Municipales à Étiolles : contraint à la démission en 2014, Philippe Brun se représente (original) (raw)

C'est une blessure qui ne s'effacera pas, mais qu'il assume. En novembre 2013, Philippe Brun, alors maire d'Étiolles depuis 2000, est condamné en appel à un an de prison avec sursis et une privation des droits civiques d'une durée de cinq ans pour fraude fiscale. Une affaire privée sans rapport avec sa gestion municipale. « Ça a été dur, souffle-t-il. J'ai fait des erreurs. Je l'assume et je n'ai jamais contesté. J'ai été sanctionné, j'ai payé. Maintenant, c'est à la population de décider. »

Désormais libre de toute poursuite judiciaire, il souhaite, à l'âge de 69 ans, reconquérir ce fauteuil de maire de cette commune de 3100 habitants dont il avait dû démissionner en 2014, juste avant les élections municipales. Bien sûr, l'ancien élu craint que cette campagne ne rouvre ces anciennes polémiques, mais il l'a déjà vécu. « Mon affaire a démarré en 2005. Lors de la campagne de 2008, j'étais en plein dedans. Ça a été difficile, mais j'ai été mieux élu que d'habitude. Là, beaucoup d'années ont passé. Ces affaires étaient professionnelles, privées, pas communales. Je pense que les gens l'ont compris. »

« J'ai l'impression qu'Étiolles s'isole »

Pendant ces six années, Philippe Brun a continué de vivre à Étiolles, a repris une activité salariée, afin de ne pas tourner en rond et de penser à autre chose. Et il l'assure, il n'a pas eu à souffrir de réflexions concernant sa condamnation. « Les gens que je croisais dans la rue, en allant faire des courses, ne m'ont jamais fait de remarques désagréables, au contraire », soutient-il.

S'il veut revenir aujourd'hui, ce n'est pas par esprit de revanche mais par envie. « J'ai consacré 31 années de ma vie à la fonction d'élu. J'ai plus vécu pour la collectivité que pour ma famille. Pendant toutes ces années de parenthèse, j'ai pris acte qu'on ne voyait plus la commune en première ligne. J'ai l'impression qu'Étiolles s'isole, qu'il n'y a plus de grand projet. Peut-être est-ce le moment d'essayer de rebooster tout ça ? »

Sa liste est quasiment constituée. « Elle est plus jeune, dynamique. Je n'ai qu'un ancien qui repart avec moi », note l'ancien maire. Si Philippe Brun reste fidèle aux Républicains, sa liste s'affiche sans étiquette et ouverte. Parmi ses thèmes de campagne, l'aménagement du parc de l'IUFM, remettre de l'animation en ville, les problèmes d'environnement et la sécurité.

« IL A DES CHANCES DE REPASSER »

À Étiolles, Philippe Brun n'a rien perdu de sa popularité auprès de ceux qui l'ont connu en tant que maire. « Pour moi, c'était un très bon maire, s'exclame Marie-Jacqueline, ravie d'apprendre qu'il va se représenter. Il a fait beaucoup de choses pour la ville, comme la nouvelle école. Et puis il a un bon contact avec les gens. » « Oui, il est très sympa. Je l'ai croisé la semaine dernière, il m'a reconnu avec mes enfants », sourit Sanae.

Sébastien, le boulanger du village, qui n'apprécie guère l'équipe actuelle, le soutient : « Il va repasser, c'est sûr, pronostique-t-il. Et ses condamnations ? « Dans la vie, on fait tous des erreurs. C'est pas non plus Balkany… » « C'est dommage ces affaires, mais les gens ne lui en tiennent pas rigueur, d'autant que ça n'avait rien à voir avec la mairie, assure Marie-Jacqueline. Tout ce qu'on voit, c'est ce qu'il a fait pour la ville. Il a des chances de repasser. »

« Ces affaires, c'est vieux, estime Olivier. Il est populaire. Il avait compris qu'Étiolles ne peut s'en sortir tout seul, qu'il y a besoin de l'agglomération. » D'autres habitants, qui sont arrivés plus récemment, portent un regard plus sévère sur sa condamnation. « Quand on voit tous ceux qui se représentent et qui ont fait des conneries ! », s'exclame cet habitant qui désapprouve cette candidature. « Un élu représente l'Etat, il doit montrer l'exemple », estime cet homme arrivé à Étiolles en 2014. On verra si les gens ont oublié ou lui ont pardonné. »