Thomas II de Piémont (original) (raw)

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Thomas II de Savoie dit Thomas II de Piémont[Note 1], né vers 1199 à Montmélian et mort le 7 février 1259 à Chambéry, est seigneur de Piémont (1235-1259), par mariage comte de Flandre et de Hainaut (1237-1244). Il est à l'origine de la branche cadette des Savoie-Piémont.

Thomas naît vers 1199 (Guichenon)[4] — ou 1202 (selon le site MedLands)[1] — au château de Montmélian, l'un des centres politiques des comtes de Savoie[5]. Il est le fils de Thomas Ier († 1233), comte de Maurienne et de Savoie, et de Béatrice-Marguerite de Genève[6] (dite aussi Béatrice de Genève ou Marguerite de Faucigny) († 1257), fille du comte Guillaume Ier[1],[7],[8],[9]. Il est peut-être le sixième enfant et quatrième fils selon la généalogie indiquée par l'historien Demotz[7] ou le troisième fils selon celle proposée par le site Sabaudia.org des Archives départementales de Savoie et de Haute-Savoie[8].

Thomas est destiné, comme ses frères, à une carrière ecclésiastique[4]. Il est tout d'abord prévôt de l'Église de Valence[4], puis chanoine de Lausanne de 1224 à 1227[8], puis de Lyon[8].

À la mort de son père en 1233, son frère aîné Amédée (1197 † 1253) devient le nouveau comte de Maurienne et de Savoie[8],[10]. Thomas II quitte l'habit sacerdotal ; en 1235, Amédée IV le fait lieutenant général de ses États, mais il n'exerce pas longtemps ces fonctions. Il lui donne en apanage le Piémont[3], c'est-à-dire les possessions des Humbertiens en dessous du château d'Aveillane (près de Suse), à savoir le sud de la vallée de Suse[11]. En 1236, il vit à la cour de France auprès de sa nièce, Marguerite de Provence (1221-1295), reine de France (1234-1270), épouse de Louis IX.

Thomas II et sa première épouse Jeanne de Constantinople, comtesse de Flandre et de Hainaut.

Le roi Louis IX de France lui donne l'ordre de la cosse de genêt[12], et la ceinture de chevalier, comme à la plupart des jeunes gentilshommes venus aux fêtes de Sens. Le roi de France, l'ayant pris en affection, le retient auprès de lui, l'emploie dans ses armées, et lui confie d'importantes négociations. En 1237, il lui permet d'épouser Jeanne, comtesse de Flandre et de Hainaut, fille aînée et héritière de Baudouin IX, empereur latin de Constantinople, après la mort de son mari Ferrand de Flandre († 1233)[13].

Thomas demeure à Gand sept années pour gouverner ses nouveaux États. Il doit soutenir des luttes sérieuses contre le duc de Brabant. Il séjourne presque en permanence en Flandre et dans le Hainaut[14].

En 1243, Thomas II de Savoie n'a toujours pas de descendance. Sa femme est sur le point de succomber à une maladie mortelle et il se trouve à la veille de voir ses grands fiefs passer à sa belle-sœur Marguerite de Flandre. Louis IX de France demande alors au comte Amédée IV de Savoie de donner à son frère un apanage de nature à le dédommager de celui qu'il doit perdre[15]. Devenu veuf en 1244, il cède ses droits sur la Flandre à son neveu par alliance Guillaume III de Dampierre et revient en Savoie.

Blason de la branche cadette des Savoie-Piémont.

Son frère « lui a remis toutes les terres qu'il avait en Piémont, sous réserve de la souveraineté et du ressort » (Reine Marie-José de Belgique)[16]. Cependant Demotz indique qu'un acte réalisé à Belley, le nomme seigneur de Piémont, sans toutefois apporter de précisions sur les possessions réelles de Thomas si ce n'est « en-dessous d'Aveillane »[17] (cf. le château de Veillane, en val de Suse).

En juin 1247, il combat aux côtés de son frère le comte Amédée IV, commandement suprême de l'armée impériale, les alliés du pape en Italie du Nord[18]. L'année suivante, l'empereur Frédéric II du Saint-Empire lui octroie des droits et fiefs en Piémont[17], dont les villes d'Ivrée et de Turin[18], Moncalieri et Castelvecchio. Il fait de lui son vicaire général impérial pour l'Italie du Nord[18],[19].

Sa proximité avec l'empereur Frederic II lui valut l'excommunication[20]. En juin 1251, celle-ci est relevée par le pape Innocent IV[21], lui accordant une lettre de non-préjudice, et confirmée en 1252[20]. Quelques mois plus tard, il épouse la nièce de celui-ci, Béatrice Fieschi[21]. Ce mariage permit aussi au comte de Savoie d'obtenir la levée d'excommunication.

En 1252, le testament du comte Amédée IV applique la coutume prévoyant comme son successeur son fils, Boniface, et qu'en cas de disparition de ce dernier sans descendance, la succession reviendrait à son oncle Thomas[11]. À la mort d'Amédée en 1253, Thomas II gouverne les États de son neveu Boniface (alors âgé de 9 ans) jusqu'à sa majorité en 1253[22]. Thomas obtient de son frère l'autorisation de construire une résidence au bord du lac de Châtillon, à proximité de l'embouchure de la Leysse, où la cour se réunira et festoiera[23].

Selon Samuel Guichenon, ses frères Pierre et Philippe l'écartent de la succession et lui auraient imposé le port d'une cotice d'azur sur le blason familial[4].

Le pape Innocent IV lui confie la régence du patrimoine de l'Église et le nomme grand gonfalonnier. Les souverains le prennent pour arbitre. Le roi d'Angleterre et le roi de Navarre le consultent sur plusieurs différends et se soumettent à ses décisions.[réf. nécessaire]

En 1254, Thomas II signe un traité avec le Montferrat, sachant que son père avait déjà signé un traité en 1224, toutefois la politique d'expansion savoyarde en Piémont inquiète le marquis de Montferrat[24]. Une guerre éclate et en 1254 Thomas est capturé[24]. Il doit abandonner ses droits sur la rive gauche du Pô et sur la place de Carignan[24].

Le 23 février 1255, le conflit se poursuit contre Guillaume VII, marquis de Montferrat, il est défait à Montebruno par les troupes de la République d'Asti, et fait prisonnier. Sa liberté ne lui est rendue que moyennant un traité humiliant qui est cassé par Richard de Cornouailles, roi de Germanie, frère d'Henri III d'Angleterre. Il n'a pas le temps de rétablir ses affaires, car il meurt en 1259.

Sarcophage de Thomas II dans la cathédrale d'Aoste.

Thomas meurt au cours de l'année 1259, à Chambéry[1],[25], possiblement empoisonné. Son corps est transféré à Aoste où il est inhumé dans la cathédrale[8],[26].

Thomas de Savoie se marie deux fois et aurait eu entre quatre (Guichenon[27], Demotz[28]) et six enfants (MedLands)[1].

Le 2 avril 1237, Thomas épouse à Gand, en premières noces, Jeanne de Constantinople (1188-1244), fille de Baudouin Ier, comte de Flandre et de Hainaut et empereur latin de Constantinople[8], et de Marie de Champagne. Elle meurt, sans enfants, le 5 décembre 1244.

Veuf, il se remarie, en 1251, avec Béatrice Fieschi (1225-1283), fille de Théodore III Fieschi (Tedisio Fieschi), patrice de Gênes et comte de Lavagna, et nièce du pape Innocent IV[21]. Le pape la surnomme dans une lettre la « comtesse Fleskyna »[29]. Ils ont :

Le site MedLands ajoute :

Guichenon indique que V Vanderburch avait ajouté, par erreur, une fille, « Béatrix de Savoie, Dauphine », la confondant avec la fille du comte Pierre II de Savoie, la Grande Dauphine Béatrix de Faucigny[27].

Prince de la maison de Savoie, Thomas de Savoie est apanagé en Piémont (1235-1259)[3]. Il devient, par mariage, comte de Flandre et de Hainaut (1237-1244)[1].

Samuel Guichenon le qualifie, par erreur, de « comte de Maurienne »[4]. Il est communément dit « comte de Piémont », titre qu'il aurait obtenu en 1247 selon MedLands[1]. Dans son ouvrage, la reine Marie-José de Belgique indique qu'à l'issue de la donation du Piémont par son frère en 1245, « il porta le titre de comte de Piémont »[16].

En 1248, l'empereur le fait vicaire général du Saint-Empire pour l'Italie du Nord (Piémont et Lombardie)[18],[19].

  1. Thomas, fils du comte de Savoie, est appelé dans les documents Thomas de Savoie (selon l'historien Galland, le site MedLands[1]) ou Thomas (II), seigneur de Piémont (Demotz). Les généalogistes et les historiens associent le numéro II afin de ne pas le confondre avec son père[2],[3].

  2. a b c d e f et g (en) Charles Cawley, « B. Comtes de Savoie et de Maurienne 1060-1417 — Amédée IV », sur Medlands - Foundation for Medieval Genealogy (consulté en août 2019).

  3. Cox, 2015, p. 381-382, note de bas de page n°19.

  4. a b et c Demotz, 2000, p. 39.

  5. a b c d et e Guichenon, 1660, p. 299 (lire en ligne).

  6. Joseph Jacquemoud, Description historique de l'abbaye royale d'Hautecombe : et des mausolées élevés dans son église aux princes de la maison royale de Savoie, Chambéry, Puthod et Perrin, 1843, 145 p. (lire en ligne), p. 75.

  7. Marie-José de Belgique, La maison de Savoie : Amédée VIII, le duc qui devint pape, vol. 2, Paris, A. Michel, 1962, volume 1 : 425 p. volume 2 (dédiée plus spécifiquement à Amédée VIII) : 300 (ASIN B00CJ720YG), p. 132.

  8. a et b Demotz, 2000, p. 468.

  9. a b c d e f et g APG, p. Thomas Ier.

  10. Bernard Andenmatten, « Savoie, Thomas Ier de » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne..

  11. Cox, 2015, p. 417.

  12. a et b Demotz, 2000, p. 159.

  13. Charles de Grandmaison, Dictionnaire Héraldique, BiblioBazaar, LLC, 2009, p. 220.

  14. Louis François de Villeneuve-Trans, Histoire de Saint Louis, roi de France, p. 188.

  15. Chevallier Georgette : 7, III, 185 (Vaugelas et Annecy) ; 7, XII, 63-88 Le séjour en Flandres et en Hainaut de Thomas II de Savoie.

  16. Louis François de Villeneuve-Bargemon, op. cit., p. 71.

  17. a et b Marie-José de Belgique, La maison de Savoie : La maison de Savoie : Les origines. Le Comte Vert. Le Comte Rouge, vol. 1, Paris, A. Michel, 1956, 425 p., p. 40.

  18. a et b Demotz, 2000, p. 161.

  19. a b c et d Paul Guichonnet, Histoire de la Savoie, Privat, coll. « Univers de la France et des pays francophones. Série Histoire des provinces », 1988, 480 p., p. 171.

  20. a et b Galland, 1998, p. 172.

  21. a et b Élie Berger, Saint Louis et Innocent IV : étude sur les rapports de la France et du Saint-Siège, Slatkine, 1974, 427 p., p. 370, note de bas de page.

  22. a b et c Galland, 1998, p. 41.

  23. Claude Genoux, Histoire de la Savoie, La Fontaine de Siloé, Montmélian 1997 (ISBN 284206044X) p. 116-117.

  24. Raymond Castel et Elisabeth André, Le lac du Bourget : 50 ans de recherches archéologiques, 5000 ans d'histoire, La Fontaine de Siloé, 2004, 255 p. (ISBN 978-2-84206-241-5, lire en ligne), p. 247.

  25. a b et c Demotz, 2000, p. 77.

  26. Armand Le Gallais, Histoire de la Savoie et du Piémont, p. 69.

  27. Jean-Auguste Duc, Histoire de l'église d’Aoste, Aoste, 1901-1915, t. II, p. 344 cité dans Laurent Ripart, « Les lieux de sépulture des princes de la maison de Savoie », dans La mort en Savoie. Actes du 1er Festival International d'Histoire des Pays de Savoie, La Roche-sur-Foron, 24-26 juin 2011, Bonneville, 2011 (lire en ligne [PDF]), p. 32-43.

  28. a et b Guichenon, 1660, p. 308-309 (lire en ligne).

  29. Demotz, 2000, p. 469.

  30. Lettre d'Innocent IV, du 10 juin 1252, Reg. , 5835, an. IX, n°397, Pérouse. op. cit. dans Élie Berger, Saint Louis et Innocent IV, p.370.

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