Georges Darboy (original) (raw)

Né le 16 janvier 1813 à Faÿt-Billot (Haute-Marne), fusillé le 24 mai 1871, à Paris. Son corps fut retrouvé le 28 mai dans la fosse commune du Père-Lachaise. Il fut inhumé à Notre-Dame de Paris.

Né à Fays-Billot (H[au]te-Marne), le 16 janv[ier] 1813, d’une humble famille. Ordonné prêtre à Langres, le 17 déc[embre] 1836. Vicaire à S[aint]-Dizier (1837). Professeur au grand séminaire de Langres (1839-1845). Second aumônier au lycée Henri IV à Paris (1845). Vicaire général honoraire de Paris (1852). Protonotaire apostolique (janv[ier] 1855). Vicaire général titulaire et archidiacre de S[aint]-Denis (26 déc[embre ) 1855). Vicaire capitulaire à la mort de Mgr Sibour (1857). Il prêche aux Tuileries le carême de 1859.

Un décret impérial du 16 août 1859 le désigne pour l’évêché de Nancy. Préconisé le 26 sept[embre], il est sacré à N[notre]-D[ame] de Paris le 30 nov[embre]. Un autre décret impérial du 10 janv[ier] 1863 le transfère à l’archevêché de Paris, où il succède au cardinal Morlot ; préconisé au consistoire du 16 mars, il reçoit le pallium le 19 avr[il] et prend possession le 22 du même mois. L’empereur le nomme grand aumônier le 8 janv[ier] 1864, sénateur le 5 oct[obre] 1864 et membre de plusieurs des conseils de l’Empire. Napoléon III avait une entière confiance en lui et suivait volontiers ses indications sur les matières ecclésiastiques. Émile Ollivier a tracé du nouvel archevêque le portrait suivant : « Pieux, régulier, très dévoué à ses devoirs épiscopaux, il tenait toutefois plus de Richelieu que de s[aint] Vincent de Paul. Son âme puissante animait un corps frêle, qu’elle faisait ployer ; mais il apportait dans son commerce quelque chose d’aisé, d’entraînant, d’enchanteur, à quoi on ne résistait pas... » (L’Église et l’État..., II, 416-418).

Le 31 mai 1864, il consacre la cathédrale de Paris, restaurée par Lassus et Viollet-le-Duc. Il agrandit le petit séminaire de N[otre]-D[ame]-des-Champs, relève le petit séminaire de S[aint]-Nicolas-du-Chardonnet, rétablit les conférences de l’avent à N[otre]-D[ame de Paris], encourage les études du clergé, écrit lui-même des instructions pastorales qui sont d’intelligentes réponses aux questions du temps (la première, en 1864, sur la divinité de Jésus-Christ, est une réplique à la Vie de Jésus de Renan, parue l’année précédente).

« Homme de gouvernement, l’archevêque de Paris redoutait tous les obstacles que son action aurait pu rencontrer ; de là son opposition, justifiée d’ailleurs par de graves autorités, à l’inamovibilité des desservants (séance du Sénat, 18 juin 1865) ; de là aussi la répugnance qu’il éprouvait pour l’exercice de la juridiction immédiate du pape dans les diocèses, et qui, après la visite indûment faite par ses délégués aux maisons des jésuites et des capucins, lui attira le bref sévère du 26 oct[obre] 1865 » (D. T. C., IV, 142). (Voir dans Rev[ue], d’hist[oire] et de litt[érature] relig[ieuse], mai-juin 1907, p. 240-284, la correspondance échangée avec le S[aint]-Siège à cette occasion.)

Au concile du Vatican, Mgr Darboy fut, avec Mgr Dupanloup, le membre le plus influent de la minorité opposée à la définition de l’infaillibilité pontificale : il soutint à la tribune l’inopportunité de cette définition et parut même attaquer l’infaillibilité dans son fond. Dès le 16 janv[ier] 1870, il écrivait à l’empereur une lettre fort grave : « Si je ne me trompe la liberté [des évêques au concile] ne parait pas entière et par conséquent l’autorité de leurs décisions sera infirmée... Je me demande si l’intérêt général, l’intérêt de la société religieuse et civile, n’exige pas qu’on nous vienne en aide » (E. Ollivier, op. cit., II. 94). Le 21 mai 1870, il suggérait à Napoléon de rappeler de Rome l’ambassadeur de France. Cet acte, disait-il, « contribuerait peut-être efficacement à faire retirer ou ajourner la question malheureuse qui inquiète et divise tout le monde » (ibidem). Avant le vote définitif, il participa à la députation qui tenta d’obtenir du pape l’insertion, dans le texte, d’un membre de phrase déclarant explicitement qu’une « définition ex cathedra » suppose l’assentiment concomitant de l’Église à la vérité que le pontife romain se propose de définir. Le lendemain, 17 juill[et], il signa la lettre dans laquelle cinquante-cinq évêques annonçaient à Pie IX qu’ils quittaient Rome pour éviter le scrutin : « La piété et le respect filial ne nous permettent pas, dans une question qui touche de si près Votre Sainteté qu’on peut la considérer comme lui étant personnelle, de dire publiquement et à la face de notre Père : Non placet. »

Rentré à Paris, Mgr Darboy y demeura quand les troupes allemandes s’en approchèrent et il connut les mauvais jours du siège. Quand la capitale se rouvrit, Rome lui fit savoir qu’un acte d’adhésion personnelle à la définition du concile ferait plaisir : il l’envoya, sans réserve, le 2 mars 1871.

Le 4 avr[il], il fut arrêté par la Commune de Paris et fusillé le 24 mai.

Source : G. Jacquemet, Encyclopédie Catholicisme, hier, aujourd’hui, demain, Letouzey et Ané, tome troisième, pages 465 à 467.

_La Semaine religieuse, samedi 30 mai 1896

Service solennel pour le vingt-cinquième anniversaire de la glorieuse mort de Mgr Darboy et des autres victimes de la Commune. Ce service sera célébré, en l’Église Métropolitaine Notre-Dame de Paris, mardi 2 juin [1896], à dix heures précises.

Son Eminence présidera la cérémonie.

Des places seront réservées dans le chœur pour les délégués du clergé des paroisses, ordres religieux et communautés, qui ont eu quelqu’un de leur membre mis à mort par la Commune. Les familles des victimes seront placées dans l’avant-chœur et aux premiers rangs

Son Em[inence] le Cardinal-Archevêque invite les fidèles à assister à ce service.

Voici les noms des victimes mises à mort les 24, 25, 26 et 27 mai 1871, tels qu’ils sont inscrits sur deux tables de marbre placées au transept de Notre-Dame de Paris :

Ecclésiastiques
Mgr Darboy, Archevêque de Paris ; MM. Surat, Protonotaire apostolique, vicaire général ; Deguerry, Curé de Sainte-Madeleine ; Bécourt, Curé de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle ; Sabatier, 2e vicaire de Notre-Dame de Lorette ; Houillon, Prêtre des Missions étrangères ; Planchat, aumônier du patronage Sainte-Anne ; Allard, aumônier d’ambulance ; Seigneret, séminariste de Saint-Sulpice,
Les PP. Ollivaint, Ducoudray, Clerc, Caubert, De Bengy, de la Compagnie de Jésus,
Les PP. Cartier, Bourard, Cotrault, Delhomme, Chatagneret, du Tiers-Ordre de Saint-Dominique ; Saguet, frère des Écoles chrétiennes. [1]

Laïques
MM. Bonjean, président à la Cour de cassation ; Charles, dit Chaulieu, commis principal à la Préfecture de police ; Chaudey, publiciste ; Derest, ancien officier-de-paix ; Jecker, banquier ; Gauguelin et Volant, professeurs à l’École Albert-le-Grand ; Cathala, Cheminal, Dintroz, Gros, Marce, Petit, serviteurs de cette école.

Militaires
Garde républicaine : Garaudet et Geanty, maréchaux de logis ; Bermont, Cousin, Poirot, Pons, brigadiers ; Biancherdini, Bodin, Bouzon, Breton, Capdevielle, Carlotti, Chapuis, Colombani, Condeville, Doublet, Ducros, Dupré, Fischer, Fourès, Keller, Mannoni, Marchetti, Margueritte, Marty, Mongenot, Mouillié, Pacotte, Paul, Pauly, Pourteau, Riolland, Valder, Villemin, Weiss, gardes.
Gendarmes : Bellamy, Lacaze, Blanchon, Valet.

Le nombre des otages mis à mort est donc de 76, dont 24 ecclésiastiques, 52 laïques.

La cellule de Mgr Georges Darboy, archevêque de Paris, et le mur devant lequel il a été fusillé à la prison de la Roquette sont conservés au Séminaire Saint-Sulpice.
À propos de la Commune de Paris, voir le dossier “Les martyrs de la rue Haxo”.