Halevi (original) (raw)

For One Democratic State in the whole of Palestine (Israel) FOR FULL EQUALITY OF NATIVE AND ADOPTIVE PALESTINIANS
Encore une fois � propos du sionisme et de l'antis�mitisme Par Ilan Halevi R�ponse � Hal�vy : Response to Hal�vy 28 mai 2003 D�cid�ment, on n'en sort pas. Toutes les tentatives de d�passer le faux d�bat sur le sionisme et l'antis�mitisme se heurtent � la r�surgence obstin�e de ces th�mes dans le d�bat politique public aussi bien que dans le d�bat interne au mouvement de solidarit� avec le peuple palestinien. Tout r�cemment encore, la �question�, comme on disait en France il y a un si�cle � propos de l'Affaire Dreyfus, a �t� pos�e, et bien mal pos�e, au sein du mouvement anti-guerre, lorsque face � divers d�bordements et d�rapages, pas seulement verbaux, au cours des manifestations de rue, les Socialistes et les Verts fran�ais ont pris la d�cision doublement funeste de bannir l'antisionisme du mouvement et de ne pas autoriser l'�vocation de la Palestine. Elle s'est �galement impos�e, � une �chelle r�duite, avec la pol�mique suscit�e par la publication, dans l'excellent bulletin d'information produit depuis plusieurs ann�es par la section marseillaise de l'AMFP, d'un article du journaliste Isra�l Shamir, qui a d�clench� une mini-temp�te de divisions au sein de l'AFPS elle-m�me. Nous y reviendrons. � l'origine de ces remous, il y a, il n'en faut pas douter, le terrorisme id�ologique exerc� par les sionistes eux-m�mes, dans leur volont� d'amalgamer � l'antis�mitisme toute critique de la politique, des pratiques ou des discours isra�liens. Je dis bien terrorisme, dans la mesure o� ces vocif�rations s'accompagnent de menaces, de pressions, d'intimidations, d'appels au boycott, voire au meurtre contre des intellectuels, des artistes, des universitaires, des juristes, et bien s�r des militants. Ce qui surprend, cependant, c'est la soumission quasi imm�diate de personnalit�s et de forces pourtant bien implant�es dans la r�alit� politique et culturelle fran�aise � ce chantage, dont la LICRA et ses satellites et clients, au premier rang desquels il faut placer les mercenaires de SOS racisme, et la brochette d'intellectuels et de ma�tres-penseurs qui se sont r�cemment distingu�s par leur alignement vocif�rant sur le discours am�ricain � propos de l'Irak, constituent le vecteur le plus visible. Cette soumission sugg�re une vuln�rabilit� o� entre une dose certaine de mauvaise conscience, elle-m�me reflet de la persistance de regrettables confusions conceptuelles. TOP D'o� la n�cessit� de revenir � des d�finitions de base et de clarifier, au risque pour moi d'�tre r�p�titif, vu le caract�re chronique du besoin d'intervenir � ce sujet, les �l�ments de ce d�bat. Depuis la fin du XVIII�me si�cle, en Europe, on appelle antis�mitisme la haine des juifs, que l'on peut correctement nommer jud�ophobie. Le terme d'antis�mitisme a �t� forg� par les jud�ophobes eux-m�mes pour tenter de donner au concept un air de scientificit�, en conformit� avec la toute nouvelle �science� des races. C'est bien �videmment une double absurdit�, non seulement parce que l'existence m�me des races est r�fut�e par l'�tat actuel des connaissances sur l'esp�ce humaine, mais aussi parce que l'id�e m�me d'une ethnie �s�mitique� est une projection infond�e qui plonge ses racines dans la g�n�alogie tribale partisane dont la Bible r�percute l'�cho. Comme le disait feu le chancelier autrichien Bruno Kreisky, parler de race aryenne ou s�mitique est � peu pr�s aussi scientifique que de parler de langues blondes! Dans ces conditions, l'emploi m�me du terme d'antis�mitisme rec�le d'insondables ambigu�t�s, et il sert aujourd'hui essentiellement � placer le racisme antijuif - la jud�ophobie - dans une cat�gorie � part, distincte du racisme en g�n�ral, et qu'il faudrait combattre (ou �comprendre�) s�par�ment du racisme en g�n�ral. Ainsi, le nom m�me de la LICRA, qui �nonce le racisme et l'antis�mitisme, comme s'il s'agissait l� de deux ph�nom�nes distincts, proc�de-t-il de la mystification id�ologique, laquelle sert des fins politiques bien pr�cises. Il faut d'ailleurs rappeler que la LICRA s'est d'abord longtemps appel�e LICA, et n'a modifi� son sigle, dans la foul�e tardive de la d�colonisation, que pour �chapper � l'accusation en l'occurrence parfaitement justifi�e de ne se soucier nullement des victimes non juives des autres formes de racisme. TOP Quoi qu'il en soit, la haine des juifs, en tant que variante de la x�nophobie et du racisme, qu'on l'appelle ou non antis�mitisme en se pliant � une convention de langage scientifiquement infond�e, mais impos�e par l'histoire, existe bien. Elle a �t� nourrie, en Occident chr�tien, d'un antijuda�sme th�ologique persistant et s�culaire, qui a d�bouch�, � l'�poque moderne, sur ce que Drumont, un des fondateurs de l'antis�mitisme fran�ais, appelait �l'anticapitalisme national�: ce �socialisme des imb�ciles� dont parlait Lassalle, et dont le �national-socialisme� allemand repr�sente la monstrueuse excroissance. II est essentiel de replacer la jud�ophobie dans ce contexte, et de ne pas l'isoler en la pla�ant dans une cat�gorie unique, une fois encore � part, comme le font tout � la fois les �philos�mites�, pour qui elle repr�sente le summum de l'abomination, et n'est par d�finition pas comparable, ou �banalisable� dans le ph�nom�ne du racisme en g�n�ral, et les indigents de l'analyse, qui s'imaginent qu'on peut comprendre ou excuser le racisme � l'encontre d'un groupe humain si ceux qui parlent en son nom, ou certains de ses membres, commettent des actions r�pr�hensibles ou condamnables. Dans l'imaginaire europ�en, en particulier, le caract�re de classe de la haine des juifs, haine per�ue comme ressentiment populaire � l'encontre d'un groupe d�nonc� comme privil�gi�, la distingue du racisme colonial, con�u comme m�pris des ma�tres � l'�gard des esclaves. Il convient d'ailleurs, dans ce contexte, de prendre acte du caract�re classiquement �antis�mite� du discours anti-arabe actuel, o� les princes du p�trole tiennent le r�le traditionnel de l'usurier ou du financier juif, tout en finan�ant la subversion et le terrorisme, � l'image du st�r�otype nazi de la grande banque juive finan�ant le bolchevisme. TOP La r�alit� est qu'en d�pit des crimes commis par le gouvernement isra�lien; en d�pit du soutien de la majorit� des �lecteurs isra�liens � la politique criminelle de ce dernier; en d�pit du fait que ces crimes sont commis, non seulement au nom de l'�tat d'Isra�l, mais au nom du �peuple juif� tout entier, et en d�pit du fait que la majorit� des juifs du monde entier autorisent les organisations communautaires qui parlent en leur nom � cautionner cette politique, le d�rapage dans la g�n�ralisation raciste antijuive reste tout � la fois analytiquement injustifi�, moralement infond�, et politiquement nuisible. Lorsque ce d�rapage s'op�re chez les victimes directes de l'entreprise sioniste en Palestine, il peut �tre per�u comme une expression parmi d'autres de ce que Maxime Rodinson appelle le �chauvinisme de guerre�, dont le slogan fran�ais de la Grande Guerre, �� chacun son Boche!�, aux implications franchement g�nocidaires, repr�sente un cas extr�me. Lorsqu'il s'op�re dans la p�riph�rie du conflit, et tout particuli�rement en Occident, ce d�rapage conduit presque toujours et immanquablement � la rechute dans l'imagerie et le vocabulaire classique d� l'antis�mitisme. Une des orni�res dans laquelle la volont� de radicalit� dans l'analyse pr�cipite fr�quemment les nostalgiques des explications simplistes, c'est l'explication de la politique am�ricaine par la seule influence occulte des sionistes, per�us comme expression organis�e d'une volont� juive de dominer le monde. Cette illusion d'optique est particuli�rement tentante � l'heure actuelle, o� une bande de n�o-conservateurs sionistes entourent les d�cideurs am�ricains et les poussent dans la voie d'une croisade anti-arabe g�n�ralis�e. Rappelons cependant que ce n'est pas la queue qui fait bouger le chien, et que les crimes de l'Empire am�ricain, extermination des Indiens, d�portation esclavagiste des Africains, agressions militaires contre la moiti� de la plan�te, ne sont pas le fait du sionisme, et que le pouvoir du �lobby� sur la politique am�ricaine ne serait rien sans son alli� Blanc-Chr�tien, �vang�listes et Reborn Christians, la m�me ultra-droite r�publicaine qui a fragilis� Clinton � travers l'affaire Lewinsky et orchestr� le putsch �lectoral frauduleux qui a mis Bush au pouvoir. Que le �Protocole des Sages de Sion�, fabrication de la police tsariste, soit encore aujourd'hui vendu, mieux, reste un best-seller dans un pays comme l'�gypte, o� il est commercialis� comme s'il s'agissait d'un document historique authentique, montre � quel point la confusion r�gne encore � ce sujet. Qu'Isra�l Shamir, journaliste russo-isra�lien r�cemment converti au christianisme, et qui semble avoir, par la m�me occasion, bascul� de l'antisionisme le plus radical � l'antijuda�sme chr�tien le plus banal, reprenne ces inepties en accusant les juifs d'avoir d�clench� la seconde guerre mondiale, voil� qui ne devrait tromper personne, en particulier pas nos camarades marseillais. TOP Ces d�rives, cependant, dans le cas qui nous occupe ici, ne proc�dent pas seulement de l'aberration ou de la myopie. La b�tise est ici directement au service de l'adversaire, puisque le sionisme, historiquement et politiquement, depuis sa naissance et jusqu'� aujourd'hui, vit de l'antis�mitisme, se nourrit de sa virulence, se l�gitime par sa persistance, et assure � l'ombre de ce p�ril tout � la fois la soumission des communaut�s juives de par le monde � son h�g�monie et l'immunit�/impunit� des pratiques de l'�tat d'Isra�l. Car il faut remettre les �quations sur leurs pieds. C'est l'antis�mitisme, sous sa forme contemporaine, c'est-�-dire le refus d'int�grer les juifs comme des citoyens � part enti�re dans les soci�t�s europ�ennes, qui a produit le sionisme, et non l'inverse. Bien s�r, dans ce cas comme dans tous les autres, l'histoire est faite d'interaction entre les groupes, les individus, les structures et les repr�sentations, mais on ne saurait ignorer l'ant�riorit� de faits t�tus. Et c'est un fait que �les juifs�, en tant que collectif d�limit� par l'appartenance � une communaut� religieuse auto-d�finie comme tribu, c'est-�-dire comme communaut� de sang, envers et contre toute �vidence historique et anthropologique, ont �t� soumis au cours de l'histoire europ�enne � divers degr�s et formes de pers�cution, d'oppression et de s�gr�gation dont l'int�riorisation en tant que norme de relations entre les groupes humains a produit le pessimisme philosophique constitutif de la vision sioniste du monde et g�n�rateur du cynisme politique qui sous-tend la politique isra�lienne. C'est l'antis�mitisme, en tant que forme particuli�re du racisme europ�en, qui fonde le sionisme, � la fois en tant que forme particuli�re d'ultra-nationalisme ethniste et en tant que forme particuli�re de racisme colonial. Il est donc parfaitement illusoire de s'imaginer que l'on puisse lutter efficacement contre ce dernier sans prendre � bras le corps et en charge la lutte contre le premier. Et ce n'est pas se d�placer sur le terrain de l'adversaire que d'op�rer cette prise en charge, bien au contraire. TOP � l'inverse, toute complaisance ou d�mission dans la d�nonciation du caract�re inacceptable des principes sous-jacents � l'ensemble des d�marches se revendiquant du sionisme n'est pas moins n�faste. Le point de d�part du raisonnement sioniste, c'est effectivement l'axiome selon lequel la coexistence pacifique d�mocratique et �galitaire des ethnies au sein d'un m�me �tat est un leurre dont les camps nazis auraient d�montr� l'inanit�. Que la lutte contre le racisme antijuif est vaine, et que ce dont les juifs ont besoin, c'est de force, de souverainet� exclusive. Cet imp�ratif que Golda Meir exprimait en 1947, lorsqu'� un journaliste qui lui posait la question: �Si les Arabes vous garantissaient dans un �tat arabe les m�mes droits que ceux que vous offrez aux Arabes dans l'�tat juif, accepteriez-vous?� elle r�pondait: �Non monsieur, car il faut qu'il y ait un endroit au monde o� les juifs sont la majorit�!�. O� l'on constate que l'int�riorisation de l'antis�mitisme comme norme insurmontable alimente directement la n�gation fonctionnelle de l'Autre. Cette vari�t� particuli�re d'ethnisme excluant n'est pas unique, ni nouvelle dans l'histoire. En termes purement quantitatifs ce n'est pas le plus grand crime de l'histoire, et en termes de cruaut� le sionisme r�el, le sionisme en acte proc�de plut�t de ce que Hannah Arendt appelle (� propos du nazisme justement) �la banalit� du Mal�, en l'occurrence du Mal colonial, mais aucune volont� de conciliation, aucun refus des amalgames et des d�rapages ne saurait justifier une capitulation d'ordre th�orique face au sionisme. Fond�e tout � la fois sur l'int�riorisation de la haine des juifs en tant que norme et sur la s�cularisation d'une identit� religieuse aux contours ethnico-communautaires renforc�s par des si�cles d'exclusion, l'id�ologie sioniste informe et alimente encore aujourd'hui les pratiques coloniales et discriminatoires de l'�tat d'Isra�l, le racisme institutionnel � l'int�rieur m�me de l'�tat dans ses fronti�res d'avant 1967, autant que la vision ethniste, d�mographiste et s�gr�gationniste qui pr�side � l'occupation et � la colonisation des territoires palestiniens conquis en 1967. C'est elle qui pose l'�quation selon laquelle les droits fondamentaux, individuels et collectifs, des Palestiniens repr�sentent une menace pour le �caract�re juif� de l'�tat d'Isra�l, et posent donc la renonciation palestinienne � ces droits, et singuli�rement au droit de retour des r�fugi�s, comme condition de la paix. C'est ici qu'entrent en sc�ne les militants fran�ais d'Hachomer Hatsa�r, le mouvement de jeunesse sioniste �de gauche� dont le parti Mapam, qui s'est auto-dissous il y a quelques ann�es en se fondant dans le Meretz, a longtemps �t� l'expression parlementaire. Le programme du Meretz, et du mouvement La Paix Maintenant qui le prolonge dans la rue isra�lienne, pr�voit la paix entre deux �tats ind�pendants, Isra�l et la Palestine, se prononce pour le d�mant�lement des colonies et laisse la porte ouverte � des compromis acceptables sur la question de J�rusalem comme sur celle des r�fugi�s. � ce titre, le mouvement, qui n'a cess� d'absorber, tout au long des derni�res ann�es, ceux que le parti travailliste abandonnait dans sa d�rive droiti�re, est une composante essentielle de la Coalition Isra�lo-Palestinienne pour la Paix, et repr�sente certainement, au moins du point de vue quantitatif, l'alli� �objectif� le plus important au sein de la soci�t� isra�lienne pour le peuple palestinien dans sa r�sistance � l'agression. TOP Le �Sionisme de gauche� est a priori un paradoxe conceptuel, comme le �Colonialisme de gauche�. Pourtant, dans le cas de l'occupation fran�aise de l'Alg�rie, par exemple, toute la gauche n'�tait pas anticolonialiste, tant s'en faut! � la veille m�me d'une d�colonisation que le �conservateur� De Gaulle avait reconnu in�luctable, le gouvernement socialiste de Guy Mollet et Fran�ois Mitterrand avait d�clench� une guerre totale contre le mouvement nationaliste et le peuple alg�rien, tandis que le PCF, qui avait vot� les pleins pouvoirs et refus� de soutenir les soldats mutin�s ou r�fractaires, les insoumis et les d�serteurs, s'accrochait � la chim�re th�orique de la nation alg�rienne en formation. Le colonialisme de gauche, tout paradoxal qu'il puisse �tre, est donc une occurrence attest�e dans l'histoire, sans parler des politiques de russification dans les r�publiques sovi�tiques ou de la colonisation chinoise au Tibet. Le Mapam, et Hachomer Hatsa�r, donc, peuvent �tre per�us dans ce contexte. Mais les parall�les historiques connaissent tous des limites. Dans la mesure o� le colonialisme isra�lien n'est que le prolongement du processus de colonisation de peuplement qui a lui m�me engendr� la soci�t� isra�lienne, et du r�gime d'apartheid qu'il a instaur�, on repose la question. Existe-t-il un racisme de gauche? Ou, plus pratiquement, des racistes peuvent-ils avoir, en tant que tels, droit de cit� dans le mouvement d�mocratique, dans le mouvement anti-guerre, dans le mouvement altermondialiste ou dans le mouvement de solidarit� avec le peuple palestinien? TOP Il est tout � fait significatif que ce soient justement des militants d'Hachomer Hatsa�r qui aient �t� victimes des d�rapages verbaux et des violences racistes perp�tr�es par des manifestants (ou des agents-provocateurs, ou les deux) au cours d'une des manifestations contre la guerre en Irak. Violences d'autant plus condamnables et inacceptables qu'elles s'inscrivent directement dans un sc�nario �labor� par l'adversaire. C'est en effet le dernier congr�s sioniste qui fixait, parmi ses objectifs strat�giques, la d�l�gitimation syst�matique de l'antisionisme et son �quation � l'antis�mitisme. Les imb�ciles criminels qui ont cru servir la cause palestinienne en tabassant des juifs dans les rues de Paris sont les ex�cutants de cette strat�gie. Ils ont �galement fourni le pr�texte d'une reculade politique des Socialistes et des Verts, et donc d'une r�gression politique du mouvement. Dans les r�gimes �r�volutionnaires� qu'ils affectionnent, �a s'appelle de la trahison, et �a co�te tr�s cher. TOP D'�tre le fer de lance de cette strat�gie, qui consiste � sommer le mouvement de les accepter en tant que sionistes ou de les exclure en tant que juifs convient bien au Mapam, dont Ben Gourion avait coutume de dire: �Le Mapam avait trois objectifs: 1) �tre � l'avant-garde de la colonisation juive en Palestine. 2) Cr�er une soci�t� h�breue du travail �galitaire en terre d'Isra�l, et 3) Attacher Isra�l au char du Bloc sovi�tique.� Et il ajoutait: �� leur d�charge, il faut dire qu'ils n'ont jamais rien fait sauf dans le premier domaine!� Quelle strat�gie adopter face � ces tentatives transparentes de pi�ger le mouvement? Tout d'abord identifier, comprendre et refuser le pi�ge. Ensuite, se d�partir de l'illusion paresseuse et funeste selon laquelle les ennemis de mes ennemis seraient n�cessairement mes amis. Enfin, mettre les valeurs de l'antiracisme sans restriction et sans exception au centre de gravit� culturel de notre combat, de fa�on � d�masquer sans complaisance les d�rives g�n�ralisatrices, qu'elles soient antijuives ou antiarabes, sionistes et islamophobes, n�gationnistes ou islamistes. TOP La r�alit� de l'islamophobie, justement identifi�e par la Conf�rence de Durban sur le racisme, � la veille des �v�nements du 11 septembre, nous fournit d'ailleurs � ce propos un champ de travail et d'action consid�rable, tant elle baigne dans une impunit� quasi absolue l'atmosph�re, le langage et l'imaginaire occidental. Il faut surtout, justement en s'appuyant sur le refus manifeste de la guerre qui s'est exprim� massivement en Europe, et illustre la mutation culturelle qui s'y est op�r�e, substituer, partout o� c'est possible, le dialogue � l'exclusion, la n�gociation � la confrontation, la parole � la violence. Car seul le plus fort a int�r�t � ce que r�gne la Loi de la Jungle, tandis que le faible n'a d'autre recours que d'esp�rer la primaut� du Droit. Ilan Halevi, Paris, le 22 mai 200330 mai 2003 � Solidarit�-Palestine - TOP R�ponse � Hal�vy : Ilan Hal�vy est l'un des meilleurs Isra�liens ; c'est un homme qui a fait le bon choix. Son article : � A nouveau, au sujet du sionisme et de l'antis�mitisme � est, lui aussi, un bon article. Presque correct. Presque. A ceci pr�s qu'il y a, dans cet article, quelques points qui m�riteraient d'�tre d�battus en toute camaraderie. L'erreur la plus grave d'Hal�vy r�side en ce qu'il souscrit � la th�se amplement r�fut�e de Chomsky, selon laquelle � ce n'est pas la queue qui remue le chien �. Il affirme que � l'influence du 'lobby' sur la politique am�ricaine ne serait rien, sans ses alli�s chr�tiens Blancs, �vang�listes et n�s deux fois, (c'est-�-dire) sans cette m�me faction r�publicaine d'extr�me droite qui affaiblit Clinton au moyen du scandale Lewinsky et qui orchestra un putsch �lectoral frauduleux qui pla�a Bush aux manettes du pouvoir � [Re-traduction de l'anglais, ndt]. TOP En fait, Clinton �tait tout aussi redevable au lobby juif (que les R�publicains). Il en ira de m�me pour John Kerry, qui s'est d�couvert r�cemment des origines juives et qui soutient ouvertement Isra�l. Il est intellectuellement malhonn�te de faire du Parti r�publicain am�ricain le seul soutien du sionisme et d'Isra�l, alors m�me que les D�mocrates, bien qu'ennemis de � cette m�me faction r�publicaine d'extr�me droite �, sont encore plus d�vou�s � Isra�l qu'elle et b�n�ficient de la majorit� du vote juif et de financements juifs (pour leur campagne �lectorale). De fait, selon des sources isra�liennes, plus de 70 % de l'ensemble des contributions b�n�ficiant au candidat d�mocrate sont apport�es par des juifs (qui ne contribuent qu'� la hauteur de 35 %, en revanche, aux frais de campagne du candidat r�publicain). Aucun parti, aux Etats-Unis, ne peut esp�rer gouverner sans le soutien du financement juif et de personnes bien plac�es (juives), � leur d�votion, dans les m�dias et le monde universitaire. Il ne s'agit pas de la queue du chien, mais bien de son cerveau. Tout au moins, d'une importante partie de ce cerveau. C'est aussi un morceau de sucre, qui fait faire le beau � un chien. Tant qu'Isra�l sera l'obsession des juifs, il n'y aura aucune chance qu'un quelconque changement se produise dans la position am�ricaine sur le Moyen-Orient. Ainsi, un ennemi honn�te de l'apartheid juif en Palestine a une choix : il doit, soit, s'efforcer de convaincre les juifs am�ricains de renoncer � leur soutien � Isra�l (ou , au minimum, de le mod�rer) (� la mani�re de la gauche juive) ; soit s'efforcer de saper l'influence juive aux Etats-Unis : t�che bien plus consid�rable. TOP Rien d'�tonnant � ce que beaucoup de personnes de bien y renoncent. Mais il n'y a pas de place pour la � troisi�me voie � d'Hal�vy, consistant � affirmer qu'il n'y a pas d'�l�phant dans le salon (alors que tout le monde le remarque). Bien entendu, l'influence directe d'Isra�l sur l'Am�rique est minime. Mais Isra�l, et la juiverie am�ricaine, extr�mement puissante, entretiennent entre eux une relation �troite et tr�s intriqu�e, qui trouve sa traduction dans la politique am�ricaine actuelle - totalement aberrante - au Moyen-Orient. Nous devons nous souvenir que les juifs ne repr�sentent qu'une petite partie de la population am�ricaine (2 %), mais qu'en revanche, ils repr�sentent 30 %, au bas mot, des �lites am�ricaines. Par cons�quent, nous devons �tudier les pr�c�dents historiques des occurrences d'une influence disproportionn�e des juifs, dans le pass�, comme cela fut propos� par Benjamin Ginsberg, professeur de Sciences politiques � l'Universit� John Hopkins, dans son ouvrage The Fatal Embrace : Jews and the State [L'Etreinte fatale : les juifs et l'Etat], (University of Chicago Press, Chicago 1993. Cette analyse historique (il en existe d'autres) est susceptible de nous donner les outils permettant de comprendre le probl�me et de le traiter. TOP Ilan Hal�vy peut qualifier cette approche (si cela lui fait plaisir) d' � antis�mite � : il s'agit, en r�alit�, tout simplement d'un traitement mat�rialiste historique, exempt de toute �motion (que ce soit de haine, ou d'adulation). Je n'appelle pas non plus, personnellement, � ce que les juifs soient pers�cut�s ou discrimin�s : au contraire, je pr�ne des droits �gaux pour les juifs et les non-juifs, y compris une �gale influence sur le gouvernement des pays dans lesquels ils vivent. Une �gale influence. Pas des privil�ges! Dans une attaque ad hominem, Ilan Hal�vy �crit : � Cet Isra�l Shamir, un journaliste russo-isra�lien r�cemment converti au christianisme, et qui semble �tre pass�, par la m�me occasion, de l'antisionisme le plus radical � l'antijuda�sme chr�tien le plus banal, reprend � nouveau ces inepties en pr�tendant que les juifs ont caus� la Seconde guerre mondiale : cela ne devrait tromper personne, et en particulier pas nos camarades de Marseille �. L� encore, Hal�vy rejette l'analyse historique. Des juifs �minents de cette �poque, et de notre �poque, n'ont jamais cach� (que dis-je ? �taient - et sont - fiers) d'avoir fait la promotion de la guerre contre l'Allemagne nazie, de la mani�re dont l'establishment juif, aujourd'hui, est fier de son soutien � la guerre (am�ricaine) contre l'Irak. Bien s�r, qu'ils n'�taient pas les seuls. Mais depuis quand ne pas �tre le seul constitue-t-il une circonstance att�nuante ? Enfin, l'antijuda�sme chr�tien n'a rien de banal : c'est quelque chose de tr�s profond et de tr�s important. A mon avis, et � celui de la grande majorit� des juifs, l'Etat d'Isra�l, sa politique et ses agissements incarnent le juda�sme - ce m�me juda�sme qui fut r�pudi� par Saint-Paul pour exactement les m�mes bonnes raisons. L� encore, Hal�vy est libre de consid�rer que le sionisme repr�sente une aberration in�dite dans l'histoire juive. Personnellement, je pense, comme Isra�l Shahak et d'autres auteurs, que le sionisme s'inscrit dans la continuit� historique et id�ologique du pass� juif. Israel Shamir TOP