Tithon (original) (raw)
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Éos poursuivant Tithon, œnochoé attique du Peintre d'Achille, v. 470–460 av. J.-C., musée du Louvre
Dans la mythologie grecque, Tithon (en grec ancien : Τιθωνός / Tithōnós) est un prince troyen aimé par Éos, déesse de l'Aurore.
Aurore et Tithon
par Sebastiano Ricci
Musée national des Beaux-Arts (Argentine)[1]
Il est le fils de Laomédon, roi de Troie, et le frère de Priam[2]. Comme son grand-oncle Ganymède, il est d'une remarquable beauté, ce qui pousse Éos à l'enlever[3] alors qu'il faisait paître ses troupeaux[4]. Elle en a deux fils, Memnon et Émathion[5],[6]. Homère la décrit comme se levant tous les matins du lit de son époux[7],[8]. Dans l’Hymne homérique à Aphrodite, la déesse raconte à Anchise la misérable vieillesse de Tithon : Éos demande pour lui l'immortalité, ce que Zeus accorde[9]. En revanche, elle oublie de réclamer également l'éternelle jeunesse[10] — à moins qu'il ne s'agisse d'une omission volontaire de Zeus[11] — : Tithon, condamné à se dessécher sans fin, est finalement abandonné par Éos[12]. Chez d'autres auteurs, il est finalement transformé en cigale[13]. Le mythe est évoqué dans un poème de Sappho retrouvé sur des papyrus d'époque hellénistique, publié par Martin Litchfield West en 2005[14].
Métamorphose de Tithon en cigale (1655).
Le nom « Tithon » est probablement d'origine anatolienne[15] ; il peut être rapproché de Τῑτώ / Tītṓ[16], une déesse de l'aurore que mentionnent Callimaque[17], Lycophron[18] et Hésychios[19]. Il entre dans le langage courant des Grecs pour désigner quelqu'un dont on dirait en français qu'il est « vieux comme Mathusalem » ; l'expression « Τιθωνοῦ γῆρας / Tithōnoû gêras », signifiant littéralement « une vieillesse de Tithon », désigne une vie qui s'éternise[20].
L'histoire de Tithon et d'Éos, le premier, immortel mais perclus par la vieillesse, tandis que la déesse garde à jamais ses 22 ans, est contée dans un poème d'Alfred Tennyson, Tithon, composé en 1833, puis révisé en 1859 et publié en 1860.
- Titon et l'Aurore, Pastorale-héroique de Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1757)
- Titon et l'Aurore, ballet de Lauchery, musique de Florian Johann Deller (1767)
- L’Odyssée (trad. du grec ancien par Victor Bérard), Éditions Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1993 (1re éd. 1955) (ISBN 2-07-010261-0), p. 620.
- Émile Chambry, Émeline Marquis, Alain Billault et Dominique Goust (trad. du grec ancien par Émile Chambry), Lucien de Samosate : Œuvres complètes, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2015, 1248 p. (ISBN 978-2-221-10902-1), « Hermotimos ».
- (grc + fr) Hésiode (trad. du grec ancien par Annie Bonnafé, préf. Jean-Pierre Vernant), Théogonie, Paris, Payot & Rivages, coll. « La Petite Bibliothèque », 1993, 184 p. (ISBN 978-2-7436-2138-4).
- Michael Grant et John Hazel (trad. Etienne Leyris), Dictionnaire de la mythologie [« Who’s Who in classical mythology »], Paris, Marabout, coll. « Savoirs », 1955 (ISBN 2-501-00869-3), p. 136-137.
- Edith Hamilton (trad. Abeth de Beughem), La Mythologie, Éditions Marabout, 1978 (ISBN 978-2-501-00264-6), p. 215.
- ↑ Musée de Buenos Aires
- ↑ Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne] (XX, 237)
- ↑ Hymnes homériques [détail des éditions] [lire en ligne] (Aphrodite, 219-220) ; repris par Pseudo-Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne] (III, 12, 3–4), qui précise qu'Éos emmène le jeune homme en Éthiopie.
- ↑ Nonnos de Panopolis, Dionysiaques [détail des éditions] [lire en ligne] (XLVIII).
- ↑ Hésiode, Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne] (v. 984-985).
- ↑ Hésiode 1993, p. 151
- ↑ Iliade (Chant XI, 1-2) = Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne] (Chant V, 1-2)
- ↑ L'image, devenue classique, se retrouve chez Ovide, Fastes [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 461 et VI, 473) et Virgile, Géorgiques [détail des éditions] [lire en ligne] (446).
- ↑ Hymne à Aphrodite (219-220).
- ↑ Lucien de Samosate 2015, p. 1003
- ↑ Mimnerme (fr. 4 West).
- ↑ Hymne à Aphrodite (226–239).
- ↑ Mention chez Hellanicos (4F140), repris par les auteurs tardifs comme Servius, commentaire du vers III, 328 des Géorgiques.
- ↑ Martin Litchfield West : « A new Sappho poem », Times Literary Supplement, 21 juin 2005.
- ↑ (en) Bryan Hainsworth (éd.), The Iliad: a Commentary, vol. III : Chants IX-XII, Cambridge, Cambridge University Press, 1993 (ISBN 0-521-28173-3), commentaire des vers XI, 1–2.
- ↑ Pierre Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque, Paris, Klincksieck, 1999 (édition mise à jour), 1447 p. (ISBN 978-2-25203-277-0) à l'article Τῑτᾶνες.
- ↑ Frag. 21, 3 Pfeiffer.
- ↑ Lycophron, Alexandra [détail des éditions] [lire en ligne], 941.
- ↑ Lexique, « τιτώ· ἠώς, αὔριον ».
- ↑ Anatole Bailly, Dictionnaire grec-français, Hachette, 1950, à l'article Τιθωνός.
Sur les autres projets Wikimedia :
Tithon, sur Wikimedia Commons