Une légende de Montrose (original) (raw)

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L'Officier de fortuneépisode des guerres de Montrose
Image illustrative de l’article Une légende de Montrose
Auteur Walter Scott
Pays Drapeau de l'Écosse Écosse
Genre roman historique
Version originale
Langue anglais, scots des Lowlands
Titre A Legend of Montrose
Éditeur Constable
Lieu de parution Édimbourg
Date de parution 21 juin 1819
Version française
Éditeur Gabriel-Henri Nicolle
Lieu de parution Paris
Date de parution 1819
Type de média in-12
Chronologie
Série Contes de mon hôte, 3e série
Précédent La Fiancée de Lammermoor Ivanhoé Suivant
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Une légende de Montrose (en anglais, A Legend of Montrose), plus souvent intitulé L'Officier de fortune, est un court roman historique de l'auteur écossais Walter Scott. Il constitue, avec La Fiancée de Lammermoor, la troisième série des Contes de mon hôte. Les deux romans paraissent ensemble le 21 juin 1819, sous le pseudonyme de Jedediah Cleishbotham.

Une légende de Montrose évoque la rivalité amoureuse de deux amis, sur fond de sanglants règlements de compte entre clans, et d'affrontements entre covenantaires et royalistes lors de la première guerre civile anglaise (1642-1646). Le récit se déroule en Écosse, dans le Perthshire et l'Argyll, en 1644 et 1645. L'intrigue et les personnages principaux sont sacrifiés à la mise en avant d'un pittoresque personnage secondaire, Dalgetty, officier de fortune.

portrait en buste

James Graham, marquis de Montrose.

Scott s'inspire librement du meurtre de John Graham par son ami James Stewart d'Ardvorlich, après la bataille de Tippermuir (en) (victoire du marquis de Montrose, le 1er septembre 1644)[1]. La principale source de l'auteur pour cette affaire est John Buchanan de Cambusmore[2]. La victime, John Graham, lord Kilpont, est le fils de William Graham (en), 7e comte de Menteith et 1er comte d'Airth. Dans le roman, Scott donne à la victime le titre et le nom de comte de Menteith ; il situe le drame non après la bataille de Tippermuir, mais après celle d'Inverlochy (en) (2 février 1645) — et la victime survit à sa blessure.

Pour composer le personnage du capitaine Dalgetty, le romancier puise mœurs militaires, anecdotes et traits de caractère dans les mémoires de deux officiers de fortune du XVIIe siècle :

Depuis 1818, Scott souffre de « crampes d'estomac » (sans doute des calculs biliaires). En mars 1819, alors qu'il travaille sur La Fiancée de Lammermoor, premier roman de la troisième série des Contes de mon hôte, il doit s'arrêter. On le croit perdu. Il réussit pourtant à reprendre son travail. Incapable d'écrire, il dicte les derniers chapitres du livre. Il le termine à la mi-avril. Il commence aussitôt Une légende de Montrose, deuxième roman de la série, auquel il pensait dès juin de l'année précédente. On suppose qu'il a déjà l'histoire en tête et qu'il en dicte une bonne partie à son imprimeur-éditeur John Ballantyne (en) et à son intendant William Laidlaw (en). Le livre est terminé vers la fin mai[5]. Le 3 juin, les typographes l'ont entièrement composé[2].

Chaque Waverley novel (roman de Scott signé « par l'auteur de Waverley ») est en trois volumes[6], tandis que chaque série des Contes de mon hôte (Tales of My Landlord) est en quatre volumes. La troisième série n'y déroge pas. Elle comprend La Fiancée de Lammermoor (deux volumes et demi) et Une légende de Montrose (un volume et demi)[2]. Ce dernier est donc un récit court, au regard des autres romans de Scott[7].

Comme pour les deux premières séries des Contes de mon hôte, Scott a recours au pseudonyme de Jedediah Cleishbotham et au rédacteur fictif Peter Pattieson. Mais le loufoque Cleishbotham s'abstient cette fois de prendre la plume. C'est Pattieson qui se charge d'écrire l'introduction d'Une légende de Montrose[8]. Il s'y met en scène, au lieu de le faire dans le chapitre premier comme il en a l'habitude. Il dit avoir lié connaissance avec un Highlander invalide, un ancien sergent-major, à la fois jacobite (par tradition familiale) et partisan du roi George III (au service duquel ses frères et lui se sont trouvés). Le vieillard raconte à Pattieson ses 40 années de campagne, ainsi que des récits des guerres de Montrose qu'il tient de ses parents. Ces histoires inspirent à Pattieson les pages d'Une légende de Montrose. Ces pages, précise-t-il, sont fondées sur la vérité, mais aussi imprégnées d'un merveilleux propre aux temps anciens du récit et cher au vieux narrateur[9].

Jedediah Cleishbotham est évoqué dans une courte postface. L'auteur (qui ne dit pas non nom) y avoue que ce conteur a pris naissance dans son imagination. Aussi, puisque les Contes de mon hôte sont finis, « Jedediah s'est évanoui dans les airs[10] ». Douze ans plus tard, Scott va publier pourtant une quatrième série des Contes de mon hôte, précédée d'une très longue introduction de Cleishbotham.

Le titre voulu par Scott figure sur le manuscrit : A Legend of the Wars of Montrose. Le livre en effet s'attache à faire revivre les mœurs et les mentalités d'une époque dite « des guerres de Montrose »[8] ; il n'est pas consacré à la figure du marquis de Montrose. Le titre A Legend of Montrose est pourtant imposé par les éditeurs[2].

La troisième série des Contes de mon hôte, comprenant La Fiancée de Lammermoor et Une légende de Montrose, paraît en quatre volumes sous le pseudonyme de Jedediah Cleishbotham :

En 1830, pour l'édition Magnum Opus, Scott (qui a renoncé à l'anonymat en 1827[11]) ajoute une seconde introduction à Une légende de Montrose. Il y apporte des précisions sur les événements et les auteurs qui l'ont inspiré. Il y expose notamment diverses hypothèses sur les raisons du meurtre de John Graham par son ami[1].

L’histoire se déroule en Écosse, dans le Perthshire et l'Argyll, en 1644 et 1645, à l’époque de la guerre civile anglaise. Les covenantaires s'allient au Parlement anglais. Le marquis de Montrose mène deux campagnes contre eux pour le compte du roi Charles Ier. Les chapitres XVIII et XIX racontent la bataille d'Inverlochy (en), victoire de Montrose sur les covenantaires du marquis d'Argyll le 2 février 1645.

Ardvorlich House, le manoir de la famille Stewart d'Ardvorlich, est souvent désigné comme le Darnlinvarach du roman, le château des frères M'Aulay[12].

Allan M'Aulay et son ami le comte de Menteith sont dans l’armée de Montrose. Ils aiment tous deux Annot Lyle, une jeune orpheline jadis épargnée par Allan — à la prière de Menteith — lors d’une sanglante vendetta contre le clan MacEagh (« les Enfants du brouillard »). Annot fut alors recueillie par les M'Aulay. Allan a fini par se persuader qu'elle n'est pas du sang de ses ennemis. Il s'est épris d'elle.

La jeune fille préfère Menteith, qui l'aime, mais qui refuse obstinément de l'épouser car elle n'est pas de son rang : « L'incertitude et l'obscurité probable de sa naissance ne me permettent pas de songer à en faire mon épouse. »

Avant de mourir, Ranald MacEagh, un Enfant du brouillard, tient à se venger d'Allan en lui léguant « la jalousie, le désespoir, la rage et la mort » : il révèle la haute naissance d'Annot, afin que Menteith consente à l'épouser.

Juste avant la cérémonie de mariage, Allan tente d'assassiner son rival heureux. Il fuit dans les bois, et disparaît. Une rumeur veut qu’il ait été tué par quatre Enfants du Brouillard ; une autre qu'il se soit fait chartreux.

Une grande partie du roman est consacrée à la mission menée en territoire ennemi par Dugald Dalgetty, un mercenaire qui met au service de Montrose son expérience acquise en Allemagne pendant la guerre de Trente Ans. Dalgetty ne se bat pas au nom de convictions politiques ou religieuses, mais pour gagner son pain. Il vampirise le livre, au point que d'autres personnages manquent d'épaisseur, et que l’intrigue principale n'est pas réellement développée. Selon Henri Bremond, Scott n'avait peut-être pas prévu « ce désastre magnifique ». Montrose et les chefs de clan devaient être destinés à occuper le devant de la scène. Mais le burlesque mercenaire aura tellement réjoui son créateur que celui-ci n'aura « plus eu le courage de se séparer de lui[13] ».

Le Ritmeisteir (capitaine) Dugald Dalgetty, de Drumthwacket, a servi « presque tous les princes de l’Europe » en tant que soldat de fortune. Il cultive en particulier la mémoire de « cet invincible monarque, le boulevard de la foi protestante, le lion du Nord, la terreur de l'Autriche, Gustave le Victorieux (Gustave Adolphe de Suède) », dont il a donné le nom à son propre cheval. Dalgetty est un bavard pédant, pittoresque et intarissable. Il se donne des airs d'importance, nourrit une excellente idée de lui-même, mais possède d'incontestables connaissances militaires. Il charme les moments de sa solitude au moyen de boissons diverses.

Si la nature lui a donné des qualités, l'habitude les a fondues dans un prodigieux égoïsme. Jamais il ne s'informe ni ne se souvient des affaires des autres.

Il est pointilleux sur sa réputation, brave dans l'action, exact à tous ses devoirs parce que c'est le seul moyen de faire son chemin[14]. « Brûler des faubourgs, dit-il, faire le sac d'une ville, massacrer des garnisons, c'est le devoir d'un soldat[15]. » Dalgetty se doit d'agir ainsi, car il ne reçoit sa paye qu'à cette condition. Et il estime sa profession favorisée, puisqu'elle lui permet de commettre chaque jour toutes sortes d'actes de violence sans craindre pour son salut[15]. Il défend courageusement son camarade tant qu'il est vivant, et le dépouille avec sang-froid s'il le voit mort, « aussi avide d'un vil butin qu'un vautour acharné sur sa proie[14] ».

Lorsqu'il est condamné à mort après la bataille de Philiphaugh (en) (défaite des royalistes de Montrose, le 13 septembre 1645[16]), des officiers covenantaires, intéressés par ses compétences, obtiennent l'autorisation de le faire passer dans leurs rangs. Mais Dalgetty, très professionnel, tient à rester loyal envers son employeur. Obstiné, il préfère mourir que de ne pas respecter son contrat. Heureusement, les officiers découvrent qu'il ne lui reste plus que quinze jours d'engagement : ils obtiennent un sursis à son exécution, au terme duquel Dalgetty ne fait aucune difficulté pour changer de camp.

Allan M'Aulay
Horace Vernet, 1823
Wallace Collection, Londres[17]

portrait en buste

Archibald Campbell, marquis d'Argyll.

Lorsque les deux romans paraissent, les critiques s'intéressent beaucoup moins à Une légende de Montrose qu'à La Fiancée de Lammermoor. Seuls l'Edinburgh Monthly Review et le Scotsman finissent par en parler. Ils lui reprochent notamment l'intrusion du surnaturel, et des préjugés trop défavorables aux covenantaires et au marquis d'Argyll — et trop favorables à Montrose. Le Scotsman cependant voit Scott supérieur à Shakespeare à bien des égards[2].

John H. Alexander réédite le livre sous le titre que voulait Scott : A Legend of the Wars of Montrose, Edinburgh University Press, 1995[2].

  1. a et b (en) Walter Scott, « Introduction to A Legend of Montrose », sur ebooks.adelaide.edu.au, introduction de 1830. Mis en ligne le 27 mars 2016 (consulté le 8 septembre 2016). — (en) « The Stewarts of Ardvorlich », sur highlandstrathearn.com (consulté le 8 septembre 2016).
  2. a b c d e f et g (en) « A Legend of Montrose », sur walterscott.lib.ed.ac.uk, 19 décembre 2011 (consulté le 8 septembre 2016).
  3. Le titre complet a 25 à 30 lignes de longueur selon Albert Montémont qui, dans sa traduction intitulée Une légende de Montrose, se dispense de le donner.
  4. (en) Walter Scott, « Introduction to A Legend of Montrose », article cité. — Des extraits des mémoires de James Turner seront imprimés à Édimbourg en 1829 (dix ans après la parution d'Une légende de Montrose), sous le titre Memoirs of his own life and times by Sir James Turner M.DC.XXXII.-M.DC.LXX. (en) « Full text of Memoirs of his own life and time », sur archive.org (consulté le 9 septembre 2016).
  5. a et b (en) « The Bride of Lammermoor », sur walterscott.lib.ed.ac.uk, 19 décembre 2011 (consulté le 9 septembre 2016).
  6. À l'exception de Peveril du Pic (1823), qui est en quatre volumes.
  7. Un autre roman des Contes de mon hôte est encore plus court : Le Nain noir s'étend sur un seul volume. Dans la série Chroniques de la Canongate, on trouve également un roman en un volume, La Fille du chirurgien. Ni Le Nain noir (éclipsé par Les Puritains d'Écosse) ni Une légende de Montrose (éclipsé par La Fiancée de Lammermoor) ni La Fille du chirurgien n'a rencontré un succès comparable à celui des longs romans de Scott. — (en) « The Black Dwarf », sur walterscott.lib.ed.ac.uk, 19 décembre 2011 (consulté le 9 septembre 2016). — (en) « A Legend of Montrose », article cité. — Henri Suhamy, Sir Walter Scott, Paris, Fallois, 1993, p. 398.
  8. a et b « Introduction », L'Officier de fortune ou Une légende de Montrose, dans Œuvres de Walter Scott, Paris, Furne, 1830, t. X, p. 175.
  9. « Introduction », L'Officier de fortune, éd. cit., p. 171-177.
  10. « Au lecteur », L'Officier de fortune, éd. cit., p. 455.
  11. (en) « Chronology », sur walterscott.lib.ed.ac.uk, 20 juillet 2012 (consulté le 25 août 2016).
  12. « Ardvorlich House », sur scotland.org.uk, 2016 (consulté le 10 septembre 2016) — L'Officier de fortune, éd. cit., p. 208.
  13. Henri Bremond, Le Correspondant, 25 juin 1914. Article repris dans « Le romantisme conservateur », Pour le romantisme, Bloud et Gay, 1922. — Scott en parle lui-même dans l'introduction de 1830 à Une histoire de Montrose et dans la préface des Aventures de Nigel.
  14. a et b L'Officier de fortune, éd. cit., p. 418.
  15. a et b L'Officier de fortune, éd. cit., p. 438.
  16. « Philiphaugh », sur clash-of-steel.com (consulté le 9 septembre 2016.
  17. AllanM'Aulay, Wallace Coll.
  18. (en) « Allan M'Aulay », sur Art UK (consulté le 7 mars 2021)
  19. a et b Joseph-Marie Quérard, La France littéraire ou Dictionnaire bibliographique des savants, historiens, et gens de lettres de la France, sur books.google.fr, Paris, Firmin Didot, 1836, t. VIII, p. 570.

Première guerre civile anglaise

Poèmes, romans et nouvelles de Walter Scott
Poèmes Les Chants de ménestrels de la frontière écossaise, 1802-3 Sir Tristrem, 1804 Le Lai du dernier ménestrel, 1805 Ballades et Pièces lyriques, 1806 Marmion, ou la bataille de Flodden-Field, 1808 Le Jeune Lockinvar, 1808 La Dame du lac, 1810 La Vision de Rodéric, le dernier roi goth d'Espagne, 1811 Les Fiançailles de Triermain, 1813 Rokeby, 1813 La Bataille de Waterloo, 1815 Le Lord des îles, 1815 Harold l'Intrépide, 1817 Halidon Hill, 1822 La Croix de Mac Duff, 1822
Waverley Novels (hors série) Waverley, 1814 Guy Mannering, 1815 L'Antiquaire, 1816 Rob Roy, 1817 Ivanhoé, 1819 Kenilworth, 1821 Le Pirate, 1821 Les Aventures de Nigel, 1822 Peveril du Pic, 1823 Quentin Durward, 1823 Les Eaux de Saint-Ronan, 1823 Redgauntlet, 1824 Woodstock, 1826 Anne de Geierstein (Charles le Téméraire), 1829 Le Siège de Malte, 2008 Bizarro, 2008 Contes de sources bénédictines Le Monastère, 1820 L'Abbé (Le Page de Marie Stuart), 1820 Histoires du tempsdes croisades Les Fiancés (Le Connétable de Chester), 1825 Le Talisman, 1825
Contes de mon hôte 1re série, 1816 Le Nain noir (Le Nain mystérieux, Le Nain) Les Puritains d'Écosse (Old Mortality) 2e série, 1818 Le Cœur du Midlothian (La Prison d'Édimbourg) 3e série, 1819 La Fiancée de Lammermoor Une légende de Montrose (L'Officier de fortune) 4e série, 1831 Robert, comte de Paris Le Château périlleux
Chroniques de la Canongate 1re série, 1827 La Veuve des Highlands Les Deux Bouviers La Fille du chirurgien 2e série, 1828 La Jolie Fille de Perth (parfois classé dans les Waverley Novels)
The Keepsake Stories Le Miroir de ma tante Marguerite, 1828 La Chambre tapissée, 1828 La Mort du Laird's Jock, 1828