Cathédrale et les églises d’Etchmiadzine et le site archéologique de Zvarnotz (original) (raw)

Valeur universelle exceptionnelle

Br è ve synth è se

La ville d’Etchmiadzine est située dans la région du Marz d’Armavir en Arménie. Ce peuplement existe depuis des temps reculés, comme en témoignent les sites archéologiques de l’âge de pierre, de bronze et du fer situés dans la ville et ses alentours. Les plus anciennes informations écrites sur Etchmiadzine remontent à l’époque du roi de l’Urartu, Rusa II (685-645 avant J.-C.). Le peuplement figurait sous le nom de Kuarlini dans l’inscription cunéiforme urartéenne. La vie dans ce peuplement arménien n’a jamais connu d’interruption. La ville s’est appelée successivement Artimed au cours de la dynastie Yervandunis (comme en témoigne l’historien arménien Movses Khorenatsi (Ve siècle après J.-C.)), puis Vardgesavan, et ensuite Vagharshapat, à l’époque du développement sous le règne du roi Vagharsh Ier Arshakuni (117 à 140 après J.-C.). Le nom d’Etchmiadzine a été utilisé avec celui de Vagharshapat après l’adoption du christianisme (en 301 après J.-C.).

Le bien inscrit est divisé en trois zones distinctes : la première, qui comprend la cathédrale Saint-Etchmiadzine et l’église Sainte-Gaïané, couvre une superficie d’environ 30,2 ha. 18,8 ha appartiennent au Saint-Siège d’Etchmiadzine (la cathédrale mère et les édifices environnants couvrant 16,4 ha, l’église Sainte-Gaïané et les édifices environnants couvrant 2 hectares, et le cimetière de la congrégation couvrant 0,4 ha) et 11,4 ha appartiennent à la communauté de la ville d’Etchmiadzine. La deuxième zone comprend l’église Sainte-Hripsimé et l’église Saint-Chogakat. Cette zone comprend environ 25,3 ha, dont 6,2 ha correspondent au territoire de l’église Sainte-Hripsimé, qui appartient au Saint-Siège. Les 19,2 ha restants appartiennent à la communauté de la ville d’Etchmiadzine.

La troisième zone, qui comprend le site archéologique de Zvartnots, avec les ruines du temple, le palais du catholicos et d’autres constructions, occupe environ 18,8 ha.

Les première et deuxième zones sont entourées d’une zone tampon commune d’environ 93 ha. La zone tampon de la troisième zone comprend 24 ha.

Les édifices religieux d’Etchmiadzine et les vestiges archéologiques de Zvartnots témoignent de l’implantation du christianisme en Arménie et de l’évolution d’une architecture ecclésiastique arménienne unique, qui a exercé une influence profonde sur le développement architectural et artistique de la région. Ils illustrent de manière vivante l’évolution et la floraison des églises à halle à coupole centrale et plan cruciforme.

L’église à coupole la plus ancienne est la cathédrale d’Etchmiadzine, construite entre 301 et 303 avant J.-C. par le roi Tiridate III (Tiridates) et Saint Grégoire l’Illuminateur. Son plan cruciforme à quatre absides et coupole centrale soutenue par quatre piliers constitue une contribution exceptionnelle de l’architecture ecclésiastique arménienne à l’architecture chrétienne en général. Cette trouvaille que l’on doit à l’inventivité des architectes arméniens a essaimé au-delà des frontières du pays jusqu’à Byzance, puis en Europe centrale et occidentale. Outre ses qualités architecturales, la cathédrale se distingue des autres églises arméniennes par ses fresques intérieures d’origine. Naghash Hovnatan y a travaillé entre 1712 et 1721 (les peintures de la partie supérieure de la coupole et la Sainte Mère de Dieu peinte sur marbre à l’intérieur de l’abside principale sont dans un bon état de conservation). Hakob et Harutyun Hovnatanyans (première moitié du XVIIIe siècle) et Hovnatan Hovnatanyan (deuxième moitié du XVIIIe siècle) ont créé régulièrement des peintures pour la cathédrale d’Etchmiadzine. Mkrtum et Hakob Hovnatanyans ont également fait des peintures pour la cathédrale au XIXe siècle.

L’église Sainte-Gaïané (630 après J.-C.) est le premier exemple d’architecture paléochrétienne et arménienne associant une basilique à trois nefs et une coupole centrale, une forme qui s’est ensuite généralisée en Arménie et en Asie occidentale. C’est une basilique aux proportions harmonieuses, avec quatre colonnes surmontées d’une coupole, une nef centrale et deux sacristies construites dans un tuf (pierre d’origine volcanique) de bonne qualité. Elle est considérée comme le meilleur exemple de ce type d’église. Le sépulcre voûté de Sainte-Gaïané la Vierge est situé sous l’abside principale, dans laquelle on entre par la sacristie située au sud-est. Le toit et les murs de l’église ont été rénovés en 1652. Un narthex à trois travées a été construit en 1683 le long de la façade occidentale de l’église et comporte à ses extrémités nord et sud deux chapelles dédiées aux Apôtres Pierre et Paul. Le narthex servait aussi de sépulture aux catholicos.

Le rempart du monastère a été ajouté plus tard. Entre 1866 et 1882, l’abbé Vahan Bastamyan a rénové le monastère et son portail voûté, les bâtiments résidentiels destinés aux abbés et aux fidèles, et l’école, et a fondé une imprimerie.

Différents types d’églises à coupole centrale sont apparus au cours du Haut Moyen-Âge et se sont largement répandus en Arménie au VIIe siècle. Parmi ceux-ci, l’église Sainte-Hripsimé est un exemple parfait d’église à quatre absides, entre lesquelles s’intercalent des niches et des pièces d’angle (618 après J.-C.). Des fouilles archéologiques réalisées dans les années 1970 dans les zones adjacentes à l’église ont permis de découvrir des sépultures préchrétiennes et paléochrétiennes et une église à une nef. Son système de construction, conçu pour rester stable en cas de séisme, sa décoration et son style architectural se conjuguent brillamment, conférant à l’église Sainte-Hripsimé une pureté cristalline. Sa beauté dépend essentiellement de ses proportions.

L’église Saint-Chogakat a été construite en 1694 sur l’emplacement de la chapelle du IVe siècle où le « rayon de lumière est tombé » sur les martyrs chrétiens de Hripsime. L’église actuelle, construite en tuf brun de bonne qualité, se distingue par son architecture unique.

L’église Sainte Mariam Astvatsatsin a été construite en 1767 à l’époque du catholicos Simeon Yerevantsi. Il s’agit d’une basilique à trois nefs avec un toit en travée et trois paires de pilastres.

L’initiative nouvelle consistant à construire des églises à plan cruciforme et coupole centrale est illustrée par l’église de Zvartnots qui date du milieu du VIIe siècle. Elle est considérée comme un chef-d’œuvre. L’intérieur de l’église avec ses quatre absides est contenu dans une structure circulaire sur trois niveaux dont l’extérieur est polyédrique. Elle a été détruite au Xe siècle, vraisemblablement par un tremblement de terre.

D’après la proposition de reconstruction (à partir d’une maquette en pierre du XIe siècle de l’église Gagkashen découverte lors de fouilles à Ani), l’église se dressait jusqu’à une hauteur d’environ 45 m, ce qui est inhabituel pour les techniques de construction du VIIe siècle. Zvartnots a de riches bas-reliefs. Les bas-reliefs et les hauts-reliefs, réalisés avec beaucoup de talent, illustrent des fragments de la vie religieuse et laïque. Ces éléments décoratifs étaient très courants dans l’architecture arménienne à partir de la seconde moitié du VIIe siècle. L’église de Zvartnots marque véritablement l’apogée des réalisations de l’âge d’or de l’architecture arménienne (Haut Moyen-Âge) en matière de construction, de sculpture et d’arts décoratifs.

Crit è re (ii) : L’évolution de l’architecture religieuse, représentée de façon exceptionnelle par les églises d’Etchmiadzine et le site archéologique de Zvarnots, a exercé une influence profonde sur la conception des églises, et ce dans une vaste région.

Crit è re (iii) : Les églises d’Etchmiadzine et le site archéologique de Zvarnots dépeignent avec force la spiritualité et l’esprit d’innovation artistique qui furent l’apanage de l’Église arménienne dès sa fondation.

Int é grit é

Les églises qui font partie du bien témoignent clairement de l’implantation du christianisme en Arménie et de l’évolution d’une architecture ecclésiastique arménienne unique. Le bien contient assez de structures pour illustrer les évolutions de l’architecture religieuse. Ces édifices, tout comme le paysage, sont suffisamment intacts et n’ont pas été modifiés depuis leur inscription sur la Liste du patrimoine mondial.

Les principales menaces à l’intégrité du site sont sa situation dans une zone sismique active, la pollution de l’environnement et les pressions liées à sa proximité avec une route touristique fréquentée.

Authenticit é

L’authenticité des monuments ecclésiastiques est satisfaisante, sachant qu’ils remplissent leurs fonctions religieuses depuis de nombreux siècles, avec les changements obligés dans la liturgie et la mode sur une telle période, ainsi que les restaurations périodiques. Quant au site archéologique, il est complètement authentique, car il se compose uniquement de vestiges fouillés sur 31 structures disparues. Cependant, certains travaux de restauration passés ne sont pas entièrement conformes aux principes de la Charte de Venise.

É l é ments requis en mati è re de protection et de gestion

Seul le site archéologique de Zvartnots appartient à l’État ; il est situé sur le territoire de la réserve des musées historiques et culturels de Zvartnots, tandis que les autres monuments appartiennent à l’Église apostolique arménienne et sont protégés par la loi « sur la protection et l’utilisation des monuments historiques et culturels immobiliers et l’environnement historique » de la République d’Arménie et par le règlement « sur l’enregistrement, l’étude, la protection, la fortification, la restauration, la reconstruction et l’utilisation des monuments historiques et culturels ». Il existe d’autres articles relatifs à la protection des monuments dans les codes civil, administratif, foncier et pénal de la République d’Arménie.

Le ministère de la culture d’Arménie avec son entité spécialisée qui est un organisme public agréé et la Sainte Eglise apostolique arménienne avec ses entités spécialisées et ses diocèses en sa qualité de propriétaire, ainsi que les entités non gouvernementales pour la protection de la nature et toutes les personnes intéressées par la conservation du patrimoine arménien sont engagés dans la protection du complexe monastique. Une politique cohérente est menée pour présenter l’ensemble des monuments inclus dans l’inscription. Les expositions permanentes des musées du Saint-Siège et de Zvartnots sont renouvelées régulièrement.

Les questions relatives à la conservation, à la réhabilitation et à l’utilisation des sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial sont débattues au sein de conseils spécialisés constitués par le Ministère de la culture d’Arménie (conseils méthodologiques, architecturaux) et du Saint-Siège de Saint- Etchmiadzine, les deux parties étant représentées également. Des recherches scientifiques, des mesures de réhabilitation et de consolidation, et des mesures préventives ont été engagées pour aider le bien à faire face aux difficultés qui vont se poser au fil du temps à ses principaux édifices et dans les limites du site et pour veiller à maintenir son authenticité. Le plomb a été enlevé de la coupole de la cathédrale en l’an 2000 et remplacé par des dalles de pierre.

Le budget du bien est constitué d’allocations du budget de l’État, de revenus de l’activité des entreprises et de dons privés.