Construire l'autonomie en Turquie et au Kurdistan : entrevue avec l'Action anarchiste r�volutionnaire (original) (raw)

DAF : Nous voulons souligner la relation entre les luttes pour la libert� � la fin de l'�poque ottomane et les luttes pour la libert� au Kurdistan.

� l'�poque ottomane, les anarchistes organisaient les luttes ouvri�res dans plusieurs grandes villes : Thessalonique, Izmir, Istanbul et Le Caire. Par exemple, Malatesta [1] �tait impliqu� dans l'organisation des travailleurs industriels au Caire. Les luttes pour la libert� en Arm�nie, Bulgarie et en Gr�ce avaient des connections avec des groupes anarchistes. Alexander Atabekian, une personne importante dans la lutte pour la libert� en Arm�nie, �tait un anarchiste qui traduisait des pamplhets en arm�nien pour ensuite les distribuer. Il �tait un ami de Kropotkine [2] et il distribuait ses pamphlets.

Nous parlons de cela puisque nous voulons souligner l'importance des luttes pour la libert� et la comparer � l'importance du support des luttes kurdes.

Corporate Watch : Qu'est-ce qui est arriv� aux anarchistes apr�s la p�riode ottomane?

DAF : � travers le d�clin de l'Empire Ottoman, � la fin du 19�me si�cle, le Sultan Abdul Hamid II a r�prim� les actions des anarchistes en Turquie. Il savait ce que les anarchistes �taient et il a d�velopp� un int�r�t sp�cial pour eux. Il a fait tuer ou d�porter des anarchistes et mit en place une agence de renseignement sp�ciale pour mener � terme ses objectifs.

Les anarchistes ont r�pondu en menant des attaques sur le palace Yildiz Sarayi et en faisant exploser la banque ottomane � Thessalonique.

Le gouvernement de l'Empire Ottoman n'est pas disparu avec l'arriv�e de la R�publique de Turquie. Le fez [3] a disparu, mais le syst�me est toujours le m�me.

Au d�but de l'�tat turc [4], plusieurs anarchistes ont d� �migrer, sans quoi ils se seraient fait tuer. Le CHP, le parti politique de Mustafa Kemal, n'acceptait aucune opposition et il y a eu des massacres de Kurdes.

De 1923 � 1980, il n'y a pas eu de grand mouvement anarchiste en Turquie d� � la popularit� des mouvements socialistes et de la r�pression �tatique.

La vague de r�volutions de 1960 � 1980 a aussi affect� la Turquie. C'�taient des ann�es actives pour les mouvements sociaux. Durant cette p�riode, il y a eu des mouvements r�volutionnaires anti-imp�rialistes engendr�s par la guerre du Viet-Nam, des organisations de jeunes, des occupations d'universit�s et une augmentation des luttes ouvri�res. Ces mouvements �taient marxiste-l�ninistes ou mao�stes. Il n'y avait pas de mouvement anarchiste.

En 1970, il y a eu une longue lutte ouvri�re. Des millions de travailleurs ont march� plus de cent kilom�tres de Kocaeli � Istanbul. Les usines �taient ferm�es et les ouvriers �taient dans la rue.

Corporate Watch : Est-ce qu'il n'y a eu aucune conscience anarchiste pendant tout ce temps?

DAF : Durant ces ann�es, plusieurs livres ont �t� traduits en turc par des radicaux europ�ens, mais seulement cinq d'entre eux portaient sur l'anarchisme, dont trois qui parlait de l'anarchisme pour le critiquer.

Mais � l'�poque ottomane, plusieurs articles sur l'anarchisme ont paru dans les journaux. Par exemple, l'un des trois �diteurs du journal İştirak �tait un anarchiste. Le bulletin a publi� des essais de Bakounine et des textes sur l'anarcho-syndicalisme.

Le premier magazine anarchiste a vu le jour en 1989. Apr�s cela, plusieurs autres magazines se concentrant sur l'anarchisme � travers plusieurs perspectives sont apparus; par exemple, le poststructuralisme, l'�cologie, etc.

Ils avaient la particularit� d'�tre �crits pour une audience form�e d'une minorit� d'intellectuels. Le langage utilis� dans ces magazines �tait trop loin du peuple. La majorit� de ceux impliqu�s �taient en connexion avec des universit�s, avec l'acad�mie ou des ex-socialistes affect�s par la chute de l'Union sovi�tique, ce qui fut un gros d�sappointement pour plusieurs d'entre eux. C'est pourquoi ils ont commenc� � se dire anarchistes, mais nous pensons que ce n'est pas une bonne approche � l'anarchisme, comme une critique du socialisme.

Entre 2000 et 2005, des gens se sont rassembl�s � Istanbul pour parler d'anarchisme et ont commenc� � se demander : ''Comment combattre?''. � ce moment, nous estimons qu'il y avait environ 50 � 100 anarchistes vivant en Turquie ou � l'ext�rieur.

Corporate Watch : Pouvez-vous expliquer comment la DAF s'organise maintenant?

DAF : Maintenant, 500 anarchistes sont pr�sents pour la manifestation du 1er mai. Nous sommes en contact avec des anarchistes d'Antalya, Eskişehir, Amed, Ankara et Izmir. Meydan [le journal de la DAF] est distribu� dans environ 15 � 20 villes. Nous avons un bureau de presse � Amed distribuant nos journaux � travers tout le Kurdistan. Jusqu'� maintenant, il est seulement �crit en turc, mais peut-�tre qu'un jour, si nous pouvons nous le permettre, nous allons le publier en kurde. Meydan est aussi envoy� dans des prisons. Nous avons un camarade dans une prison d�Izmir et nous envoyons des copies � plus d'une quinzaine de prisonniers.

Il y a quelques mois, il y a eu la mise en place d'un bannissement des publications radicales dans les prisons. Nous avons particip� � des manifestations devant des p�nitenciers et nous nous sommes assur�s de faire de la pression et maintenant les journaux sont accept�s � nouveau dans les prisons.

Le principal objectif de la DAF est d'organiser l'anarchisme dans la soci�t�. Nous tentons de socialiser l'anarchisme � travers les luttes dans la rue. C'est � quoi nous donnons de l'importance. Nous faisons cela depuis presque 9 ans.

Au niveau id�ologique, nous avons une perspective holistique. Nous n'avons pas une vision hi�rarchique dans les luttes. Nous croyons que les luttes ouvri�res sont importantes, mais pas plus que les luttes des Kurdes, des femmes ou encore des luttes �cologiques.

Le capitalisme tente de diviser ces luttes. Si l'ennemi nous attaque en employant une perspective holistique, nous devons le combattre dans une perspective holistique. Dans la soci�t�, l'anarchisme a une connotation n�gative pour les gens. Il est li� au terrorisme et aux bombes. Nous voulons l�gitimer l'anarchisme en l'associant � des arguments servant la lutte contre les compagnies et pour l'�cologie. Parfois, nous tentons de mettre l'accent sur les liens entre l'�tat, les compagnies et les dommages environnementaux, comme ce que fait Corporate Watch.

Nous aimons pr�senter l'anarchie comme une lutte organis�e. Nous avons d�montr� aux gens dans la rue une approche organis�e de l'anarchisme.

De 1989 � 2000, l'anarchisme se r�sumait � l'image. S'habiller en noir, porter des piercings et un mohawk. C'est ce que les gens ont vu. Apr�s l'an 2000, les personnes ont commenc� � voir des anarchistes faisant partis des luttes des femmes ou encore des luttes ouvri�res.

Nous ne tentons pas d'imiter l'anarchisme venant d'Europe. Certains anarchistes ont une approche visant � imiter l'anarchisme am�ricain ou europ�en ou d'en faire une culture underground. Si nous voulons faire de l'anarchisme un mouvement social, cela doit changer.

Les collectifs formant la DAF sont la Jeunesse Anarchiste, Femmes Anarchistes, 26A Caf�, le collectif �cologiste Patika et l'Action anarchiste lyc�enne (LAF). Ces groupes autog�r�s travaillent ensemble, mais ont leur propre processus d�cisionnel.

Jeunesse Anarchiste cr�e des connexions entre des jeunes travailleurs/travailleuses et des �tudiant-e-s d'universit�s et leurs luttes. Femmes Anarchistes mettent l'accent sur la lutte au patriarcat et la violence faite aux femmes.

LAF critique l'�ducation et la scolarit� et tente de socialiser cette mani�re de penser � travers les lyc�es. Le groupe travaille aussi sur des enjeux li�s � l'�cologie et au f�minisme, incluant lorsque des jeunes femmes sont assassin�es par leur mari.

Le collectif �cologiste Patika lutte contre la construction de barrages hydro-�lectriques dans la r�gion de la mer Noire et d'Hasankeyf [o� le barrage Ilisu est en construction). Parfois, des luttes sont men�es afin de pr�venir la mise en place de tels projets.

26A Caf� est une organisation autog�r�e se concentrant sur une �conomie anticapitaliste. Des caf�s ont ouvert � Taksim en 2009 et � Kadık�y en 2011 [� Istanbul]. Le roulement est assur� par des volontaires. Ils visent � cr�er un mod�le �conomique dans des endroits o� des gens oppress�s vivent. Il est important de montrer aux personnes des exemples concrets d'une �conomie anarchiste sans patrons ou vis�es capitalistes. Nous expliquons aux gens pourquoi nous ne vendons pas des grosses marques capitalistes comme Coca-Cola. Bien s�r, les produits que nous vendons ont un lien avec le capitalisme, mais des produits comme Coke sont des symboles du capitalisme. Nous voulons progresser vers la non-consommation, des alternatives �conomiques et de nouvelles mani�res de produire.

Une autre organisation autog�r�e, PAY-DA [Partage et Solidarit�] a un b�timent � Kadık�y qui est utilis� pour des r�unions et la production du journal Meydan. PAY-DA donne des repas � des personnes trois fois par jour. C'est ouvert aux anarchistes et camarades. Le but de PAY-DA est de devenir une coop�rative ouverte � tous/toutes. Nous essayons de cr�er une liaison avec les producteurs locaux. Nous visons � cr�er des liens avec ces derniers afin de leur montrer un autre mod�le �conomique. Nous tentons de faire �voluer ces relations �conomiques en-dehors des relations mon�taires. Les producteurs souffrent dans cette �conomie capitaliste. Nous sommes dans les premiers pas dans la cr�ation de cette coop�rative et nous cherchons des producteurs avec qui travailler.

Tous ces projets sont en lien avec l'id�ologie de la DAF. Ils ont une connexion avec le mod�le d'organisation binaire de Malatesta.

Il s'agit d'organisations anarchistes, mais parfois des personnes ne se revendiquant pas de l'anarchisme joignent la lutte parce qu'elles sont sensibles aux luttes �cologistes ou encore f�ministe. Au final, elles vont apprendre des choses sur l'anarchisme. C'est un processus en �volution.

En tant que DAF, nous tentons d'organiser nos vies. C'est la seule fa�on par laquelle nous pouvons atteindre les gens qui sont oppress�s par le capitalisme.

Il y � aussi l'Association des Objecteurs de Consciences qui s'organisent avec d'autres groupes pas sp�cifiquement anarchiste. Notre implication dans ce projet � des relations avec notre perspective au Kurdistan. Le 15 mai, nous avons organis� une action antimilitariste en Turquie devant une base militaire lors du Jour de l'objecteur de conscience. En Turquie, l'aspect militaire est li� � la culture �tatique. Si vous n'avez pas fait votre devoir militaire, vous n'allez pas vous trouver d'emploi et il est difficile de trouver quelqu'un pour se marier puisque les personnes vous demandent si vous avez fait l'arm�e. Si vous avez �t� dans l'arm�e, vous �tes un ''homme''. Les gens voient l'�tat comme la patrie. Sur ton CV, ils vous demandent si vous avez fait le service militaire. ''Chaque Turc est n� soldat'' est un slogan populaire en Turquie.

Corporate Watch : Est-ce que le k�malisme [5] est aussi fort qu�il l'a d�j� �t�?

DAF : Le k�malisme est toujours une force dans les �coles, mais l'AKP [le parti au pouvoir] a chang� cela un peu. La nouvelle approche de l'AKP envers le nationalisme met l'accent sur l'Empire Ottoman. Il met l'emphase sur les ''racines ottomanes'' de la Turquie. Mais Erdogan [6] continue de dire que nous sommes ''Une nation, un �tat, un drapeau et une religion''. Les gens parlent encore de Mustafa Kemal, mais pas autant qu'auparavant. Maintenant, vous ne pouvez pas critiquer Erdogan ou Atat�rk [nom utilis� pour Kemal par les nationalistes turcs]. C'est la loi de ne pas critiquer Atat�rk et une r�gle non �crite de ne pas critiquer Erdogan. Les m�dias respectent cela.

Corporate Watch : Pouvez-vous parler de votre perspective sur la lutte kurde pour la libert�?

DAF : La lutte des Kurdes pour la libert� n'a pas d�but� avec le Rojava. Les Kurdes ont men� pendant des centaines d'ann�es des luttes contre l'Empire Ottoman et l'�tat turc.

Nos perspectives se rapportent aux luttes populaires pour la libert�. L'id�e selon laquelle les personnes peuvent cr�er des f�d�rations sans nations, �tats ou empires. L'�tat turc mentionne que le probl�me est un probl�me kurde, mais pour nous il ne s'agit pas d'un probl�me kurde. C'est un probl�me des politiques turques d'assimilation. Il est �vident que depuis les premi�res journ�es de la R�publique de Turquie, l'assimilation des Kurdes n'a jamais arr�t�. Nous pouvons le constater � travers le massacre de Roboski [34 Kurdes tu�s par des F-16 turcs le 26 d�cembre 2011] par l'�tat lors du ''processus de paix''. Nous pouvons aussi le voir � travers le d�ni de l'identit� kurde et les massacres r�p�t�s. Assimiler les gens afin d'en faire des Turcs et diffuser la propagande nationaliste.

L'AKP dit avoir mit en place des postes de t�l�vision kurdes autorisant la langue kurde et que nous sommes tous et toutes des fr�res et s�urs, mais de l'autre c�t� il y a le massacre de Roboski qui est survenu sous leur gouvernement. En 2006, il y a eu d'immenses pressions gouvernementales sur Erdogan. Ce dernier a mentionn� que les femmes et les enfants allant � l'encontre des politiques turques allaient �tre punis. Plus de 30 enfants ont �t� tu�s par la police ou l'arm�e.

Les mots changent, sauf que l'agenda politique reste le m�me, seulement sous un nouveau gouvernement. Nous ne nous consid�rons pas comme des Turcs. Nous sommes d'origines ethniques diff�rentes dont font partie les Kurdes. Notre implication dans les objecteurs de conscience est une partie de nos perspectives. Nous voulons parler aux personnes afin d'emp�cher les gens de joindre l'arm�e et de tuer leurs fr�res et s�urs.

Apr�s les ann�es 2000, il y a eu un changement id�ologique dans la lutte kurde pour la libert�. Les organisations kurdes ont cess� de se proclamer du marxisme-l�ninisme et �calan a commenc� � �crire sur le conf�d�ralisme d�mocratique. Cela est important, mais nos relations avec le peuple kurde sont dans les rues.

Corporate Watch : Pouvez-vous nous parler du travail de solidarit� entre la DAF et la population au Rojava?

DAF : En juillet 2012, au d�but de la r�volution au Rojava, les gens ont commenc� � dire qu'il s'agissait d'un mouvement sans �tat. Nous avons �t� solidaires d�s la premi�re journ�e de la r�volution. Trois cantons ont d�clar� leur r�volution comme anti-�tatique. Nous avons tent� d'observer et d'obtenir de l'information. Il ne s'agit pas d'une r�volution anarchiste, mais d'une r�volution sociale d�clar� par le peuple lui-m�me.

Le Rojava est un troisi�me front syrien contre Assad, l'�tat Islamique et les autres groupes islamistes. Mais ce ne sont pas les seuls groupes a qui doit faire face la r�volution. La Turquie offre de l'aide � l'�tat Islamique � partir de ses fronti�res. L'Agence nationale de renseignement de la R�publique de Turquie semble donner des armes � l'�tat Islamique. C'est dans de telles circonstances que le peuple kurde � mis en branle sa r�volution.

Apr�s le d�but de l'attaque lanc�e par l'�tat Islamique sur Koban� [en 2014], nous sommes all�s � Suru�. Nous avons attendu aux fronti�res [turco-syrienne] alors que les forces turques attaquaient les gens qui traversaient. Les personnes qui tentaient de traverser la fronti�re pour aller ou revenir de Koban� �taient tir�es. Nous sommes rest�s l� afin de fournir une protection.

En octobre, les gens se sont rassembl�s pr�s de Suru� pour percer � travers la fronti�re. Les tanks turcs leur ont tir� des gaz par-dessus la fronti�re.

Du 6 au 8 octobre, il y a eu des manifestations de solidarit� avec Koban� � travers toute la Turquie. Kader Ortakya, un socialiste supportant la r�sistance � Koban�, a �t� tu� en tentant de traverser la fronti�re.

Nous avons aid� les gens. Plusieurs personnes traversaient la fronti�re en provenance de Koban� sans avoir d'abri. Nous avons donc pr�par� des tentes, de la nourriture et des v�tements pour eux. Parfois, des soldats turcs venant dans les villages avec des gaz lacrymog�nes et des canons � eau, nous for�ant � bouger. Nous avons aid� des gens qui cherchaient leur famille apr�s avoir travers� la fronti�re. D'autres sont venus dans l'espoir de franchir la fronti�re et se sont confront�s � l'arm�e. Nous leur avons aussi fourni de l'aide. Nous portions des v�tements � l'effigie de la DAF.

Jour apr�s jour, les YPG/YPJ [les forces de d�fense kurde du Rojava] ont repouss� l'�tat Islamique. La colline de Mıştenur �tait tr�s importante pour Koban�. Apr�s sa reprise entre les mains des YPG/YPJ, plusieurs personnes ont voulu retourner � Koban�. De retour dans la ville, ils-elles ont trouv� leurs maisons d�truites par les combats. Certaines maisons avaient encore des mines � l'int�rieur, tuant ainsi quelques personnes. Les mines ont besoin d'�tre enlev�es, mais par qui et comment? Les gens ont besoin d'aide et de nouvelles maisons. Nous avons assist� � des conf�rences et discuter sur comment aider Koban�. Une conf�rence s'est tenue il y � deux semaines de cela � Amed.

Corporate Watch : Quelles sont vos positions sur les �lections?

DAF : Nous ne croyons pas � la d�mocratie parlementaire. Nous croyons � la d�mocratie directe. Nous ne supportons pas le HDP [parti pro-kurde] aux �lections, mais nous avons des liens de solidarit� avec eux dans les rues.

Emma Goldman a mentionn� que si les �lections changeaient quelque chose, elles seraient ill�gales. Il y a de bonnes personnes dans HDP qui disent des choses int�ressantes, mais nous pensons que le gouvernement ne peut pas �tre bon parce que le syst�me �lectoral n'est pas �galitaire.

Au Rojava, ils ne d�clarent pas leur r�volution comme �tant anarchiste, mais il n'y a pas de gouvernement, pas d'�tat et pas de hi�rarchie, donc nous croyons en elle [la r�volution] et nous y sommes solidaires.

Corporate Watch : Pouvez-vous nous parler de l'attentat � Suru�?

DAF : Plus de trente jeunes personnes d�sirant participer � la reconstruction de Koban� ont �t� tu�es lors d'une attaque men�e par l'�tat Islamique. Cette attaque a clairement �t� organis�e par l'�tat turc. Ils n'ont rien fait pour l'emp�cher m�me s'ils ont eu l'information pr�cisant qu'une attaque allait avoir lieu un mois auparavant. De plus, apr�s l'explosion, l'�tat turc a attaqu� le Rojava et mit en branle une op�ration contre les organisations politiques en Turquie. Maintenant, il y a plusieurs op�rations et de la pression politique contre les anarchistes, les socialistes et les organisations kurdes. Ils se servent de l'explosion comme raison pour mener cette r�pression politique autant aux niveaux domestique qu'international.

Nous avons perdu 33 camarades et amis qui ont lutt� pour la r�volution au Rojava et contre la r�pression �tatique, la d�n�gation et les politiques de massacre. Il y � des gens qui sont tu�s par l'�tat, l'�tat Islamique et d'autres formes de pouvoirs. Mais notre r�sistance ne va jamais arr�ter, nos luttes vont continuer, comme toujours dans l'Histoire.

[1] Errico Malatesta, un anarchiste italien.
[2] Pierre Kropotkine, un anarchiste russe.
[3] Un fez est un couvre-chef tr�s r�pandu dans l'Empire Ottoman du XIXe si�cle. Il �tait r�serv� aux hommes. Aujourd'hui, il n'est presque plus port�.
[4] La R�publique de Turquie a vu le jour en 1923 sur les ruines de l'Empire Ottoman. Elle est le r�sultat d'une guerre d'ind�pendance qui mena � la cr�ation de l'�tat turc avec Mustafa Kemal Atat�rk comme premier Pr�sident.
[5] Le k�malisme est l'id�ologie associ�e � Mustafa Kemal Atat�rk.
[6] Le Premier ministre turc.