Afcinema - (original) (raw)

L’objectivité des êtres et des choses est cernée par l’incessante subjectivité des ombres et des éclairages. Le tabou réaliste disparaît brusquement à la frontière de l’objet et cesse de se faire respecter à la faveur des jeux d’ombres et de lumières. La nuit au cinéma – elle était bleue parfois dans les films muets – est une nuit conventionnelle, une nuit esthétique où l’on peut toujours voir obscurément le clair, et clairement l’obscur. Ombres et lumières, les unes et les autres exagérées, stylisées, sont autant d’atteintes à la vérité empirique, mais acceptées.

Edgar Morin, Le Cinéma ou l’homme imaginaire, Les Éditions de Minuit, 1956