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- Les Réformes prussiennes, (en allemand Preußische Reformen ou Stein-Hardenbergsche Reformen, d'après les noms de leurs deux principaux instigateurs Stein et Hardenberg) désignent une restructuration d'inspiration libérale de l'administration et du système de production agricole et industriel de la Prusse, menée entre 1807 et 1819. En 1806, la Prusse perd la guerre face à la France de Napoléon Ier après les batailles d'Iéna et Auerstaedt. Le deuxième traité de Tilsit de 1807 démembre le royaume qui perd environ la moitié de son territoire et doit payer de lourds tributs de guerre. Cette défaite met en exergue les faiblesses du modèle d'État absolutiste prussien et exclut le royaume du cercle des grandes puissances européennes. Une rationalisation de l'administration est nécessaire afin de retrouver des marges budgétaires tout en payant les réparations de guerre. Cette modernisation de la Prusse est menée à partir de 1807 à l'instigation de deux hommes d'État. Heinrich Friedrich Karl vom Stein et après lui Karl August von Hardenberg sont les principaux meneurs de la politique de réforme qui se décline dans plusieurs domaines. Concernant l'agriculture, le servage est aboli et la possibilité donnée aux paysans de devenir propriétaires terriens. Dans l'industrie, les réformes visent à favoriser la concurrence en supprimant le monopole des corporations. L'administration est décentralisée et le pouvoir de la noblesse diminué. D'autres réformes sont menées en parallèle : les réformes militaires de Gerhard von Scharnhorst, August Neidhardt von Gneisenau et Hermann von Boyen ou la vaste réforme de la formation menée par Wilhelm von Humboldt. Gneisenau souligne la cohérence de ces réformes quand il pense que la Prusse doit se fonder sur la « triple puissance des armes, de la science et de la constitution ». Si le début de la période des réformes est aisément identifiable, il est plus difficile de lui assigner un terme précis. Sur le plan de la politique constitutionnelle et de la politique intérieure, l'année 1819 marque une rupture, même en Prusse où les aspirations constitutionnelles ont laissé place à des tendances restauratrices. Le bilan des réformes est nuancé avec des conséquences allant parfois à l'encontre de la volonté initiale des réformateurs. Les réformes agraires libèrent certes les paysans mais la libéralisation des terres condamne beaucoup d'entre eux à la pauvreté. La noblesse voit ses privilèges réduits mais connaît un renforcement de sa position. Incontestablement, les réformes modernisent le royaume. Certains, comme Heinrich von Treitschke, voient les réformes comme la genèse de la fondation de l'Empire allemand. (fr)