Défenseur (1754) (original) (raw)
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Défenseur | |
---|---|
Profil de vaisseau de 74 canons du même type que le Défenseur vu par Nicolas Ozanne | |
Type | Vaisseau de ligne |
Histoire | |
A servi dans | Marine royale française |
Quille posée | Juin 1752[1] |
Lancement | 6 mars 1754 |
Armé | Octobre 1754 |
Équipage | |
Équipage | 740 à 750 hommes[N 1]. |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 53,26 m[1] |
Maître-bau | 14,31 m |
Tirant d'eau | 6,84 m |
Déplacement | 1 500 t[1] |
Propulsion | Voile |
Caractéristiques militaires | |
Armement | 74 canons[3] |
modifier |
Le Défenseur était un vaisseau à deux ponts portant 74 canons, construit par Pierre Salinoc à Brest en 1752 et lancé cette même année. Il fut mis en chantier pendant la vague de construction qui sépare la fin de guerre de Succession d'Autriche (1748) du début de la guerre de Sept Ans (1755)[4]. Il participa à des missions vers le Canada français et vers les Antilles lors de la guerre de Sept Ans.
Le Défenseur était un vaisseau de force de 74 canons lancé selon les normes définies dans les années 1740 par les constructeurs français pour obtenir un bon rapport coût/manœuvrabilité/armement afin de pouvoir tenir tête à la marine anglaise qui disposait de beaucoup plus de vaisseaux depuis la fin des guerres de Louis XIV[5]. Sans être standardisé, le Défenseur, partageait les caractéristiques communes de tous les « 74 canons » construits à des dizaines d’exemplaires jusqu’au début du XIXe siècle et qui répondait à la volonté des responsables navals d’exploiter au mieux cette excellente catégorie de navire de guerre[6].
Sa coque était en chêne. Son gréement, (mâts et vergues) était en pin[7]. Il y avait aussi de l’orme, du tilleul, du peuplier et du noyer pour les affûts des canons, les sculptures des gaillards et les menuiseries intérieures[7]. Les cordages (80 tonnes) et les voiles (à peu près 2 500 m2) étaient en chanvre[7]. Un deuxième jeu de voiles et de cordages était tenu en réserve en soute. Prévu pour pouvoir opérer pendant des semaines très loin de ses bases européennes s’il le fallait, ses capacités de transport étaient considérables[6]. Il emportait pour trois mois de consommation d’eau, complétée par six mois de vin[N 2]. S’y ajoutait pour cinq à six mois de vivres, soit plusieurs dizaines de tonnes de biscuits, farine, légumes secs et frais, viande et poisson salé, fromage, huile, vinaigre, sel, sans compter du bétail sur pied qui devait être abattu au fur et à mesure de la campagne[N 3].
Le bâtiment portait l'armement habituel des « 74 canons », soit[3],[1] :
- 28 canons de 36 livres dans sa première batterie ;
- 30 canons de 18 livres dans sa seconde batterie ;
- 16 canons de 8 livres sur ses gaillards.
Cette artillerie en fer pesait 215 tonnes[7]. Lorsqu'elle tirait, elle pouvait délivrer une bordée pesant 838 livres (soit à peu près 420 kg) et le double si le navire faisait feu simultanément sur les deux bords[10]. Le vaisseau embarquait près de 6 000 boulets pesants au total 67 tonnes[N 4]. Ils étaient stockés dans des puits à boulets autour des mâts. S’y ajoutait des boulets ramés, chaînés et beaucoup de mitraille (8 tonnes)[7]. Il y avait 20 tonnes de poudre noire, stockée sous forme de gargousses ou en vrac dans les profondeurs du vaisseau[N 5]. En moyenne, chaque canon disposait de 50 à 60 boulets[13].
Le dispositif français à Louisbourg en 1757. Le Défenseur participa à la défense du port dans l'escadre de Dubois de La Motte.
En 1755, alors que la guerre reprenait entre la France et l'Angleterre, le Défenseur était commandé par le capitaine Louis-Joseph de Beaussier de l'Isle. Il fut intégré dans la flotte de 18 voiles (11 transports et 4 frégates escortés par 3 vaisseaux) aux ordres de Dubois de La Motte qui devait transporter d'importants renforts pour le Canada[14]. Pour cette mission, il fut réduit en en flûte à 24 canons afin de pouvoir embarquer troupes et matériel. La mission fut un succès, malgré la tentative anglaise d'interception au large de Terre-Neuve.
En 1757, le Défenseur passa sous les ordres du comte de Blénac Courbon et se retrouva intégré dans la division de 5 vaisseaux et une frégate du chef d'escadre Bauffremont qui devait faire voile pour les Antilles et l'Amérique du Nord afin d'y défendre les îles à sucre et Louisbourg[15]. Le 31 janvier, il appareilla de Brest pour Saint-Domingue où il arriva quelques semaines plus tard avec les autres vaisseaux pour y débarquer des troupes[15]. Puis il fit route vers le Canada où il arriva en mai, participant ainsi à l'importante concentration navale qui sauva Louisbourg de l'invasion cette année-là. En octobre, le Défenseur quitta la place pour rentrer en France. Comme les autres vaisseaux, il fut touché par la grave épidémie de typhus qui ravagea les équipages et qui contamina Brest à l'arrivée en novembre, faisant des milliers de morts dans la ville[16].
Il ne fut pas engagé en 1759 dans les batailles de Lagos et des Cardinaux qui virent la défaite des escadres de Toulon et de Brest dans une nouvelle tentative de débarquement en Angleterre. Le Défenseur repartit en campagne en 1761. Il faisait partie de l’escorte de huit vaisseaux et quatre frégates qui appareilla de Brest le 23 décembre 1761 avec un gros convois de 5 500 soldats à destination de la Martinique qui était sur le point d’être attaquée par les Anglais. Cette force était placée sous le commandement de Blénac-Courbon[17] monté sur le Duc de Bourgogne[N 6]. Elle réussit à forcer le blocus anglais devant Brest, mais arriva peu après la capitulation de l’île (12 février 1762). Le Défenseur passa alors à Saint-Domingue pour y débarquer les troupes afin de mettre cette importante colonie française à l’abri d’une tentative de débarquement[18].
Il fut retiré de la flotte en 1778[19],[3].
↑ Le ratio habituel, sur tous les types de vaisseau de guerre au XVIIIe siècle était en moyenne de 10 hommes par canon, quelle que soit la fonction de chacun à bord. L'état-major est en sus. Cet effectif réglementaire pouvait cependant varier considérablement en cas d'épidémie, de perte au combat, de manque de matelots à l'embarquement ou des désertions lors des escales[2].
↑ 210 000 litres d’eau douce. 101 000 litres de vin rouge, à raison d’un litre par jour et par homme. Le vin complétait largement l’eau qui était croupie dans les barriques au bout de quelques semaines[8].
↑ Des moutons (six par mois pour 100 hommes), volailles (une poule par mois pour sept hommes, avec aussi des dindes, des pigeons, des canards)[9].
↑ Dans le détail : 2 240 projectiles de 36 livres-poids, 2 400 de 18 livres et 1 280 de 8 livres[11].
↑ En moyenne : un quart de la poudre est mise en gargousse à l’avance pour les besoins de la batterie basse, celle des plus gros canons au calibre de 36 livres, et un tiers pour les pièces du second pont et des gaillards[12].
↑ Outre le Duc de Bourgogne (80) et le Défenseur (74), il y avait les vaisseaux l’_Hector_ (74), le Diadème (74), le Palmier (74), le Dragon (64), le Protée (64), le Brillant (64). Les frégates étaient la Zéphyr (32), la Diligent_e (24), l’_Opale (26) avec la corvette la Calypso (16).
↑ a b c et d « Le Défenseur », sur threedecks.org (consulté le 1er février 2017).
↑ Acerra et Zysberg 1997, p. 220. Voir aussi Jean Meyer dans Vergé-Franceschi 2002, p. 105.
↑ a b et c Ronald Deschênes, « Vaisseaux de ligne français de 1682 à 1780 du deuxième rang », sur le site de l'association de généalogie d’Haïti (consulté le 1er février 2017).
↑ Villiers 2015, p. 126.
↑ Meyer et Acerra 1994, p. 90-91.
↑ a et b Jacques Gay dans Vergé-Franceschi 2002, p. 1486-1487 et Jean Meyer dans Vergé-Franceschi 2002, p. 1031-1034.
↑ Vergé-Franceschi 2002, p. 1486-1487
↑ Vergé-Franceschi 2002, p. 1486-1487.
↑ Selon les normes du temps, le navire, en combattant en ligne de file, ne tirait que sur un seul bord. Il ne tirait sur les deux bords que s'il était encerclé ou s'il cherchait à traverser le dispositif ennemi, ce qui était rare.
↑ Acerra et Zysberg 1997, p. 216.
↑ Acerra et Zysberg 1997, p. 216
↑ Acerra et Zysberg 1997, p. 48
↑ Lacour-Gayet 1910, p. 254-255.
↑ a et b Troude 1867-1868, p. 341.
↑ Meyer et Acerra 1994, p. 106-108.
↑ Taillemite 2002, p. 53.
↑ Zysberg 2002, p. 272.
↑ Dictionnaire de la flotte de guerre française, Jean-Michel Roche
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2002 (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0)
- Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Paris, Tallandier, coll. « Dictionnaires », octobre 2002, 537 p. [détail de l’édition] (ISBN 978-2847340082)
- Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines à nos jours, Rennes, Ouest-France, 1994, 427 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655)
- Martine Acerra et André Zysberg, L'essor des marines de guerre européennes : vers 1680-1790, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'histoire » (no 119), 1997, 298 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7181-9515-0, BNF 36697883)
- Patrick Villiers, La France sur mer : De Louis XIII à Napoléon Ier, Paris, Fayard, coll. « Pluriel », 2015, 286 p. (ISBN 978-2-8185-0437-6).
- Jean-Michel Roche (dir.), Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, t. 1, de 1671 à 1870, éditions LTP, 2005, 530 p. (ISBN 978-2-9525917-0-6, OCLC 165892922, lire en ligne)
- Alain Demerliac, La Marine de Louis XV : Nomenclature des Navires Français de 1715 à 1774, Nice, Oméga, 1995
- Onésime Troude, Batailles navales de la France, t. 1, Paris, Challamel aîné, 1867-1868, 453 p. (lire en ligne)
- Georges Lacour-Gayet, La Marine militaire de la France sous le règne de Louis XV, Honoré Champion éditeur, 1910 (1re éd. 1902) (lire en ligne).
- Militaires de la Nouvelle-France
- Royaume de France
- Histoire de la marine française
- Liste des vaisseaux français
- Portail du monde maritime
- Portail du royaume de France
- Portail de la Nouvelle-France
- Portail de la Marine française