Nuccio Ordine (original) (raw)

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Nuccio Ordine, né le 18 juillet 1958 à Diamante (province de Cosenza, Calabre) et mort le 10 juin 2023 à Cosenza (province de Cosenza, Calabre)[1], est un professeur d'université et critique littéraire italien. Il est surtout connu comme spécialiste de l'œuvre du philosophe Giordano Bruno.

En 1982, Nuccio Ordine obtient son diplôme en lettres modernes à l'université de Calabre. Son mémoire de licence s'intitule Asinus ad litteras. La littérature des ânes au XVIe siècle. L'année suivante, après avoir réussi un concours national, il obtient un doctorat en « Sciences littéraires : Rhétorique et techniques d'interprétation »[2]. Il se spécialise dans les publications sur la Renaissance et Giordano Bruno (dominicain et philosophe martyr de la liberté de pensée, brûlé vif pour hérésie à Rome en 1600).

Il enseigne au fil des ans dans des universités prestigieuses[2].

Professeur de littérature italienne à l’université de Calabre, fellow du Center for Italian Renaissance Studies de l'université Harvard et de l’Alexander von Humboldt Stiftung, il a été invité comme Visiting Professor dans divers instituts de recherche et universités aux États-Unis (Yale, université de New York) et en Europe (EHESS Paris, École normale supérieure Paris, Paris-IV-Sorbonne, Paris-III Sorbonne-Nouvelle, Centre d'études supérieures de la Renaissance Tours, Institut universitaire de France, Paris-VIII, Institut Warburg Londres, université d’Eichstätt).

Ses livres ont été traduits en plusieurs langues dont le chinois, le japonais et le russe.

Il dirige de nombreuses collections de séries de classiques. En collaboration avec Yves Hersant, il dirige en France trois collections d’œuvres classiques aux Belles Lettres (« Les Œuvres complètes de Giordano Bruno », « Bibliothèque italienne » et « Le corps éloquent »). Il codirige aussi, avec Alain Segonds, la collection « Theatrum sapientiae » (Les Belles Lettres–Nino Aragno Editore). En Italie, il dirige les collections « Sileni » et « Umbrae idearum » (Liguori), « Classici del pensiero europeo » (Nino Aragno Editore), « Classici della letteratura europea » (Bompiani). En Roumanie, avec Smaranda Bratu Elian, il dirige deux séries aux éditions Humanitas à Bucarest. Au Brésil, avec Luiz Carlos Bombassaro, il travaille sur une série chez l'éditeur Educs de Caxias do Sul. En Bulgarie, il dirige avec Vladimir Gradev une série de l'éditeur Iztok Zapad à Sofia. En Russie, avec Andrei Rossius, il s'occupe d'une série aux Presses universitaires de Saint-Pétersbourg.

Il est membre du conseil d'administration de la série Boston Studies in the Philosophy of Science[3].

En novembre 2015, il quitte avec Umberto Eco les éditions Bompiani pour fonder à Milan La nave di Teseo, une nouvelle maison d'édition.

Nuccio Ordine est membre du comité scientifique d'Albertiana et du Journal de la Renaissance.

Il est également secrétaire général du Centre international des études bruniennes et membre du conseil scientifique de l’Institut italien pour les études philosophiques (Istituto italiano per gli studi filosofici).

Il collabore aux pages culturelles du Corriere della Sera.

Cet ouvrage a pour principaux thèmes la littérature, la philosophie et la peinture chez Giordano Bruno :

Le thème de l'ombre, déjà présent chez Platon dans La Caverne, comme le mythe de la connaissance, est présent également chez Giordano Bruno chez qui la littérature et la peinture sont liées. Ses œuvres font intervenir des peintres-philosophes, dont l'un fait des remarques sur des images. Afin de parvenir à la connaissance, ils doivent aller au-delà de l'ombre et des apparences.

Pour Ordine qui a étudié l'œuvre de Bruno, celle-ci évolue dans une même unité, les thèmes liminaux étant repris dans la "nouvelle philosophie" de Bruno. Dans sa pensée, la lutte de l'homme pour connaître l'univers et acquérir le savoir est liée à la lutte contre une "vision close de la langue et de la poésie".

Bruno a repris les images et les mythes de son époque en leur donnant un sens nouveau et a montré que l'existence et la connaissance sont liées, de même que la parole et la pensée et la biographie et la philosophie[9].

Il s'agit d'un essai sur Giordano Bruno :

Très présent dans la littérature de la Renaissance, le symbole de l'âne chez Bruno renvoie à une vision duale : l'âne évoque à la fois l'oisiveté et l'arrogance en même temps que son contraire, c'est-à-dire le travail et l'humilité. Selon Bruno, derrière une apparence négative sa cache une réalité différente. Ordine s'appuie pour son analyse sur les grands thèmes développés par Brun, à savoir la science et la connaissance, les mythes face à la religion, et la langue et la littérature[9].

Principaux thèmes :

Dans le contexte historique de la Cour des Valois vers 1580, Bruno reprend certains thèmes de Ronsard qui s'en était pris aux "Papaux" et "Huguenots" et débat avec le diplomate Michel de Castelnau sur la religion comme lien social. Ordine analyse ce dialogue dans lequel les mythes des Anciens sont présents. Le culte religieux garantit la paix et l'ordre. Ordine fait une analyse comparative et explicative des textes de Ronsard et de Bruno, qui apporte des éclairages à la fois sur la pensée du philosophe et du poète[10].

Principaux thèmes :

Ordine a traduit trois textes de Francesco Bonciani (écrit en 1574), de Girolamo Bargagli (écrit en 1572) et de Francesco Sansovino (écrit en 1571) sur lesquels il s'appuie pour analyser la genèse et le développement du genre de la nouvelle en Europe. Dans son analyse, Ordine évoque notamment les liens entre la nouvelle et le rire. Le récit comique acquiert une fonction thérapeutique reconnue par les auteurs de traités théoriques"[11].

Principaux thèmes :

Ordine évoque le rôle de l'ambassade de France à Venise sous François Ier, qui ne se contente pas seulement d'espionner, mais qui réunit également les écrivains et les artistes de l'époque et constitue un atelier de philologie. Le thème de l'âne et du rire à la fois en philosophie, en médecine, en littérature et en poétique sont également présents[9].

À l'appui de nombreux documents qu'il analyse en rapport notamment avec les mythes et les textes de Jean Dorat, Pierre de Ronsard, Giordano Bruno, Stefano Guazzo, Philip Sidney, Samuel Daniel et John Gordon, Ordine recherche le sens secret de la devise du roi Henri III, enquêtant également sur les rapports entre la cour du roi de France et de la reine Élisabeth. Sont présents dans son ouvrage les débats européens sur la religion et le pouvoir monarchique, la cosmologie et la connaissance[9].

Manifeste en faveur de la créativité opposée au culte de l’utilité des démocraties marchandes

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Il n’est pas vrai – pas même en temps de crise – que seul ce qui est source de profit soit utile. Il existe dans les démocraties marchandes des savoirs réputés « inutiles » qui se révèlent en réalité d’une extraordinaire utilité. Dans cet ardent pamphlet, Nuccio Ordine attire notre attention sur l’utilité de l’inutile et sur l’inutilité de l’utile. À travers les réflexions de grands philosophes (Platon, Aristote, Tchouang-tseu, Pic de la Mirandole, Montaigne, Bruno, Kant, Tocqueville, Newman[Lequel ?], Heidegger) et de grands écrivains (Ovide, Dante, Pétrarque, Boccace, L’Arioste, Cervantès, Lessing, Dickens, Okatura Kakuzô, García Márquez, Ionesco, Calvino), Nuccio Ordine interroge sur « ces savoirs dont la valeur essentielle est complètement détachée de toute finalité utilitaire. » L’idée lui était venue en lisant un article du Corriere della Sera sur la pertinence aujourd’hui de l’enseignement du grec et du latin…[12] Il montre comment l’obsession de posséder et le culte de l’utilité finissent par dessécher l’esprit, en mettant en péril les écoles et les universités, l’art et la créativité, ainsi que certaines valeurs fondamentales telle que la dignitas hominis, l’amour et la vérité. Dans son remarquable essai traduit pour la première fois en français, Abraham Flexner souligne que les sciences, elles aussi, nous enseignent l’utilité de l’inutile. Ainsi, s’il élimine la gratuité et l’inutile, s’il supprime les luxes jugés superflus, l’homo sapiens aura bien du mal à rendre l’humanité plus humaine[9].

Ce manifeste a été salué dès sa parution par le quotidien Le Monde[13],[12].

Pierre Hadot du Collège de France à Paris : « Nuccio Ordine est bien connu du public pour ses excellentes études sur Giordano Bruno. Il est l'un des grands spécialistes contemporains de l'ensemble du milieu social, artistique, littéraire et spirituel de la Renaissance et l'époque moderne... il nous offre un remarquable modèle de méthode dans le domaine de l'exégèse philosophique, car il réussit à reconstituer, d'une manière très précise, l'itinéraire intellectuel et spirituel de Giordano Bruno...».

Paul Oskar Kristeller : « L'ouvrage riche et compliqué introduira le lecteur attentif à un grand nombre de sources primaires et secondaires sur la pensée occidentale de l'Antiquité au début des temps modernes qui lui auraient autrement échappé. »

George Steiner : « Le lecteur trouvera en Nuccio Ordine un guide merveilleusement fidèle et révélateur du monde ardent et magique de Giordano Bruno. »

Umberto Galimberti dans _La Repubblic_a : « Une introduction magistrale et captivante à Bruno. »

  1. (it) « E’ morto il professore Nuccio Ordine, Cosenza piange una delle sue menti illuminate », sur cosenzachannel.it, 10 juin 2023
  2. a et b (it) « Nuccio-ordine: Libri dell'autore in vendita online », sur www.ibs.it (consulté le 26 octobre 2021)
  3. (it) « Nuccio Ordine | Treccani, il portale del sapere », sur www.treccani.it (consulté le 26 octobre 2021)
  4. [1]
  5. 2020
  6. [2]
  7. [3]
  8. 2017
  9. a b c d et e Les Belles lettres, oeuvres de Nuccio Ordine.
  10. « Giordano Bruno, Ronsard et la religion - Nuccio Ordine » [livre], sur decitre.fr (consulté le 9 septembre 2020).
  11. « Traités sur la nouvelle à la Renaissance, introd. & notes N. Ordine; trad. A. Godard. », sur fabula.org (consulté le 6 octobre 2021).
  12. a et b « Nuccio Ordine, professeur de l’inutile », Le Monde.fr,‎ 23 janvier 2019 (lire en ligne, consulté le 26 octobre 2021)
  13. Le Monde, « Bonne et inutile année 2013 ! », Le Monde,‎ 4 janvier 2013 (lire en ligne).