude et la création d'un prototype bimoteur prévu pour la vitesse maximale de 800 km/h, le plus rapide des avions à hélices du monde à l'époque. Six années plus tard, pour la première fois en Europe, le mur du son est franchi en vol horizontal par un engin spécial d'origine Matra (mach 1,4).

Par la suite la société s'est fortement diversifiée, toujours dans le domaine de la haute technologie, couvrant une large palette d'activités dans l'aéronautique bien sûr, mais aussi l'aérospatiale depuis 1961, l'automobile en 1964, le transport, les télécommunications et la défense.

En 1963, Jean-Luc Lagardère est appelé au poste de Directeur Général de Matra qui emploie alors 1 450 personnes.

En 1975, EMO devient Matra Électronique. EMO (Electronique Moderne de l'Oise) avait été créée en 1947 par Henri De France (inventeur du procédé SECAM à La-Croix-Saint-Ouen), pour la fabrication de téléviseurs noir & blanc puis couleur. Après avoir intégré le groupe Lagardère, cette filiale se spécialise dans la fabrication d'équipements électroniques pour Matra.

En 1979, Matra devient le principal actionnaire de JAZ SA. C'était le 30 décembre 1948 que la Cie ELECTRO-MECANIQUE de Paris avait créé à Colmar la Société Alsacienne de Précision, plus connue sous son abréviation SAP, pour produire des pièces d'horlogerie. En 1951, la SAP est reprise par la société JAZ SA, puis en 1954 celle-ci s'implante à Wintzenheim sur un terrain de 40.000 m². A partir de 1975, JAZ SA opère une fusion-absorption de sa filiale.

En 1981, Jean-Luc Lagardère prend en main les destinées d'Hachette. La même année, un partenariat entre Matra et Tandy Radio Shack donne naissance à la société MTE - Matra-Tandy-Electronique et débouche sur la fabrication sous licence, en France dans l'usine JAZ, de micro-ordinateurs TRS-80 modèle 3.

Jaz Wintzenheim

[citation cf. JAZ et Wintzenheim]Depuis un an, l'usine JAZ loue une partie de ses locaux à la société Matra-Tandy-Electronique, à laquelle une soixantaine de personnes de son effectif ont été mutées, et qui produit un millier d'ordinateurs par mois. Cette société est cependant bien distincte de Jaz. Les ateliers informatiques de Jaz travaillent dans la gamme au-dessus de ce que fait Tandy; pour le compte de MBC, qui fait partie de la branche informatique de Matra, ils réalisent l'ordinateur "Alcyane", diffusé en France à l'usage des professionnels, notaires, pharmaciens, etc... Cet ordinateur est fabriqué à raison de mille exemplaires par an. L'activité informatique porte aussi sur l'élaboration des circuits imprimés pour ordinateurs. "Alcyane" est utilisé dans les bureaux mêmes de Wintzenheim pour la gestion et le travail administratif.

En 1983, un nouvel accord avec Tandy concerne la fabrication du MC-10 et de l'Alice. L'Alice sera commercialisé par Matra & Hachettel'un comme l'autre appartenant au groupe Lagardère. Hachette aura pour mission l'édition de logiciels et livres sur ce micro-ordinateur.