Autun (original) (raw)

Reflections and Illustrations

regarding the relics of Autun, France

Isaac-Mathieu Crommelin

(Autun, Juin 1773)

Member of the Academy

of Arts, Sciences and Letters of Dijon

Autun is certainly one of the oldest cities of the Gauls. Considering the walls, gates, fragments of an amphitheatre, and the remains of numerous temples and buildings, this is undoubtedly the famous city referred to by the orator Comenius who deplored its desolation and recommended its re-establishment.

When this city was founded is unknown but its healthy and pleasant location leads one to suspect that the Gauls carried out the first attempts at the art of construction there which they had learned from the Phoenicians. There have been innumerable disputes among scholars whether Autun is, in fact, old Bibracte, but it is enough to examine this site and its relationship with the famous capital of the country of Aeduens not to dispute its ancient title as the sister (and second only) to Remi (Soror Emula Roma) [Rome]. This city existed many centuries before Augustus and it certainly had a name before this emperor rose to power. But it was not Cabillonum (Ch�lon), nor was it Matisco (M�con) or Novilodunium (Nevers). Neither was it O�coetia (Occise). By elimination it therefore had to be Bibracte because there are no other cities to choose from in the region of Aeduens about which Caesar spoke in his Strabon commentaries. Besides, Caesar named Bibracte the principal city of Aeduens and the orator Comenius uttered in one of his harangues: "Bibracte quidem hoots usque dictated is Julia, polia, florentia sed flavia is Civitas Aeduorum." Nothing is more revealing than this passage.


View of the city of Autun as it was about 1780

Le p�re, l�empereur assure dans son histoire des Aeduens faite par ordre du duc de Bourgogne, depuis dauphin, que Bibracte en ancien gaulois signifie montagne fendue (Bifractus). Autun seul est dans cette position, la montagne fendue est celle que l�on nomme � pr�sent Brisecou.

Il y a trois opinions o� r�sidait ce fameux s�nat des Aeduens, les uns pr�tendent que cette ancienne capitale est � pr�sent la ville de Beaune, d�autres assurent qu�elle �tait sur la montagne de Beuvray, mais l�opinion g�n�rale est que c�est Autun, le tout concourt � le d�montrer.

Les Beaunois disent que Bibracte avait �t� d�vast�e par un g�n�ral romain, changea de nom et prit celui de Bellonne devenu Beaune par corruption. Si Beaune a �t� cette ville c�l�bre avec laquelle les Romains firent alliance, o� sont donc ses murs, ses temples, son enceinte, ses aqueducs, son amphith��tre? Pourquoi le g�ographe Sanson dans sa carte de l�ancienne Gaule, n�a-t-il point plac� de ville dans la situation de Beaune? C�est qu�il n�y en avait pas. Monsieur Duchesne (dans ses antiquit�s et recherches) date l�origine de cette ville � Aur�lien mort l�an 275; mais il s�est tromp�; Beaune existait alors et s�appelait Minervia du nom d�une l�gion romaine qui apr�s avoir camp� sur son terrain en jeta les fondements; elle fut en effet fortifi�e par cet empereur et Gr�goire de Tours nous apprend qu�au sixi�me si�cle ses murs avaient trente pieds d��l�vation. Voici un trait singulier qui a rapport � Autun et Beaune. Il est de Boccalini po�te satirique italien mort il y a plus de cent cinquante ans. Cet auteur (dans ses Ragguagli di parnasio) fait demander � Caesar par Apollon de quelle ville il a voulu parler du nom savant de Bibracte, � quoi l�empereur r�pond, qui c�est la m�me qui par amiti� pour son neveu Auguste voulut bien prendre le nom d�Augustodunum . Sur cette d�cision Apollon d�fend aux historiens de ne jamais dire ou �crire que Beaune a �t� Bibracte sous peine d��tre perturbateurs de l�histoire, cette sentence prouve au moins que l�opinion g�n�rale d�� pr�sent sur Bibracte subsistait il y a environ deux si�cles.

Il n�y a rien sur la montagne de Beuvray (appel�e dans les anciens registres du chapitre Bisfractus Mons, sans doute parce qu�elle a trois �l�vations de deux vall�es). Il n�y a rien dis-je annonce l�ancienne existence d�une ville. J�ajoute m�me, que l�imagination ne peut pas en placer une aussi grande qu�Autun. Caesar se serait donc tromp� en disant que Bibracte �tait la plus grande ville des Aeduens. Les ruines que l�on trouve sur cette montagne, ressemblent � celle d�une tour o� tout au plus d�un ch�teau; et ce qu�on peut en dire de plus vraisemblable est, qu�il y avait un beffroi duquel on avertissait par des signaux, les habitants de Bibracte de ce qui se passait.

Autun, seul, a donc des titres positifs pour se croire cette ville fameuse ch�rie des romains, l��cole de la Sagesse, des moeurs, des sciences et des arts.

Avant la conqu�te des Gaules par Jules Caesar, les Autunois �taient honor�s du titre de fr�res des romains. Ils jouissent encore � Rome du droit de Bourgeoisie, et les italiens natifs de Rome ont � Autun le m�me privil�ge (oedue fratres nostri) ( cicer epiad faimis Liy ep. 10). Apr�s la conqu�te des Gaules, la ville d�Autun a �t� consid�r�e comme la principale ville de ce pays.

Augustodunum caput gentis (tacit ant. L. 30). Et Caesar dit: (ab omni tempore fratres nostri et amies populi Romani Licti sunt oedui). Suivant Tacite (anal L.11). Les citoyens d�Autun pouvaient � Rome entrer dans les honneurs. Sous Constantin au commencement du 4�me si�cle Comenius pronon�a un discours devant cet empereur o� il prouva que sa patrie �tait regard�e comme la m�re de toutes les provinces (provincia venir velut una mater).

Cette ville est situ�e au pied de plusieurs montagnes. La principale est mont jeu (Mons Jovis).

Les monuments qu�elle conserve de son ancienne splendeur sont des murs, les portes d�Arroux et de Saint-Andr�; le temple de Janus, la pierre de couhard; les d�bris d�un amphith��tre, une belle tour, des colonnes superbes, de tr�s beaux marbres poss�d�s par des religieux de saint martin; des aqueducs et une fontaine magnifique. Je donne les dessins de la plupart des ces monuments � la fin de ce m�moire et je ferai mes observations lorsque j�en parlerai particuli�rement.


Porte St. Andr�, vestige Romain


Porte St. Andr� dessin


Porte Romaine d�Arroux

On divise la ville en trois quartiers, le plus �lev�, nomm� le ch�teau renferme deux cath�drales.

L�ancienne d�di�e � Saint Nazaire n�a pas �t� achev�e, elle est appuy�e sur l��glise souterraine devant Jean Delagrotte originairement employ�es (comme catacombes) � la s�pulture des morts.

La nouvelle cath�drale �tait autrefois la chapelle des ducs de Bourgogne, elle est pesante et ses ornements le mauvais go�t se sentent de la barbarie du dudicites qui les a produit; son clocher cependant est regard� comme un chef d��uvre; le dedans (uni presque jusqu�au poli) � la forme d�un verre renvers�. C�est un probl�me parmi les architectes de savoir comment on a �chafaud� pour construire une fl�che creuse tr�s �lev�e et qui a tout au plus que cinq ou six pouces d��paisseur.

L��glise coll�giale fond�e en 1444 par Nicolas Roslin, chancelier du Duc de Bourgogne est encore dans cette partie de la ville, on admire beaucoup les ornements ext�rieurs d�une de ses chapelles, mais il faut convenir que de tr�s petites colonnes, de petites niches, de petites figures, enfin des petits m�daillons repr�sentent les empereurs romains prouvent plus de patience que de go�t dans l�architecte.


La Cath�drale - Porte de la Cath�drale - La Fontaine St. Lazare

Le clocher de cette coll�giale suivant Chassaneux avait 300 coud�es d��l�vation, ce qui fit nommer Autun pour Fran�ois premier: sa ville aux beaux cloijschiers.

Je dois rapporter ici un �pitaphe singuli�re qui se trouve dans cette �glise sur une plaque de cuivre ; les meilleurs latinistes ne croient l�entendre qu�en imaginant des constructions et des significations sur lesquelles on ne peut pas compter puisqu�elles varient. Il est question d�un m�decin et vraisemblablement c�est un jeu de mots. La voici :

Nutricem Nigram Neuis Nuntiam

Nuperinne Numcupaus

Nudi Novelli Nox Nitorem Noxia

Nigrescit.

Notescat Neniae Neui Nupsi

Nidum Noscite Nostrum

On voit que l�auteur a eu pour objet de commencer tous les mots par N. La derni�re ligne offre un sens tr�s moral. Si l�on passe le mot Nidum qui est trivial.

Le second quartier s�appelle la ville il contient cette belle terrasse (peut-�tre unique dans le royaume) et ce fameux champ de ma�s o� se fait tous les ans la saint Ladre. Cette c�r�monie est trop singuli�re pour n�en pas faire la description, elle a d�ailleurs des rapports avec le sujet de ce m�moire.

Le dernier jour d�ao�t, les chanoines prennent possession de la justice de la ville. Tous montent des chevaux capara�onn�s en noir, avec des housses tra�nantes, traversant en soutane et en manteau long les rues principales et vont un bouquet � la main au son des trompettes et timbales exercer la justice (commencement au faubourg d�Arroux) accompagn�s de leurs chapelains, musiciens, enfants de ch�ur et de tous les officiers de leur justice. Chaque chanoine pr�sente � son tour, � cette c�r�monie; celui qui en est charg� se nomme le terrier, il porte un bouquet plus gros que les autres et marche le dernier entre les deux principaux dignitaires pr�c�d�s des bedeaux avin�s de leurs masses d�argent, apr�s avoir offert la justice au peuple, comme cela se pratique � la tenue ordinaire des jours, et dress� le proc�s verbal d�usage, les chanoines reviennent en ville o� pour terminer cette solennit�, le terrier allume le dragon d�un feu d�artifice plac� sur le petit clocher de la cath�drale et quelque fois sur le grand. Ce jour est l��poque de l�ouverture d�une foire qui dure dix jours.


Vieux Remparts - Amphith�atre Romain

A la R�v�tasse (ou translation de reliques de Saint-Lazare) le terrier se rend au ch�ur de la cath�drale avec tout le chapitre, fait un discours, remet le bouquet � celui qui lui succ�dera, entend une r�plique o� il est toujours question de son �loquence et allume encore un feu d�artifice, quand pour se distinguer, il veut bien faire cette d�pense.

Le chapitre exerce le justice � Autun seize jours dans l�ann�e: savoir dix � la Saint-Ladre, trois � la r�v�lasse et trois � la f�te saint Nazaire pendant le r�gne du chapitre, toutes les autres juridictions cessent leurs fonctions.

L�origine de ce droit vient d�une commission des Ducs de Bourgogne et il y a �t� confirm� par plusieurs arr�ts.

Voici celle de la cavalcade.

Le chapitre �lisait tous les ans un chanoine pour veiller en son nom � la police de la ville et aller terminer les proc�s de ses vasseaux. On lui donnait pour adjoint plusieurs de ses confr�res; ces adjoints augment�rent en raison du nombre d�amis qu�avait le chanoine et il en r�sultat des abus. Il fut d�cid� que l�on nommerait des juges la�cs et que le chapitre en corps accompagnerait (� Autun seulement) le terrier et les officiers de la justice pour entendre plaider les causes.

Le lendemain premier de septembre on �l�ve un fort dans le champs de mars. Toute la bourgeoisie prend les armes et le tambour battait, drapeaux d�ploy�s chercher le maire chez lui; voici l�ordre de ce nombreux cort�ge, l�infanterie est � la t�te, pr�c�d�e des grenadiers; apr�s elle suivent les sergens de ville, ensuite les �chevins en robes violettes, puis le maire, tenant un b�ton de commandement, accompagn� du procureur suivi de son substitut; devant lui est un homme � cheval charg� d�une ancienne armure portant l��tendard de la ville, on va au faubourg faire une esp�ce de revue et l�on revient investir le fort (voir note 1) dans lequel on a laiss� une garnison. Chaque compagnie l�attaque � son tour et est repouss�.

(Note 1. Il est fait de branches d�arbres et appartient apr�s la prise aux capucins)

Les grenadiers munis de grenades, de carton, font danser les assi�g�s et les spectateurs (voir note 2).

(Note 2. Ordinairement, il y des perruques, des habits, des jupons et des chemises br�l�s. Quelque fois, m�me il arrive des accidents par la maladresse de ceux qui ne savent pas manier des armes)

Enfin, il se fait une attaque g�n�rale. Deux cents amorces de fusil partent les uns apr�s les autres au m�me commandement. Et le fort se rend.

On a que des probabilit�s sur l�origine de cette farce militaire parce que les registres de la ville avant �t� br�l�s en 1591 dans le temps du si�ge par le duc d�Amont et ne reste aucun ancien titre.


Champ de Foire

On sait d�ailleurs que la capitaine Artigote, manquant de bourre pour les fusils, se servit des papiers qu�il trouva � l�h�tel de ville. Les Autunois demand�rent alors que les copies qu�ils trouveraient de leurs titres perdus, eussent la force des originaux et cela leur fut accord�. Il ne s�en trouva vraisemblablement pas.

On voit par cette description que la saint Ladre a deux parties dont l�une regarde l��glise et l�autre la ville.

Voici trois opinions sur l�assembl�e de la bourgeoisie qui ont toutes quelques vraisemblances.

On exposait autrefois les reliques de Saint Lazare � l��poque de la f�te et le peuple prenait les armes ce jour-l� pour les d�fendre. On voit que dans les temps de superstition, les saints se volaient sans scrupule. Il est � pr�sumer que ce peuple (alors guerrier) imagine un exercice militaire pour amuser les �trangers attir�s par la d�votion et s�amuse lui-m�me.

Marseille et Autun se sont disput� longtemps et se disputent encore la possession de reliques de saint Lazare. Il est dans l�histoire de Marseille que le jour de la f�te de ce saint, il se faisait un tournoi comme celui que je viens de d�crire, qui a cess�, lorsque ses pr�cieuses reliques se trouv�rent dans trois villes (car Avaloir croit aussi les avoir) on peut conjecturer que les habitants d�Autun ne voulant point perdre leur patron, une solennit� n�glig�e par les Marseillais, ont cru devoir la perp�tuer

Par une tradition imm�moriale, on sait que le Vergobret, souverain magistrat des Aeduens, faisait pr�s du temple de Janus, les premiers de mai et de septembre, une revue g�n�rale des troupes de la r�publique, accompagn� des grands seigneurs, des druides et de toute la magistrature ne devait ce point pour conserver la m�moire de cette c�r�monie majestueuse, que les Autunois ont continu� de s�assembler � une de ces deux �poques, et d�aller avec le repr�sentant de Vergobret au lieu o� se faisait cette revue?

Le troisi�me quartier de la ville est celui de Marcheux, c�est l� o� �tait l�ancien Autun, les rues sont �troites basses et il y en a qui portent l�empreinte d�une haute antiquit�.


Saint Lazare d�Autun, fond�e au XIIe par �tienne de Bag�

Je parlerai des abbaijes parce que la plus part sont fond�es sur d�anciens temples.

Celle de Saint-Martin (� un quart de lieue de la ville) �tait autrefois un peu plus d�di�e � Saron sue Chompr� appelle le dieu des matelots, mais qui s�rement n��tait point ici r�v�r� sous ce titre parce qu�Autun est fort loin de la mer. Cette abbaije est c�l�bre par le tombeau de la reine Brunehaut, la fondatrice. Ce tombeau est d�un assez beau marbre noir et n�a de remarquable que son antiquit�, les cendres qu�il contient et une inscription de l��v�que de Dubelay qui justifie cette reine des ovines que lui imputent la plus part des historiens. Le 25 ao�t 1632, on en fit l�ouverture et l�on y trouva un coffre de plomb, renfermant sept ou huit os d�environ six pouces de longueur qui paraissaient avoir �t� br�l�s, un peu de cendres et une molette d��peron. Les titres de fondation de cette abbaye disent que Saint Martin �v�que de Tours renversa (au risque de sa vie) L�idole de Saron et consacra la temple au vrai Dieu. On peut juger de la magnificence parce qui en reste. L��glise de Saint Martin est orn�e de marbre de Gr�ce, d�Egypte, de la Th�ba�de, de Corse, d�Alep, de plusieurs belles colonnes de diff�rents marbres pr�cieux, et entre autres quatre de granite de deux pieds de diam�tre, chacune d�une seule pi�ce. Les amateurs de beau, ne peuvent pardonner aux religieux de les avoir fait enduire de stuc pour �viter la d�pense du poli; il doit bien plus simple de les placer telles qu�elles �taient. La glue tombe heureusement et commence � d�couvrir le granite.

Le second monast�re fond� par la reine Brunehaut, est celui de Jean Legrand b�n�dictine en 589, il est appuy� sur les fondations du temple de B�r�cinthe (Cyb�le) suivant un manuscrit que je tiens de Mr. L�abb� quarr� chanoine de cette ville on trouva en fouillant la terre pour faire un nouveau batiment. Les d�bris d�un salon vout�, un bassin de marbre, quelques mosa�ques, et des fragments de d�coration dont on a connu trop tard la proie.

Saint Andoche est une troisi�me abbaije fond�e par la reine Brunehaut. L��glise tient la place d�un ancien temple consacr� � minerve pr�s de la porte des druides (� pr�sent la porte du Carouge? C��tait originairement un monast�re d�hommes et de femmes destin� comme hopital; au soulagement des malades. Jonas, Ev�que d�Autun en fit en 858, une abbaije de B�n�dictines. L�ann�es suivante, Charles le Chauve donna des lettres patentes: il y a encore une tour qu�on appelle la tour de Minerve. A peu de distance de l�abbaije de Saint Martin est celle de Saint Simphorien, batie sur le temple de Pan. Les premiers chr�tiens �lev�rent d�abord une chapelle, dans le caveau de laquelle est inhum� Saint Simphorien, fils d�un comte d�Autun, martiris� � l��ge de quinze ans pour n�avoir pas voulu fl�chir le genou devant l�effigie de Ber�cinthe que les paijens portaient un jour de solennit�.

Je pleurai encore ici la communaut� des ursulines parce qu�il est joint � une tour antique tr�s �lev�e dont je parlerai. Voir le dessein n�1.

Me voici � la description des monuments existants � Autun.

Les murs de l�ancienne Bibracte ont environ huit pieds. D��paisseur le tems a tellement li� le ciment avec les pierres qu�ils forment � pr�sent une esp�ce de rochers difficile � casser m�me avec le marteau. Ces murs sont de mo�llons. Sans briques, ni pierres de taille, rev�tus ext�rieurement de petits grez de trois pouces environ d��paisseur. Sur quatre � cinq pouces de diam�tres, ils paraissent avoir �t� taill�s avec le plus grand soin et forment encore dans les endroits conserv�s une surface tr�s unie.

On peut juger de l�extr�me antiquit� des murs d�Autun parce qu�on dit Aminiau Marcelin qui vivait au troisi�me si�cle Lugduneusem primari Lugdunus ornat es cabilones es senones, es Biturigue es moenium augusto duni magnitudo vetusta. Voici les expressions de l�empereur Julien qui confiment le t�moignage de Marcelin compevit augustodine civitadis et antiquos muros spatiosi quidem ambitus, sed caviem vetustatis invalidos. Barbarum impetu repentino incessos.

On ne peut pas savoir positivement le nombre de portes qu�il y avait � Bibracte, mais suivant toutes apparences, elles �taient au nombre de quatre, dont deux subsistaient � pr�sent, l�une est la porte de Sens nomm� le portail d�Aroux, l�autre est celle de Langres que l�on appelle le portail de Saint Andr� � cause d�une petite �glise consacr�e � ce saint dans l�une des tours qui flanquaient cette porte on croit que cette tour a �t� un temple d�di� � Hercule, mais sans vraisemblance.

La premi�re de ces portes (dite d�Aroux) � neuf toises et demie de largeur, elle est compos�e de deux grandes arcades de deux petites et d�une grande galerie dont il ne teste qu�un c�t� (voir le dessein n� 2). L�ordre est Corinthien en pilastres. Cette porte prouve que les gens n��taient pas invent�s lorsqu�elle fut construite, car on y voit des coulisses de six pouces qui marquent l��paisseur de la porte; elle devait �tre d�un poids �norme et certainement on aurait pr�f�r� des pivots aux machines dont il fallait se servir pour le soutenir, si ce moyen simple eut �t� connu. Les chapiteaux des pilastres vont d�un tr�s bon gout, mais il y a dans les bases des disproportions, toutes les pierres sont pos�es les unes sur les autres sans ciment et les voutes (d�une tr�s belle forme) se soutiennent depuis tant de si�cles par la seule coupe de pierres.

La 2�me porte dite de Saint Andr� a dix toises de largeur, elle est moins riche et moins �lev�e que l�autre; mais plus compos�e, il y a des avant coups aux deux petites portes le point de voutes sous les deux premi�res grandes arcades (voir le dessein n�3). La galerie du second �tage d�ordre jonique est presque enti�re; il est bien �tonnant que des murs qui n�ont pas dix huit pouces d��paisseur, s�par�s d�environ dix pieds et �lev�s sans ciment, aient brav�s depuis tant de si�cles l�effet de l�air et des saisons. Un observateur � l�vit que ce poratil n��tait pas � coulisses comme l�autres, mais il pourrait s��tre tromp�: j�ai remarqu� des pierres us�es en ligne verticales qui probablement ont �t� entam�es par le frotement des portes, il est ais� de s�assurer que le second �tage de cet antique monument a �t� d�truit et r�tabli.

Les beaut�s des voutes, et de l�architecture du bas ne cadrent point avec les fautes qu�on observe dans les galeries, comme par exemple d�avoir fait porter � faux les bases des pilastres, et les tailloirs des chapiteaux; les ornemens d�ailleurs sont grossi�rement travaill�s et contrastent d�sagr�ablement avec des parties tr�s achev�es.

Ces remarquent donnent lieu de supposer que ce r�tablissement est de Constantin, �poque o� se perdit le gout de la belle architecture!

La capitale des Aeduens aient �t� saccag�e sous Tib�re par des paysans gaulois r�volt�s, Auguste, Caligula, Claude, form�rent successivement le projet de lui vendre son lustre et y contribu�raient. L�empereur Aur�lien fit venir pour cet effet des artistes d�Angleterre, Diocl�tien, tira des s�nateurs illustres des gaules et les �tablit � Bibracte (qui depuis deux si�cles portent le nom d�Augustodumium). Enfin le grand Constantin employa des l�gions enti�res aux travaux; on le regarda comme les restaurateur de la capitale des Aeduens et c�est par reconnaissance qu�elle prit le nom de Flavia du nom de famille de cet empereur. Je remarque que Constantin naquit l�an 274 et qu�en 314 St. Rethice assista au concile d�Arles comme �v�que d�Autun d�o� je conclus, que cette ville rendit un hommage bien court � son bienfaiteur.

Le portail de St Andr� est consid�rablement hors de son aplomb et touche peut-�tre � sa destruction totale; il semble que de pareils monuments devraient �tre entretenus mais�� les revenus de la ville s�employent bien plus utilement.

Lorsque l�on �rigea l�arc de triomphe du faubourg St. Antoine � Paris, monsieur Colbert envoia � Autun le Sieur Chevenot pour prendre des desseins de ces portes et en examiner la construction. Cet habile homme observa que les anciens laiss�rent de la pierre en batissant plus qu�il n�en fallait et qu�ils n��taient ce superflu qui quand l��difice �tait �lev�, par ce moyen les angles cass�s des pierres pesantes, ne paraissaient point ; et les joints �taient partout presque insensibles. J�observe que dans ces deux portes, il n�y a pas de pierres fendues par la gel�e ou par l�effet d�une fausse position, ce que prouve les gaulois se connaissaient mieux que nous l�esp�ce qui convient aux monuments publics, et que leurs ouvriers �taient plus intelligents que les n�tres.

Le temple de Janus est situ� hors de la ville � une partie dans la carabine de la rivi�re d�Aroux. C�est l� (comme je l�ai d�j� dit) o� les Aeduens faisaient la revue g�n�rale de leurs troupes.


Temple de Janus sur la rivi�re d�Arroux

Ce temple �tait quarr� ainsi que tous ceux consacr�s � ce dieu, et il n�en reste que deux c�t�s: les faces ext�rieures avaient cinquante deux pieds, les int�rieures trente neuf ou quarante, et les murs six � sept d��paisseur, voir mes desseins (n� 4, 5). Ils ont encore environ, soixante cinq pieds de hauteur et l�on peut pr�sumer que ce monument si solide, a �t� d�truit dans les temps de guerre pour oter aux Autunois une forteresse excellente.

L�int�rieur de la face qui est au midi, est d�cor� d�une arcade de dix huit pieds de hauteur, sur quatre d�enfoncement faisant les 2/3 de l��paisseur du mur; � cot�, sont deux niches de sept pieds de haut sur trois de large et au dessus trois crois�es construites de fa�on � porter la lumi�re du haut en bas. A l�int�rieur de la face qui regarde l�occident, il y a deux arcades pareilles � celles que je viens de d�crire et entre elles une grande niche de onze pieds d�hauteur sur dix de large dans laquelles probablement �tait plac�e l�idole; la porte �tait sans doute vis-�-vis de cette niche; et l�on montait pour entrer un perron dont on peut encore apercevoir le motif. Il est impossible de savoir si le temple �tait vout�; on sent qu�il ne pouvait y avoir qu�une voute de charpente; car en pierres, elle aurait eu trop d�port�e, rien n�annonce d�ailleurs qu�il fut couvert soit en d�me, en piramide ou en galerie: cependant il est certain par l��paisseur des murs que son �l�vation �tait tr�s consid�rable, il ne reste aucuns vestiges d�ornements mais on devine qu�il y en a l� par la discontinuation d�un enduit tr�s propre, qui subsiste encore dans quelques parties.


C�t� int�rieur de la cella

Fa�ade Ouest

Les murs sont de mo�llons sans briques ni pierres de taille;. j�ai l� dans un manuscrit que m�a communiqu� M. Lef�vre, homme d�esprit et avocat de cette ville, qu�on y a trouv� des fragments de solives de chesnes parfaitement conserv�es ; c�est peut-�tre l�unique fois , que l�on ait v� du bois sain employ� depuis trente si�cles, les moyens dont nous nous servons pour emp�cher le contact au bois et du mortier, sont donc des pr�cautions inutiles.

On a pr�tendu que cet �difice avait �t� une maison de p�age parce qu�on y a trouv� des monnayes mais pourquoi des niches dans une maison de p�age? On voit encore qu�il y a eu aux environs de ce monument, des batiments consid�rables. J�ai lu dans le m�me manuscrit que je viens de citer, que la rivi�re de Tavernay aiant d�bord�e avec violence, emporta beaucoup de terre, et d�couvrit des vestiges de chambre, de c�lules, de pav�s, de mosa�ques et de ciment color�. Ces batiments �taient peut-�tre la demeure des pr�tres de Janus.


Dieu Romain Janus (statue au Vatican)

Des contradicteurs objectent que Janus ne pouvait pas �tre plac�s dans une niche parce qu�il avait quatre t�tes et que l�on le pla�ait sur un pied d�estat, pour �tre v� de tous les c�t�s, mais ils ne savent pas sans doute qu�il y avait deux repr�sentations de cette divinit� Janus Quadrifons et le Janus G�minus. Ce dernier plac� dans une niche, devait montrer au moins ses deux profils et il est � croire que c��tait celui � qui on rendait hommage � Bibracte.

Les anciens ont cru que Janus pr�sidait � la garde des portes (janua) ils le regardaient d�ailleurs, comme le dieu qui avait donn� l�id�e de la navigation : voil� sans doute pourquoi les Aeduens � l�imitation des grecs ont plac�s son temple � peu de distance des portes principales et pr�s de la rivi�re.

Le temple de Pluton situ� au bout du pont d�Aroux, et tellement ruin�, qu�il ne reste absolument que la forme circulaire. J�ai fait quelques recherches pour savoir si les vestiges ont r�ellement appartenu � un temple et je n�ai rien trouv� qui puisse �tayer cette opinion. St. Julien de Baleure (� ce que j�ai lu dans un ancien manuscrit) assure qu�on y a v� des vestiges d�oiseaux an sculpture, ce qui peut faire soup�onner que ce pr�tendu temple �tait la tour des augures. Il est cependant certain que les Aeduens non seulement recevaient le dieu des enfers sous le nom de Dis mais qu�ils faisaient remonter � leur g�n�alogie jusqu�� lui. Il reste bien peu de choses de cet amphith��tre dont le p�re Montfaucon donne un plan si magnifique sur les desseins d�Aub�ry et dont il parle si peu. Il avait quatre �tages, et surpassait par son �tendue, sa hauteur, son architecture et ses statues celui de N�mes qui �tonne encore. Dans quel temps, �tait-il qu�Aubery la dessine? C�est sur quoi le p�re Montfaucon garde le silence.

Et il est vraisemblable que les magistrats, anciennement, ont permis aux citoyens de prendre des pierres dans cet amphith��tre comme dans une carri�re, et qu�� force d�en oter, il s�est trouv� tout a fait ras�. Il est encore tr�s probable que la porte des marbres est faite des d�bris de cet amphith��tre. On y voit des pierres sur lesquelles il y a (la sculpture) des bras, des jambes, des t�tes, des draperies, une t�te de cheval qui certainement on appartenus � quelques grand �difices. Si Montfaucon et Aub�ry ont fabriqu� les d�corations de cet �difice, ils ne pouvaient dire comme l�avioste, que l�architecture de l�imagination est peu dispendieuse. Le fait est qu�il a exist� un tr�s vaste amphith��tre � Autun, et m�me deux; on voit encore la place de l�un et quelques vestiges de l�autre, qu�on appelle vulgairement les caves joyaux ; ce sont des petites voutes plac�es circulairement, sui sans doute soutenaient le dernier �tage. On voit les places encore des gradins sur le penchant de la colline, mais il n�en reste pas le plus petit fragment. Un curieux attir� par le dessein d�Aub�ry se voit bien �tonn� de trouver � la place de ce superbe monument un champ labour�. Cette remarque doit au moins faire na�tre des doutes sur les faits. Les gravures et les plans que donne ce volumineux �crivain.

Il y avait � Autun (suivant Comenius dans sa harangue pour la restauration des �coles) un temple d�di� � Apollon plac� au milieu de la ville (opus istud illustruis quod proecipus est loco positum quasi inter ipsos oculos civitatis nimirum inter apollinis templum at que capitatium) cette d�signation conduit aux environs de la porte des marbres, o� l�on voit un peu de muraille antique qui pouvait bien �tre un fragment de ce temple. L�auteur d�un manuscrit que je tiens de Monsieur Leseure, observa judicieusement que l�ancienne rue est align�e � cette muraille.qu�une rue ne traverse pas un temple, et que vraisemblablement ce mur a appartenu � une place publique o� �tait l��cole d�Comenius. Dans ce cas, le temple d�Apollon devait occuper la place du grand s�minaire. Je lis dans un autre m�moire qu�en nettoyant le puit de cette vaste maison, on trouva une plaque de cuivre sur laquelle �tait �crit ces mots; dedi Bibracte signatum (pour assignation sans doute) beaucoup de m�dailles, et un service antique de cuivre dor� dont Monsieur de Roquette, �v�que d�Autun s�est empar�.

Il y avait encore � Autun, un coll�ge de Druides plac� sur la montagne encore appel�e Mont-Dru (mons Druidarum). Il en reste quelques pierres �parses, mais point de vestiges qui puissent d�signer positivement le lieu o� il �tait. On sait que les druides �taient les pr�tes, les juges, les philosophes, les astronomes des gaulois; qu�ils �lisaient le vergobret, ou souverain magistrat, qu�ils initiaient les jeunes gens dans les sciences, qu�ils avaient le pas avant les nobles, que leur chef (couronn� de chesne) portait un sceptre, qu�ils immolaient sur les autels les prisonniers de guerre, que pour honorer leur m�moire on bordait leurs cr�nes alors, et que l�on s�en servait comme de vases. On sait encore qu�il y avait des druidesses de trois esp�ces, les unes vou�es � la chastet�, les autres mari�es et les troisi�mes faisaient les fonctions de servantes comme les s�urs converses de nos couvents. Les mari�es ne voiaient leurs maris qu�une fois l�ann�e pour leur donner des h�ritiers. Cette loi renvoie au moins certaine la qualit� de p�re et il est probable que chez des gens sages, elle suivait toujours l�entrevue.

Les naumachies chez les Aeduens �taient des pi�ces d�eau sur lesquelles on repr�sentait des combats navals avec des chaloupes. Il y en avait une c�l�bre � Bibracte pr�s de l�amphith��tre que le temps a chang� en une vaste prairie appartenante � l��v�que.

Les Aeduens avaient plusieurs polijandres ou cimeti�res aux environs de la ville, on n�enterrait chez eux dans l�int�rieur des murs, que les gens de la plus haute distinction.

Il y a des vestiges des polijandres pr�s du pont d�Arroux et de St Andoche; � Couhard (au champ dit des urnes) ou l�on a trouv� des vases cin�raires, de lampes, des lacrymatoires. A St. Pierre l�Etrier on est encore dans une esp�ce de petite chapelle, le tombeau de St. Amator premier �v�que d�Autun. Le plus c�l�bre monument des polyandres est celui qu�on appelle vulgairement la pierre de Couhard. C�est une masse en ma�onnerie ou mo�llon faite dans le gout des piramides d�Egypte ou plut�t du tombeau de Costius � Rome, j�en donne le dessein � peu pr�s n�6 n��tant pas possible de la faire exact � cause des d�gradations. On ignore son ancienne hauteur, mais on peut calculer qu�elle a eu quatre vingt pierres de base. L�abb� Jeannin de Castille fit percer ce monument horizontalement l�an 1640 pour en conna�tre l�int�rieur, mais il s�y est mal pris, il fallait faire fouiller autour et chercher l�entr�e d�une route qui vraisemblablement existe. Il y a diverses opinions sur cette piramide. Les uns disent que c�est le tombeau de Divitiacus c�l�bre Aeduen ami de Caesar et de Cic�ron. D�autres soutiennent que c�est un fanal plac� de ce c�t� � cause de la difficult� des chemins. Il est vrai qu�elle est pos�e sur une colline de fa�on � �tre vue de loin et de plusieurs c�t�s. Voici une anecdote relative � ce monument que je trouve dans un manuscrit original qui m�a �t� confi� par Monsieur Quarr�. Sous le r�gne de N�ron, il y eut une r�volte presque g�n�rale dans les gaules occasionn�e par les vexations du prince et l�avarice du gouvernement. Sacrovir, seigneur Aeduen, s�associa aux anglais et aux francs comtois et se mit � la t�te de trente mille jeunes gens sans exp�rience. Apr�s la d�faite des anglais et francs comtois, les romains r�unirent leurs forces pour vaincre Sacrovir qui s��tait camp� pr�s d�Autun, dans l�esp�rance d�avoir des secours, mais les Aeduens lui refus�rent non seulement des abris mais encore des vivres.

Sabinus qui commandait quatre l�gions romaines apprenant l��tat de faiblesse de Sacrovir vint l�attaquer. Celui-ci gagna les hauteurs et se retrancha sur la montagne actuellement nomm�e Brisecou mais s�apercevant qu�il lui �tait impossible de r�sister � Sabinus, il prit le parti d�sesp�rer de se tuer et tous ses amis pour suivre son exemple se �massacr�rent les uns les autres. Les romains et les Aeduens de concert �rig�rent une piramide dans l�endroit o� se passa cette horrible sc�ne et voil� dit l�auteur du manuscrit la v�ritable origine de la pierre de Couhard. C�est donc, ajoute-t-il un monument de la fureur. Voici ce que j�ai pu trouv� dans tacite qui a rapport � cet �v�nement.

�en la m�me ann�e les villes de la gaule charg�e de dettes et d�imp�ts se r�volt�rent. Julien Flovus ciment la s�dition dans Tr�ves et Sacrovir � Autun (Taci. Vol. 1 an. 8 page 217, traduction de Perrot Dablancourt Edition de 1688)

�Dans Autun, elle fut bien plus dangereuse, � cause que l��tat �tait plus puissant et le secours �loign�. D�ailleurs comme c��tait l��cole de la noblesse des gaules qui �tait instruite aux lettres, et aux exercices de la jeunesse, Sacrovir s�en saisit pour avoir un gage de l�affection de leurs p�res et leur mit entre les mains des armes qu�il avait fait faire secr�tement (ibidem page 220).

�Sacrovir s�enfuit d�Autun et craignant d��tre livr� aux ennemis s�enferma dans un ch�teau voisin o� d�sesp�rant de ses affaires il se tua. Ceux qui l�avaient suivi s�entredonn�rent la mort � son exemple (ibidem page 224).

Bud� et Chassaneul ont pr�tendu que la pierre de Couhard �tait un tombeau. Voici le r�sultat d�une longue conf�rence qu�ils eurent � ce sujet sur les lieux, en pr�sence de Fran�ois 1er (et Statin oration audita adillau accessit, et amplissinuis

On a trouv� � St. Emiland, village entre le bourg de Couches et Autun, une infinit� de tombeaux dans lesquels il y avait des lances, de piques, des sabres cass�s.


Bourg de Couches

L�auteur d�un autre manuscrit (que poss�de Monsieur Leseure) pr�tend que c�est l� o� Sacrovir fut d�fait. Et que ces tombeaux si multipli�s, sont ceux des jeunes Aeduens qui ont �t� ramass�s sur le champ de bataille par leur parens. Ces opinions ne tiennent ici leurs places que comme conjectures, elles sont trop vagues pour les avancer comme des faits historiques.

Eumenius parle dans les harangues d�un Capitole � Autun fait � l�instar de celui de Rome dans lequel �tait un magnifique temple d�di� � Minerve. Il n�en reste point de vestiges, mais la d�signation qu�en donne cet orateur fait croire qu�il �tait pr�s du champ de mars � pr�sent la grande place, on a trouv� en batissant le couvent des cordeliers les fondations d�un �difice immense, des morceaux de marbres et m�me des fragments de Statues qui ont servis � faire de la chaux. On pr�sume que ces d�bris ont �t� opportuns � ce fameux capitole, mais j�ose croire d�apr�s mes propres remarques que la belle tour dont j�ai donn� le dessein n� en est un fragment.

Mon opinion est fond�e sur ce que le capitole devait �tre sur une �l�vation comme le mont Tarp�ien. Sur ce que le lieu de cette tour s�appelle le ch�teau enfin sur ce que le terrain des cordeliers d�Autun est un des plus bas de la ville.

Il subsiste des anciennes rues de Bibracte, deus d�bris assez remarquables. L�un est pr�s de la porte d�Arroux, l�autre vers la porte des marbres. La distance qui les s�pare est consid�rable, mais ils s�alignent si parfaitement qu�on peut les regarder comme ayant appartenu � la m�me rue. Ces pav�s ont g�n�ralement une surface de six � neufs pieds quarr� et l�on a remarqu� que les carri�res des environs d�Autun n�en produisent point de semblables, ils sont tous de formes diff�rentes et ont �t� plac�s avec tant de soin qu�il se voit encore difficile de passer entre eux la lame d�un couteau. Leur duret� est telle que les outils de nos paveurs s��moussent en les frappant comme s�ils �taient de plomb. Cette pierre est un granit trop beau et bien poli. Monsieur Dauville, dans son m�moire plein d��rudition et de remarques judicieuses a prouv� que ces pav�s ont fait partie d�un des quatre grands chemins que fit faire dans les gaules Aggripa gendre d�Auguste et que ce chemin traversait la ville.

On observe qu�aux deux c�t�s des rues de Bibracte, il y avait des banquettes �lev�es de 15 � 18 pouces pour les gens � pieds, mais on ne peut en d�terminer la largueur. Apr�s avoir parl� des rues, je dois dire quelque chose des chemins. Il y en a de tous c�t�s qui annoncent l�existence et la richesse d�une ville tr�s consid�rable.

Pour peu que l�on fasse attention � leur construction, on ne doutera pas qu�ils ne soient des romaines.

Il est certain par la petitesse des pierres et la mani�re dont elles sont rang�es que les entrepreneurs d�alors avaient beaucoup d�intelligence et les ouvriers beaucoup de patience puisqu�ils nous ont laiss� de si bons mod�les; puisque nous avons le m�me sol et les m�mes mat�riaux, pourquoi ne les imitons nous pas? On calcule � pr�sent la surface et non la dur�e, or il en r�sulte qu�un travail fait aux d�pens des malheureux et dont l�objet est l�utilit� publique ressemble � celui de P�n�lope. Monsieur Thomas a parl� de deux chemins souterrains � Autun dont l�un allait de la porte St Andoche � Beuvray; l�autre du portail d�Arroux tr�s avant dans la plaine. J�ignore s�ils ont exist�s, mais il n�en reste pas les moindres traces.

Voil� ce que j�ai pu rassembler touchant les monuments existants � Autun. Avant de finir, je vais disserter un peu sur leur antiquit�.

Il n�y a pas d�apparence qu�ils aient �t� �lev�s ou tenus de Caesar comme on le croit car il en aurait parl� dans ses commentaires d�autant plus qu�il passa un hiver � Autun apr�s la conqu�te d�Alise. D�ailleurs on peut remarquer par les proportions des colonnes antiques qui sont � l�abbaije de St. Martin qu�elles ne sont pas romaines. Tout le monde sait que les grecs ont emprunt� l�architecture des Egyptiens et que les proportions qu�ils ont donn� � l�Europe ont �t� perfectionn�es par les Romains, or le colonnes de St Martin d�ordre corinthien ont en hauteur (compris la base et le chapiteau) 9 diam�tres qui est la proportion des grecs. Vitruve qui d�dia � Auguste son excellent trait� d�architecture) donnait dix diam�tres � ses colonnes corinthienne et tous ses successeurs se sont assujettis � cette r�gle donc les colonnes de St Martin sont ant�rieures � Auguste. On ne voit dans les monuments d�Autun aucuns chapiteaux. Selon les r�gles de Vitruve tous sont pesants et d�nues de la gr�ce que leur donnait cet habile architecte. Les premi�res feuilles d�achante ont bien le tiers du panier mais les grands qui devraient avoir le double de celle-cy sont extr�mement courtes. Les volutes d�ailleurs sont trop petites, les tailloirs trop massifs et charg�s d�ornement de mauvais gout, les bases s��loignent encore trop des proportions de Vitruve, pour qu�on puisse les regarder comme architecture romaine d�o� les Aeduens ont-ils donc tir� leur architecture? On peut r�pondre des phoc�ens qu�ils peuvent conna�tre � Marseille plus d�un si�cle avant que les romains eussent envoy� � Ath�nes chercher les loix de Solon.

Il me reste � parler des aqueducs qui sont assez nombreux. Les plus remarquables sont celui de Brisecou (il est � pr�sent couvert de gros arbres, et l�on pr�tend qu�il conduisait les eaux du Mont St. Jean � la monarchie) celui du St. Laurent au pied des murs de la ville pr�s de l�amphith��tre qui � pr�sent est une fontaine, celui qui est en bas de St. Jean l��vang�liste, un quatri�me deri�re les murs du c�t� de Riveau, celui-ci fournit encore de l�eau. Enfin, un cinqui�me entre les ponts d�Arroux et St. Andoche. On a fait la d�couverte d�un autre aqueduc tr�s consid�rable il y a environ 20 ans en batissant le mur de l��v�ch� du c�t� du baillage et il s�en est trouv� un dans le jardin des cordeli�res dans lequel un homme � cheval pouvait ais�ment passer. Ces monuments sont des t�moignages bien certains de la splendeur de Bibracte. Quant � la belle fontaine n� 7, plac�e pr�s de la cath�drale, elle est d�ordre Jonique � Corinthien, c�est un mod�le de bon gout et d��l�gance,mais on ne peut pas la regarder comme un monument antique, du moins elle n� a pas le caract�re de l�architecture grecque ou romaine.

Je n�ai point parl� de la belle colonne de Cuss� parce qu�elle n�est pas sous mes yeux. Elle a donn� lieu d�ailleurs � tant de dissertation que je serais forc� de r�p�ter ce que les autres ont dit. On sait que messieurs d�Ecutigny et Morlet firent fouiller aux environs, et trouv�rent les ossements de plusieurs personnes. Cela n�a pas emp�ch� qu�on ne la vut (je ne sais trop pour quoi) une colonne h�raldique et non un mausol�e.

On a peine � concevoir comment il peut rester si peu de choses d�une ville aussi magnifique et comment tant de monuments si consid�rables et si solides se sont an�antis. C�est le cas d�appliquer une r�flexion de M. Buffon.

� Nous ne pouvons juger qu�imparfaitement de la succession des r�volutions naturelles par le d�faut des monuments historiques, il nous manque de l�exp�rience et du tems et nous ne faisons pas r�flexion que le tems ne manque pas � la nature, nous voulons rapporter � l�instant de notre existence les si�cles pass�s sans compter que la vie humaine �tendus autant qu�elle peut l��tre par l�histoire n�est qu�un point dans la dur�e �

Ce m�moire contient des choses ignor�es de la plus part des autunois, et d�clare en devoir les math�riaux � Ms. Quarr� et Leseure de cette ville et j�avoue que les avis de ce dernier m�ont �t� tr�s utiles pour les connaissances locales qu�un �tranger ne peut avoir.

Je prends la libert� de l�offrir � l�acad�mie de Dijon et je me trouverai bien d�domag� de mon travail si elle daignait le regarder favorablement.