Musée de la guerre des Boers (original) (raw)

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Le musée de la guerre des Boers (Anglo-Boer War Museum) est situé à Bloemfontein, en Afrique du Sud. Il est consacré principalement à la seconde guerre des Boers (1899-1902) mais aussi évoque la Rébellion Maritz de 1914. Il présente la plus grande collection d'objets, de photographies et de souvenirs liés à ce conflit.

Le musée fait une large place aux souffrances subies par les civils boers dans les 49 camps de concentration britanniques mis en place pour eux durant la seconde guerre des Boers en Afrique du Sud, mais s'intéresse aussi aux Boers déportés aux Bermudes, en Inde et au Portugal ainsi qu'aux contingents étrangers qui se sont engagés, parfois individuellement, dans le conflit. Depuis la fin de l'apartheid, le musée autrefois strictement axé sur les Afrikaners et le conflit avec les Britanniques évoque également les victimes noires qui avaient également été internées dans ces camps de concentration.

Le site du musée comprend également un certain nombre de mémoriaux, de statues, mais aussi les sépultures de plusieurs personnalités boers ainsi que celle d'Emily Hobhouse, la pacifiste britannique qui avait dénoncé les conditions de vie dans les camps de concentration britanniques. Le mémorial du Nasionale Vrouemonument rend notamment hommage aux 26 000 femmes et enfants boers morts dans ces camps (sur environ 144 000 boers internés).

A la suite de l'inauguration du Nasionale Vrouemonument en 1913, le comité chargé du monument proposa l'établissement d'un musée destiné à la préservation de l'histoire des souffrances de la population civile boer et des objets de la guerre anglo-boer.

La construction dudit musée, de style bauhaus[1] commença en 1930 sur les plans de l'architecte Frans Soff et le 30 septembre 1931, le Musée de la guerre fut officiellement inauguré par le général James Barry Munnik Hertzog, vétéran de la guerre, député et premier ministre d'Afrique du Sud.

En 1934, la gestion du musée fut transféré au gouvernement puis en 1953, il devient un musée indépendant doté de son propre conseil. Dans les décennies suivantes, il fut agrandi et ses collections enrichies d'objets liés à la guerre des Boers.

Jusqu'à la fin de l'apartheid en 1991, le musée de la guerre des Boers fait quasiment l'impasse sur les autres victimes d'ascendance africaine et de langue bantou des camps de concentration britannique, qu'elles aient péri soit dans les camps destinés à la population civile boer, soit dans des camps d'internement destinés aux autochtones (native camps), situés souvent à proximité immédiate des camps destinés à la population boer[2].

Ces populations avaient pourtant aussi participé, comme acteurs ou victimes, à la guerre des Boers[1]. En 1983, Peter Warwick avait exploré dans son ouvrage Black people and the South African War (1899-1902) la participation de ces populations à cette guerre et mentionnait que 7 000 à 9 000 serviteurs noirs et métis (les agterryers) avaient escorté les Boers dans la phase initiale du conflit puis beaucoup moins durant la guerilla[1]. Du côté des britanniques, ils furent employés à diverses tâches accessoires avant de tenir des rôles plus importants comme éclaireurs, courriers ou gardes (environ 30 000 noirs et métis)[1]. Cependant, dès lors qu'elles ne participaient pas à l'effort de guerre britannique, de nombreuses familles noires et métis étaient chassées avec les familles boers des théâtres des opérations et internées (soit environ 115 000 personnes)[1].

En 1996, le musée publie un fascicule de neuf pages relatif au sort de ces populations noires et métis internées, intitulé Black Concentration Camps during the Anglo-Boer War[2]. Dans son rapport 2019-2020, l'administration du musée souligne son objectif d’incorporer tous les aspects de la guerre des Boers ainsi que de toutes les communautés impliquées ou impactées[3],[4].

A la veille des commémorations de la seconde guerre des Boers, le conseil d'administration du musée est profondément renouvelé par le gouvernement sud-africain au motif de restructuration et de transformation. Des Zoulous du KwaZulu-Natal, sans connaissance particulière sur la guerre des Boers furent nommés à six des neuf sièges du conseil d'administration, provoquant de vifs mécontentements au sein de la direction du musée. Une procédure juridique fut engagée contre Ben Ngubane, le ministre responsable de ces nominations avant que la question ne soit réglée à l’amiable avec la nomination d'un nouveau conseil avec des membres désignés à parité entre le ministre et la direction du musée[5].

Le musée est situé au sein d'un parc, dominé par l'obélisque du Nasionale Vrouemonument, comprenant des statues, des stèles, des wagons et des murs commémoratifs dont l'essentiel du récit est la souffrance et les combats du peuple boer[1].

Les sept salles d'exposition permanente du Musée offrent un aperçu du contexte historique, du déroulement de la guerre, des forces engagées, de son impact et des souffrances des populations civiles et de la vie dans les camps[6],[7]

Borne commémorative rappelant le nombre de camps de concentration, le nombre de boers internés et le nombre de morts.

Divers monuments et mémoriaux sont exposés à l'extérieur du musée notamment :

Quelques personnalités sont enterrées dans l'enceinte du Nasionale Vrouemonument :

  1. a b c d e f g h i j et k Martin Bossenbroek, L’Or, l’Empire et le Sang, Seuil (2018), p 9 à 19
  2. a et b (en) Jenny de Reuck, « Social Suffering and the Politics of Pain: Observations on the Concentration Camps in the Anglo-Boer War 1899-1902 », English in Africa, vol. 26, no 2,‎ 1999, p. 69-88 (lire en ligne)
  3. Rapport annuel 2019-2020, p 16
  4. War Museum of the Boer Republics Annual Report 2005/06 Briefing
  5. L'instrumentalisation politique de la commémoration du centenaire de la guerre sud-africaine de 1899-1902, Albert Grundlingh, dans Politique africaine 2003/2 (N° 90), pages 162 à 176, Éditions Karthala
  6. The War Museum of the Boer Republics
  7. Souvenirs de la guerre des boers. Sur la route des colons britanniques, Courrier international, 19 aout 2004
  8. A visit to the Anglo-Boer War Museum Bloemfontein, Free State, SA military history
  9. Die Agterryer Bloemfontein Oorlogsmuseum van die Boererepublieke
  10. (en-CA) « Memorial Dissonance in the Garden of Remembrance », sur Active History, 14 septembre 2016 (consulté le 3 février 2022)
  11. Russian volunteers honoured at Anglo-Boer War Museum, Defence web, 27 septembre 2021
  12. Rapport annuel 2019-2020, p 7
  13. Children's memorial, Cabinet Roodt