Abbaye de Fontaine-les-Blanches (original) (raw)

Abbaye de Fontaine-les-Blanches
Présentation
Culte Catholique
Type Abbaye
Rattachement Ordre cistercien
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1949)[1]
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Centre-Val de Loire
Département Indre-et-Loire
Ville Autrèche
Coordonnées 47° 29′ 52″ nord, 0° 59′ 56″ est
Géolocalisation sur la carte : Indre-et-Loire (Voir situation sur carte : Indre-et-Loire)Abbaye de Fontaine-les-Blanches Géolocalisation sur la carte : Centre-Val de Loire (Voir situation sur carte : Centre-Val de Loire)Abbaye de Fontaine-les-Blanches Géolocalisation sur la carte : France (Voir situation sur carte : France)Abbaye de Fontaine-les-Blanches
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L'abbaye de Fontaine-les-Blanches est une ancienne abbaye de l'ordre cistercien située sur la commune d'Autrèche, dans le département d'Indre-et-Loire. Elle fut vendue comme bien national à la Révolution française et partiellement démolie.

Cet édifice fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 14 septembre 1949[1].

Locus Fontanarum quem indigeri Allodia vocant (1167), Fontanæ seu Allodium (vers 1150), Ecclesia de Fontanis, abbatia quæ vocatur Fontanæ (1162), Fontanæ albæ (1186), Beatæ Mariæ de Fontanis Albis (1200). Le lieu où s'est implantée l'abbaye s'appelait initialement l'Alleu ou les Alleux[2]. Le nom s'est définitivement établi en abbaye de Fontaine-les-Blanches, plus rarement Sainte-Marie de Fontaine-les-Blanches ou Notre-Dame de Fontaine-les-Blanches. Le surnom « les-Blanches » proviendrait de la couleur de l'habit des religieux qui y résidaient[3].

Au début du XIIe siècle, peu avant 1115, deux dévots originaires de Montlouis, Geoffroi l'hermite et Geoffroi Bullon, s’installèrent à Autrèche au lieu-dit Pont-de-Fontaine (anciennement Pont-Rune). Ils furent rejoints par Guillaume de Messines, futur prieur du Saint-Sépulcre puis Patriarche latin de Jérusalem, ainsi que par le Grand Lambert, le Petit Lambert, un chevalier flamand, Ascelin le prêtre, Hervé de Gallardon, Gérard de Locumnia et le frère laïc David. Quelques autres ermites se joignirent au groupe pour édifier une chapelle en bois dédiée à sainte Marie-Madeleine[4].

Vers 1125, plusieurs seigneurs locaux firent don aux religieux des terrains alentour et Renault (ou Renaud) de Château-Renault leur accorda, outre le droit de justice, le droit de chasse et celui de prendre du bois dans la vaste forêt de Blémars[N 1], ainsi que des glands pour la nourriture des porcs. Droits qui furent confirmés en 1127 par une charte d'Hildebert de Lavardin, archevêque de Tours, qui leur conféra le statut d'ermitage, et par le comte Thibaut IV de Blois en 1131.

Une partie des ermites se satisfaisait de ce statut, tandis qu'un autre groupe souhaitait rejoindre un ordre régulier. Des contacts furent pris avec l'abbaye Saint-Florentin de Bonneval, mais c'est finalement vers la puissante abbaye de Savigny en Normandie que se tournèrent les moines.

Geoffroy, abbé de Savigny, se rendit sur place en novembre 1134 en compagnie de l'archevêque de Tours Hildebert de Lavardin. En accord avec l'évêque et douze religieux, il décida la transformation de l'ermitage en abbaye qui rejoignit ainsi la congrégation de Savigny qui suivait la règle de saint Benoît. Odon, prêtre de Savigny qui accompagnait Geoffroy, en fut nommé le premier abbé. Au chapitre de 1147, la congrégation optant pour le rattachement à l'Ordre de Cîteaux, les religieux de Fontaines troquèrent leur habit gris de bénédictins contre l'habit blanc des cisterciens[4].

Dès son origine, le monastère détenait les droits de haute, moyenne et basse justice attachés au titre de châtellenie, droits conférés par la charte de Thibaut IV de Blois de 1131 et confirmés en 1186. Pour le temporel, l'abbaye relevait des châteaux d'Amboise et de Château-Renault[5].

Comme toutes les communautés religieuses, l'abbaye fut l'objet de la déchristianisation pendant la Révolution française. Les religieux en furent chassés, les bâtiments et possessions, décrétés biens nationaux en novembre 1789. Elle fut acquise, le 28 mai 1792, par Guillaume Dubaut (ou du Bault), ancien conseiller du roi et receveur des tailles en l'élection de Tours, au prix de 19 200 livres et partiellement démolie[6]. Elle passe par héritage à Charles Gabeau. De nombreux éléments furent dispersés aux alentours. On connait la destination de 23 des stalles, réalisées vers 1480, qui ornaient l'abbatiale : 16 sont dans l'église Saint-Prix de Noizay[7], six dans l'église Saint-Adrien de Pocé-sur-Cisse[8] et une autre, ainsi que deux statues de saints, sont conservées dans l'église Saint-Saturnin de Limeray[9]. Une petite cloche de l'abbaye fut installée dans l'église Notre-Dame de Dame-Marie-les-Bois en remplacement d'une cloche fondue pendant la Révolution[N 2].

Seuls subsistent à ce jour, dans une propriété privée, la porte nord datant du XVIe siècle, le logis abbatial datant du XVIIe siècle, incluant une salle du XIIIe siècle et un pavillon du XIIIe siècle construit sur des cachots superposés. L'aile ouest du cloître affectée aux celliers et les vestiges des murs son aile est, ainsi qu'un bâtiment de service du XVIIIe siècle.

Outre plusieurs abbés, des personnalités furent inhumées dans l'abbatiale, dont :

Tous les monuments funéraires furent détruits à la Révolution française.

Fontaine-les-Blanches est fille de l'abbaye de Savigny. L'abbaye possédait de nombreuses propriétés. Dès 1162, une bulle du pape Alexandre III recense de nombreux biens aux alentours[11]. Une déclaration en date du 2 février 1547 énumère les propriétés détenues à l'époque : « Et premierement le monastère de Fontaine-les-Blanches cloz et environné de murailles, contenant, tant en l'esglize, cloistres, eddifices, courts et jardins, dix arpents ou environ. »

L'abbatiale, dédiée à Notre-Dame, comportait trois chapelles : la première dédiée à saint Hubert, la seconde à sainte Madeleine et la troisième, consacrée à saint Michel archange était également appelée « chapelle des infirmes »[5]. Il faut croire que la décoration était discrète si l'on en juge par l'avis de moines en visite au début du XVIIe siècle : « L'abbaye de Fontaine-les-Blanches ne paroît pas avoir jamais été fort considérable. L'église néanmoins est assez jolie, le chœur propre & l'autel d'un très bon goût. Dans une chapelle à côté du grand autel on voit le tombeau d'un évêque… »[12]

Outre deux cents arpents de bois et un étang proches de l'abbaye, figurent en 1547 dix métairies et deux moulins représentant plus de 1 100 arpents de terres. S'y ajoutent les propriétés acquises aux XVIIe et XVIIIe siècles, soit dix-huit métairies supplémentaires et deux moulins, l'un à Limeray et l'autre à Montreuil-en-Touraine[5]. À la veille de la Révolution, l'abbaye possédait 465 ha aux alentours d'Amboise. Elle était probablement le plus gros propriétaire foncier de la région après les domaines d'Amboise et de Chanteloup[13].

Aux revenus provenant de ces propriétés, s'ajoutaient divers dons et rentes de personnalités souhaitant obtenir la reconnaissance du Ciel et les prières des religieux. Dans une charte datée de mai 1240, Isabelle de Blois, comtesse de Chartres et de Romorantin, veuve de Sulpice III d'Amboise : « […] rappelle qu'elle a donné au monastère de Sainte-Marie-des-Fontaines [_sic_], un millier de harengs et deux lagènes d'huile, à prendre sur le produit des fêtages des maisons de Romorantin, et, dans la crainte que cette redevance ne soit pas payée exactement, la convertit en 30 sous chartrains sur la Perrée[N 3] de Chartres, payables chaque année le jour de l'octave de Pâques » [14].

De sa création en 1134 à sa fermeture en 1790, 48 abbés se sont succédé à la tête de l'abbaye, selon la liste établie en 1880 par Carré de Busserolle[15]. La liste est toutefois incertaine pour la période allant de 1216 à 1347. À partir de 1534, les abbés relèvent du régime de la commende, c'est-à-dire qu'ils perçoivent les revenus de l'abbaye sans y exercer directement l'autorité.

Liste chronologique des abbés de l'abbaye de Fontaine-les-Blanches

Rang Début Fin Nom Commentaire
01 1134 1145 Odon Religieux de l'abbaye de Savigny
02 1145 1148 Gilbert
03 1148 1170 Thibault Religieux de l'abbaye de Clairvaux
04 1170 1173 Herbert Prieur de l'abbaye de Clermont
05 1173 1175 Robert
06 1175 1188 Robert
07 1188 1211 Peregrin Rédacteur en 1200 d'une histoire de l'abbaye
08 1211 1216 Aelerme
09 1216 ? Nicolas
10 ? 1227 Luc Cité dans une charte de 1221, mort en 1227
11 1227 ? P... Désigné par cette seule initiale en 1228
12 ? ? Simon
13 ? 1253 Guillaume Cité dans une charte de 1250
14 1254 1262 Thierry
15 1263 ? Robert
16 ? 1280 N...
17 ? 1287 Michel
18 1287 1308 Guillaume
19 1308 1338 Thomas Cité dans des chartes en 1313, 1337 et 1338
20 1339 1346 Guillaume Biard Cité dans des chartes en 1339 et 1345
21 1347 1354 Richard Dit Hellie
22 1355 1360 Thomas de Cortmolan Mort le 15 juillet 1371
23 1361 1371 Jean du Pont
24 1371 1383 Guillaume le Lait
25 1383 1421 Jean Coquau Originaire d'Amboise, Quocuau en 1400
26 1422 1427 Jean Thorodes
27 1427 1455 Jean Chaillou
28 1455 1478 Mathurin ou Mathieu Fremin
29 1478 1504 Thomas Leveau
30 1504 1517 Jean Cloques
31 1517 1534 Jacques Poelon
32 1534 1549 Nicolas Chauvin Protonotaire apostolique
33 1550 ? Charles Tiercelin de Brosses Fils d'Adrien Tiercelin de Brosses, Chambellan de Louis XI
34 ? 1590 Antoine Tiercelin de Brosses
35 1590 1590 Antoine de Roquelaure Homme de guerre, fut également abbé de l'abbaye de Saint-Évroult
36 1590 1591 N. d'Avrilly
37 1591 1606 Jean-Antoine de Bruyères Prévôt de l'église de Toulouse
38 1606 1612 Claude Belot Conseiller et aumônier du roi Louis XIII
39 1612 1620 Claude Hatel-Belot Aumônier du roi Louis XIII et chanoine de la Cathédrale Notre-Dame de Paris
40 1620 1626 Jean Collon Conseiller clerc au Parlement de Paris
41 1626 1632 Guillaume de Croisilles Conseiller et aumônier du roi Louis XIII
42 1632 1647 Nicolas de Croisilles Conseiller et aumônier du roi Louis XIII
43 1647 1712 Balthazard Rousselet de Châteaurenault Fils de François Louis Rousselet de Châteaurenault
44 1712 1752 Jean Taschereau de Baudry Frère de Gabriel[16], Trésorier et doyen de l'église royale de Saint-Martin de Tours
45 1752 1765 Louis-Antoine-François de Durfort
46 1765 1770 Jean Collet
47 1770 1772 René-Louis-François-Marie de Caulaincourt
48 1772 1790 Jean-Marie Du Chastel Dernier abbé, destitué par la Révolution française
Blason de l'abbaye de Fontaine les Blanches Les armes de l'abbaye de Fontaine-les-Blanches se blasonnaient ainsi :« D'azur à une fontaine d'argent ; au chef d'or chargé de trois croisettes de gueules »[17],[N 4].
  1. Aux alentours de l'an 1000, la forêt de Blémars s'étendait au nord de la Loire, de Blois à Château-Renault.

  2. Fêlée, elle dut être refondue en 1953.

  3. Perrée : Lieu où les marchands de Chartres s'assemblaient pour discuter entre eux de ce qui concernait leur état, et où l'on pesait les marchandises au poids du Comte de Chartres, à qui on payait pour cela un tribut (cf. Cartulaire d'Île-de-France en ligne).

  4. Dans son Dictionnaire géographique, historique et biographique d'Indre-et-Loire et de l'ancienne province de Touraine, tome III, Carré de Busserolle fait état p. 92 d'un blasonnement différent : « De gueules à trois pals de vair ; au chef d'or ». Ce blason, qui est celui de la famille de Châtillon, ne semble avoir été repris nulle part ailleurs comme appartenant à l'abbaye (cf. racineshistoire.free.fr).

  5. a et b Notice no PA00097538, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.

  6. Carré de Busserolle 1880, p. 89.

  7. Jean-Joseph Expilly, Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules, p. 203 ([lire en ligne]).

  8. a et b « Fontaine-les-Blanches », Revue Mabillon : archives de la France monastique, Brepols, Paris, 1905, p. 50-57.

  9. a b et c Carré de Busserolle 1880, p. 91.

  10. Anne Jollet, Terre et société en Révolution : approche du lien social dans la région d'Amboise, 2000.

  11. Classées aux Monuments historiques le 8 juin 1892, Notice no PM37000336, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.

  12. Classées aux Monuments historiques le 8 juin 1892, Notice no PM37000355, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.

  13. Arsène Garnier, À l'école de Passé. Contribution à l'histoire de Pocé-sur-Cisse, 1989, p. 39.

  14. J.-X. Carré de Busserole, Itinéraire historique et monumental en Touraine, 1891 p. 326.

  15. Mémoires de la Société archéologique de Touraine, tome 9, Guilland-Verger, Tours, 1er trim. 1857 p. 306.

  16. Dom Edmond Martène et dom Ursain Durand, Voyage littéraire de deux religieux bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, Paris, F. Delaulne, 1717, p. 179 (en ligne sur Gallica).

  17. Anne Jollet, Terre et société en Révolution : approche du lien social dans la région d'Amboise, Paris, CTHS, 2000, p. 410.

  18. Mémoires de la Société archéologique d'Eure-et-Loir, T.2, Chartres, Pétrot-Garnier, 1860, p. 261 [lire en ligne].

  19. Carré de Busserolle 1880, p. 92-94.

  20. Lettres de noblesse, généalogies, érections de comtés et baronnies insinuées par le Conseil souverain de la Nouvelle-France, New France, Conseil supérieur de Québec, 1920 pp. 195-196 Lire en ligne

  21. Charles-René d'Hozier, Armorial général de France, p. 14, no 48 [lire en ligne].