Gebel Barkal et les sites de la région napatéenne (original) (raw)

Valeur universelle exceptionnelle

Brève synthèse

L'ensemble de Gebel Barkal et des sites de la région napatéenne comprend cinq sites archéologiques situés sur les deux rives du Nil, implantés sur plus de 60 km de long dans une zone aride considérée comme appartenant à la Nubie. Les sites (Gebel Barkal, Kurru, Nuri, Sanam et Zuma) sont représentatifs de la culture napatéenne (900-270 av. J.-C.) et méroïtique (de 270 av. J.-C. à 350 de notre ère), de l'époque du second royaume de Koush. Les sites comprennent des tombeaux avec et sans pyramides, des temples, des tumuli et des chambres funéraires, des bâtiments d'habitation et des palais. Ils témoignent d'une tradition architecturale qui a marqué la scène politique, religieuse, sociale et artistique de la vallée du Nil moyen et de sa partie nord pendant plus de 2000 ans (de 1500 av. J.-C. au VIe s. de notre ère).

Les pyramides, tombes, temples, palais, tumulus et chambres funéraires de ce paysage aux portes du désert longeant les rives du Nil sont uniques par leur typologie et leur technique. Les vestiges, avec leur art et leurs inscriptions, témoignent d'une culture ancienne remarquable qui n'a existé et ne s'est épanouie que dans cette région.

Le Gebel Barkal est une montagne sacrée depuis l'époque du Nouveau Royaume (vers 1500 av. J.-C.). Les Égyptiens pensaient qu'Amon, dieu protecteur du pays, résidait dans cette « montagne sainte ». Aujourd'hui, la montagne est localement surnommée (Gebel Wad el-Karsani) en l'honneur d'un cheikh musulman (saint) enterré près de ce rocher de grès tabulaire de 100 m de haut. La colline est étroitement associée aux traditions religieuses et la population locale se rend encore sur la tombe du saint pour lui demander ses bénédictions.

Critère (i) : Les pyramides, palais, temples, salles et chapelles funéraires de Gebel Barkal et des sites de la région napatéenne ainsi que les reliefs, inscriptions et scènes peintes sur les murs, représentent un chef-d'œuvre du génie créateur qui témoigne des valeurs artistiques, sociales, politiques et religieuses d'un groupe humain pendant plus de 2000 ans.

Les voûtes en encorbellement des tombes de Kurru constituent une nouvelle technique de construction qui a influencé l'architecture méditerranéenne à partir du VIIe siècle av. J.-C.

Critère (ii) : Du point de vue architectural, les sites de la région napatéenne témoignent du réveil d'une religion qui fut quasi universelle et de la langue qui lui était associée - l'ancienne écriture égyptienne et le culte du dieu Amon.

Critère (iii) : Gebel Barkal et les autres sites du bien apportent un témoignage exceptionnel sur la civilisation napatéenne-méroïtique (koushite) qui prévalait dans la Vallée du Nil du IXe siècle av. J.-C. jusqu'à la christianisation du pays au VIe siècle. Cette civilisation était étroitement liée aux cultures pharaoniques du Nord et à d'autres cultures africaines.

Critère (iv) : La typologie des bâtiments, leurs détails et le plan d'ensemble des pyramides de Gebel Barkal, Nuri et Kurru, avec leurs angles effilés et leurs côtés décorés ainsi que les chambres funéraires peintes et taillées dans le roc, représentent un exemple exceptionnel d'architecture funéraire et d'art caractéristiques qui ont prévalu pendant une longue période (du IXe siècle av. J.-C. au IVe siècle de notre ère). Les monts de Zuma témoignent du maintien de certains aspects de cette tradition funéraire jusqu'au VIe siècle de notre ère.

Critère (vi) : Depuis l'Antiquité, la colline de Gebel Barkal est fortement associée aux traditions religieuses et au folklore local. Pour cette raison, les plus grands temples (le temple d'Amon par exemple) ont été construits au pied de la colline et sont encore considérés par la population locale comme des sites sacrés.

Intégrité (2009)

Les matériaux de construction et la forme des pyramides, des palais, des temples et des chambres et chapelles funéraires n'ont été ni altérés ni modifiés. Les reliefs, inscriptions et scènes peintes ont également conservé leur conception, leur texture et leurs couleurs d'origine.

Le caractère hautement préservé de toute dégradation des différents attributs exprimant la Valeur universelle exceptionnelle confère une grande intégrité à ces sites en série. Les bâtiments archéologiques ne sont que très légèrement affectés par des extensions urbaines modernes. Il convient néanmoins d'effectuer un suivi attentif des aménagements réalisés autour du bien, notamment de l'extension urbaine du côté du désert.

Authenticité (2009)

Les cinq sites sont situés dans un paysage fluvial et semi-désertique exceptionnel, quasiment non affecté par des aménagements modernes.

La plupart des pyramides de Gebel Barkal ont conservé leur forme et leur taille initiales. Les reliefs et peintures qui ornent les murs des temples et des chambres funéraires sont également bien préservés. Même les monuments endommagés par l'action de la nature et de l'homme témoignent encore des caractéristiques originales d'occupation humaine de ce territoire.

Les interventions de restauration peu nombreuses et malhabiles du siècle dernier sont faciles à éliminer et à remplacer par d'autres interventions conformes aux standards scientifiques modernes.

Les vestiges matériels tels que les inscriptions (temple de Mout) et les peintures (Kurru) témoignent du réveil d'une religion qui fut quasi universelle et de la langue qui lui était associée - l'ancienne écriture égyptienne et le culte du dieu Amon.

La scène préservée à l'intérieur du temple taillé dans le roc dédié à la déesse Mout et représentant le roi Taharqa adorant le dieu Amon assis à l'intérieur de la montagne au sommet plat témoigne du caractère sacré de cette montagne.

Le site est associé aux plus grands rois de la région du Nil moyen, dont le pouvoir politique s'étendait jusqu'au delta égyptien et à la Palestine. L'un de ces dirigeants les plus célèbres, Taharqa, est le seul souverain soudanais dont le nom figure dans l'Ancien Testament.

Tous ces éléments - conception, matériaux, art, inscriptions, emplacement et cadre - témoignent de la Valeur universelle exceptionnelle du bien.

Besoins en matière de protection et de gestion (2009)

Le bien est protégé par l'Ordonnance sur la Protection des Antiquités de 1905, amendée en 1952, et récemment, en 1999. Un Conseil de gestion a été créé et un gestionnaire de site résidant sur place a été nommé ; il est assisté par un groupe de techniciens.

Un plan de gestion a été établi en 2007 et approuvé en 2009. Il reste à le mettre totalement en œuvre.

Les sites sont gardés par une équipe de militaires de la Police du Tourisme et des Antiquités. Des cartes topographiques détaillées ont été établies et montrent clairement les limites du bien. Il reste à créer une zone tampon qui fournirait une meilleure protection aux cinq éléments du bien ; elle n'est actuellement que partiellement établie. Une entreprise de conseil travaille actuellement sur le projet et le coût d'une clôture et l'aménagement d'infrastructures de base sur les sites. Un musée d'histoire de la région a été créé dans l'enceinte d'un village touristique à Sanam, en coopération avec un investisseur local.

Le Conseil de gestion compte attirer des partenaires étrangers pour renforcer les efforts actuels de préservation du patrimoine archéologique des sites. Il reste un potentiel considérable de recherche à effectuer sur les cinq éléments du bien.