Le « prêtre danseur » de Gubbio. Étude ombrienne (iiie-iie s. av. J.-C.) (original) (raw)
Résumé
À plusieurs reprises, au cours des rituels prescrits par les Tables Eugubines, l’officiant frappe le sol de son pas, selon une cadence ternaire et en un mouvement circulaire, ce que d’aucuns qualifient de « danse », par analogie avec les figures chorégraphiques des Saliens et des Arvales. Contrairement à ces exemples romains, le martèlement ombrien n’a aucune visée esthétique : il a pour fonction rituelle essentielle, comme la libation à laquelle il est systématiquement associé, de faciliter (et d’apaiser) la communication avec des dieux ambivalents et inquiétants, aux ramifications souterraines.
On several occasions, during the rites prescribed by the bronze Tables of Gubbio, the priest beats the ground with his step, following a ternary rhythm and performing a turning movement, which some have called a “dance”, comparatively to the choreographic figures of the Salians and the Arvals. Contrary to these Roman examples, the Umbrians’ hammering has no aesthetic aim : its main ritual function, as the libation to which it is systematically joined, consists in facilitating (and rendering peaceful) communication with ambivalent and disturbing gods with underground ramifications.
Bibliographie
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Notes
1 J. Scheid, 2007, p. 439 (« ces hymnes […] apparaissent comme des œuvres d’art qui s’ajoutent aux rites et aux prières »), p. 442 et p. 444 (« Les prêtres recevaient des livrets avec le texte de l’hymne, retroussaient leurs toges et récitaient ce texte tripodantes […]. La récitation des deux hymnes représentait un moment de plaisir et d’agrément pour les hommes et pour les dieux »). – Je tiens à remercier vivement John Scheid pour ses remarques et conseils à propos de cet article.
2 Les Tables Eugubines (TE) en alphabet ombrien sont datées généralement de la fin du iiie siècle avant notre ère et celles en alphabet latin de la fin du iie siècle av. J.-C. ; voir A. Ancillotti, 1995, p. 42. L’interprétation de détail reste encore parfois bien obscure, comme le souligne le principal traducteur de cette longue inscription – J. W. Poultney, 1959, p. 14. Voir aussi, pour la traduction de ces Tables : A. Ernout, 1961 ; G. Devoto, 1974 ; A. L. Prosdocimi, 1978 ; A. Ancillotti, R. Cerri, 1996.
3 En raison d’impératifs éditoriaux, les termes eugubins en alphabet indigène figurent non pas en caractères gras selon l’usage mais soulignés, tandis que les mots en alphabet latin sont indiqués en italique. Pour éviter toute latinisation abusive et toute reconstruction grammaticale hasardeuse, les termes cités sont conservés aux cas et aux formes conjuguées qui sont ceux de chaque occurrence.
4 Voir C. Roche, 2005.
5 Voir par exemple H. Jeanmaire, 1939.
6 Voir par exemple R. Cirilli, 1913 ; R. Bloch, 1958 ; M.-H. Garelli-François, 1995.
7 Voir G. Camporeale, 1987.
8 Selon le titre de l’ouvrage de R. Cirilli, 1913, repris par G. Dumézil, 1987, p. 287, à propos des Saliens.
9 TE Ia-Ib 1‑9 ; VIa-VIb 1‑47.
10 TE Ib 10‑45 ; VIb 48-VIIb 4.
11 TE IIb 1‑29.
12 TE IIa 15‑44.
13 J. Scheid, 2007, p. 442 ; voir Protocole de 219 (J. Scheid, 19982, no 101, l. 6‑7) : « Ensuite le sanctuaire fut fermé, tous sortirent. Enfermés à l’intérieur, la toge relevée, les prêtres frappèrent le sol selon un rythme ternaire en récitant l’hymne ». Voir aussi C. Guittard, 2007, p. 112.
14 TE IIa 24, 25, 31, 38 ; IIb 18.
15 TE VIb 16.
16 TE VIb 36.
17 TE VIIa 23, 36.
18 Voir J. W. Poultney, 1959, p. 295 ; G. Devoto, 1974, p. 59 ; A. L. Prosdocimi, 1978, p. 715 ; A. Ancillotti, R. Cerri, 1996, p. 333 (« danzare al ritmo di tre battute di piede »).
19 Cf. tre (« trois », Ia 3, 11 ; Ib 27, 43), triuuper (« trois fois », Ib 21, 22 [deux fois], 25 [deux fois]), pustertiu (« quand pour la troisième fois », Ib 40), terti (« troisième », IIa 28), tribřiçu (« triade », Va 9), tripler (« trois », Va 21).
20 TE Ib 20‑22 ; VIb 64.
21 G. Durand, 1984, p. 327. Il convient, cependant, de ne pas tomber dans des dérives trifonctionnelles, comme nous en avertit J. Scheid, 1999, p. 194 : « Les règles de la démarche comparative de Dumézil sont […] très sévères et précises. Pour que l’on puisse parler d’une structure trifonctionnelle, […] les données en question doivent être mentionnées toutes dans le même document ; elles doivent être évidentes et, bien entendu, au moins trois ; enfin, il ne doit pas “y avoir de reste”. »
22 Horace, Odes 4, 1, 28.
23 Protocole de 218 (J. Scheid, 19982, no 100, a recto, ligne 32).
24 TE IIa 31.
25 TE IIb 18.
26 Pour une telle traduction, voir G. Devoto, 1974, p. 59 ; A. L. Prosdocimi, 1978, p. 717 ; A. Ancillotti, R. Cerri, 1996, p. 341. Étymologie : < *ad-kwel-tōd.
27 C. Roche, 2005, p. 632.
28 Servius, Ad Aeneidem, VIII, 285.
29 R. Cirilli, 1913, p. 98.
30 Les Tables évoquent seulement la perkaf/perca (Ib 15 ; VIa 19 ; VIb 49, 50, 51, 53, 63 ; VIIa 46, 51), un vêtement rituel dont il est bien difficile de préciser les caractéristiques.
31 Tite-Live, 1, 20, 4.
32 Tite-Live, 27, 37, 14.
33 Sur cette distinction dans la religion romaine, voir J. Scheid, 2007.
34 TE IIa 23‑24.
35 M.-H. Garelli-François, 1995, p. 41 : « Ce piétinement magique lié à la fertilité comme à la guerre s’est sans doute fossilisé dans les rites des Saliens et des Arvales, mais il ne semble pas avoir totalement perdu son sens qui demeure vivace dans certains textes ». Voir aussi R. Bloch, 1958, p. 138 qui parle de la « magie des armes et de la danse guerrière », de « magie imitative », de « rite magique de guerre ».
36 J. Scheid, 2007, p. 443.
37 TE VIb 16, 36.
38 TE IIa 20‑22.
39 J. Scheid, 2007, p. 445.
40 P. Valéry, 1928 : « [La danse] est, sans doute, un système d’actes, mais qui ont leur fin en eux-mêmes. Elle ne va nulle part. »
41 TE IIa 24, 31.
42 TE VIb 16.
43 TE VIIa 23, 36. La plupart des commentateurs ont choisi d’interpréter comme un geste de libation le verbe vestikatu : J. W. Poultney, 1959, p. 254, 331 ; A. Ernout, 1961, p. 136 ; G. Devoto, 1974, p. 59 ; A. L. Prosdocimi, 1978, p. 667. Étymologie : < *westikātōd.
44 A. L. Prosdocimi, 1978, p. 753.
45 enuk : TE Ia 30, 33 ; Va 29 (enuk), Ib 7 ; III, 4, 7, 15, 16 ; IV 13, 14 (inuk) ; Ib 11, 13, 15, 19, 20, 21, 22 (enumek) ; Ib 35 (ene) ; Ib 36, 37, 38 [deux fois] ; IIa 9 ; IIb 21 (enu) ; III 9, 10, 26, 34 ; IV 2, 17, 18, 20, 21, 24, 26, 27, 28 (inumek, écrit inuntek en IV 18) ; III 20 (inemek) ; IV 23 (inumk) ; VIa 10, 11 (eine) ; VIb 16, 17 [deux fois], 46, 56 [deux fois], 62, 65 ; VIIa 1 (eno) ; VIb 38 [deux fois], 39, 40 [deux fois], 53, 64 ; VIIa 5, 8, 9, 23 [deux fois], 36, 45 [deux fois], 51 (enom) ; VIb 51 ; VIIa 20, 24, 34, 39 (ennom) ; VIIa 38 (enno) ; VIIa 44 [deux fois] (enem) ; cf. osque inim, latin enim.
46 TE IIa 23.
47 TE IIb 18‑19.
48 Cf. latin simul.
49 TE VIb 6‑7 ; 15‑17.
50 Dans la prière de la VIè Table (TE VIa 22‑34), le théonyme est répété treize fois ! C. Kircher, 1988, p. 43, à propos de cette omniprésence théonymique, parle avec justesse d’un « leitmotiv propitiatoire ».
51 TE VIb 6.
52 Sur la libation en Grèce, voir F. Lissarrague, 1985 ; J. Rudhardt, 1992, pp. 240‑248.
53 TE VIb 16. Étymologie : < *skalikyo-, cf. latin calix, sanscrit kalasas (« vase »).
54 J. Scheid, 2005, p. 23.
55 Caton, De l’agriculture, 132.
56 Voir J. Scheid, 19981, p. 92‑93.
57 P. Veyne, 1990, p. 26 et voir le commentaire qu’en fait J. Scheid, 2005, p. 157‑158.
58 Caton, De l’agriculture, 134.
59 TE VIIa 8‑9, 23.
60 TE IIa 25.
61 TE IIb 17‑20.
62 TE VIIa 38.
63 Le terme peřum (voir aussi TE Ia 29, 32 ; IIa 27 ; III 33 ; VIb 24, 37, 38, 39, 40) est traduit par « fosse » ou « cavité » par A. Ernout, 1961, p. 93 ; G. Devoto, 1974, p. 39 ; A. Ancillotti, R. Cerri, 1996, p. 394. A. L. Prosdocimi, 1978, p. 784 ne traduit pas ce terme mais le définit comme « vraisemblablement une ‘fosse’, ou un endroit au sol ayant la fonction de fosse ». Étymologie : < *_pedo_- ; cf. latin pes.
64 Le terme ruseme (TE VIIa 8, 9, 23) est traduit par « fossé » par
J. W. Poultney, 1959, p. 321 ; G. Devoto, 1974, p. 49 ; A. Ancillotti, R. Cerri, 1996, p. 406‑407. A. L. Prosdocimi, 1978, p. 785 pense qu’il s’agit d’une « probable localisation à terre […] : la terre elle-même ou une fosse » (p. 785). Étymologie : < *reuds-i-, cf. sanscrit rodas- (« terre »), latin Rusor, Rusina, lithuanien rusys (« silo pour les pommes de terre »).
65 Voir E. Simon, 2004, p. 237‑253.
66 E. Simon, 2004, p. 247.
67 Eschyle, Les Perses, 619‑622, 628‑630 (traduction P. Mazon) ; voir aussi Homère, Odyssée, 516‑521 : « Autour de cette fosse, fais à tous les défunts les trois libations, d’abord de lait miellé, ensuite de vin doux, et d’eau pure en troisième ; puis, saupoudrant le trou d’une blanche farine, invoque longuement les morts, têtes sans force » (traduction V. Bérard).
68 J. Rudhardt, 1992, p. 247.
69 J. Ortalli, 2008, p. 140. Voir pour Pompéi, S. Lepetz, W. van Andringa, 2005, p. 342 : « dans la tombe 19, une encoche semi-circulaire était ménagée dans le bloc de fermeture aboutissant à un déversoir qui faisait le lien avec l’amphore contenant les restes osseux de la défunte. Dans la tombe 21, l’embout d’un entonnoir renversé était raccordé au col de l’urne grâce à un tube prélevé sur un col d’amphore. Le liquide des libations pouvait alors être versé directement sur les restes incinérés des défunts » ; voir aussi S. Lepetz, W. van Andringa, 2008, p. 116‑117.
70 Sur les dieux ambivalents des Étrusques (Tinia Calusna), des Osco-Ombriens (Iúveí Flagiuí à Capoue et surtout Hunte Iuvie à Gubbio) et même des Romains (Veiouis), voir J.-C. Lacam, 2008, p. 45‑56.
71 Sur les théonymes où le nom divin se voit adjoindre une ou plusieurs épithète(s) dérivant d’un autre théonyme, qui sont très répandus dans le monde étrusque (Tinia Calusna) et plus encore en terre italique – de Gubbio (Tuse Iuvie, Fise Saçi, Prestate Çerfie Çerfe Marties, …) à Agnone (Ammaí Kerríiaí, Hereklúí Kerríúí, Maatúís Kerríiúís), en passant par Rossano di Vaglio (Νυμυλοι Mεfιτανοι), voir G. B. Pighi, 1954 ; R. De Ciocchis, 1993 ; J.-C. Lacam, 2010 (chap. sur les dieux osco-ombriens).
72 J. Untermann, 2000, p. 303 ; ainsi G. B. Pighi, 1954, p. 229 ; J. W. Poultney, 1959, p. 88 ; G. Devoto, 1974, p. 257 ; A. Ancillotti, R. Cerri, 1996, p. 372.
73 TE IIa 5‑7.
74 Voir J.-C. Lacam, 2008, p. 57‑58.
75 Plutarque, De Defectu oraculorum, 416 A.
76 G. Dumézil, 1954, p. 232 ; ibidem, 1969, p. 176‑177.
77 Plutôt que faire de ce dieu, comme A. Morandi, 1982, p. 80 un « dio del focolare », en rattachant Tefre à la racine *tep-.
78 TE Ia 24‑28 ; VIb 22‑42.
79 Position éminemment chthonienne, voir A. L. Prosdocimi, 1978, p. 754.
80 Sans doute une graisse liquide (cf. G. Devoto, 1974, p. 57 ; A. Ancillotti, R. Cerri, 1996, p. 784).
81 Voir A. Morandi, 1982, p. 83 : « nell’ambito delle divinità tutelari, inferi o ctonie ».
82 TE VIIa 9. Sur adrir : J. W. Poultney, 1959, p. 295 ; A. Ernout, 1961, p. 79 ; G. Devoto, 1974, p. 49 ; A. L. Prosdocimi, 1978, p. 697 ; A. Ancillotti, R. Cerri, 1996, p. 332. Cf. latin. ater.
83 TE VIIa 6. Étymologie : < *pikio-, cf. latin piceus. (J. W. Poultney, 1959, p. 314 ; A. Ernout, 1961, p. 124 ; G. Devoto, 1974, p. 47 ; A. L. Prosdocimi, 1978, p. 693 ; A. Ancillotti, R. Cerri, 1996, p. 390).
84 Voir H. Le Bonniec, 1958, p. 45.
85 Hunte Çefi (TE Ib 4) ; voir G. Dumézil, 1987, p. 379.
86 TE VIIa 24‑25.
87 Voir J. W. Poultney, 1959, p. 322.
88 Protocole de 218 (J. Scheid, 19982, no 100, a recto, l. 36).
89 E. Vetter, 1953, 213.
90 C. Guittard, 2007, p. 139. Macrobe, Saturnales, I, 16, 18 le place ainsi aux côtés d’autres divinités qui facilitent la bonne croissance des céréales : apud ueteres quoque, qui nominasset Salutem, Semoniam Seiam Segetiam Tutilinam ferias obseruabat (« chez les Anciens, celui qui avait prononcé le nom de Salus, de Semonia, de Seia, de Segetia, de Tutilina, observait des féries », traduction C. Guittard).
91 G. Dumézil, 1987, p. 239.
92 Augustin, De Ciuitate Dei, IV, 8.
93 E. Vetter, 1953, 213 : praicime.perseponas / afded : in regnum Proserpinae abiit.
94 Voir M. Poucet, 1972 ; G. Freyburger, 2004.
95 Ovide, Fastes, VI, 213‑218 identifie Sancus et Sanctus. Sur ce dieu de la « sanction religieuse », voir D. Briquel, 1978, p. 144.
96 Lydus, De Mensibus, IV, 90.
97 TE IIa 4.
98 TE VIb 60 : tursitu tremitu hondu holtu ninctu nepitu sonitu sauitu preplotatu preuilatu.
99 TE Ib 10‑45 ; VIb 48-VIIb 4.
100 Caton, De l’agriculture, 141 ; cérémonie analysée par G. Dumézil, 1987, p. 255‑256.
Pour citer cet article
Référence papier
Jean-Claude Lacam, « Le « prêtre danseur » de Gubbio. Étude ombrienne (iiie-iie s. av. J.-C.) », Revue de l’histoire des religions, 1 | 2011, 5-26.
Référence électronique
Jean-Claude Lacam, « Le « prêtre danseur » de Gubbio. Étude ombrienne (iiie-iie s. av. J.-C.) », Revue de l’histoire des religions [En ligne], 1 | 2011, mis en ligne le 01 mars 2014, consulté le 08 avril 2025. URL : http://journals.openedition.org/rhr/7709 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rhr.7709
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