Flavius Josephe, ANTIQUITES JUDA�QUES, livre 17 (original) (raw)

LIVRE XVII

� I[1]

1. Craintes et intrigues d�Antipater. � Mariage de Salom�. � 2. H�rode modifie, � l�instigation d�Antipater, les mariages projet�s par lui. � 3. �pouses et enfants d�H�rode.

[1] 1[2]. Quoique Antipater e�t fait dispara�tre ses fr�res et charg� son p�re du plus impie des crimes et du remords qui les vengeait, ses esp�rances d�avenir ne s�accordaient pas � ses desseins. D�livr� de la crainte de voir ses fr�res partager le pouvoir avec lui, il s�apercevait que l�accession au tr�ne serait peur lui chose fort ardue et embarrassante, tant la nation avait con�u de haine contre lui. [2] C��tait l� un obstacle g�nant ; mais ce qui le tourmentait plus encore, c��taient les mauvaises dispositions de l��l�ment militaire, de qui d�pendait, toute la s�curit� de la maison royale toutes les fois que le peuple venait, � tenter une r�volution. Telle �tait la situation pleine de p�ril que lui fit la mort de ses fr�res.

[3] Il partageait, n�anmoins le pouvoir avec son p�re comme s�il e�t �t� roi lui-m�me, et ce qui aurait d� causer sa perte que faisait que grandir son cr�dit, car il avait trouv� moyen d�affermir la bienveillance de son p�re, en faisant croire qu�il n�avait d�nonc� ses fr�res que par souci du salut d�H�rode, et non par haine contre eux et surtout contre lui. Voil� les mal�dictions qui le poursuivaient. [4] Toutes ces intrigues avaient �t� ourdies sur le chemin d�H�rode par Antipater afin d��carter tous d�nonciateurs possibles de ses projets et de priver H�rode de refuge et de secours le jour o� Antipater se dresserait en ennemi d�clar�. [5] C��tait donc par haine contre son p�re qu�il avait machin� la perte de ses fr�res et qu�il s�attachait de plus en plus � ne pas l�cher son entreprise ; car, si H�rode mourait, le pouvoir lui serait assur� mais, si le roi prolongeait encore sa vie, les dangers rena�traient, en cas de r�v�lation de la machination qu�il avait ourdie en for�ant son p�re, � devenir son ennemi[3].[6] Aussi d�pensait-il beaucoup pour se concilier l�entourage de son p�re, cherchant � contrebattre � force d�argent la haine soulev�e contre lui ; surtout, il entretenait par de forts cadeaux le d�vouement de ses amis de Rome, et, principalement de Saturninus, gouverneur de Syrie. [7] Il esp�rait attirer � lui �galement le fr�re de Saturninus par l�importance de ses lib�ralit�s et, par les m�mes moyens, la s�ur du roi, mari�e � l�un des premiers de l�entourage d�H�rode. Nul n��tait plus habile � provoquer la confiance en simulant l�amiti� avec ses familiers, ni plus retors pour cacher la haine qu�il �prouvait contre qui que ce fut. [8] N�anmoins il ne r�ussit pas � tromper sa tante, qui l�avait devin� depuis longtemps et ne se laissait plus berner par lui, ayant d�j� par tous les moyens possibles lutt� contre ses mauvais desseins. [9] Pourtant sa fille[4] �tait mari�e � l�oncle maternel d�Antipater[5] qui, par ses calculs et, ses man�uvres, lui avait fait �pouser cette jeune femme, pr�c�demment, mari�e � Aristobule. L�autre fille de Salom�[6] �tait la femme du fils d�Alexas[7], mari de Salom�. Mais l�alliance n�emp�chait pas plus Salom� de p�n�trer les mauvais desseins d�Antipater que les liens de parent� ne pr�c�demment arr�t�e dans sa haine (contre Aristobule)[8].

[10] Salom� avait d�sir� s�unir � Syllaios l�Arabe, dont elle �tait passionn�ment amoureuse, mais H�rode la contraignit d��pouser Alexas : l�imp�ratrice Julia[9] avait joint ses efforts � ceux du roi et persuad� Salom� de ne pas s�attirer, par le refus de ce mariage, une hostilit� manifeste ; car H�rode avait jur� de retirer toute affection � Salom� si elle n�acceptait pas Alexas. Elle s�inclina devant cet avis parce que Julia �tait la femme de l�empereur et ne cessait de lui donner les meilleurs conseils. [11] A la m�me �poque H�rode renvoya chez son p�re la fille du roi Arch�la�s[10], nagu�re mari�e a Alexandre, en lui rendant sur ses propres biens sa dot, afin d��viter toute contestation[11].

[12] 2[12]. H�rode �levait lui-m�me avec beaucoup de soin les enfants de ses fils, car Alexandre avait eu de Glaphyra deux gar�ons[13] et Aristobule avait eu de B�r�nice, fille de Salom�, trois gar�ons[14] et deux filles[15]. [13] Un jour, en pr�sence de ses amis, apr�s avoir plac� pr�s de lui ces enfants et d�plor� le sort de ses fils, il souhaita que leurs fils n�eussent, pas les m�mes malheurs et, que, embellis par la vertu et l�esprit de justice, ils fussent en mesure de lui rendre les soins qu�il leur donnait[16].[14] Il avait, promis en mariage, pour le moment o� ils atteindraient l��ge voulu, � l�a�n� des fils d�Alexandre[17] la fille de Ph�roras, � l�a�n� des fils d�Aristobule[18], celle d�Antipater ; il d�signa pour le fils d�Antipater une fille d�Aristobule et la seconde pour H�rode, son propre fils, qu�il avait eu de la fille du grand-pr�tre, car nos coutumes nationales admettent qu�on ait plusieurs �pouses � la fois. [15] Le roi conclut les fian�ailles de ces enfants par piti� pour leur �tat d�orphelins et pour leur concilier par ces alliances la bienveillance d�Antipater. [16] Or, Antipater ne cessait d�ourdir � l��gard des fils de ses fr�res les m�mes desseins qu�� l��gard de ceux-ci ; l�affection de son p�re envers eux ne faisait que l�exciter davantage, car il s�attendait � les voir devenir plus puissants que ses fr�res m�mes, surtout que, lorsqu�ils auraient l��ge viril, Arch�la�s, un personnage royal, appuierait ses petits-fils, et Ph�roras, qui �tait aussi t�trarque, son gendre[19]. [17] Enfin son irritation s�exasp�rait en volant tout le peuple t�moigner sa piti� aux orphelins et sa haine contre lui parce qu�il persistait � manifester en tout ses mauvais sentiments envers ses fr�res. Il intriguait donc pour obtenir la r�vocation des d�cisions de son p�re, voyant du danger dans une intimit� avec des princes dont la puissance s�accro�trait tellement. [18] H�rode changea d�avis, c�dant aux instances d�Antipater, et d�cida que celui-ci �pouserait lui-m�me la fille d�Aristobule, tandis que le fils d�Antipater �pouserait celle de Ph�roras,

[19] 3[20]. Les accords matrimoniaux furent ainsi r�gl�s contre l�intention[21] du roi. Le roi H�rode avait alors neuf �pouses : d�abord la m�re d�Antipater[22] et la fille du grand-pr�tre[23], dont il avait eu un fils, nomm� comme lui H�rode. Il avait �galement �pous� une fille de son fr�re et une de ses cousines germaines ; ni l�une ni l�autre n�eut, d�enfant[24].[20] Il avait aussi parmi ses �pouses une Samaritaine[25] qui lui avait donn� pour fils Antipas et Arch�la�s, pour fille Olympias ; celle-ci fut plus tard la femme de Joseph, neveu du roi[26] ; quant � Arch�la�s et � Antipas, ils �taient �lev�s � Rome chez un particulier. [21] Il avait, encore �pous� Cl�op�tre de J�rusalem dont il eut deux fils, H�rode et Philippe, ce dernier aussi �lev� � Rome. Une autre de ses femmes �tait Pallas, m�re d�un fils, Phasa�l. Enfin il avait encore Ph�dre et Elpis qui lui donn�rent deux filles, Roxane et Salom�. [22] De ses filles a�n�es, s�urs ut�rines d�Alexandre, que Ph�roras avait d�daign� d��pouser, il maria l�une[27] � Antipater, fils de sa s�ur[28], l�autre[29] � Phasa�l qui �tait, lui, le fils de son fr�re[30]. Telle �tait la famille d�H�rode.

� II �

1. Pour prot�ger la r�gion de Trachonitide contre des incursions des Arabes, H�rode �tablit Zamaris � Bathyra. � 2. Condition des habitants de Bathyra. � 3. Descendants de Zamaris. � 4. Entente secr�te d�Antipater et de Ph�roras. H�rode s�vit contre les Pharisiens et les partisans de Ph�roras.

[23] 1. A cette �poque le roi, voulant �tre tranquille du c�t� des Trachonites, d�cida de cr�er en un lieu de la contr�e une bourgade aussi grande qu�une ville peupl�e de Juifs ; ainsi il pourrait rendre inviolable son propre territoire et avoir une place d�armes � port�e de ses ennemis, d�o� il pourrait s��lancer pour faire chez eux des ravages subits. [24] Il avait appris qu�un Juif de Babylone, avec cinq cents cavaliers tous instruits � tirer de l�arc � cheval et une parent� comprenant environ cent hommes, avait travers� l�Euphrate et se trouvait alors install� � Antioche aupr�s de Daphn� en Syrie, car Saturninus, qui gouvernait alors la province lui avait conc�d� pour y s�journer une localit� nomm�e Valaha. [25]Il manda ce chef avec tous ceux qui le suivaient, et promit de lui donner des terres dans la toparchie de Batan�e, limitrophe de la Trachonitide ; il voulait faire de son �tablissement une sorte de rempart. Il assura � Zamaris et � ses gens l�exemption de tous imp�ts directs et de toutes autres contributions[31], puisque la terre qu�il leur donnait �tait en friche.

[26] 2. D�cid� par ces promesses, le Babylonien se rend sur les lieux, occupe le territoire en question et, y �l�ve des murs et une bourgade qu�il nomma Bathyra. Cet homme servit effectivement de bouclier � la fois aux gens de ce pays contre les Trachonites et aux Juifs qui venaient de Babylone sacrifier � J�rusalem, qu�il emp�chait d��tre molest�s par les brigandages des Trachonites. [27] Il vit venir, � lui de partout nombre de gens fid�les aux coutumes juives. Le pays devint tr�s peupl� � cause de la s�curit� que lui conf�rait l�exemption compl�te d�imp�ts. Ce privil�ge subsista tant qu�H�rode v�cut : mais quand Philippe son fils lui succ�da, il exigea de ces gens peu de chose et pendant peu de temps. [28] En revanche, Agrippa le grand et son fils Agrippa les saign�rent � blanc, sans toutefois rien entreprendre contre leur libert�. Les Romains, dont le pouvoir succ�da au leur, confirm�rent eux aussi la libert� qu�ils demandaient, mais les �cras�rent totalement sous le poids des imp�ts. D�ailleurs je parlerai de cela avec plus de pr�cision dais la suite de l�ouvrage quand s�en pr�sentera l�occasion[32].

[29] 3. En mourant, Zamaris le Babylonien, qui s��tait soumis � H�rode pour obtenir cette r�gion, laissa apr�s une vie vertueuse des fils excellents, entre autres Jacimos, illustre par son courage, qui organisa en troupe de cavalerie ses Babyloniens ; un de leurs escadrons servait de garde aux rois que je viens de nommer. [30] Jacimos, mort � un �ge avanc�, laissa un fils, Philippe, que sa valeur guerri�re et ses autres m�rites rendaient aussi estimable qu�homme du monde. [31] Aussi une amiti� fid�le et un d�vouement solide l�unissaient-ils au roi Agrippa ; de toute l�arm�e que le roi entretenait, c��tait toujours lui l�instructeur et, lorsqu�il y avait une exp�dition � faire, le commandant.

[32] 4[33]. H�rode �tant, dans l��tat d�esprit que j�ai d�crit, toutes les affaires �taient du ressort d�Antipater et il avait toute facilit� pour les conduire � son avantage, tant son p�re se confiait en son bon vouloir et sa loyaut�. Il s�enhardit d�autant plus � �tendre son pouvoir que son p�re, aveugle � ses mauvaises actions, avait une confiance absolue en ses paroles. [33] Tout le monde le redoutait, � cause de la grandeur de son autorit� que de sa m�chancet�, n�e de son inqui�tude. Il �tait surtout courtis� par Ph�roras et le courtisait en retour au plus haut degr�, non sans l�avoir entour� de ses filets et avoir ameut� contre lui tout le gyn�c�e. [34] En effet, Ph�roras �tait asservi � sa femme, � sa belle-m�re et � sa belle-s�ur, et cela bien qu�il d�test�t ces femmes � cause des injurieux traitements dont elles avaient us� envers ses filles encore vierges. Il les supportait pourtant et ne pouvait rien faire sans ces femmes qui �piaient tous ses mouvements et, gr�ce � leur d�vouement mutuel, marchaient toujours d�accord. [35] Antipater se les �tait enti�rement attach�es, tant par lui-m�me que par l�entremise de sa m�re ; car les quatre femmes �taient toujours du m�me avis. Mais entre Ph�roras et Antipater des bagatelles faisaient na�tre des dissentiments. [36] La seule qui leur faisait opposition, c��tait la s�ur du roi[34], qui de longue date observait tout ce man�ge et sachant que leur entente visait le malheur d�H�rode, ne se g�nait pas pour la d�noncer. [37] Eux, avant reconnu que leur entente d�plaisent au roi, imagin�rent de dissimuler leur liaison, feignant m�me en temps opportun de se d�tester et de s�injurier, surtout lorsque H�rode se trouvait l� ou un espion charg� de lui rapporter ; mais en secret leur amiti� r�ciproque ne devait que s�affermir, et il en fut ainsi. [38] Salom�, qui n�ignorait ni leur entente pr�c�dente en vue de cette grande entreprise, ni la persistance de leurs relations, ne l�cha pas prise, d�pistant tous leurs artifices et les rapportant grossis � son fr�re, les entrevues secr�tes, les orgies, les conciliabules clandestins : si tout cela n��tait pas combin� pour sa perte, quelle raison y avait-il de s�en cacher ? [39] Ces gens qui, en apparence, �taient ennemis et d�blat�raient l�un contre l�autre conservaient, � l��cart de tout le monde, leur entente et, d�s qu�ils �taient seuls � seuls, ne se privaient pas de se caresser et d�organiser la lutte contre ceux � qui ils dissimulaient leur intelligence avec tant de soin. [40] Elle observait donc tout ces man�ges et les d�voilait exactement dans des entrevues avec son fr�re, qui d�j� par lui-m�me avait devin� la m�chancet�, n�e de plupart de ces choses, mais qui ne se d�cidait pas � oser[35], bien que ses soup�ons fussent �veill�s[36] par les rapports de sa s�ur. [41] Il y avait une secte de Juifs qui ce vantait d�observer tr�s strictement la loi de leurs p�res[37] et affectait un grand z�le[38] pour la divinit�, secte � laquelle �tait soumis le gyn�c�e. On les appelle Pharisiens, gens capables de tenir t�te[39] aux rois, pr�voyants[40] et s�enhardissant ouvertement � les combattre et � leur nuire[41]. [42] En fait, alors que tout le peuple juif avait confirm� par des serments son d�vouement envers l�empereur et le gouvernement royal, ces hommes n�avaient pas jur�, au nombre de plus de six mille : et comme le roi leur avait inflig� une amende, la femme de Ph�roras la paya � leur place. [43] En retour de cette marque d�amiti�, ils lui pr�dirent � car la fr�quentation de Dieu leur conf�rait le don de proph�tie � que Dieu avait d�cr�t� que le tr�ne �chapperait � H�rode et � sa race et que la couronne passerait � elle-m�me, � Ph�roras et � leurs enfants. [44] Ces propos, que Salom� avait d�couverts, �taient rapport�s au roi, ainsi que le fait que quelques courtisans s��taient laiss� corrompre. Le roi fit alors p�rir les plus coupables des Pharisiens, l�eunuque Bagoas et un certain Carus qui l�emportait sur tous ses contemporains par sa beaut� et �tait son mignon ; il fit mourir aussi tous les gens de sa maison qui �taient d�accord avec les Pharisiens. [45] Bagoas avait �t� entra�n� par ceux qui promettaient de l�appeler p�re et bienfaiteur du roi � d�signer, car, disaient-ils, il exercerait tous les pouvoirs et obtiendrait du prince la puissance que lui auraient donn�e un mariage et la procr�ation d�enfants l�gitimes[42].

� III �

1. Ph�roras refuse de r�pudier sa femme. � 2. Antipater se fait envoyer � Rome. Syllaios est accus� de complot. � 3. Retraite, maladie et mort de Ph�roras.

[46] 1[43]. Apr�s avoir ch�ti� ceux des Pharisiens qui avaient �t� reconnus coupables de ces crimes, H�rode r�unit ses amis en conseil et accusa la femme de Ph�roras, en imputant � son audace l�outrage fait aux vierges et en tirant de cette injure personnelle un motif de plainte : n�organisait-elle pas de toutes ses forces contre lui et son fr�re une guerre contre nature par ses paroles et ses actes ? [47] L�amende qu�il avait inflig�e avait �t� �vit�e gr�ce � ses moyens ; enfin il n�y avait pas un des agissements actuels dont elle ne f�t la complice. � Par suite, Ph�roras, tu feras bien, dit-il � sans avoir besoin que je d�veloppe mon avis � de r�pudier de ton propre mouvement cette femme qui deviendrait une cause de guerre, entre toi et moi. [48] Et c�est maintenant, si tu tiens � ta parent� avec moi, que tu dois la renvoyer ; ainsi, en effet, tu resteras mon fr�re et tu seras plus d�tourn� de me ch�rir �. [49] Mais Ph�roras, bien qu��branl� par la force de ces paroles, r�pondit qu�il n��tait pas plus juste de troubler son affection conjugale que ses sentiments fraternels et qu�il mourrait plut�t que d�avoir le courage de vivre priv� d�une femme qu�il aimait. [50] Alors H�rode reporta sur Ph�roras la col�re provoqu�e par les �v�nements, bien qu�il en e�t d�j� tir� elle vengeance rigoureuse ; il d�fendit � Antipater et � sa m�re de fr�quenter Ph�roras et leur ordonna de surveiller les femmes pour les emp�cher de se rencontrer. [51] Ils le promirent bien, mais, d�s qu�ils en avaient l�occasion, Ph�roras et Antipater se r�unissaient et faisaient bombance ensemble. Le bruit courait m�me que la femme de Ph�roras avait des relations avec Antipater et que la m�re de ce dernier facilitait leurs rendez-vous.

[52] 2[44]. Se m�fiant de son p�re et, craignant de voir cro�tre la haine contre lui, Antipater �crivit � ses amis de Rome, les priant de mander � H�rode qu�il e�t � l�envoyer au plus t�t chez l�empereur. [53] Ils le firent et, H�rode envoya Antipater charg� de pr�sents consid�rables et d�un testament o� il d�signait comme son successeur au tr�ne Antipater ; pour le cas o� celui-ci mourrait avant lui, H�rode, le fils qu�il avait eu de la fille du grand pr�tre. [54] En m�me temps qu�Antipater s�embarqua Syllaios l�Arabe, qui n�avait ob�i � aucun des ordres de l�empereur. Antipater l�accusa devant l�empereur pour les m�mes faits que pr�c�demment Nicolas, Syllaios fut aussi accus� par Ar�tas d�avoir tu� contre son avis beaucoup de notables de P�tra, en particulier So�mos, personnage tr�s digne d�estime pour toutes ses vertus, et de s��tre d�barrass� aussi de Fabatus, esclave[45] de l�empereur. Syllaios frit, aussi poursuivi pour le grief suivant. [55] Il y avait un garde du corps d�H�rode nomm� Corinthus, en qui le roi avait la plus enti�re confiance ; Syllaios avait cherch� � le persuader en lui promettant, une forte somme, de tuer le roi, et l�autre y consentit. Fabatus, ayant appris cela de la bouche m�me de Syllaios, le r�v�la au roi. [56] Celui-ci appr�henda Corinthus et, le fit mettre � la torture, si bien qu�il avoua tout. Il fit aussi saisir deux autres Arabes sur les d�nonciations de Corinthus : l�un chef de tribu, l�autre ami de Syllaios. [57] Eux aussi, mis � la torture, reconnurent qu�ils avaient �t� apost�s pour exhorter Corinthus � ne pas faiblir et pour lui pr�ter main-forte, si besoin �tait, dans l�accomplissement du meurtre. Saturninus, � qui H�rode avait d�nonc� tout le complot, les envoya � Rome.

[58] 3. Quant � Ph�roras, qui persistait avec t�nacit� � soutenir sa femme, H�rode lui ordonna de se retirer dans son apanage. Il regagna volontiers sa t�trarchie, non sans avoir maintes fois jur� qu�il n�en reviendrait pas avant d�avoir appris la mort d�H�rode. Aussi, quand on lui demanda, lors de la maladie du roi, de venir pour se voir confier certaines missions en cas de vacance du tr�ne, il s�y refusa par respect pour son serment. [59] Cependant, H�rode, dans des constances analogues, n�imita point l�attitude de son fr�re ; il alla chez Ph�roras quand celui-ci plus tard tomba malade, sans m�me �tre appel� ; Ph�roras mort, il prit soin de faire mener sa d�pouille � J�rusalem pour lui donner la s�pulture et il �dicta un grand deuil en son honneur. [60] Ce fut l� pour Antipater, bien qu�il f�t parti pour Rome, le d�but de ses malheurs, car Dieu devait le punir de son fratricide. Je vais poursuivre tout ce r�cit, car c�est un avertissement pour l�esp�ce humaine de pratiquer la vertu[46] en toute circonstance.

� IV �

1. Enqu�te sur la mort de Ph�roras. R�v�lations sur des intrigues d�Antipater. � 2. D�couverte d�une tentative d�empoisonnement ourdie par Antipater et Ph�roras contre H�rode. Sanctions contre le grand pontife Simon et sa fille. � 3. Accusations mensong�res d�Antipater contre Arch�la�s et Philippe.

[61] 1[47]. Lorsque Ph�roras fut mort et que ses obs�ques[48] eurent �t� c�l�br�es, deux de ses affranchis tes plus appr�ci�s vinrent trouver H�rode et lui demand�rent de ne pas laisser sans vengeance le cadavre de son fr�re, de faire une enqu�te sur sa fin impr�vue et triste. [62] Le roi tint compte de leurs paroles, qui lui sembl�rent, sinc�res. Ils racontaient que la veille de sa maladie il avait soup� chez sa femme, qu�il avait absorb� du poison introduit dans un mets inusit� et en �tait mort. Or, ce poison avait �t� rapport� par une femme d�Arabie sous pr�texte de l�exciter � l�amour � on l�appelait un charme d�amour � en r�alit� pour le tuer. [63] Il n�y a pas en effet de plus expertes empoisonneuses que les femmes arabes. L�accus�e �tait connue pour une amie des plus intimes de la ma�tresse de Syllaios ; c��tait pour la persuader de leur vendre le poison qu��taient venues dans son pays la belle-m�re et la belle-s�ur de Ph�roras, et elles l�avaient ramen�e la veille du repas en question. [64] Le roi, surexcit� par ces discours, fit torturer les esclaves de ces femmes et m�me quelques femmes libres ; comme l�affaire restait t�n�breuse en raison de leurs d�n�gations, l�une d�elles, vaincue par les tourments, finit par lire qu�elle priait Dieu d�infliger de pareilles souffrances � la m�re d�Antipater, cause des maux qu�elles supportaient toutes. [65] Ce mot conduisit H�rode � la v�rit� ; puis les tortures de ces femmes r�v�l�rent, tout, les orgies, les r�unions clandestines et m�me des paroles dites en secret par le roi � son fils et rapport�es aux femmes de Ph�roras : il s�agissait de l�ordre donn� par H�rode � Antipater de passer sous silence un don de cent talents qu�il lui avait fait pour lui faire rompre tout commerce avec Ph�roras[49]. [66] On connut encore la haine d�Antipater contre son p�re et ses lamentations aupr�s de sa m�re sur la trop longue dur�e de la vie de celui-ci, sur sa propre vieillesse qui s�approchait, de telle sorte que, m�me si la couronne venait � lui �choir, il n�en jouirait gu�re ; d�ailleurs, combien de ses fr�res et de ses neveux �taient �lev�s � c�t� de lui en vue de la royaut� et empoisonnaient sa s�curit�[50] ! [67] Maintenant, m�me s�il arrivait malheur au roi, c��tait � son fr�re plut�t qu�� son fils qu�il avait ordonn� de confier le pouvoir. Antipater incriminait encore la grande cruaut� du roi qui avait massacre ses fils ; c��tait la crainte qu�on ne s�attaqu�t bient�t � eux qui les avait pouss�s, lui, � gagner Rome, Ph�roras � se retirer dans sa t�trarchie.

[68] 2[51]. Ces r�v�la Lions s�accordaient si bien avec les rapports de la s�ur du roi qu�elles contribuaient � lui enlever toute id�e de s�en d�fier. .lie roi, ayant convaincu la m�re d�Antipater, Doris, d�avoir tremp� dans les intrigues de son fils, commen�a par la d�pouiller de tous ses ornements qui valaient beaucoup de talents, puis il la r�pudia et conclut amiti� avec les femmes de Ph�roras. [69] Sa col�re contre son fils fut excit�e au plus haut degr� par un homme de Samarie nomm� Antipater, intendant d�Antipater, fils du roi ; au milieu d�autres aveux faits dans les tortures, ce personnage r�v�la qu�Antipater s��tait procur� un poison mortel et l�avait donn� � Ph�roras, en lui recommandant de profiter de son absence, qui le mettait � l�abri des soup�ons, pour le faire prendre au roi. [70] Antiphile, un des amis d�Antipater, avait apport� d��gypte � poison et l�avait fait parvenir, � Ph�roras par l�entremise de Theudion, oncle maternel du prince Antipater ; ainsi ce poison �tait venu entre les mains de la femme de Ph�roras il qui son mari en avait confi� la garde. [71] Cette femme, interrog�e par le roi, avoua et, courant comme pour chercher le poison, alla se jeter du haut de son toit, mais sans se tuer, car dans sa chute elle retomba sur ses pieds. [72] Aussi, quand elle eut repris ses connaissance, H�rode lui promit l�impunit� pour elle et ses proches si elle ne cherchait pas � dissimuler la v�rit�, mais mena�a de l��craser sous les pires supplices si elle pr�f�rait faire l�ignorante. L�-dessus elle promit et jura de r�v�ler tous les faits exactement comme ils s��taient pass�s et en effet elle dit, de l�avis de la plupart, toute la v�rit� : [73] � Le poison a bien �t� apport� d��gypte par Antiphile ; son fr�re, qui est m�decin, l�a fourni. Theudion nous l�a rapport� et je le gardais moi-m�me, l�ayant re�u de Ph�roras ; il avait �t� pr�pare contre toi par Antipater. [74] Quand Ph�roras tomba malade et que tu vins lui donner des soins, consid�rant le d�vouement que tu lui t�moignais, Ph�roras fl�chit dans sa r�solution et m�ayant fait appeler : � Femme, me dit-il, Antipater m�a circonvenu contre son p�re, mon fr�re, en concevant un dessein homicide et en se procurant le poison qui devait servir � cet effet. [75] Mais � pr�sent que je vois mon fr�re ne renoncer nullement � la bont� qu�il avait jadis pour moi et que je n�ai gu�re l�espoir de prolonger ma vie, je ne veux pas d�shonorer mes anc�tres par une pens�e fratricide ; apporte-moi ce poison pour le jeter au feu sous mes yeux. � [76] Et l�ayant cherch�, la femme avait aussit�t ex�cut� les ordres de son mari ; elle avait consum� la majeure partie du poison, mais en avait gard� un peu pour elle afin que si, apr�s la mort de Ph�roras, le roi la poursuivait, elle p�t �chapper aux tourments �. [77] Ayant ainsi parl�, elle montra la bo�te et le poison. Un autre fr�re d�Antiphile et sa m�re, sous la violence des tourments et des supplices, dirent la m�me chose et reconnurent la boite. [78] On accusait aussi la fille du grand-pr�tre, femme du roi, d�avoir re�u la confidence de tout ce complot et d�avoir voulu le cacher ; pour cette raison H�rode la r�pudia et raya son fils du testament qui le d�signait pour r�gner ; il d�pouilla aussi son beau-p�re Simon, fils de Bo�thos, du grand-pontificat et le rempla�a par Matthias, fils de Th�ophile, originaire de J�rusalem.

[79] 3[52]. Sur ces entrefaites arriva de Rome Bathylle, affranchi d�Antipater ; mis � la torture, il fut convaincu d�apporter du poison le livrer � la m�re d�Antipater et � Ph�roras, de sorte glue, si le premier n�avait pas atteint le roi, le second leur permit d�en avoir d�avoir voulu raison. [80] Il arriva aussi des lettres des amis romains d�H�rode, �crites sur l�initiative et sous la dict�e d�Antipater, pour accuser Arch�la�s et Philippe de m�dire de leur p�re � cause du meurtre d�Aristobule et d�Alexandre et de s��tre plaints du sort qui les mena�ait eux-m�mes ; car ils �taient rappel�s par leur p�re et cet appel n�avait pas d�autre but que leur perte. Les amis d�H�rode avaient pr�t� leur concours � Antipater moyennant une grosse somme. [81] Antipater lui-m�me �crivait � son p�re au sujet de ces jeunes princes, disant qu�il les absolvait compl�tement des plus graves accusations et que, pour leurs paroles, il les attribuait � leur jeunesse. Lui-m�me luttait contre Syllaios, faisait sa cour aux hommes les plus influents et avait achet� de splendides ornements pour deux cents talents. [82] On pourrait s��tonner que de toutes les men�es qui se machinaient contre lui en Jud�e depuis sept mois d�j�, rien ne lui e�t �t� d�couvert. Il n�y avait d�autre cause � cela que le soin avec lequel les routes �taient gard�es et la haine g�n�rale contre Antipater ; personne n�e�t accept� de courir un risque pour assurer sa s�curit�.

� V �

1. Antipater revient de Rome et est mal re�u. � 2-7. Accus� par Nicolas de Damas devant H�rode et Quintilius Varus, il est convaincu d�avoir voulu empoisonner son p�re et perdre Salom�. � 8. H�rode le fait garder � vue et en r�f�re d l�empereur.

[83] 1[53]. H�rode, � qui Antipater avait �crit que, d�s qu�il aurait achev� toute sa mission comme il fallait, il se h�terait dit revenir, lui r�pondit en dissimulant sa colore et en l�invitant � ne pas s�attarder en route, de peur qu�il n�arriv�t malheur � son p�re pendant son absence ; en m�me temps, il se plaignait quelque peu de sa m�re, mais promettait d�abandonner ses griefs contre elle d�s son arriv�e ; [84] il lui t�moignait de toute fa�on son affection de crainte que, pris de soup�on, il ne diff�r�t son retour vers lui, et que, s�attardant � Rome, il ne machin�t en vue du tr�ne et m�me n�obtint quelque succ�s � ses d�pens[54]. [85] C�est en Cilicie qu�Antipater fut rejoint par cette lettre, ayant re�u auparavant � Tarente celle qui lui annon�ait la mort de Ph�roras : cette nouvelle lui avait �t� tr�s p�nible, non qu�il aim�t Ph�roras, mais parce que celui-ci �tait mort sans l�avoir, selon sa promesse, d�barrass� de son p�re. Quand il arriva � C�lend�ris en Cilicie, il h�sitait d�j� � rentrer dans son pays, tant il �tait afflig� par la r�pudiation de sa m�re. [86] Ses amis lui conseillaient, les uns de s�arr�ter dans ces parages pour observer les �v�nements, les autres de ne pas retarder son retour dans sa patrie : une fois pr�sent, il dissiperait toutes les accusations, car maintenant ce n��tait rien d�autre que son absente qui avait donn� du cr�dit � ses accusateurs. [87] Persuad� par les derniers, il s�embarqua et aborda au port S�baste[55] construit � grands frais par H�rode et nomm� ainsi par lui en l�honneur de l�empereur. [88] L� Antipater entrevit d�j� ses malheurs, car personne ne vint au devant de lui, personne ne vint le saluer comme lors de son d�part avec des pri�res et des v�ux de bonheur ; plusieurs ne s�abstenaient m�me pas de l�accueillir avec des impr�cations toutes contraires, en supposant qu�il venait expier ses crimes envers ses fr�res.

[89] 2[56]. A ce moment se trouvait � J�rusalem Quintilius Varus[57], qui avait succ�d� � Saturninus dans le gouvernement de Syrie, il �tait venu en personne et � la demande d�H�rode pour lui donner des conseils sur la situation. [90] Pendant qu�ils d�lib�raient ensemble arriva Antipater, sans que rien lui e�t �t� divulgu�. Il entra au palais encore rev�tir de sa robe de pourpre. Les gardes des portes le laiss�rent p�n�trer lui-m�me, mais �cart�rent ses amis. [91] Il �tait d�j� troubl�, comprenant et clairement dans cruel pi�ge il �tait tomb�, surtout, quand son p�re, au moment o� il s�avan�ait pour l�embrasser, le repoussa en lui reprochant d�avoir tu� ses fr�res, complot� de le tuer lui-m�me, ajoutant que Varus entendrait et jugerait toute l�affaire le lendemain. [92] Antipater, apprenant et voyant en m�me temps son malheur, sortit tout �gar� par la grandeur de son p�ril ; il vit venir � sa rencontre sa m�re et sa femme, fille d�Antigone[58], qui avait �t� roi des Juifs avant H�rode ; elles lui apprirent tout et il se pr�para � son proc�s.

[93] 3[59]. Le jour suivant Varus et le roi tinrent conseil ; ils avaient convoqu� chacun leurs familiers ainsi que les parents du roi et sa s�ur Salom� ; puis les t�moins qui devaient d�noncer, ceux qu�on avait mis � la question, enfin des esclaves de la m�re d Antipater qui, peu avant son retour, avaient �t� arr�t�s et trouv�s porteurs d�une lettre dont le contenu �tait en r�sum� qu�il ne devait pas revenir parce que sort p�re �tait au courant de tout, qu�il ne lui restait plus d�autre ressource que l�empereur et d��vier de tomber avec elle aux mains de son p�re. [94] Antipater se jeta aux genoux de son p�re et le supplia de ne pas prononcer contre lui un jugement rendu � l�avance, mais apr�s l�avoir �cout� en homme capable de rester vraiment p�re. H�rode ordonna alors de l�amener au milieu de l�assembl�e et se lamenta d�avoir procr�� des enfants qui lui qui avaient valus tant de mis�res, et d�avoir m�rit� que la col�re de la divinit� expos�t sa vieillesse aux coups d�Antipater[60] ; il rappela l��ducation et l�instruction qu�il leur avait donn�es, l�abondance des richesses qu�il leur avait fournies pour tous leurs besoins quand et comme ils l�avaient voulu ; [95] rien de tout cela n�avait, emp�ch� qu�il risqu�t de p�rir victime de leurs complots, car ils pr�f�raient s�emparer tout de suite de la royaut� par un acte impie, au lieu de l�attendre de la volont� et de la justice d�un p�re c�dant aux lois de la nature. [96] Il se demandait avec �tonnement quels espoirs avaient pouss� Antipater � ne pas se d�tourner d�une telle entreprise, lui qui avait �t� d�sign� par �crit comme h�ritier du tr�ne, qui, m�me du vivant de son p�re, ne lui c�dait en rien ni par l��clat de la dignit�, ni par l�ampleur du pouvoir, puisqu�il jouissait d�un revenu annuel de cinquante talents et avait re�u pour son voyage � Rome une allocation de trois cents talents. [97] H�rode reprochait aussi � Antipater, si ses fr�res accus�s par lui avaient �t� r�ellement pervers, de les avoir imit�s, et, dans le cas contraire, d�avoir port� sans motif de telles accusations contre ses proches parents ; [98] en effet, tout ce qu�H�rode avait appris de leurs actes, il ne le tenait que des d�nonciations d�Antipater ; ce qu�il avait d�cid� contre eux, ce n��tait que d�apr�s son avis ; ainsi Antipater les absolvait de tout crime en devenant l�h�ritier de leur parricide.

[99] 4[61]. En parlant ainsi, il se mit � pleurer et ne put continuer. Alors Nicolas de Damas, ami du roi, son commensal perp�tuel et le t�moin de tous ses actes, sur la demande que lui fit le roi d�achever son discours, exposa tout l��chafaudage, des indices et des preuves.[100] Antipater se tourna vers son p�re pour se d�fendre : il �num�ra tous les t�moignages de la bienveillance de son p�re envers lui, invoqua les honneurs qui lui �taient �chu, et qu�il n�aurait jamais re�us s�il ne s�en �tait rendu digne par sa vertueuse conduite envers son p�re. [101] Tout ce qui exigeait de la pr�voyance, il y avait sagement pourvu ; fallait-il mettre la main � la besogne, il avait tout accompli par des efforts personnels. Comment admettre qu�apr�s avoir sauv� p�re des complots d�autrui, il e�t complot� lui-m�me et qu�effa�ant toute la r�putation qui lui avaient, valu ses actes pass�s, il se f�t expos� � la honte qu�entra�nerait cette nouvelle conduite ? [102] D�ailleurs, il avait �t� d�sign� � l�avarice comme successeur du roi ; sans aucun emp�chement il participait d�s maintenant aux m�mes honneurs. Etait-il vraisemblable que, poss�dant sans risque et en toute innocence la moiti� du pouvoir, il vis�t � prendre le tout en encourant bl�me et dangers sans savoir s�il r�ussirait, et surtout alors qu�il avait vu le ch�timent de ses fr�res, qu�il avait d�nonc�s et accus�s des crimes qui pouvaient rester inconnus, dont il avait caus� la perte quand ils avaient �t� convaincus de crimes contre leur p�re ? [103] Ces luttes m�mes qu�il avait soutenues sur place �taient des exemples de sa conduite absolument d�vou�e envers son p�re. De sa conduite � Rome il avait pour t�moin l�empereur, aussi difficile � tromper que Dieu lui-m�me ; [104] la preuve en �tait dans les lettres envoy�es par celui-ci, auxquelles on devait accorder de poids qu�aux calomnies de fauteurs de discordes, calomnies dont son absence avait donn� � ses ennemis le loisir de pr�parer la plupart, ce que, lui pr�sent, ils n�auraient pu faire. [105] Quant aux tortures, il les accusait d�avoir incit� au mensonge, parce que la n�cessit� pousse ceux qu�on y soumet � parler pour plaire � leurs ma�tres ; il s�offrait lui-m�me � subir la question.

[106] 5[62]. Cette attitude produisit un revirement dans l�assembl�e, car on plaignait vivement Antipater, qui recourait aux larmes et se d�chirait le visage, de telle sorte que m�me ses ennemis �taient d�j� saisis de piti� et qu�on voyait H�rode fl�chir dans sa r�solution, encore qu�il ne voul�t pas le laisser voir. Nicolas, reprenant, mais en les d�veloppant davantage[63], les arguments d�j� expos�s par le roi, rassembla, pour prouver l�accusation, tous les �l�ments fournis par les tortures et les t�moignages. [107] Il exposa surtout la bont� du roi, t�moign�e dans les soins et l�instruction donn�s � ses fils sans qu�il y e�t jamais rien gagn�, n�ayant fait que tomber de malheurs en malheurs. [108] Et pourtant il s��tonnait moins de la folie des autres : jeunes et corrompus par de mauvais conseils, ils avaient oubli� les lois de la nature dans leur impatience d�obtenir le pouvoir plus vite qu�il ne fallait. [109] Mais on pouvait � bon droit �tre �pouvant� de la sc�l�ratesse d�Antipater, non seulement parce que tous les bienfaits de son p�re n�avaient pas fl�chi un esprit semblable � celui des plus venimeux reptiles � encore ceux-l� m�me r�pugnent-ils quelque peu � faire du mal � leurs bienfaiteurs � mais encore parce que le sort m�me de ses fr�res ne l�avait pas d�tourn� d�imiter leur cruaut�. [110] � Et pourtant., Antipater, c�est toi-m�me qui as d�nonc� les projets audacieux de tes fr�res, toi-m�me qui as cherch� des preuves contre eux et qui as ch�ti� les coupables une fois d�couverts. Et ce n�est pas d�avoir hardiment manifest� ta col�re contre eux que nous te bl�mons : nous sommes �pouvant�s que tu te sois h�t� d�imiter leur impudence, nous y voyons la preuve que d�j� dans le pass� tu as agi non pour le salut de ton p�re, mais pour la perte de tes fr�res, afin que ta haine contre leur m�chancet� te procur�t le renom d�un bon fils et que tu pusses plus s�rement comploter contre ton p�re. C�est ce que tes actes ont prouv�. [111] A peine t��tais-tu d�barrass� de tee fr�res, convaincus de sc�l�ratesse par toi, que tu omettais de livrer leurs complices, montrant clairement � tous que tu t��tais mis d�accord avec eux contre ton p�re avant de lancer tes accusations. [112] Mais tu voulais r�server � toi seul les b�n�fices d�un complot parricide et tirer des deux entreprises une volupt� bien digne de ton caract�re. L�une, ostensible, �tait dirig�e contre tes fr�res, tu t�en vantais comme d�une action tr�s glorieuse, et tu aurais eu raison si, [113] en r�alit�, tu n�avais pas �t� pire qu�eux, puisque tu dressais secr�tement un pi�ge contre ton p�re et que ta haine contre eux, au lieu d��tre due � leurs entreprises contre lui � car en ce cas tu ne te serais pas laiss� entra�ner � un acte pareil � venait de ce qu�ils auraient pu pr�tendre, � meilleur droit que toi, � la succession au tr�ne. [114] L�autre entreprise, c`�tait d�immoler ton p�re apr�s tes fr�res, afin d��viter d��tre au plus t�t convaincu de les avoir calomni�s et d�infliger � ton malheureux p�re le ch�timent que tu m�ritais toi-m�me ; tu as imagin� non pas un parricide ordinaire, mais tel que l�histoire n�en a pas relat� jusqu�ici. [115] Ce n�est pas seulement le fils qui a complot� contre son p�re, mais contre un p�re qui l�aimait et le comblait de ses bien faits, un fils effectivement associ� � la royaut�, proclam� d�avance h�ritier, que personne n�emp�chait de commencer d�s lors � jouir de la puissance et dont l�espoir pour l�avenir �tait assur� par les intentions de ton p�re et par ses �crits. [116] Cependant ce n��tait pas d�apr�s la bont� d�H�rode, mais d�apr�s tes mauvaises pens�es que tu jugeais les choses, car tu voulais enlever jusqu�� sa propre part � ce p�re qui d�f�rait � tous tes d�sirs, et celui que, en paroles, tu pr�tendais sauver par tes actions, tu cherchais � le faire dispara�tre ; [117] non seulement tu te faisais toi-m�me criminel, mais tu avais fait partager tes desseins � ta m�re, tu excitais la discorde entre tes fr�res unis, tu osais appeler ton p�re un monstre alors que tu t��tais fait un caract�re plus f�roce que celui de tous les serpents. C�est ainsi que tu appelais � ton aide leur poison contre tes plus proches parents, contre les plus g�n�reux bienfaiteurs et c�est avec le secours de gardes, avec des machinations d�hommes et de femmes que tu te prot�geais contre ce vieillard, comme si ton �me ne suffisait pas � supporter la haine cach�e en toi. [118] Et maintenant te voici, apr�s que des hommes libres et des esclaves ont �t� tortur�s, que des hommes et des femmes ont �t� d�nonces par tes complices, tout pr�t � nier la v�rit�, impatient de supprimer non seulement ton p�re du nombre des vivants, mais encore la loi �crite contre toi, la vertu de Varus et le droit naturel. [119] As-tu donc une telle confiance en ton impudence que tu t�offres � la torture et taxes de mensong�res les r�ponses obtenues par les tortures pr�c�dentes, pour que ceux qui ont pr�serv� ton p�re soient repouss�s comme ayant menti, tandis que les paroles que t�arrachera la torture passeraient pour �tre vraies ? Ne pr�serveras-tu pas le roi, � Varus, de la menace de ses proches ? [120] Ne feras-tu pas p�rir ce monstre malfaisant qui, pour perdre ses fr�res, a feint l�affection envers son p�re et qui, alors qu�il devait recueillir tout seul et bient�t la royaut�, s�est montr� de tous le plus meurtrier ? Tu sais que le parricide est un crime qui fait injure � la fois � la nature et � l�humanit� ; pr�m�dit�e aussi bien qu�accomplie, qui le laisse impuni outrage les lois naturelles �.

[121] 6. Nicolas ajouta encore ce qui concernait la m�re d�Antipater, tout ce qu�elle avait racont� � certains en bavardant comme une femme, ses consultations de devins et ses sacrifices pour d�vouer le roi, toutes les d�bauches d�Antipater avec les femmes de Ph�roras, leurs beuveries et leurs orgies, les r�ponses arrach�es par la torture et tout le dossier des t�moignages. Il y en avait beaucoup et de toute sorte, les uns pr�par�s, les autres improvis�s pour d�noncer et confirmer. [122] En effet, certaines gens qui avaient pass� des choses sous silence, par crainte qu�Antipater ne les pun�t s�il �chappait, le voyant maintenant en butte aux accusations de ceux qui en avaient pris l�i,itiative et s�apercevant que la fortune, qui l�avait jadis follement favoris�, le livrait visiblement � ses ennemis, se laissaient entra�ner par la haine insatiable d�cha�n�e contre lui. [123] Cependant, ce gui pr�cipitait sa ruine, c��tait moins la haine de ses accusateurs que l��normit� de l�audace avec laquelle il avait projet� ses crimes, se sa m�chancet� envers son p�re et ses fr�res, car il avait rempli la maison royale de discorde et de dissensions mutuelles : ni ses haines n��taient dict�es par la justice, ni ses amiti�s par la bienveillance, mais seulement par l�int�r�t. [124] La foule qui avait devin� cela depuis longtemps, elle qui juge les choses surtout par le sens moral, parce qu�elle n�est pas g�n�e par la col�re pour donner son avis sur les �v�nements, avait �t� emp�ch�e de crier auparavant, mais, le pouvant d�sormais sans risques, d�voilait tout ce qu�elle savait. [125] On r�v�lait alors toute sorte de vilenies et il �tait impossible de taxer cela de mensonges, parce que la plupart ne parlaient pas pour se concilier l�affection d�H�rode ni par crainte de se voir reprocher d�avoir tu ce qu�ils avaient � dire, mais parce qu�ils consid�raient que les actions d�Antipater �taient mauvaises et qu�il m�ritait tous les ch�timents, moins pour assurer la s�curit� d�H�rode qu�� cause rte sa propre sc�l�ratesse. [126] Beaucoup de faits �taient m�me rapport�s par des gens auxquels on n�avait pas enjoint de parler, de telle sorte qu�Antipater, bien que pass� ma�tre en mensonge et impudence, n�avait pas la force d��lever la voix pour les contredire.

[127] Quand Nicolas eut cess� de parler et de d�velopper ses preuves, Varus ordonna � Antipater de s�avancer pour se disculper, s�il avait pr�par� quelque chose qui le mit � l�abri des chefs d�accusation ; car il souhaitait personnellement et son p�re aussi � Antipater le savait � qu�il rie f�t convaincu d�aucun crime. [128] L�autre gisait tourn� la face contre terre, s�en remettant � Dieu et � tous pour t�moigner de son innocence, ou �tablir par des signes manifestes qu�il n�avait pas complot� contre son p�re. [129] C�est une habitude chez tous ceux qui sont d�pourvus de vertu, quand ils entreprennent de mauvaises actions, d�oublier que la providence divine pr�side � tout et d�agir � leur guise ; mais le jour o� pris en flagrant d�lit ils risquent d��tre ch�ti�s, ils invoquent le t�moignage de cette m�me divinit� pour qu�elle retourne la situation. Tel fut le cas d�Antipater. [130] Alors qu�il avait toujours agi comme en l�absence de la divinit�, maintenant, cern� de toutes parts par la justice, n�ayant pas d�autres moyens pour se justifier des accusations, il outrageait � nouveau la bont� divine en invoquant en t�moignage tout ce qu�il avait pu conserver gr�ce � la puissance de ce Dieu, qui r�v�lait tout ce qu�il n�avait cess� d�oser faire envers son p�re[64].

[131] 7[65]. Varus, apr�s de fr�quentes questions pos�es � Antipater, n�ayant rien obtenu de plus que des invocations � la divinit� et voyant qu�il n�en finissait pas, ordonna d�apporter le poison pour �prouver la force qui lui restait encore. [132] Quand on l�eut apport� ; un condamn� � mort le but sur l�ordre de Varus et succomba instantan�ment. Alors Varus se leva et, quitta l�assembl�e ; il partit le lendemain pour Antioche, o� il s�journait la plupart du temps parce que c�est la capitale de la Syrie. [133] H�rode fit sur le champ charger son fils de cha�nes ; la foule ignora le contenu des conversations de Varus avec le roi et, ce qu�il avait ajout� en s�en allant, mais supposa que c��tait d�apr�s son avis qu�H�rode traitait ainsi Antipater. Donc, apr�s avoir encha�n� celui-ci, H�rode exp�dia � Rome � l�empereur une lettre � ce sujet : et des envoy�s charg�s de le renseigner de vive voix sur la perversit� d�Antipater.

[134] Pendant ces m�mes journ�es on intercepta encore une lettre �crite � Antipater par Antiphile qui s�journait en �gypte ; cette lettre, ouverte par le roi, �tait ainsi con�ue : � Je t�ai envoy� la lettre d�Acm� sans craindre de risquer ma propre vie. Tu sais en effet que je me trouverai de nouveau en danger du fait de deux familles si je suis pris. [135] Bonne chance dans ton entreprise. � Voil� ce que r�v�lait cette lettre. Le roi recherchait aussi l�autre lettre[66], mais on ne la d�couvrait pas, et l�esclave d�Antiphile, qui portait celle qu�on avait lue, niait en avoir re�u une autre. [136] Comme le roi se trouvait embarrass�, un des familiers d�H�rode, remarquant que la tunique int�rieure de l�esclave � il en portait deux � avait �t� recousue, supposa que la lettre �tait cach�e dans ce repli ; et il en �tait r�ellement ainsi. [137] On saisit donc la lettre o� �tait �crit ce qui suit : � Acm� � Antipater. J�ai �crit, � ton p�re la lettre que tu voulais, et apr�s avoir fait faire une copie de la pr�tendue lettre de Salom� � ma ma�tresse[67], je la lui ai envoy�e ; quand il l�aura lue, je suis s�re qu�il se vengera de Salom� comme d�une tra�tresse �. [138] Il s�agissait l� d�une lettre soi-disant �crite par Salom� � la ma�tresse d�Acm�, mais en r�alit� dict�e, par Antipater sous le nom de Salom� ; tout au moins en ce qui concernait la pens�e ; le style contrefait �tait bien celui de Salom�. [139] Quant � la lettre d�Acm� � H�rode, voici quel en �tait le texte � � Acm� au roi H�rode. D�sireuse de te faire conna�tre tout ce qui se trame contre toi et ayant d�couvert une lettre �crite par Salom� � ma ma�tresse contre toi, je l�ai recopi�e � mon grand risque, mais pour ton salut, et je te l�envoie. Salom� l�a �crite parce qu�elle veut �pouser Syllaios. D�chire donc la lettre afin que je ne sois pas �galement en danger de mort �. [140] En m�me temps Acm� avait �crit � Antipater lui-m�me, lui faisant savoir qu�ob�issant � son ordre elle avait �crit � H�rode que Salom� s�effor�ait, toujours de comploter contre lui et qu�elle, Acm�, envoyait � H�rode une copie de la pr�tendue lettre adress�e � sa ma�tresse par Salom�[68]. [141] Cette Acm� �tait juive de naissance, mais esclave de Julia, femme de l�empereur, elle agissait ainsi par amiti� pour Antipater, qui l�avait achet�e � grand prix pour en �tre aid� dans ses machinations criminelles contre son p�re et sa tante.

[142] 8[69]. H�rode, �pouvant� de la sc�l�ratesse immense d�Antipater, songea d�abord � se d�barrasser de lui sur le champ comme d�un fomenteur des plus graves troubles qui avait complot� non seulement contre lui, mais contre sa s�ur, et avait corrompu la maison imp�riale. Il y �tait encore incit� par Salom� qui se frappait la poitrine et lui demandait de la tuer si la moindre preuve digne de foi pouvait �tre fournie contre elle pour un si grand crime. [143] H�rode fit donc amener son fils et l�interrogea, en lui ordonnant de r�pondre sans rien dissimuler s�il le pouvait. Comme celui-ci restait interdit, H�rode lui demanda, puisque partout il �tait pris en flagrant d�lit de sc�l�ratesse, de d�signer au moins sans retard ses complices. [144] Et lui rejeta sur Antiphile la responsabilit� de tout, mais ne nomma personne autre. H�rode, tr�s afflig�, songea alors � envoyer son fils � Rome[70] aupr�s de l�empereur pour subir la peine de ses complots. [145] Puis, craignant qu�il ne trouv�t moyen d��chapper au danger gr�ce � l�aide de ses amis, il le garda encha�n� comme auparavant et envoya de nouveaux ambassadeurs aven une lettre pour accuser son fils, avec l�indication de tout ce qu�avait fait Acm� de concert avec lui et la copie des lettres saisies.

� VI �

1. Maladie et testament d�H�rode. � 2-4. R�volte de Judas et de Matthias. Sa r�pression. � 5-6. Aggravation de la maladie d�H�rode. Son supr�me projet de massacre. Son caract�re.

[146] 1[71]. Pendant que les ambassadeurs se h�taient vers Rome avec les lettres et munis d�instructions sur ce qu�il fallait r�pondre quand on les interrogerait, le roi tomba malade et fit un testament o� il donnait la royaut� au plus jeune de ses fils[72], par haine contre Arch�la�s et Philippe, en raison des calomnies d�Antipater ; il l�guait � l�empereur une somme de mille talents et cinq cents talents � Julie, femme de l�empereur, aux enfants, aux amis et aux affranchis de celui-ci. [147] Il partageait aussi entre ses fils et petits-fils ses tr�sors, ses revenus et ses terres ; il enrichissait aussi beaucoup sa s�ur Salom�, qui lui �tait toujours rest�e d�vou�e et n�avait jamais tent� de lui faire aucun mal. [148] D�sesp�rant de survivre � car il avait environ soixante-dix ans � il devint f�roce, se laissant aller � un exc�s de col�re et d�amertume � l��gard de tous ; c�est qu�il se croyait m�pris� et se persuadait que le peuple se r�jouissait de ses malheurs, surtout lorsque certains d�magogues se soulev�rent contre lui pour la raison que voici.

[149] 2[73]. C��taient Judas, fils de Sariphaios, et Matthias, fils de Margalothos[74], les plus savants des Juifs et ceux qui interpr�taient le mieux les lois des anc�tres, chers aussi au peuple parce qu�ils instruisaient la jeunesse : chaque jour, tous ceux qui se souciaient d�acqu�rir de la vertu passaient leur temps avec eux. [150] Les hommes donc, ayant appris que la maladie du roi �tait incurable, excit�rent la jeunesse � d�truire tout ce qu�il avait fait contre les coutumes des anc�tres et � mener la lutte sainte au nom des lois : c��tait � cause de l�audace avec laquelle H�rode avait enfreint la loi qu��taient arriv�s au roi non seulement tant de malheurs, inconnus au commun des mortels, qui avaient rempli sa vie, mais encore sa maladie elle-m�me. [151] En effet, H�rode avait commis certaines infractions � la loi, que lui reprochait le groupe de Judas et de Matthias. Ainsi, au-dessus de la grande porte du temple, le roi avait plac� une offrande tr�s co�teuse, un grand aigle d�or, alors que la loi d�fend d��riger des images et de consacrer des formes d��tres vivants � qui veut mener une vie conforme � ses prescriptions. [152] Aussi ces sophistes ordonn�rent-ils d�abattre l�aigle : s�il y avait pour eux danger d��tre mis � mort, il fallait consid�rer comme bien pr�f�rable � la joie de vivre la r�putation de vertu acquise en mourant pour le salut et la sauvegarde de la loi de la patrie ; ils s�attireraient ainsi une renomm�e �ternelle, seraient lou�s d�s maintenant et l�gueraient � la post�rit�, en quittant la vie, un souvenir � jamais m�morable. [153] D�ailleurs, m�me pour ceux qui vivaient loin des dangers, le malheur n��tait-il pas un accident in�luctable ? Aussi faisait-on bien, lorsqu�on aspirait � la vertu, de recevoir avec louange et honneur, en quittait la vie, la sentence de la destin�e. [154] C�est encore un grand soulagement de mourir pour de telles actions dont le danger montre la voie, car en m�me temps on l�gue � ses fils et � tous ses descendants, m�les ou f�minins, le fruit d�une bonne renomm�e.

[155] 3. Voil� le genre de propos avec lesquels ils excitaient la jeunesse. D�autre part, le bruit leur parvint que le roi �tait mort, ce qui fut d�un grand secours aux sophistes. A l�heure de midi ils mont�rent au temple, abattirent et d�molirent � coups de hache l�aigle, alors, qu�une grande foule s�y trouvait r�unie. [156] Le pr�fet du roi, � qui l�entreprise fut annonc�e, supposant qu�elle avait un but plus important que ce m�fait, se rend sur les lieux � la t�te d�une troupe assez forte pour repousser ceux qui s�efforceraient d�abattre l�offrande ; tomb� � l�improviste sur des gens qui ne l�attendaient pas et qui, selon l�habitude de la populace, port�s � des coups d�audace plut�t par une impulsion irr�fl�chie qu�apr�s une pr�paration prudente, �taient en d�sordre et n�avaient pris aucune pr�caution n�cessaire. [157] Parmi les jeunes gens, non moins de quarante qui l�attendaient de pied ferme, alors que le reste de la multitude s��tait dispers�, furent arr�t�s par lui, ainsi que les instigateurs de cet acte audacieux Judas et Matthias, qui avaient jug� honteux de lui c�der la place ; il les amena au roi. [158] Celui-ci, quand ils furent en sa pr�sence, leur demanda pourquoi[75] ils avaient os� jeter � bas son ex-voto. � Nos r�solutions et nos actes, dirent-ils, ont �t� inspir�s par la vertu digne d�hommes de c�ur. Car nous avons eu souci des choses consacr�es � la majest� de Dieu et des enseignements que nous avons re�us de la loi. [159] Il n�est pas �tonnant que nous ayons jug� tes d�crets moins respectables que les lois que Mo�se nous a laiss�es, �crites sous la dict�e et selon les instructions de Dieu. C�est avec joie que nous affronterons la mort ou tous les ch�timents que tu pourras nous infliger, car ce n�est pas pour des actions injustes, mais par amour de la religion que nous allons conna�tre tout ce qui accompagne la mort �. [160] Tous disaient de m�me, t�moignant dans leurs discours d�une audace �gale � celle qui les avait d�cid�s sans h�sitation � un tel acte. [161] Le roi les ayant fait charger de cha�nes, les envoya � J�richo et y convoqua les principaux magistrats juifs. A leur arriv�e, il r�unit l�assembl�e dans l�amphith��tre et, couch� sur une liti�re, parce qu�il ne pouvait se tenir debout, �num�ra tous ses efforts et pendant combien de temps il avait travaill� pour eux, [162] les grandes d�penses qu�il avait faites pour l��dification du temple, alors que jamais pendant leurs cent vingt cinq ans de r�gne les Asmon�ens n�avaient rien fait de pareil en l�honneur de Dieu, les offrandes magnifiques riant. il l�avait orn�. [163] En �change il avait esp�r� laisser un souvenir et un nom illustre m�me apr�s sa mort. Alors il se mit � hurler que, m�me de son vivant, ils ne s��taient pas abstenus de l�outrager et que, en plein jour, � la vue de la foule, ils avaient eu l�audace de porter la main sur ses offrandes et de les enlever, commettant en apparence une offense contre la majest� royale, mais en r�alit�, � bien examiner le fait, un sacril�ge.

[164] 4. Voyant sa violence et de peur que dans son exasp�ration il ne les ch�ti�t eux-m�mes, les notables juifs d�clar�rent que ce n��tait pas avec leur consentement qu�on avait agi et que certainement cet acte ne pouvait rester impuni. H�rode traita avec une douceur relative le reste, mais il d�posa Matthias[76] le grand-pontife comme responsable en partie de ces �v�nements et il le rempla�a par Ioxares, fr�re de sa femme[77].[165] Sous le pontificat de ce Matthias il arriva qu�un autre grand pontife install� pour un seul jour, celui o� les Juifs je�nent. [166] Voici pourquoi : Matthias, pendant qu�il exer�ait ses fonctions, dans la nuit qui pr�c�dait le jour du je�ne, crut en r�ve avoir commerce avec une femme, et comme, � cause de cela, il ne pouvait officier, on lui adjoignit comme coadjuteur Jos�phe, fils d�Ell�mos, son parent[78]. [167] Ainsi H�rode destitua Matthias du grand pontificat ; quant � l�autre Matthias, le promoteur de la s�dition, et certains de ses compagnons, il les fit br�ler vifs. Cette m�me nuit il y eut �clipse de lune[79].

[168] 5[80]. La maladie d�H�rode s�aggravait de plus en plus, car Dieu le punissait des actes qu�il avait commis contre sa loi. Il souffrait d�une fi�vre lente qui ne manifestait pas autant son ardeur au contact de la main que dans l�int�rieur des tissus qu�elle ravageait. [169] Il �prouvait aussi un violent d�sir de prendre de la nourriture et il �tait impossible de n�y pas d�f�rer ; ajoutez l�ulc�ration des intestins et notamment du colon qui lui causait d�effrayantes souffrances ; aux pieds une inflammation humide et transparente, un mal analogue autour de l�abdomen, la gangr�ne des parties g�nitales engendrant des vers ; une respiration oppress�e dans la station �recte, rendue d�sagr�able par la f�tidit� de son haleine et la pr�cipitation de son souffle ; enfin il �prouvait dans tous ses membres des convulsions spasmodiques d�une violence insupportable. [170] Les devins et les gens vers�s dans l�art de pr�dire l�avenir d�claraient que Dieu tirait ainsi vengeance des nombreuses impi�t�s commises par le roi. [171] Bien que tourment� au del� de ce qui semble tol�rable, il avait pourtant l�espoir de se relever encore, faisait chercher des m�decins et observait scrupuleusement toutes leurs prescriptions pour son salut. Il traversa le Jourdain pour se faire traiter par les sources thermales de Callirho�, qui, outre leurs autres vertus, sont potables ; cette eau se jette dans le lac appel� Asphaltite. [172] L�, parce que les m�decins avaient cru le r�chauffer, il se plongea dans un bain plein d�huile, mais on crut qu�il allait passer ; les lamentations de ses serviteurs le ramen�rent � lui, et n�ayant plus l�espoir de gu�rir, il ordonna de distribuer cinquante drachmes par t�te � ses soldats, [173] et il fit aussi de grands pr�sents � leurs officiers et � ses familiers. Il revint alors � J�richo, o� il tomba dans un tel acc�s atrabilaire, irrite contre tout le monde, qu�il imagina, d�j� moribond, un acte terrible. [174] Sur son ordre �taient venus aupr�s de lui les Juifs les plus notables de tout le peuple ; ils �taient tr�s nombreux parce que tout le monde avait �t� convoqu� et ils avaient tous ob�i � l�ordre rendu sous peine de mort. Or le roi, �galement furieux contre les innocents et les coupables, les enferma tous ensemble dans l�hippodrome et, [175] ayant mand� sa s�ur Salom� et Alexas, mari de celle-ci, leur dit qu�il allait bient�t mourir puisqu�il �tait parvenu � ce comble de souffrances ; la mort �tait chose supportable et m�me d�sirable pour tout le monde, mais l�id�e de se voir priv� des lamentations et du deuil qui revenaient � un roi lui �tait tr�s p�nible ; [176] car il n�ignorait pas les sentiments ales Juifs ; il savait que sa fin �tait souhait�e par eux et leur serait tr�s agr�able puisque, de son vivant m�me, ils s��taient d�avarice r�volt�s et avaient outrag� tout ce qu�il avait �tabli ; [177] il appartenait donc � ses parents rie d�cider quelque mesure propre � soulager un peu cette angoisse. S�ils ne s�opposaient pas � son projet, il aurait des obs�ques grandioses, telles qu�aucun autre monarque n�en avait eues, le deuil serait ressenti du fond du c�ur par le peuple tout entier, et ce ne seraient pas des lamentations pour rire. [178] Donc quand ils l�auraient vu rendre le dernier soupir, ils devraient entourer l�hippodrome de soldats ignorant encore sa mort � qui ne devrait �tre r�v�l�e au peuple qu�apr�s l�ex�cution de cet ordre � et leur enjoindre de percer de fl�ches ceux qui y �taient enferm�s ; par ce massacre, ils ne manqueraient pas ne lui donner une double joie : ses ordres supr�mes seraient ex�cut�s et, il serait honor� par un deuil magnifique. [179] Il les suppliait avec des larmes et invoquait leur affection familiale et la foi divine, les conjurant de ne pas lui refuser cet honneur, et ils lui en donn�rent leur parole[81].

[180] 6. Ces ordres supr�mes r�v�lent quel fut le caract�re de cet homme, m�me aux yeux de ceux qui approuv�rent ses actes ant�rieurs et sa conduite envers ses proches en les mettant sur le compte de son amour de la vie. [181] Ce caract�re n�avait rien d�humain, puisqu�en quittant la vie il pr�m�ditait de laisser tout le peuple en deuil et priv� de ceux qui lui �taient les plus chers, en ordonnant de tuer un membre de chaque famille sans que ces hommes eussent rien commis contre lui ou �t� l�objet d�aucune autre accusation. Et cependant tous ceux qui pr�tendent � la vertu ont coutume de renoncer, � un tel moment, m�me � leur haine contre leurs ennemis l�gitimes.

� VII[82]

Peines prononc�es par l�empereur. Ex�cution d�Antipater.

[182] Pendant qu�H�rode donnait ces instructions � ses parents, arriva une lettre des ambassadeurs qu�il avait envoy�s � Rome aupr�s de l�empereur ; il en prit connaissance ; elle disait en substance qu�Acm� avait �t� mise � mort par l�empereur, indign� de sa complicit� criminelle avec Antipater. Quant � ce dernier, l�empereur laissait � H�rode lui-m�me le soin de d�cider, comme p�re et comme roi, s�il voulait l�envoyer en exil ou m�me le mettre � mort. [183] Ayant re�u ces nouvelles, H�rode se sentit mieux pendant un court espace de temps par la joie que lui procurait cette lettre, la mort d�Acm� et la libert� qu�il recevait de ch�tier son fils. Mais ses souffrances ayant repris de plus belle, il r�clamait dans ses tourments de la nourriture. Il demanda une pomme et un couteau, ayant l�habitude depuis longtemps d��plucher et de couper lui-m�me en morceaux les fruits qu�il mangeait. [184] Il prit le fruit, regarda autour de lui, voulut se frapper ; il l�e�t fait si Achiab, son cousin germain, ne lui e�t saisi vivement la main droite et n�eut pouss� un grand cri auquel r�pondirent dans le palais des g�missements et un grand trouble, comme si le roi �tait mort. [185] Antipater, croyant son p�re vraiment mort, retrouva toute l�audace de ses paroles comme s�il �tait d�j� d�livr� de ses cha�nes et allait prendre en mains la royaut� sans obstacle ; il parlait � son ge�lier de sa d�livrance, lui faisant de grandes promesses pour le pr�sent et pour l�avenir, comme si c��tait de cela qu�il f�t question. [186] Or, le ge�lier non seulement ne se laissa pas convaincre d��couter Antipater, mais encore rapporta au roi les projets et les nombreuses sollicitations analogues dont il avait �t� l�objet auparavant. [187] Quand H�rode, qui d�j� auparavant n�avait pas c�d� � son affection pour son fils, eut entendu le ge�lier, il poussa des cris, se frappa la t�te, bien qu�il f�t � toute extr�mit�, et, se soulevant sur son coude, il ordonna � quelques gardes d�aller tuer Antipater sans retard, sur le champ, et de l�ensevelir sans honneurs � Hyrcania.

� VIII �

1. Nouveau testament d�H�rode. Sa mort. � 2. Av�nement d�Arch�la�s. � 3. Obs�ques d�H�rode. � 4. Discours d�Arch�la�s � l�arm�e. Demandes du peuple.

[188] 1[83]. Puis, ayant chang� de sentiments, il refit son testament : � Antipas, auquel il avait d�abord laiss� la couronne, il donna les t�trarchies de Galil�e et de P�r�e ; [189] Arch�la�s obtint la royaut� : son fils Philippe, fr�re l�gitime[84] d�Arch�la�s, eut la Gaulonitide, la Trachonitide, la Batan�e et Panias � titre de t�trarchie ; Iamn�, Axotos et Phasaelis furent attribu�s � sa s�ur Salom� avec cinq cent mille drachmes d�argent monnay�. [190] Il pourvut aussi au reste de ses parents et les enrichit chacun par des legs de capitaux et de revenus. A l�empereur il donna dix millions de drachmes d�argent monnay� et, en plus, de la vaisselle d�or et d�argent et des �toffes d�un tr�s grand prix ; � Julia, femme de l�empereur et � quelques autres, il distribua cinq millions de drachmes. [191] Cela r�gl�, le cinqui�me jour apr�s avoir fait tuer son fils Antipater, il mourut[85] ; il avait r�gn� trente quatre ans depuis l�ex�cution d�Antigone et trente-sept, depuis sa d�signation par les Romains, homme d�une cruaut� �gale envers tous, c�dant � la col�re, rebelle � la justice, il jouit d�une fortune sans �gale. [192] En effet, de simple particulier, il devint roi et, bien qu�entour� d�innombrables dangers, �chappa � tous et atteignit un �ge tr�s avanc�. Mais quant � ses affaires de famille et ses rapports avec ses fils, si, � son point de vue, il fut favoris� par le sort, puisqu�il les regardait comme ses ennemis et parvint � en triompher, � mon avis il fut profond�ment malheureux.

[193] 2[86]. Avant que la mort du roi ne f�t divulgu�e, Salom� et Alexas renvoy�rent ceux qu�on avait enferm�s dans l�hippodrome, disant que le roi leur ordonnait de partir dans leurs champs pour s�occuper de leurs affaires. Ce fut l� un grand bienfait qu�ils accord�rent au peuple. [194] Ensuite la mort du roi fut rendue publique et Salom� et Alexas, ayant r�uni l�arm�e dans l�amphith��tre de J�richo, lurent d�abord une lettre �crite par H�rode aux soldats pour les remercier de leur fid�lit� et de leur d�vouement envers lui et pour les inviter � t�moigner les m�mes vertus � Arch�la�s son fils qu�il d�signait comme roi. [195] Puis le garde du sceau royal Ptol�m�e lut le testament, qui ne devait �tre ex�cutoire qu�apr�s approbation de l�empereur. Aussit�t s��lev�rent des acclamations en l�honneur du roi Arch�la�s, et les soldats par bandes, aussi bien que leurs chefs, lui promirent leur d�vouement et, leur z�le et invoqu�rent l�aide de Dieu pour lui.

[196] 3[87]. Ensuite on pr�para les fun�railles du roi. Arch�la�s prit soin que le convoi de son p�re f�t aussi somptueux que possible et fournit tous les ornements n�cessaires pour la pompe fun�bre qui devait escorter le corps. [197] On le portait sur une liti�re d�or parsem�e de pierreries pr�cieuses et vari�es ; il y avait une couverture pourpr�e ; le mort �tait rev�tu de pourpre, par� d�un diad�me surmont� d�une couronne d�or, et un sceptre �tait �tendu � c�t� de sa main droite. [198] Autour de la liti�re marchaient ses fils et la foule de ses parents ; derri�re, l�arm�e r�partie selon la nationalit� et la d�signation des corps de troupes : d�abord les gardes, puis le corps thrace, ensuite tous les Germains et apr�s eux les Gaulois, tous en tenue de campagne. [199] Derri�re eux s�avan�ait le reste de l�arm�e marchant en ordre de bataille, conduit par les centurions et les chefs de cohortes. Suivaient cinq cents esclaves portant des aromates. On alla ainsi jusqu�� H�rodion, distant de huit stades[88], car c�est l� que le roi fut enseveli conform�ment � ses volont�s. Telle fut la fin d�H�rode.

[200] 4[89]. Arch�la�s observa un deuil de sept jours en l�honneur de son p�re � c�est ce qu�ordonne la coutume des anc�tres ; puis, apr�s avoir offert un festin � la foule et lev� le deuil, il monta au Temple. Tous ceux qu�il rencontrait lui adressaient des souhaits et des �loges, rivalisant entre eux � qui ferait les v�ux les plus ardents.[201] Lui, mont� sur une estrade �lev�e qu�on avait construite et assis sur un tr�ne d�or, tendait les mains vers la foule, satisfait de ses acclamations, joyeux de son affection, et il remerciait ses sujets de ne pas lui t�moigner de ressentiment pour les injustices que son p�re avait commises envers eux, ajoutant qu�il s�efforcerait de payer de retour leur bonne volont�. [202] Pour l�instant, cependant, il s�abstiendrait de porter le nom de roi, car il ne rev�tirait cette dignit� que lorsque l�empereur aurait ratifi� le testament de son p�re : aussi, bien qu�a J�richo l�arm�e e�t vivement d�sirer le couronner du diad�me royal, il avait refus� de recevoir cet honneur si convoit� parce que celui qui devait le lui conf�rer d�finitivement ne s��tait pas encore prononc�. [203] Mais, si le pouvoir lui �ch�ait, sa bienveillance ne n�gligerait rien pour r�pondre � leur d�vouement ; il s�efforcerait de se montrer en toute circonstance meilleur pour eux que son p�re. [204] Les Juifs, suivant l�habitude de la foule, �taient persuad�s que les premiers jours r�v�lent les dispositions de ceux qui accident � de telles charges, et plus Arch�la�s leur parlait avec douceur et flatterie, plus ils se r�pandaient en �loges. Ils se mirent � lui demander des largesses : les uns lui criaient d�all�ger les tributs annuels, les autres de d�livrer les captifs encha�n�s sur l�ordre d�H�rode, qui �taient nombreux et enferm�s depuis de longues ann�es ; d�autres demandaient � �tre d�charg�s des droits sur les ventes publiques qu�on percevait avec rigueur. [205] Arch�la�s ne les contredisait nullement, car il br�lait de faire plaisir en tout � la multitude, dans l�id�e qu�il �tait important de s�assurer son d�vouement, s�il voulait garder le pouvoir. Ensuite, apr�s avoir sacrifi� � Dieu, il alla festoyer avec ses amis.

� IX[90]

1-3. R�pression d�une r�volte � J�rusalem. Sabinus � J�rusalem. � 4. Antipas dispute le tr�ne � Arch�la�s. � 5-7. Discours d�Antipater et de Nicolas de Damas devant l�empereur qui r�serve sa d�cision.

[206] 1[91]. Sur ces entrefaites, quelques Juifs, r�unis par le d�sir d�une r�volution, se finirent � d�plorer le sort de Matthias et de ceux qui avaient �t� mis � mort avec lui par H�rode, et qui, sur le moment, avaient �t� priv�s des honneurs fun�bres par la crainte qu�inspirait le roi. C��taient les gens qui avaient �t� condamn�s pour l�enl�vement de l�aigle d�or. Ils polissaient donc de grands cris et des lamentations et lan�aient au roi des injures comme un soulagement pour ces morts. [207] Ils se r�unirent pour r�clamer qu�Arch�la�s les venge�t en ch�tiant les hommes honor�s par H�rode, qu�en premier lieu et ouvertement, il destitu�t le grand-pontife d�sign� par H�rode et choisit un homme plus respectueux de la loi et plus leur pour ce poste. [208] Arch�la�s, bien que fort m�content de leur agitation, s�inclina, dans sa h�te de faire au plus vite le voyage de Rome pour observer les dispositions de l�empereur. [209] Il leur envoya donc son g�n�ral d�arm�e et le chargea de les amener par la persuasion � renoncer � leur projet de vengeance[92], � consid�rer que la peine subie par leurs amis �tait conforme aux lois, que leurs exigences atteignaient un haut degr� d�insolence ; d�ailleurs, les circonstances n�y �taient gu�re propices et exigeaient plut�t de la concorde jusqu�au moment o� il reviendrait vers eux investi du pouvoir par le consentement de l�empereur ; alors il d�lib�rerait avec eux sur leurs revendications ; pour le moment, ils devaient rester tranquilles et �viter de para�tre s�ditieux.

[210] 2. Apr�s avoir donn� au g�n�rai ces indications et ces instructions, il l�envoya aupr�s d�eux. Mais ceux-ci, par leurs cris, l�emp�ch�rent de parler et le mirent en danger de mort, ainsi que tous ceux qui osaient ouvertement leur conseiller de se mod�rer et de renoncer � ces projets. D�cid�s a suivre en toute chose leur propre impulsion plut�t que l�autorit� des pouvoirs �tablis, [211] ils jugeaient affreux, apr�s avoir �t� priv�s du vivant d�H�rode de leurs plus chers amis, qu�on les emp�ch�t, m�me apr�s sa mort, de les venger en ob�issant � leur col�re ; ils consid�raient comme l�gal et buste ce qui devait leur faire plaisir, incapables de pr�voir le danger qui en r�sulterait et, m�me si quelques-uns le soup�onnaient, domin�s par la joie imm�diate que leur procurerait le ch�timent de leurs ennemis les plus d�test�s. [212] Beaucoup de gens furent envoy�s par Arch�la�s pour parlementer avec eux ; certains marne virent sans qu�il les en e�t pri�s et uniquement de leur propre gr�, pour les ramener � plus de douceur ; mais ils n�en laiss�rent parler aucun. C��tait le soul�vement de quelques enrag�s, qui mena�ait de d�g�n�rer en une grande r�volte, car la multitude affluait vers eux.

[213] 3. Vers ce moment, arrivait la date de la f�te o� la loi des Juifs prescrit de servir que des pains azymes : c�est la f�te appel�e la P�que et qui comm�more leur sortie d��gypte. On la c�l�bre avec beaucoup de z�le et la coutume veut qu�on y immole une plus grande quantit� de victimes que dans aucune autre f�te. [214] Une foule innombrable descend alors de tout le pays et m�me de l��tranger pour honorer Dieu. M�me les s�ditieux qui pleuraient Matthias et Judas, interpr�tes des lois, se r�unirent dans le Temple avec force victuailles qui, ces agitateurs n�avaient pas honte d�aller mendier. [215] Arch�la�s, craignant que quelque d�sordre plus grave ne r�sult�t de leur extravagance, envoya une compagnie d�hoplites avec un chiliarque pour r�primer l��lan de r�volte avant que tout le peuple ne f�t gagn� par leur folie, avec ordre de lui amener ceux qui se distingueraient le plus par leur d�sir de r�bellion. [216] Contre ces troupes les s�ditieux de la faction des ex�g�tes de la loi et la multitude s�excit�rent avec des cris et des exhortations ; ils s��lanc�rent sur les soldats et, les ayant cern�s, les tu�rent pour la plupart � coups de pierres ; un petit nombre seulement et le chiliarque purent s��chapper, n��tant que bless�s. Cela fait, les auteurs de la r�volte se remirent � c�l�brer leur sacrifice. [217] Arch�la�s se demandait si tout n��tait pas perdu dans le cas o� il ne r�primerait pas ce mouvement populaire ; aussi envoya-t-il toute son arm�e et sa cavalerie, cette derni�re pour emp�cher les gens qui campaient autour du Temple de porter secours � ceux qui �taient dans l�int�rieur et afin que ceux qui seraient refoul�s par l�infanterie fussent repris quand ils se croiraient d�j� en s�ret�. [218] Les cavaliers tu�rent environ trois mille hommes : le reste s�enfuit dans les montagnes voisines[93]. Arch�la�s fit donner par des h�rauts l�ordre que chacun rentr�t chez soi, et la multitude s�en alla, abandonnant la f�te par crainte de maux plus grands, malgr� l�audace que lui donnait son inexp�rience. [219] Arch�la�s descendit alors vers la mer en emmenant, outre sa m�re, Nicolas[94], Ptol�m�e et Ptollas[95] ses amis, apr�s avoir confi� � son fr�re Philippe le soin de toutes ses affaires priv�es et publiques. [220] Il �tait aussi accompagn� de Salom�, s�ur d�H�rode, qui emmenait ses enfants, et de nombreux parents qui assuraient vouloir travailler � lui faire obtenir la royaut�, mais qui, en r�alit�, allaient agir contre lui et protester surtout au sujet des �v�nements qui avaient en lieu dans le Temple. [221] A C�sar�e, Arch�la�s rencontra Sabinus, procurateur des biens de l�empereur en Syrie, qui �tait venu en Jud�e en toute h�te pour mettre en s�ret� la fortune d�H�rode ; mais Varus, survenant, l�emp�cha de poursuivre sa mission, Arch�la�s l�ayant fait mander par Ptol�m�e. [222] Pour �tre agr�able � Varus, Sabinus n�occupa point toutes les citadelles de la Jud�e et ne mit pas les tr�sors sous scell�s ; il permit � Arch�la�s de les conserver jusqu�� ce que l�empereur e�t pris une d�cision � cet �gard, et, cette promesse faite, il resta � C�sar�e. Cependant, quand Arch�la�s se fut embarqu� pour Rome et que Varus fut reparti pour Antioche, Sabinus se rendit � J�rusalem et occupa le palais royal. [223] Puis, ayant mand� les commandants des garnisons et tous les intendants du domaine, il leur fit savoir qu�il exigeait des comptes et garnit les citadelles � sa guise. N�anmoins, les gardiens observ�rent les instructions d�Arch�la�s et persist�rent � sauvegarder tout ce qu�il leur avait confi�, en feignant de garder tout pour l�empereur.

[224] 4[96]. A la m�me �poque, Antipas, fils d�H�rode, s�embarqua pour Rome afin de revendiquer de son c�t� le tr�ne, car les promesses de Salom� suscitaient en lui l�espoir de r�gner et il se croyait bien plus l�gitime successeur qu�Arch�la�s, puisqu�il avait �t� d�sign� comme roi dans le testament pr�c�dent, plus s�r, � son avis, que les dispositions post�rieures. [225] Il emmen�t avec, lui sa m�re et le fr�re de Nicolas, Ptol�m�e, familier tr�s honor� d�H�rode et qui lui �tait d�vou�. [226] Mais celui qui le poussait le plus � r�clamer la royaut�, c��tait Ir�n�e, un rh�teur � qui sa r�putation d��loquence avait valu de se voir confier cette cause[97]. C�est pourquoi Antipas ne supportait pas ceux qui lui conseillaient de s�effacer devant Arch�la�s, qui �tait plus �g� que lui et avait �t� inscrit par son p�re comme roi dans le codicille. [227] Quand il fut arriv� � Rome, tous ses proches pass�rent de son cot�, moins par affection pour lui que par haine contre Arch�la�s ; ils d�siraient surtout d��tre libres, sous l�administration d�un proconsul romain. S�il y avait un obstacle � cela, ils pensaient qu�Antipas favoriserait plus leurs int�r�ts qu�Arch�la�s et ils travaillaient tous � lui donner la royaut�. D�ailleurs Sabinus envoya � l�empereur un r�quisitoire contre Arch�la�s[98].

[228] 5[99]. Arch�la�s, de son c�t�, avait adress� � l�empereur une lettre o� il d�posait ses titres, le testament d�H�rode, les comptes de sa fortune, apport�s par Ptol�m�e et munis du sceau royal, et il attendit les �v�nements. [229] Apr�s avoir pris connaissance de tous ces documents, ainsi que des lettres de Varus et de Sabinus, du montant de la fortune et des revenus annuels, ainsi que de la lettre �crite par Antipas pour revendiquer la royaut�, l�empereur r�unit ses familiers pour prendre leur avis, et avec eux Ca�us, fils d�Agrippa et de sa fille Julia, qu�il avait adopt� et � qui il avait donn� la premi�re place au conseil, et il pria ceux qui le voulaient de prendre la parole sur l�affaire en suspens. [230] Le premier qui parla fut le fils de Salom�, Antipater, personnage tr�s �loquent et tr�s hostile a Arch�la�s. Il dit qu�Arch�la�s se moquait en demandant la royaut�, puisqu�il avait effectivement saisi le pouvoir avant que l�empereur y e�t consenti ; il lui reprocha l�audace qu�il avait montr�e en massacrant les Juifs le jour de la f�te : [231] m�me s�ils avaient mal agi, leur ch�timent aurait d� d�pendre de ceux qui pouvaient user contre eux de leur toute-puissance, au lieu d��tre l��uvre d�un seul homme[100]. Il avait agi en roi, il avait manqu� envers l�empereur qui d�lib�rait encore � son sujet ; si c��tait en particulier, c��tait encore bien pire, puisque, simple pr�tendant � la couronne, il avait priv� l�empereur de son pouvoir sur ces hommes[101]. [232] Antipater reprochait en outre � Arch�la�s d�avoir chang� certains chefs de l�arm�e, d�avoir si�g� pr�matur�ment sur le tr�ne royal, d�avoir rendu la justice comme s�il �tait roi, d�avoir acc�d� � des p�titions faites au nom du peuple, bref tous les actes qu�il n�aurait pas accomplis avec plus d�assurance si l�empereur l�avait investi du pouvoir. [233] Il lui attribuait m�me la d�livrance des prisonniers de l�hippodrome et encore beaucoup de fautes, les unes r�elles, d�autres croyables parce qu�elles �taient de nature � �tre commises par un jeune homme qui, par app�tit de r�gner, s�empare pr�matur�ment de la puissance : ainsi sa n�gligence touchant le deuil de son p�re et le festin c�l�br� la nuit m�me de la mort de ce dernier. Cela, disait Antipater, avait �t� la premi�re cause du soul�vement populaire : [234] alors que son p�re l�avait charg� de tels bienfaits et jug� digne de si grandes faveurs, c�est par de tels actes qu�Arch�la�s payait de retour le d�funt, en affectant comme un com�dien de pleurer pendant le jour tandis que, toutes les nuits, il jouissait des plaisirs propres � la royaut�. [235] Arch�la�s se montrerait le m�me envers l�empereur, si celui-ci lui accordait la couronne, qu�envers son p�re : en effet il dansait et chantait comme apr�s la chute d�un ennemi, et non apr�s le convoi fun�raire d�un homme qui lui �tait si proche et avait cru devoir tellement le combler. [236] Antipater d�clarait que le plus grave de tout �tait qu�Arch�la�s v�nt � pr�sent aupr�s de l�empereur pour obtenir la royaut� de son consentement, alors qu�il avait fait d�j� tout ce qu�il aurait pu faire si l�empereur lui avait conf�r� le pouvoir. [237] Il grossissait surtout dans son discours le massacre qui avait eu lieu autour du Temple et l�impi�t� commise quand, pendant la c�l�bration d�une f�te, on avait �gorg� en guise de victimes des �trangers et des gens du pays, rempli le Temple de cadavres sur l�ordre non pas d�un �tranger, mais de celui qui pr�tendait avoir un titre l�gal � exercer la royaut�, afin de pouvoir assouvir sa nature tyrannique par une injustice odieuse � tous les hommes. [238] C�est cette nature qui avait emp�ch� les gens, m�me en r�ve, de voir jamais la succession du tr�ne lui revenir, et cela � cause de la vertu de son p�re qui certes connaissait son caract�re. Antipater ajoutait qu�Antipas tirait un appui plus grand du testament : il avait �t� appel� au tr�ne par son p�re quand celui-ci n��tait pas encore malade physiquement, et moralement, mais poss�dait encore une raison intacte et la force de s�occuper de ses affaires. [239] En admettant m�me que son p�re e�t pris d�s le d�but en faveur d�Arch�la�s les m�mes dispositions qu�� pr�sent, ce dernier avait d�j� montr� quelle sorte de roi il serait en privant l�empereur, ma�tre de sa couronne, du droit de lui conf�rer la puissance et en n�h�sitant pas, quoique simple particulier, � faire �gorger ses compatriotes dans le Temple.

[240] 6. Antipater apr�s ce discours et apr�s avoir renforc� ses paroles en pr�sentant, comme t�moins beaucoup de ses parents, cessa de parler. Nicolas se l�ve pour plaider en faveur d�Arch�la�s. � Les �v�nements du temple, dit-il, doivent �tre mis sur le compte des sentiments des victimes plut�t que de l�intervention d�Arch�la�s : ceux qui avaient pris l�initiative d�une telle tentative n��taient pas seulement coupables d�agir personnellement avec insolence, mais aussi de forcer � se d�fendre des gens naturellement pacifiques. [241] D�ailleurs, si en apparence ils se soulevaient contre Arch�la�s, en r�alit� il �tait clair que c��tait contre l�empereur, car ceux qui, envoy�s opportun�ment par Arch�la�s, �taient survenus pour r�primer leur insolence avaient �t� attaqu�s et tu�s par les mutins ne se souciaient ni de Dieu ni de la loi concernant ce jour de f�te[102].[242] Antipater ne rougissait pas de s�instituer le d�fenseur de ces gens-l� pour servir son inimiti� contre Arch�la�s ou par haine de la justice. Ceux qui surprennent et maltraitent les premiers des gens inoffensifs, voil� ceux qui les forcent � recourir aux armes, m�me malgr� eux et pour se d�fendre. [243] Tous les autres griefs port�s par les accusateurs, Nicolas montra qu�ils s�adressaient � tous les membres du conseil royal, car rien de ce qu�on all�guait pour convaincre Arch�la�s d�injustice n�avait �t� fait sans leur volont�[103] et ce n��taient pas des actes injustes par nature, mais seulement pr�sent�s de mani�re � nuire � Arch�la�s, si grande �tait leur volont� de faire tort � un parent qui avait rendu des services � son p�re et qui n�avait cess� de les traiter eux-m�mes en ami. [244] Le testament avait �t� �crit par le roi quand il avait toute sa raison et il avait plus de valeur que le pr�c�dent, puisque il laissait express�ment � l�empereur, souverain absolu, le soin de d�cider au sujet de son contenu. [245] L�empereur n�imiterait nullement l�insolence de ceux qui, ayant largement profit� de la puissance d�H�rode vivant, se h�taient d�attaquer sans rougir toutes ses volont�s, alors qu�aucun d�eux n�avait eu envers leur parent une conduite aussi bonne qu�Arch�la�s. [246] Par cons�quent, l�empereur ne voudrait pas casser le testament d�un homme qui s��tait toujours montr� son ami et son alli�, testament en toutes lettres confi� � sa foi ; la m�chancet� de ces gens-l� ne ferait pas la loi � la droiture et � la bonne foi de l�empereur, qualit�s reconnues par tout le genre humain ; [247] il ne condamnerait pas comme fou et �gar� d�esprit, un roi qui avait laiss� sa succession � un fils vertueux et, qui s��tait r�fugi� sons son autorit� : H�rode ne s��tait pas tromp� dans le choix de son h�ritier, puisqu�il avait eu la sagesse de s�en remettre pour tout � l�avis de l�empereur[104].

[248] 7. Apr�s cet expos� Nicolas, se tut. L�empereur releva avec bienveillance Arch�la�s qui s��tait pr�sent� � ses pieds et d�clara qu�il �tait tout � fait digne de la royaut�, montrant clairement que son intention �tait de se conformer strictement au testament et aux dispositions en faveur d�Arch�la�s. [249] Cependant il ne prit aucune d�cision d�finitive, tout en laissant Arch�la�s rassurer parce qu�il avait re�u un t�moignage si probant. Quand les assistants eurent �t� cong�di�s, il d�lib�ra � part soi s�il fallait confirmer la royaut� � Arch�la�s seul ou la partager entre tous les enfants d�H�rode, qui tous avaient besoin de grand secours[105].

� X �

1-3. Soul�vement des Juifs caus� par les exactions de Sabinus. Sabinus assi�g� dans J�rusalem. � 4-8. Autres troubles suscit�s par divers brigands ou agitateurs ; leur r�pression. � 9-10. Varus d�livre Sabinus et met fin � la r�volte.

[250] 1[106]. Avant qu�aucune solution f�t intervenue, Malthac�, m�re d�Arch�la�s, mourut de maladie, et une lettre de Varus, proconsul de Syrie, annon�a le soul�vement des Juifs. [251] En effet, sit�t apr�s l�embarquement d�Arch�la�s, tout le peuple s��tait agit� ; Varus, qui se trouvait pr�sent, avait ch�ti� les fauteurs du mouvement et, apr�s avoir � peu pr�s apais� la r�bellion, qui avait �t� importante, �tait parti pour Antioche en laissant � J�rusalem urne l�gion de son arm�e pour brider les vell�it�s de r�volte des Juifs.[252] Pourtant, rien ne pouvait faire cesser la s�dition. Varus parti, Sabinus, procurateur de l�empereur, rest� sur place, tourmentait grandement les r�volt�s, persuad� que les troupes qu�on lui avait laiss�es les accableraient sous le nombre. [253] Ayant beaucoup de gardes arm�s, il s�en servait pour presser les Juifs et, en les agitant, il entretenait la r�volte : en effet, il s�effor�ait de s�emparer des citadelles par la force et poursuivait avec acharnement la d�couverte des tr�sors du roi, pouss� par l�app�t du gain et une insatiable cupidit�.

[254] 2. Quand arriva la Pentec�te � c�est le nom d�une de nos f�tes nationales � tant par d�votion que parce qu�ils supportaient, avec col�re les insolences de Sabinus, on vit, se r�unir plusieurs dizaines de milliers rie gens, Galil�ens, Idum�ens, toute la population de J�richo, des habitants de la Transjordanie, enfin la plupart ries Juifs eux-m�mes qui s��taient, joints � cette foule et qui d�siraient plus fougueusement que les autres le ch�timent de Sabinus. [255] S��tant divis�s en trois colonnes, ils camp�rent en trois endroits : les uns occupaient l�hippodrome ; des deux autres groupes, l�un �tait post� sous le mur nord du Temple, face au midi, occupant le quartier Est[107], tandis que le troisi�me groupe gardait le couchant du c�t� o� s��levait le palais royal. Tout ce dispositif avait pour but d�assi�ger les Romains apr�s les avoir encercl�s de toutes parts. [256] Sabinus redoutait le nombre et la r�solution de ces gens qui ne craignaient pas la mort et n�acceptaient pas d��tre vaincus dans une lutte o� la victoire leur paraissait un devoir. Il �crivit donc aussit�t � Varus et ne manqua pas, comme il est d�usage en pareil cas, de le supplier de lui porter imm�diatement secours, disant que les troupes qu�on lui avait laiss�es se trouvaient en grand danger et s�attendaient � se voir bient�t prises et massacr�es. [257] Quant � lui, s��tant install� dans la plus �lev�e des tours de la citadelle, nomm�e Phasa�l parce qu�elle avait �t� b�tie en l�honneur de Phasa�l, fr�re d�H�rode, et appel�e de son nom apr�s que les Parthes l�eurent tu�, il exhortait les Romains � faire une sortie contre les Juifs ; n�osant pas lui-m�me descendre au milieu des siens, il trouvait juste que les autres s�exposassent � la mort pour sa cupidit�. [258] Les Romains ayant risqu� cette sortie, un violent combat s�engagea o� les Romains eurent effectivement l�avantage, sans pourtant que le moral des Juifs f�t bris� par la vue de leur p�ril et le grand nombre de leurs morts. [259] Par des mouvements tournants les Juifs escalad�rent les portiques qui entouraient l�enceinte ext�rieure du Temple et, engageant une lutte violente[108], ils se mirent � lancer des pierres les uns avec leurs mains, les d�autres � l�aide de frondes, car ils �taient dress�s � ce genre de combat. [260] En m�me temps les archers rang�s en bataille caus�rent de grandes pertes aux Romains, parce qu�ils �taient tr�s habiles et difficiles � attaquer, �tant hors de port�e de javelot et pouvant ainsi plus ais�ment venir � bout de leurs ennemis, pendant longtemps la lutte se poursuivit dans ces conditions. [261] Puis les Romains exasp�r�s mirent le feu aux portiques � l�insu des Juifs qui y �taient mont�s ; la flamme, augment�e par beaucoup de mat�riaux combustibles, atteignit rapidement la toiture. [262] Celle-ci, form�e d�une charpente enduite de poix et de cire avec un rev�tement d�or �galement li� par la cire, c�da bient�t. Ainsi furent d�truits des ouvrages fameux par leur grandeur et leur magnificence tandis que tous les gens qui �taient sur les portiques furent surpris par une catastrophe impr�vue. [263] Les uns furent entra�n�s dans l��croulement du toit, les autres abattus de toutes parts par l�ennemi ; beaucoup, d�sesp�rant du salut, �pouvant�s par le fl�au qui les cernait, se jet�rent d�eux m�mes dans le feu ou se perc�rent de leur �p�e y �chapper. Tous ceux qui essayaient de se sauver en reculant vers le chemin par lequel ils �taient mont�s, furent tu�s par les Romains parce qu�ils �taient sans d�fense et que leur courage �tait abattu, sans que leur d�sespoir p�t leur �tre d�aucun secours puisqu�ils n�avaient aucune arme. De ceux qui avaient escalad� le toit, pas un n��chappa. [264] Et les Romains, s��lan�ant � travers les flammes par les endroits praticables, s�empar�rent du tr�sor o� �taient les richesses sacr�es : beaucoup furent vol�es par les soldats, tandis que Sabinus s�appropria ouvertement quatre cents talents.

[265] 3. Quant aux Juifs, ils �taient �galement attrist�s par le deuil de leurs amis tomb�s dans cette bataille et par le pillage des offrandes. N�anmoins, ceux de leurs �l�ments qui avaient le plus de coh�sion et de valeur vinrent assi�ger le palais royal, mena�ant de l�incendier et de tuer tous les occupants s�ils ne sortaient sur le champ, mais promettant la vie sauve pour eux et Sabinus s�ils ob�issaient � cette injonction. [266] La majorit� des troupes royales d�serta de leur c�t�. Mais Rufus et Gratus, qui commandaient � trois mille des meilleurs soldats d�H�rode, hommes solides et entreprenants, et les amen�rent aux Romains, et une partie de la cavalerie qui avait �t� sous les ordre de Rufus vint aussi renforcer ceux-ci. Pourtant les Juifs, loin de se d�sint�resser du si�ge, [267] minaient les remparts et exhortaient les dissidents � ne pas retarder l�heure qui allait leur rendre leur libert� nationale. Sabinus aurait certainement d�sir� sortir, mais, se souvenant de ses actes, [268] il n�osait se fier � l�ennemi et voyait dans l�excessive g�n�rosit� des propositions de celui-ci un motif de les rejeter ; en m�me temps il s�attendait � l�arriv�e de Varus, et dans cette pens�e, il soutenait le si�ge.

[269] 4[109]. A ce moment il y avait mille autres causes de troubles en Jud�e, car en maints endroits force individus poussaient � la guerre, soit par espoir de butin, soit par haine des Juifs. [270] Deux mille hommes, qui avaient servi sous H�rode et dont l�engagement �tait termin�, se r�unirent en Jud�e m�me pour combattre les troupes royales, tandis qu�Achiab, cousin d�H�rode, leur r�sistait ; refoul� de la plaine vers les hauteurs par ces guerriers �prouv�s, il sauvegarda ce qu�il put, gr�ce aux difficult�s du terrai.

[271] 5. Il y avait aussi un certain Judas, fils d��z�chias, le redoutable, chef de brigands qui n�avait �t� pris par H�rode qu�avec les plus grandes peines. Ce Judas, r�unit autour de Sepphoris en Galil�e une troupe de d�sesp�r�s et fit une incursion contre le palais royal : s��tant empar� de toutes les armes qui s�y trouvaient, il en �quipa ceux qui l�entouraient et emporta toutes les richesses qu�il avait recueillies en cet endroit ; [272] il terrorisait tout le voisinage par ses razzias et ses pillages, visant � une haute fortune et m�me aux honneurs de la royaut�, car il esp�rait parvenir � cette dignit� non par la pratique de la vertu, mais par l�exc�s m�me de son injustice.

[273] 6[110]. Ajoutons encore Simon, ancien esclave du roi H�rode, bel homme � qui sa haute taille et sa force physique inspiraient grande ambition et confiance. Exalt� par le d�sordre des affaires, il eut l�audace de ceindre le diad�me, et apr�s avoir r�uni un certain nombre de gens, [274] il se fit proclamer roi par ces fous, se figurant en �tre plus digne que tout autre ; il br�la le palais de J�richo, en livra le contenu au pillage et an�antit de m�me par le feu beaucoup d�autres maisons royales en bien des endroits du pays, tout en laissant ses compagnons piller le contenu. Il aurait fait pis encore si l�on ne s��tait h�t� de le ch�tier. [275] Car Gratus, qui avait amen� aux Romains les troupes royales, vint attaquer Simon avec toutes les fortes dont il disposait. [276] La bataille fut acharn�e et longue ; la plupart des gens de P�r�e, manquant de discipline et combattant avec plus d�audace que de science, furent massacr�s. Simon lui-m�me, au moment o� il se sauvait dans un d�fil�, fut pris par Gratus, qui lui lit couper la t�te. [277] Le palais d�Amatha sur le fleuve Jourdain fut aussi incendie par une brande analogue � celle de Simon. Tant �tait grande la d�mence qui r�gnait alors dans le peuple, parce qu�il n�avait pas un roi national capable de maintenir tout le monde en paix par son m�rite, que les �trangers vertus pour mettre l�ordre et r�primer les s�ditions ne faisaient que les exciter sournoisement par leur injustice et leur cupidit�.

[278] 7[111]. M�me un certain Athrong�s, qui n��tait pourtant illustre ni par la noblesse de ses anc�tres ni par la grandeur de son m�rite ni par l�abondance de ses richesses et qui n��tait qu�un simple berger, absolument inconnu de tout le monde et seulement remarquable par sa haute stature et la force de ses bras, osa aspirer � une royaut� dont l�acquisition lui donnerais la joie de s�vir davantage : s�il devait mourir, il faisait bon march� de sa vie qu�il �tait pr�t � sacrifier pour ce but. [279] Il avait quatre fr�res[112], eux aussi de grande taille et confiants pour leur succ�s dans la force de leurs bras ; il les regardait comme le rempart de sa royaut� et chacun d�eux commandait un corps de troupes, car une grande foule s��tait rassembl�e autour d�eux. [280] Ces hommes �taient ses g�n�raux et se battaient pour lui tout, en op�rant � leur gr�. Quant � lui, couronn� d�un diad�me, il tenait conseil sur ses affaires et r�glait tout souverainement. [281] Cet homme garda longtemps sa puissance, portant le titre de roi et libre d�agir � sa guise. Ses fr�res et lui s�appliquaient. � massacrer beaucoup de Romains et de soldats du roi, anim�s de la m�me haine contre les uns et les autres, d�testant les derniers � cause des violences qu�ils avaient commises cous le r�gne d�H�rode, et les Romains pour les injustices qu�on leur attribuait pr�sentement. [282] Plus le temps passait, plus s�exasp�rait leur sauvagerie ; il n�y avait moyen pour personne de leur �chapper, en raison soit de leur cupidit�, soit de leur habitude du meurtre. Ils tendirent m�me un jour pr�s d�Emma�s une embuscade � une troupe de Romains qui envoyait les vivres et les armes de l�arm�e ; ayant r�ussi � envelopper ce d�tachement, ils perc�rent de fl�ches le centurion Arius qui le commandait et quarante de ses plus vaillants fantassins ; [283] les survivants, effray�s par leur malheur, se sauv�rent sous la protection de Gratus et des soldats du roi qui l�entouraient et abandonn�rent les cadavres. Cette guerre d�escarmouches se prolongea longtemps, faisant beaucoup d�ennuis aux Romains et beaucoup de mal � leur propre peuple. [284] Finalement ces chefs furent pris, l�un dans un combat avec Gratus, l�autre par Ptol�m�e ; l�a�n� des fr�res[113] �tait tomb� aux mains d�Arch�la�s. Le dernier, survivant, afflig� par le malheureux sort de celui-ci, voyant qu�il ne lui fallait plus d�sormais esp�rer de salut � cause de son isolement et de son �puisement, abandonn� par son arm�e, se rendit � Arch�la�s sous la foi du serment et de la protection divine. Mais ce d�nouement ne se produisit que plus tard.

[285] 8. A ce moment donc la Jud�e �tait pleine de brigands et, d�s que l�un d�entre eux avait r�uni autour de lui une troupe de s�ditieux, il se proclamait roi et se lan�ait � l�assaut de sa nation, car s�ils ne s�attaquaient que rarement aux Romains et leur causaient peu de dommages, on revanche ils faisaient un tr�s grand carnage de leurs compatriotes.

[286] 9[114]. D�s qu�il eut �t� inform� de l��tat des affaires par la lettre de Sabinus, Varus, inquiet pour sa l�gion, prit avec lui les deux autres � il y en avait trois en tout en Syrie � quatre ailes de cavalerie et tons les auxiliaires que lui fournirent alors les rois ou certains t�trarques, et il se h�ta d�aller au secours de ceux qui �taient assi�g�s en Jud�e. [287] Tous les d�tachements qu�il avait envoy�s en avant avaient l�ordre de gagner vivement Ptol�ma�s. Les gens de B�ryte, quand il traversa leur territoire, lui fournirent encore quinze cents auxiliaires. Ar�tas de P�tra, que sa haine contre H�rode avait rendu l�ami des Romains, lui envoya une grande force de fantassins et de cavaliers. [288] Une fois toutes ces troupes concentr�es � Ptol�ma�s, Varus en confia une partie � son fils et � un de ses familiers et les envoya combattre les Galil�ens qui habitent la r�gion limitrophe de Ptol�ma�s. [289] Le fils de Varus fondit sur les ennemis, les mit en fuite et s�empara de Sepphoris, y mit le feu et vendit les habitants comme esclaves. Varus lui-m�me, partant avec toute son arm�e en direction de Samarie, �pargna la ville parce qu�elle n�avait pas m�rit� le reproche d�avoir particip� � la r�volte ; mais il campa dans une bourgade appartenant � Ptol�m�e[115] et, nomm�e Arous. [290] Or, les Arabes l�incendi�rent par haine d�H�rode et aussi de ses amis, partant de l� les Arabes pill�rent une autre localit� nomm�e Sampho et la br�l�rent, bien qu�elle f�t tr�s forte et dans une assiette solide. Pendant toute leur marche rien ne fut �pargn� et ils port�rent, partout le feu et le fer. [291] On incendia aussi Emma�s sur l�ordre de Varus, pour venger ceux qui y avaient �t� tu�s : le village avait �t� pr�c�demment �vacu� par les habitants. [292] De l� Varus touchait presque J�rusalem, et ceux des Juifs qui campaient de ce c�t� l� pour assi�ger la l�gion l�ch�rent pied � la vue de ces renforts et se retir�rent sans poursuivre le si�ge. [293] Quant aux Juifs de J�rusalem que Varus r�primandait avec v�h�mence, ils se d�fendirent contre ses accusations en pr�tendant que c��tait � cause de la f�te que le peuple s��tait rassembl�, que la guerre n�avait pas �t� provoqu�e par leur volont�, mais par l�audace des gens venus du dehors ; eux-m�mes s��taient r�unis aux Romains et avaient �t� assi�g�s avec ceux-ci bien plut�t qu�ils n�avaient d�sir� les assi�ger. [294] D�j� s��taient pr�sent�s � Varus Jos�phe, cousin du roi H�rode, Gratus et Rufus amenant leurs soldats et les Romains qui avaient �t� assi�g�s. Mais Sabinus ne vint pas voir Varus et quitta secr�tement la ville pour le bord de la mer.

[295] 10. Varus d�tacha clans le pars une partie de son arm�e pour rechercher les fauteurs de la r�bellion. De ceux qu�on d�non�a il fit ch�tier les uns comme principaux responsables et rel�cha les autres ; il y eut deux mille personnes crucifi�es pour cette affaire. [296] Ensuite il renvoya son arm�e qui ne lui semblait plus utile en rien ; d�ailleurs, les soldats avaient commis beaucoup de d�sordres et avaient enfreint m�me les consignes de Varus dans le d�sir des gains que leur procuraient leurs m�faits. [297] Ayant appris que dix mille Juifs s��taient rassembl�s, Varus se h�ta d�aller les surprendre. Mais ils n�os�rent pas en venir aux mains et, se rangeant au conseil d�Achiab, ils se rendirent. Pardonnant � la masse les fautes qu�elle avait commises en se r�voltant, Varus envoya les chefs � l�empereur. [298] Celui-ci remit en libert� la plupart d�entre eux et ch�tia seulement les parents d�H�rode qui s��taient joints � l�insurrection, parce qu�ils avaient lutt� contre leurs proches sans nul souci de la justice.

� XI �

1-2. Les Juifs demandent � l�empereur un changement de r�gime. � 3. Discours de Nicolas de Damas pour Arch�la�s. � 4-5. L�empereur r�gle la succession d�H�rode.

[299] 1[116]. Apr�s avoir ainsi r�gl� la situation et laiss� en garnison � J�rusalem la m�me l�gion que pr�c�demment, Varus se h�ta de retourner � Antioche. Arch�la�s vit na�tre pour lui � Rome de nouveaux tracas pour la raison que voici. [300] Une ambassade juive arriva � Rome sur l�autorisation donn�e par Varus � la nation afin de demander l�autonomie[117]. Les ambassadeurs envoy�s par la volont� de la nation �taient au nombre de cinquante, que soutenaient plus de huit mille des Juifs de Rome. [301] L�empereur convoqua le conseil de ses amis et les Romains les plus consid�rables dans le temple d�Apollon[118] qu�il avait �difi� � grands frais. Les ambassadeurs se pr�sent�rent avec la foule des Juifs de Rome et Arch�la�s avec ses amis. [302] Tous les parents du roi refusaient de se ranger aux c�t�s d�Arch�la�s par haine contre lui, mais regardaient comme dangereux d�unir contre lui leurs voix � celles des ambassadeurs, craignant qu�ils ne fussent d�shonor�s aux yeux de l�empereur s�ils voulaient agir ainsi contre un personnage de leur ramille. [303] Philippe �tait �galement arriv� de Syrie sur les exhortations de Varus, surtout pour aider son fr�re, pour lequel Varus avait beaucoup de sympathie, mais aussi, au cas d�un changement dans la succession royale � car Varus pr�voyait qu�elle serait divis�e en raison du nombre de ceux qui souhaitaient l�ind�pendance, � pour n��tre pas en retard et obtenir du moins une part de royaut� pour lui-m�me.

[304] 2. Donc, quand on eut donn� la parole aux ambassadeurs des Juifs, qui s��taient propos� de parler en faveur de la suppression de la royaut�, ils se mirent � critiquer les ill�galit�s d�H�rode, d�clarant que, s�il �tait nominalement leur roi, il avait en r�alit� r�uni en lui les vices les plus insupportables de tous les tyrans afin de s�en servir pour perdre les Juifs, sans manquer de trouver dans son propre naturel de quoi rench�rir encore � cet �gard. [305] En tout cas, si nombreux qu�eussent �t� ceux qu�il avait fait p�rir par des supplices tels qu�on n�en avait jamais rapport�s avant lui, les vivants �taient encore bien plus malheureux que les victimes parce que ces supplices tourmentaient non seulement leur vie et leur pens�e, mais encore mena�aient leurs biens. [306] H�rode, en effet, n�avait cess� d�orner les villes circonvoisines habit�es par des �trangers, en ruinant et faisant dispara�tre celles de l�int�rieur de son royaume ; [307] il avait r�duit son peuple � une mis�re sans espoir, alors qu�il l�avait re�u dans un rare �tat de prosp�rit� ; il privait de leur fortune les patriciens, qu�il tuait pour des motifs insens�s et, � ceux qu�il laissait vivre, il infligeait un pr�l�vement de leurs biens. [308] Outre les tributs qu�il imposait annuellement � chacun, il y avait des dons lucratifs faits � lui, � ses familiers, ses amis et ses esclaves charg�s de la r�partition des imp�ts, car on n�achetait pas m�me � prix d�argent le droit de n��tre pas pressur�. [309] Quant aux jeunes filles s�duites et aux femmes d�shonor�es, ils ne voulaient pas d�nombrer combien il y en avait eu, victimes de sa d�bauche et de son inhumanit� ; celles, en effet, qui ont souffert de ces attentats consid�rent qu�obtenir le silence sur leur d�shonneur est chose aussi pr�cieuse que d�y �chapper. Si grandes �taient les injustices dont H�rode les avait abreuv�s qu�aucune b�te f�roce n�aurait pu en faire autant si on l�avait dou�e du pouvoir de commander aux hommes.[310] A coup s�r, � travers toutes les s�ditions et toutes les r�volutions qu�avaient subies la nation jamais l�histoire n�avait enregistr� une calamit� semblable au fl�au dont H�rode l�avait accabl�e. [311] Aussi �tait-ce � bon droit qu�ils auraient salu� avec joie l�av�nement d�Arch�la�s, pensant que celui, quel qu�il f�t, qui acc�derait � la royaut�, se montrerait plus mod�r� qu�H�rode ; c��tait, par d�f�rence pour lui qu�ils avaient c�l�br� un deuil public pour son p�re et offert de le servir en toute autre occasion s�ils pouvaient obtenir de lui une conduite sage. [312] Mais Arch�la�s, craignant sans doute de ne pas �tre reconnu pour le fils l�gitime d�H�rode, avait imm�diatement montr� sa folie � son peuple, et cela avant de poss�der le commandement de mani�re sure, puisque l�empereur avait le pouvoir de le conf�rer ou de le refuser. [313] Il avait donn� l�exemple de sa future vertu, de la mod�ration et du respect des lois dont il ferait preuve envers ses futurs sujets. Car le crime qu�il avait commis d�s le d�but contre ses concitoyens et contre Dieu en massacrant dans le sanctuaire trois mille de ses compatriotes. Comment donc ne les poursuivrait-il pas d�sormais d�une juste haine, lui qui, ind�pendamment de sa cruaut� native, avait contre eux les griefs de s��tre r�volt�s et d�avoir r�sist� � son pouvoir ? [314] En r�sum�, ce qu�ils demandaient c��tait d��tre d�barrass�s de la royaut� et de tout autre gouvernement de cette esp�ce, et d��tre rattach�s � la Syrie sous l�administration des l�gats qu�on envoyait l�-bas : ainsi l�on verrait bien s�ils �taient vraiment des factieux toujours avides de r�volution ou s�ils �taient amis de l�ordre, d�s qu�ils auraient des chefs qui les gouverneraient avec plus de douceur.

[315] 3[119]. Quand les Juifs eurent parl� de la sorte, Nicolas disculpa les rois de ces accusations. Personne, de son vivant, n�avait accus� H�rode et il ne fallait pas que ceux qui auraient pu l�incriminer vivant aupr�s de juges �quitables pour le faire ch�tier pussent intenter une accusation contre un mort. [316] Quant aux actes d�Arch�la�s, c��tait sur l�insolence de ces gens que Nicolas en rejetait la responsabilit�, puisque apr�s avoir cherch� � agir contre la loi et avoir, les premiers, massacr� ceux qui s�effor�aient d�arr�ter leur violence, ils se plaignaient � pr�sent d�une r�pression l�gitime. Il leur reprochait aussi leur penchant � la s�dition, leur joie � se rebeller, leur incapacit� d�ob�ir � la justice et aux lois parce qu�ils voulaient toujours faire leur volont�.

[317] 4[120]. Ainsi discourut Nicolas. L�empereur, apr�s les avoir entendus, leva la s�ance du conseil. Quelques jours plus tard, il se pronon�a : il ne proclama point Arch�la�s comme roi, mais il fit de la moiti� du pays qui �tait soumis � H�rode une ethnarchie qu�il lui donna, en promettant de l�honorer plus tard du titre de roi s�il s�en montrait digne par sa vertu. [318] Divisant l�autre moiti� en deux parties, il les donna aux deux autres fils d�H�rode, � Philippe et � Antipas, celui qui avait revendiqu� tout le royaume contre son fr�re, Arch�la�s. Antipas eut pour sa part la P�r�e et la Galil�e qui lui versaient annuellement deux cents talents. [319] La Batan�e, avec la Trachonitide et l�Auranitide, une partie de ce qu�on appela le domaine de Z�nodore, rapportaient � Philippe cent talents. Quant aux districts soumis � Arch�la�s, Idum�e, Jud�e et Samarie, les habitants furent exempt�s du quart de leurs tributs par l�empereur, qui d�cr�ta cet all�gement pour les r�compenser de ne pas s��tre r�volt�s avec le reste de la multitude. [320] Les villes soumises � Arch�la�s �taient la Tour de Straton[121], S�baste, Jopp� et J�rusalem. Gaza, Gadara et Hippos, villes grecques, furent d�tach�es de son ob�dience pour �tre annex�es � la Syrie. Arch�la�s retirait de son lot un revenu de six cents talents par an[122].

[321] 5. Telle fut la partie des biens paternels qu�eurent les fils d�H�rode. Quant � Salom�, outre ce que son fr�re lui avait assign� dans son testament � Iamnia, Azotos, Phasa�lis et cinq cent mille drachmes en monnaie d�argent � l�empereur lui accorda encore le palais royal d�Ascalon. Son revenu total �tait de soixante talents par an, et son domaine �tait situ� dans le territoire d�Arch�la�s.[322] Les autres parents du roi obtinrent tout ce que prescrivait le testament. A chacune des deux filles non mari�es, outre ce que leur p�re leur avait l�gu�, l�empereur fit un don de deux cent cinquante mille drachmes de monnaie d�argent, et il les maria aux fils de Ph�roras. [323] Il lit m�me cadeau aux enfants du roi de tout ce qui lui avait �t� l�gu� personnellement, c�est-�-dire de quinze cents talents, se r�servant seulement quelques meubles qui lui �taient agr�ables, non � cause de leur grand prix, mais comme souvenir du roi.

� XII[123]

Histoire du faux Alexandre.

[324] 1. Lorsque l�empereur eut ainsi r�gl� la succession, un jeune homme de rare juive, mais �lev� dans la ville de Sidon chez un affranchi romain, chercha � s�insinuer dans la parent� d�H�rode gr�ce � sa ressemblance physique avec Alexandre, le fils d�H�rode, qui avait �t� tu�, ressemblance reconnue par tous ceux qui le voyaient. [325] Il y trouva un pr�texte � revendiquer le pouvoir. Il prit comme complice un homme de son pays qui connaissait bien les affaires du palais, mais par ailleurs sc�l�rat et capable de soulever dry grands troubles, qui fut son guide clans tourtes ses mauvaises actions.[326] L�imposteur se donnait pour Alexandre, fils d�H�rode, qui aurait �t� cach� par l�un de ceux qui avaient re�u mission de le tuer ; ils auraient tu� d�autres victimes pour tromper les t�moins et l�aurait sauv�, ainsi que son fr�re Aristobule. [327] Cette fable l�enorgueillissait lui-m�me et il r�ussissait � tromper ceux qu�il rencontrait ; il aborda en Cr�te et gagna la confiance de tous les Juifs qu�il fr�quenta ; puis, pourvu d�argent gr�ce � leurs lib�ralit�s, il partit pour M�los. L�, il amassa encore plus d�argent parce qu�en le croyait de souche royale et qu�on esp�rait le voir reprendre le tr�ne de son p�re et payer de retour ses bienfaiteurs. Il se h�ta donc d�aller � Rome, escort� par ses h�tes ; [328] d�barquant � Dic�archia[124], il eut la chance de tromper de la m�me mani�re les Juifs de cet endroit et il groupa, autour de lui, comme s�il �tait roi, forces gens et les h�tes et amis d�H�rode. [329] La cause en �tait qu�ils accueillaient volontiers ses paroles en raison de la garantie que donnait son aspect ; en effet, m�me � ceux qui avaient beaucoup fr�quent� Alexandre il avait si bien persuad� qu�il �tait celui-l� et non un autre qu�ils allaient jusqu�� l�affirmer sous serment � leur entourage. [330] Aussi, lorsque le bruit de son aventure fut arriv� jusqu�� Rome, toute la foule des Juifs qui vivaient l� vint � sa rencontre, louant Dieu de l�avoir miraculeusement sauv� et lui faisant f�te par affection pour sa famille maternelle, toutes les fois qu�il s�avan�ait port� sur un char � travers les ruelles. [331] Aux frais de ses h�tes particuliers, il �tait environn� de tout un appareil royal. Il y avait un grand concours de peuple, des acclamations et des v�ux ; de tous les t�moignages rendus d�ordinaire � ceux qui sont ainsi sauv�s contre tout espoir, aucun ne manqua.

[332] 2. Lorsque la nouvelle de cet �v�nement parvint � l�empereur, il se m�fia, sachant qu�H�rode n��tait pas facile � tromper dans les affaires qui lui importaient beaucoup. Pourtant, c�dant � l�espoir, il envoya C�lados, un de ses affranchis qui avait fr�quent� les deux jeunes gens, en lui ordonnant d�amener Alexandre sous ses yeux. [333] C�est ce que fit C�lados, qui ne se montra pas plus perspicace que la foule. Mais l�empereur ne se laissa pris abuser, car, s�il y avait une ressemblance, elle n��tait pas de nature � tromper les gens capables de raisonner avec sagesse. En effet, le travail manuel avait us� ce faux Alexandre et au lieu d�avoir, comme le v�ritable, le corps d�licat qui convenait au luxe et � sa noble naissance, il avait au contraire le corps trop rude. [334] Ayant donc saisi la conspiration frauduleuse du disciple et du ma�tre et leur entente pour inventer des fables audacieuses, il les interrogea sur Aristobule, leur demandant ce qui �tait arriv� � ce prince, enlev� en m�me temps que son fr�re, et pourquoi il n��tait pas �galement l� pour revendiquer avec celui-ci les droits correspondant � une telle naissance. [335] L�autre r�pondit qu�il l�avait laiss� dans l��le de Chypre sous pr�texte qu�il craignait les dangers de la mer ; ainsi, s�il lui arrivait malheur � lui-m�me, la descendance de Mariamne ne serait pas enti�rement �teinte, et Aristobule, lui survivant, d�fierait ceux qui leur tendaient des emb�ches. [336] Comme le jeune homme affirmait cela avec force et qu�il �tait appuy� par son instigateur, l�empereur le prit � part : � Comme r�compense, dit-il, si tu ne me trompes pas, je te donnerai la vie sauve ; dis-moi donc qui tu es et qui t�a pouss� � cette entreprise audacieuse, car c�est un attentat plus grave que ton �ge ne le comporte �. [337] Alors, ne pouvant plus faire autrement, il avoue � l�empereur comment et par qui la machination a �t� con�ue. L�empereur, pour ne pas trahir sa promesse envers lui et le voyant apte � un travail manuel, envoya ce faux Alexandre comme rameur sur la flotte ; quant � celui qui l�avait s�duit, on le fit ex�cuter. [338] Comme ch�timent pour les M�liens, on se contenta de leur laisser perdre tout ce qu�ils avaient d�pens� sans r�sultat pour ce faux Alexandre. Telle fut la fin ignominieuse de l�entreprise hardie de cet imposteur.

� XIII �

1. R�gne d�Arch�la�s. � 2. Nouvelles accusations contre lui. � 3-4. Son exil en Gaule, r�v�l� par un songe comme la mort de sa femme. � 5. Annexion de son pays � la Syrie.

[339] 1[125]. Lorsque Arch�la�s, ayant obtenu l�ethnarchie, fut arriv� en Jud�e, il d�pouilla du grand-pontificat Joazar, fils de Bo�thos, auquel il reprochait d�avoir conspir� avec les r�volt�s, et il �tablit � sa place son fr�re El�azar. [340] Il reb�tit aussi avec magnificence le palais de J�richo et d�tourna la moiti� des eaux qui servaient � arroser le village de N�ara pour les amener dans une plaine transform�e par lui en palmeraie. Il fonda aussi un bourg qu�il nomma Arch�la�s. [341] Enfin, au m�pris des lois nationales, il �pousa Glaphyra, fille d�Arch�la�s et veuve de son fr�re Alexandre, de qui elle avait eu des enfants, alors qu�il est interdit aux Juifs d��pouser leurs belles-s�urs[126]. �l�azar non plus ne resta pas longtemps grand-pontife, car on lui substitua de son vivant J�sus, fils de Si�[127].

[342] 2. La dixi�me ann�e du r�gne d�Arch�la�s[128], les principaux des Juifs et des Samaritaine, ne supportant plus sa cruaut� et sa tyrannie, l�accus�rent aupr�s de l�empereur, surtout lorsqu�ils surent qu�il avait contrevenu aux ordres de celui-ci qui lui enjoignait de se montrer mod�r� envers eux. [343] L�empereur, quand il entendit ces accusations, entra en col�re ; il manda le charg� d�affaires d�Arch�la�s � Rome, qui se nommait aussi Arch�la�s, et, jugeant au dessous de sa dignit� d��crire � celui-ci : � Toi, lui dit-il, embarque-toi imm�diatement et am�ne le nous sans retard �.[344] L�autre, �tant aussit�t parti, arriva en Jud�e, o� il trouva Arch�la�s festoyant avec ses amis ; il lui r�v�la les dispositions de l�empereur et pressa son d�part. A son arriv�e l�empereur �couta sa d�fense contre certains de ses accusateurs, puis l�envoya en exil en lui assignant pour r�sidence Vienne, ville de Gaule, et il confisqua ses biens[129].

[345] 3[130]. Avant qu�Arch�la�s e�t �t� invit� � se rendre � Rome, il eut le songe suivant, qu�il raconta � ses amis. Il avait vu dix �pis de bl� pleins de froment ; d�j� arriv�s chacun � pleine maturit�, et il lui avait sembl� que des b�ufs les d�voraient. Une fois �veill�, pensant que sa vision lui pr�sageait des choses graves, il fit venir les devins qui s�occupaient d�interpr�ter les songes. [346] Comme ils diff�raient d�avis les uns des autres � car tous �taient loin de s�accorder � Simon, Ess�nien de race, apr�s avoir demand� qu�on lui garantit sa s�ret�, dit que cette vision pr�sageait � Arch�la�s un changement peu favorable dans ses affaires ; [347] en effet, les b�ufs �taient signe de souffrance, puisque c��taient des animaux assujettis � un labeur p�nible ; quant au changement de situation, il s�annon�ait par le fait que la terre labour�e par leur travail ne pouvait rester dans le m�me �tat ; les dix apis signifiaient un nombre �gal d�ann�es puisqu�il y a une moisson par ann�e : c��tait le terme fix� pour la puissance d�Arch�la�s. [348] Telle fut son interpr�tation de ce songe. Cinq jours apr�s avoir vu cette vision, Arch�la�s vit arriver l�autre Arch�la�s envoy� en Jud�e par l�empereur pour le citer en justice.

[349] 4. Chose analogue survint � Glaphyra sa femme, la fille du roi Arch�la�s, qu�avait �pous�e, comme je l�ai dit plus haut, vierge encore, Alexandre, fils d�H�rode et fr�re d�Arch�la�s. Apr�s qu�Alexandre eut �t� mis � mort par son p�re, elle �pousa Juba, roi de Libye. [350] Ce Libyen mort[131], elle vivait dans le veuvage en Cappadoce chez son p�re, quand Arch�la�s l��pousa apr�s avoir r�pudi� sa femme Mariamne[132], tant l�amour qu�il �prouvait pour cette Glaphyra l�avait boulevers�. Or, devenue l��pouse d�Arch�la�s, elle eut le songe que voici. [351] Il lui sembla voir Alexandre se tenant devant elle ; joyeuse, elle l�embrassait avec empressement ; [352] mais lui la r�primandait en disant : � Glaphyra tu confirmes donc le dicton qui dit qu�il ne faut pas se fier aux femmes[133], toi qui me fus fianc�e et mari�e vierge, toi qui, ayant eu des enfants de moi, as oubli� mon amour et d�sir� te remarier. Cet outrage ne t�a pas encore content�e et tu as os� faire partager ta couche � un troisi�me �poux, rentrant indignement et sans pudeur dans ma maison et �pousant Arch�la�s, ton beau-fr�re, mon fr�re. [353] Mais moi je n�oublierai pas ma bienveillance envers toi et je te lib�rerai de tout bl�me en te reprenant pour femme comme autrefois �. Elle raconta ce songe � ses suivantes, et, quelques jours apr�s, elle quitta la vie.

[354] 5. J�ai pens� que ces faits n��taient pas en dehors de mon sujet puisqu�ils touchent � l�histoire des rois et que, d�autre part, ils sont un exemple � citer en faveur de l�immortalit� de l��me et de la providence divine qui embrasse les choses humaines ; c�est pourquoi j�ai jug� bon d�en parler. Que ceux qui ne croient pas � de telles histoires gardent leur opinion personnelle � ce sujet, mais ne bl�ment pas qui les raconte pour exhorter � la vertu.

[355] Le pays d�Arch�la�s fut rattach� en tributaire � la Syrie et l�empereur envoya Quirinius, personnage consulaire, pour faire le recensement en Syrie et liquider les propri�t�s d�Arch�la�s.


[1] Un r�sum� du r�cit de Nicolas de Damas, source principale de Jos�phe pour les sections 1-5, nous a �t� transmis par les_Excerpta_ de Constantin Porphyrog�n�te (F. H. G., III, p. 352-3.

[2] Section 1 = Guerre, I, 552-558 ; 561.

[3] πολέμων ἠνάγκαζε τόν πατέρα καταστῆναι, sens obscur.

[4] B�r�nice, veuve d�Aristobule.

[5] Ce personnage s�appelait Teudion, infra � 70 et Guerre, I, 592.

[6] On ignore le nom de cette princesse.

[7] Καλλέα παϊς mss. ; mais ce nom est inconnu et le passage parall�le, Guerre, I, 566, montre qu'il s'agit bien d'un fils (du premier lit) d'Alexas.

[8] Ces deux mot paraissent omis.

[9] Il s�agit naturellement de Livie.

[10] Glaphyra.

[11] συμφορᾷ (συμπεριφυρᾷ Niese) τοΰ δικαίου, texte obscur.

[12] Section 2 = Guerre, I, 559-561, 564-565.

[13] Alexandre et Tigrane, futur roi d�Arm�nie.

[14] H�rode de Chalcis, Agrippa, Aristobule.

[15] Mariamne et H�rodiade.

[16] Le discours prononc� par H�rode (Guerre, I, 556) est ici mis en style indirect.

[17] Nomm� �galement Alexandre.

[18] H�rode de Chalcis.

[19] Le second Alexandre.

[20] Section 3 = Guerre, I, 562-563.

[21] ἄκοντος vulg. : ἔκοντος Naber.

[22] Doris.

[23] Mariamne (II) d�Alexandrie.

[24] Nous ignorons le nom de ces deux femmes.

[25] Malthak�.

[26] Fils de son fr�re Joseph.

[27] Kypros.

[28] Salom�.

[29] Salampsio.

[30] Phasa�l I.

[31] ἁπασών αἱ εἰωθυΐα : texte alt�r�.

[32] Promesse non r�alis�e.

[33] Guerre, I, 567-571.

[34] Salom�.

[35] οὐ διακειμένῳ E A M (in margine), οὐ διὰ κενῆς Naber.

[36] ύπονοιών καθισταμένων WE : ἁπονοῶν καθισταμένῳ Niese.

[37] νόμου WE : νόμων Niese.

[38] προσποιούμενον A : προσποιουμένων Niese vulg.

[39] άντιπράσσειν WE : προϋπτειν Niese.

[40] προμηθεΐς κἀκ τοῦ προὔπτου etc., texte suspect.

[41] On se rappelle que Jos�phe appartenait lui-m�me � la secte des Pharisiens. Visiblement il copie ici, sans r�flexion, un auteur qui leur �tait hostile (Nicolas).

[42] Sens douteux.

[43] Section 1 = Guerre, I, 572.

[44] Section 2 = Guerre, I, 573-577.

[45] Dans doute un affranchi.

[46] πολιτεύεσθαι A. M. W. : πολιτεύσαντος Niese.

[47] Section 1 = Guerre, I, 582-589.

[48] ταφαίτε codd. : ταφνίται Niese.

[49] έπὶ τῖω μὴ φράζειν Hudson coll. Bello., I, 589 : ἐπικρόπτεσθαι [φράζειν] Naber.

[50] Ce sont sans doute ces propos qui font dire � Nicolas de Damas (F. G. H., III, 351, � 13) que les r�v�lations des esclaves soumis � la torture convainquirent Antipater d'avoir �galement voulu tuer sa tante (Salom�), ses fr�res survivants et les fils des morts. Rien de pareil chez Jos�phe.

[51] Section 2 = Guerre, I, 590-600.

[52] Section 3 = Guerre, I, 601-607.

[53] Section 1 = Guerre, I, 608-616.

[54] Texte alt�r�.

[55] Le port de C�sar�e.

[56] Section 2 = Guerre, I, 617-619.

[57] P. Quintilius Varus, consul en 13 av. J.-C., l�gat de Syrie de 6 � 4 av. J.-C. C�est le vaincu de la for�t de Teutobourg.

[58] Le nom de cette princesse est inconnu.

[59] Section 3 = Guerre, I, 620-629.

[60] Texte profond�ment alt�r�. Nous traduisons d'apr�s la version latine.

[61] Section 4 = Guerre, I, 630-636.

[62] Sections 5-6 = Guerre, I, 367-638.

[63] μειζόνως ἐκδεινῶν (exemple unique) des mss. me para�t impossible ; je lis ἐκτείνων.

[64] Texte alt�r�.

[65] Section 7 = Guerre, I, 641-644.

[66] Celle d�Acm�, mentionn�e dans celle d�Antiphile.

[67] L�imp�ratrice Livie.

[68] Ce paragraphe ne fait que r�p�ter ce qui a �t� dit au � 137, o� le texte m�me du message de Salom� � Antipater est reproduit : Jos�phe s�est embrouill� dans son dossier.

[69] Section 8 = Guerre, I, 640 ; 645-6

[70] C��tait, parait-il, l�avis de Nicolas de Damas (F. H. G., III, 353).

[71] Section 1 = Guerre, I, 647.

[72] Antipas, le fils de la Samaritaine Malthak�.

[73] Sections 2-4 = Guerre, I, 648-555.

[74] Dans Guerre les noms des p�res sont Sepphoraios et Margalos.

[75] Nous lisons avec Bekker τί (non εἰ) τολμήσειαν

[76] Ne pas confondre ce Matthias, grang-pr�tre et fils de Th�ophile (supra � 78), avec l'agitateur de m�me nom (� 149), fils de Margalothos.

[77] La seconde Mariamne.

[78] Le r�ve avait provoqu� une pollutio nocturna, d'o� l'impuret� l�vitique. Cet �v�nement est relat� dans le Talmud de J�rusalem (Megilla, 1, 12 ; Ioma, 1, 1 ; Horayot, III, 2) et dans celui de Babylone (Megilla, q. b ; Ioma, 12 b ; Horayot, 12, b) ; cf. Derenbourg, Palestine, p. 160 et Sch�rer, II, 217.

[79] La date de cette �clipse a �t� fix�e du 12 au 13 mars, 4 av. J.-C. (Ginzel, Specieller Kanon etc., p. 195.

[80] Section 5 = Guerre, I, 656-660.

[81] Une historiette analogue dans les gloses de la chronologie_Megillat Taanit_ � 25, mais le roi s�appelle Jan�e et c�est sa veuve Salminon qui s�oppose au massacre des � 70 anciens �. Cf. Derenbourg, Palestine, p. 164. Le caract�re midraschique de ces anecdotes les rend suspectes.

[82] Ch. VII = Guerre, I, 661-664.

[83] Section 1 = Guerre, I, 665.

[84] γνήσιος. Expression singuli�re, car Philippe �tait fils, non de Malthak� (m�re d�Arch�la�s et d�Antipas), mais de la juive Cl�op�tre.

[85] Dans la premi�re quinzaine du mois de Nisan de l�an 4 av. J.-C. (Sch�rer, I, 415).

[86] Section 2 = Guerre, I, 666-670.

[87] Section 2 = Guerre, I, 671-673.

[88] Dans Guerre, I, 33, la distance indiqu�e est 200 stades (de J�richo) et correspond � peu pr�s � l�emplacement pr�sum� d�H�rodion ; Sch�rer, I, 417, cherche � concilier les deux textes en soutenant que le notre indique seulement la distance jusqu�o� le cort�ge accompagna le corps.

[89] Section 4 = Guerre, II, 1-5.

[90] R�sum� de ces �v�nements (ch. 9 et 11) chez Nicolas (F. H. G., III, 354), o� n�appara�t pas la distinction des deux d�lib�rations distingu�es par Jos�phe. Il est aussi fait allusion au voyage d�Arch�la�s et aux dol�ances des Juifs dans l��vangile selon Luc, XIX, 12 suiv.

[91] Sections 1-3 = Guerre, II, 5-19.

[92] Ou, si l�on adopte la conjecture de Naber (μωρίας pour τιμωρίας) : � � leur folie �.

[93] D�apr�s Nicolas (F. H. G., III, 353) le nombre total des insurg�s s��levait � � plus de 10000 �. Le chiffre des morts vient de Nicolas (p. 354).

[94] Alors sexag�naire et qui avait demand� sa retraite. (F. H. G., p. 353).

[95] Πτόλλαν P. et Niese, Ποπλᾶ Bellum ; πόλλους ceteri, le�on conserv�e par Naber.

[96] Section 4 = Guerre, II, 20-25.

[97] δόξῃ δεινότητος τῆς περὶο αὐτῳ (ou αὐτὸν) τὴν βασιλείαν πεπιστεύμενος. Texte alt�r�.

[98] Jos�phe ne mentionne pas l�ambassade des villes grecques du territoire d�H�rode qui r�clamaient leur ind�pendance. (Nicolas, F. H. G., III, 354, � 23 et 26).

[99] Sections 5-7 = Guerre, II, 26-38.

[100] Lire avec Hudson ἐξουσίᾳ (mss. έἔξῳ).

[101] Texte alt�r�.

[102] Il semble y avoir ici une lacune ; on ne voit pas que Nicolas ait justifi� son dire que les insurg�s s�attaquaient � l�empereur.

[103] Texte douteux, nous traduisons au jug�.

[104] Le r�sum� de Jos�phe confirme le t�moignage de Nicolas (F. H. G., III, 354) selon lequel celui-ci ne s'attaqua ni � Antipas, ni aux revendications des villes grecques qu'il conseilla � Arch�la�s d'affranchir.

[105] Texte et sens incertains.

[106] Sections 1-3 = Guerre, II, 39-54.

[107] Texte suspect.

[108] Texte alt�r� (πολλοῖς ἀμάχου γενομένης P. πολλῆς μάχης γεν. ceteri et Naber).

[109] Section 4-5 = Guerre, II, 55-56.

[110] Section 6 = Guerre, II, 57-59.

[111] Section 7 = Guerre, II, 60-65.

[112] Au � 284, il semble bien qu'il n'y e�t que quatre fr�res. Guerre, II, 60 et 64 pr�sentent la m�me contradiction (G. Mathieu).

[113] Sans doute Athrong�s.

[114] Sections 9-10 = Guerre, II, 66-79.

[115] Le fr�re de Nicolas de Damas ?

[116] Sections 1-2 = Guerre, II, 80-94.

[117] C�est-�-dire de vivre en r�publique.

[118] Apollon Palatin. Ce temple faisait partie int�grante du palais imp�rial.

[119] Section 3 = Guerre, II, 92.

[120] Sections 4-6 = Guerre, II, 93-100.

[121] Vieux nom de C�sar�e.

[122] Cette r�partition du royaume d'H�rode est le dernier �v�nement mentionn� dans les fragments de Nicolas (F. G. H., III, 354, � 29-30).

[123] XII = Guerre, II 101-110.

[124] Pouzzoles.

[125] Sections 1-2 = Guerre, II, 111.

[126] Voir Deut�ronome, 25, 5 ; L�vitique, 18, 16 ; 20, 21 (L�on Hermann).

[127] C�est vers cet endroit que devait cesser l�histoire de Nicolas de Damas. Priv� de ce guide excellent et d�taill�, Jos�phe ne pr�sente plus, jusqu�� l��poque de sa vie, qu�un r�cit incomplet, hach� et anecdotique.

[128] 6 apr�s J.-C.

[129] Cf. Dion Cassius LV, 27 ; Strabon, XVI, 2, 46.

[130] Section 3 = Guerre, II, 112-116.

[131] Juba II, descendant de Massinissa et roi de Numidie, puis de Maur�tanie, r�gna jusqu�en 23 apr�s J.-C. ; sans doute Glaphyra avait-elle �t� r�pudi�e.

[132] On en a fait sans raison suffisante une fille d�Aristobule (Guerre, I, 552).

[133] Citation hom�rique. C�est ce que l�ombre d�Agamemnon fait � Ulysse (Odyss�e, XI, 456). Dans les deux cas, c�est une ombre qui parle (George Mathieu).