Granier (original) (raw)
le tronçon septentrional des hauts plateaux du massif de la Chartreuse
Cette montagne correspond à l'extrémité septentrionale des hauts plateaux de la Chartreuse orientale qui culmine du côté sud à plus de 1940 m (pas de point coté sur la carte) et dont le sommet nord est coté 1933 m. C'est un vaste plateau lapiazé, d'environ 2,5 km de long, qui appartient en totalité au flanc ouest du grand synclinal oriental de la Chartreuse, ici comme presque partout doucement déclive vers l'est.7
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**Le Granier et les hauts plateaux de la Chartreuse orientale,**vus d'enfilade, depuis le nord (d'avion)
On a indiqué par des lignes de tirets rouges les limites des formations stratigraphiques qui sont superposées dans la face nord du Granier.
d.P = décrochement (mineur) des Pinchérins ; le compartiment du Granier sud, situé en arrière de cette faille, est abaissé (en raison de son pendage) par rapport à celui du Granier nord : dans le premier l'Urgonien supérieur est largement conservé, alors qu'il est presque totalement enlevé par l'érosion dans le second.
Pour ne pas surcharger la figure on n'a pas indiqué le tracé du décrochement de l'Alpette, qui est d'ailleurs masqué (on peut le voir sur un autre cliché du versant est de la montagne). Noter l'inversion du pendage qui existe, de part et d'autre de cet accident, entre l'extrémité gauche du plateau du Granier (qui appartient au flanc ouest du synclinal Chartreux oriental) et la crête des Rochers de l'Alpe qui se profile en arrière-plan et qui appartient au contraire au flanc oriental du synclinal, décalé vers la droite par le décrochement de l'Alpette (voir plus d'explications sur ces problémes de rejet des décrochements).
Sur le versant Grésivaudan de la montagne l'érosion qui a ouvert la vallée de l'Isère a complètement enlevé l'Urgonien du flanc oriental du synclinal. Cette originalité par rapport au relief en val suspendu qui caractérise tout ce pli plus au sud, à partir de la Porte de l'Alpette, est due à l'importance du rejet dextre du décrochement de l'Alpette (voir la page "col de l'Alpette") : en repoussant aussi loin vers l'est ce tronçon du synclinal cela l'a exposé plus fortement à une érosion qui tendait apparemment à régulariser l'alignement des falaises de la rive droite du Grésivaudan.
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Le revers oriental du Granier et le rebord subalpin plus méridional, vu du nord-est, d'avion, depuis l'aplomb des Marches.
Le rebord subalpin, vu d'enfilade, montre ici son profil caractéristique, avec le ressaut intermédiaire qui soutient le plateau des Petites Roches. On voit également le long fond de bateau dessiné par l'Urgonien du synclinal chartreux oriental (s.O), entre sa proue méridionale, à la Dent de Crolles, et sa poupe septentrionale, au Granier.
La corniche tithonique s'abaisse progressivement vers l'avant du cliché, pour s'effacer sous les alluvions quaternaires en abordant la trouée de Chambéry (limite inférieure du cliché) : c'est à cette dernière qu'est due l'interruption du synclinal oriental dans la face nord du Granier.
d.A = décrochement de l'Alpette ; d.CA = décrochement du col de l'Alpe ; d.P = décrochement (plus mineur) des Pinchérins.
L'imposante falaise de la face nord du Granier, bien visible depuis Chambéry, se singularise par sa hauteur d'un seul jet qui fait qu'elle constitue un abrupt presque continu depuis les marnes de Narbonne jusqu'au sommet de l'Urgonien inférieur. L'explication en est qu'elle s'est formée tout récemment, en 1248, par l'arrachement en bloc d'un pan de montagne, haut de près de 1000 m.
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La face nord du Granier : détail de la falaise, vue depuis la D912, 1 km au nord du col du Granier (N.B. le point 1905 n'est pas le sommet du Granier nord : ce dernier, coté 1933 se trouve 300 mplus en arrière).
Cet abrupt, haut de 800 à 900 m au total, a été créé par l'éboulement de 1248 mais ravivé depuis. On distingue une zone d'arrachement frais, reconnaissable à sa teinte jaunâtre, au tiers gauche de la falaise sommitale (cette cicatrice s'est ravivée à l'occasion de plusieurs éboulements successifs, depuis de départ d'une première tranche dans les années 1960).
Uis = barre supérieure de l'Urgonien inférieur ; psO = niveau lité des "pseudo couches à Orbitolines" ( 20 m. ; voir la page "Urgonien") ; Uii = masse principale (inférieure) de l'Urgonien inférieur (360 m.).
d.G = décrochement dextre du pied de l'éperon nord-ouest du Granier : il s'agit d'une cassure mineure, qui n'a qu'une vingtaine de rejet vertical. Malgré cela elle a pu servir de ligne de faiblesse à partir de laquelle s'est détaché le paquet qui s'est éboulé en 1248. En effet son plan est presque tangent à la face rocheuse (son tracé dessine des sinuosités qu'il ne ferait pas s'il était orthogonal à la paroi) et celle-ci ne se développe dans toute sa pureté qu'à gauche du rentrant de la ravine que la cassure a déterminé.
En 1248 ce panneau rocheux a glissé vers l'est sur les dalles structurales de la base du niveau des marnes de Narbonne, faiblement pentées dans cette direction, comme tout le flanc ouest du synclinal chartreux occidental (auxquelles elles appartiennent ici). Puis il s'est disloqué et ses matériaux se sont étalés jusqu'à l'actuel village de Myans en formant les Abîmes de Myans.
pour en savoir plus sur l'éboulement de 1248, voir la page "Chapareillan".
ÉBOULEMENTS RÉCENTS :
Le 9 janvier 2016 le versant ouest de l'éperon nord-occidental (portant la croix), déja sapé par le détachement de petits toits en surplomb, s'est effondré pratiquement jusqu'au rebord sommital.
Le 7 mai 2016 a débuté une série de petits éboulements résultant de la purge naturelle des éperons rocheux instables du sommet de la ravine du "Trou du Diable", située en retrait de la face nord du côté gauche (oriental).
L'éperon nord-occidental du Mont Granier (et le sommet nord), vus du SW, avant et après l'éboulement du 09 janvier 2016 (clichés originaux obligeamment communiqués par M. Christophe PERRIER)
Le versant ouest de la montagne montre, sous la falaise urgonienne, une pente boisée qui est assez régulière car elle est garnie d'un glacis fortement incliné d'éboulis anciens, souvent à gros blocs et cimentés en brèches de pentes. Les couches de son substratum ne sont mises à nu que par les entailles de ravins relativement récentes, comme celle du torrent de l'Aileret au pied de la grotte des Pinchérins et surtout celles du cirque de La Plagne au pied du Granier sud (un culot déboulis anciens subsiste dans le rentrant SE du cirque, là où le sentier du col de l'Alpette trace sa pile de lacets).
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Le versant occidental du Granier vu de l'ouest, depuis le sommet sud de l'Outheran (le village du Désert est caché derrière les feuillages de premier plan du cliché).
Depuis les pentes tombant sur le col du Granier jusqu'au bord gauche du cirque de La Plagne s'étend un talus boisé à pente régulière (mais forte), dû à ce que ce versant est couvert par une nappe d'éboulis anciens.
d.A = décrochement de l'Alpette ; d.P = décrochement des Pinchérins ; a.P = anticlinal de Perquelin ; s.S = synclinal du Sappey ; Ø3 = chevauchement de la Chartreuse orientale.
La ligne de crête du rebord occidental du plateau du Granier est peu accidentée, en dépit de son franchissement par le tracé du décrochement des Pinchérins. Par contre sur le revers oriental cette faille secondaire, qui aboutit au Pas de La Porte (ne pas confondre avec la Porte de l'Alpette), détermine un ressaut qui regarde vers le SE et délimite le saillant vers l'est qui caractérise la partie méridionale de ce plateau (voir les premiers clichés de cette page).
Cete ligne de crête s'infléchit un peu vers l'est à partir du sommet méridional du Granier en formant le rentrant septentrional du cirque de La Plagne (voir la page "La Plagne") Elle s'abaisse d'abord progressivement vers le col de l'Alpette par un versant coupant en biseau les couches supérieures de l'Urgonien.
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L'extrémité septentrionale des alpages de l'Alpette, vue du sud-est d'avion
d.A = décrochement de l'Alpette ; s.O = synclinal oriental : noter le plongement vers le nord de son axe, qui a pour effet que deux niveaux un peu plus résistants du Sénonien dessinent des arcs concentriques ouverts dans cette direction.
pcO = pseudo-couches à Orbitolines dans l'Urgonien inférieur.
Mais la partie inférieure de ce versant du sommet sud du Granier s'effondre brutalement sur les prairies du col de l'Alpette, tranchée par une assez longue ligne de falaises orientée NE-SW de façon presque rectiligne Ces dernières, qui ne sont franchies que plus à l'est par le sentier du Pas des Barres, sont déterminées par la grande faille du décrochement de l'Alpette (voir la page "col de l'Alpette").
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Les falaises méridionales du Granier, vues du sud-ouest, depuis la lisière orientale des alpages du col de l'Alpette ("combe des Arches").
d.A = décrochement de l'Alpette ; s.O = synclinal chartreux oriental (son axe, orienté N-S, c'est-à-dire à environ 45° de la ligne de falaise, plonge doucement vers l'arrière droit).
Observer que d'un bout à l'autre de la falaise les couches urgoniennes conservent un pendage vers l'est (c'est notamment le cas pour le niveau des "pseudo-couches à Orbitolines qui déterminent la vire d'accès au Pas des Barres). Pourtant, dans le compartiment méridional, le Sénonien qui forme les prairies est ployé par la charnière du synclinal oriental, dont l'axe est sectionné par le décrochement nettement plus à gauche que le Pas des Barres : cette observation met bien en évidence le rejet décrochant dextre de la cassure.
La bosse herbeuse dominant la Porte de l'Alpette est formée par la Lumachelle de la lèvre sud du décrochement, qui est portée en relief à la faveur d'un petit repli anticlinal de la Porte de l'Alpette (voir la page "col de l'Alpette").
légende des couleurs et des figurés
Tableau général des pages consacrées aux différents secteurs du chaînon des Hauts de Chartreuse :
Ce secteur est visité par les itinéraires du fasciculen°1F Carte géologique simplifiée (fond topographique d'après la carte IGN au 1/100.000°)
carte géologique au 1/50.000° à consulter : feuille Montmélian
N.B. Les localités entre parenthèses appartiennent à une autre section du site et leur page s'ouvrira avec l'en-tête correspondant à cette dernière.
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Dernières retouches apportées à cette page le15/06/24