Ranchera (original) (raw)

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Vicente Fernandez, interprète emblématique.

La chanson ranchera (en espagnol canción ranchera) est une forme de composition musicale traditionnelle mexicaine, qui a été principalement popularisée, au niveau international, par le mariachi et par le cinéma mexicain, à partir des années 1930.

Le terme « ranchero/ranchera » désigne d'abord une personne qui est propriétaire d'une ferme (ou ranch) ou y vit et qui y exerce son activité professionnelle[1]. La canción ranchera désigne à la fois les chansons que l'on chante ou chantait dans l'univers culturel propre aux paysans et celles qui évoquent cet univers ou ses valeurs[2]. Portée par le succès populaire du mariachi, elle est devenue emblématique de la culture mexicaine et une composante du patrimoine immatériel de l'humanité[3]. Au Mexique, ce sens du mot est passé dans le langage populaire comme dans l'expression « No cantar mal las rancheras » (ne pas être un manche)[1].

Le répertoire de la musique ranchera n'est pas l'apanage des orchestres de mariachis, il fait partie de celui de la Musique régionale mexicaine, et peut être interprété aussi bien par des ensembles de Conjunto norteño, des orchestres de type Banda, des groupes et des artistes de folk, de variétés ou de musiques urbaines contemporains.

Certaines rancheras, enfin, et même si elles se rattachent toujours à la tradition mexicaine[4], n'ont pas été créées au Mexique, mais aux États-Unis, notamment Tragos de amargo licor qui est l'une parmi les plus célèbres.

Le terme ranchera désigne à la fois une tradition, une tradition inventée[5] propre au nationalisme mexicain, un type de composition musicale chantée, une étiquette commerciale que l'on a utilisée pour décrire brièvement des pièces de musique enregistrée, et plusieurs tempos caractéristiques de la canción ranchera.

L'existence d'une tradition et d'un répertoire propres aux milieux paysans est attestée, notamment, dans la vallée du Río Grande dès le milieu du XIXe siècle[note 1]. Et il est facile de retrouver, au hasards des récits de voyageurs, des témoignages de ces traditions de musique rurale dans d'autres régions du Mexique, comme près de Veracruz en 1852[7].

Les chansons mélodramatiques voire machistes, expriment la passion, la fureur, la sensualité et l'agonie des rancheros (les travailleurs des ranchs[2]).

Certaines rancheras ont pu porter des revendications sociales ou politiques, mais cet aspect n'est pas le plus apparent du genre[8],[4],[note 2].

Ses origines remontent au XIXe siècle, mais il s'est développé dans le théâtre nationaliste de la période post-révolutionnaire de 1910 et est devenu l'icône de l'expression populaire du Mexique, symbole du pays, qui a été diffusé avec grand succès par plusieurs Les pays d'Amérique latine plus précisément grâce au cinéma mexicain des années 1930 aux années 1970[9]. L'un des films les plus importants était « Allá en el Rancho Grande », une production sortie en 1936 du réalisateur Fernando de Fuentes ; qui a été réalisé par Tito Guízar et Esther Fernández considéré comme le film qui a marqué le début de l'ère du cinéma industriel mexicain[10].

Les rancheras sont devenues l'un des genres les plus représentatifs de la musique mexicaine (qui a divers styles régionaux), évoluant de la scène locale et paysanne à la conquête internationale[11].

Les gouvernements nationalistes issus de la Révolution en firent dès les années 1930 une des icônes de la mexicanité[10], à l'instar du charro et de la China poblana[12]. La musique ranchera a contribué à définir les traditions culturelles et reste une source de fierté nationale pour beaucoup aujourd'hui[2]. En 1950, la musique ranchera était devenue le genre musical le plus populaire au Mexique. La popularité de ces films a non seulement contribué à diffuser la musique ranchera, mais aussi la présence de mariachis, qui ont fait des rancheras l'un des éléments caractéristiques de leur répertoire. L'interprète de mariachi reste une figure reconnaissable dans le monde entier en tant que symbole de l'héritage mexicain[2].

Les figures de proue masculines de la ranchera sont Jorge Negrete, Pedro Infante, José Alfredo Jiménez ou Javier Solís pendant les années 1940 et 1950 ; l'interprète contemporain Vicente Fernández est considéré comme l'héritier le plus significatif de cette musique.

De nombreuses artistes féminines ont également interprété les rancheras, parmi lesquelles se distinguent Lola Beltrán, Lucha Villa (es)[13], Amalia Mendoza (es), Lucha Reyes, Guadalupe Pineda (es), Aida Cuevas, etc. (cf. infra). Lola Beltrán est considérée comme la « reine de la chanson ranchera » et María de Lourdes est « l'ambassadrice de la chanson ranchera », car les femmes mexicaines se sont distinguées pour avoir apporté la musique ranchera dans des pays comme la Russie, les Pays-Bas, l'Indonésie, entre autres endroits où l'espagnol n'est pas parlé[10].

Références

  1. a et b Diccionario del español de México 2022
  2. a b c et d donỠuijote
  3. Unesco 2018
  4. a b et c Gary Hartman 2008, pp. 30-31
  5. Alain Babadzan 1999
  6. Emmanuel Domenech 1857
  7. Jean Jacques Ampère 1855
  8. Infobae 2021
  9. Last Night in Orient- LNO, « Época de Oro del Cine Mexicano », sur Last Night in Orient (consulté le 19 janvier 2022).
  10. a b et c (es) « La historia de las canciones rancheras: uno de los géneros más representativos de la música mexicana », sur infobae (consulté le 19 janvier 2022).
  11. (es) « Las 10 mejores rancheras de todos los tiempos », sur 65 y más - El diario de las personas mayores, 17 décembre 2021 (consulté le 19 janvier 2022).
  12. (es-MX) « Grandes de la Música Ranchera », sur Relatos e Historias en México, 30 août 2016 (consulté le 19 janvier 2022).
  13. Last Night in Orient- LNO, « Ya No Me Interesas · Lucha Villa », sur Last Night in Orient (consulté le 19 janvier 2022).

Notes

  1. « Beaucoup de rancheros, sans avoir jamais appris la musique, pincent de la guitare ou de la mandoline avec autant de goût que de talent. Ils s'accompagnent parfois en chantant des mélodies et des romances de leur composition, dont les principaux sujets sont tirés de leurs amours, des beautés de la nature tropicale, ou de quelques souvenirs de leurs ancêtres. Plusieurs ballades des anciens troubadours espagnols ont encore une grande vogue
    ...
    On voit encore dans cette partie des frontières, des espèces de troubadours ambulants, qui vont de rancho en rancho chanter en s'accompagnant de la mandoline, faisant danser les jeunes gens, causant de ce qu'ils ont vu ou entendu durant leurs pérégrinations, et recevant pour salaire, l'hospitalité et quelques réaux. »[6]
    — Emmanuel Domenech, Journal d'un missionnaire au Texas et au Mexique : 1846-1852
    .

  2. La plupart des sources qui mentionnent cet aspect ne citent pas d'exemples, ou les situent à une époque ancienne [4]. L'étiquetage des chansons est souvent flou et respecte rarement les classes que les ethnomusicologues ont tenté de définir. Dans les grandes lignes, le Corrido se distingue par son intention narrative, la ranchera par ses références rurales, et la canción romantica, les chansons qui traitent du désir ou du dépit amoureux. Mais ces catégories ne sont évidemment pas mutuellement exclusives, et les étiquetages ont été parfois hasardeux pour des raisons diverses et variées. La chanson « A Los Ángeles Del Cielo » de Luis Pérez Meza (es), relève surtout de la canción romantica, mais son interprète était connu pour être une vedette de la Comedia ranchera, son éditeur américain, Falcon Records (en) a étiqueté l'enregistrement « ranchera » pour des raisons commerciales.