l'usine souterraine de Dora (original) (raw)

Je tiens � remercier chaleureusement Monsieur Jens Christian WAGNER, directeur du M�morial de MITTELBAU - DORA, pour son appr�ciation de ce site et sa pr�cieuse collaboration.

Apr�s le bombardement et la destruction du 17 au 18 ao�t 1943 du centre de recherche sur les armes V de Une maison de Nordhausen telle qu'on peut en voir encore aujourd'hui PEENENM�NDE, HITLER d�cide "d'enterrer" ses usines de production afin de les mettre � l'abri des bombardements. Le choix se porte sur un site situ� au centre de l'Allemagne en "Th�ringe", dans la "Saxe", enfoui sous la colline du "Kohnstein" dans les montagnes de la "Harz", tout � c�t� de la ville de NORDHAUSEN. C'est dans une galerie mini�re d�j� existante et utilis�e depuis 1936 par la Wehrmacht comme d�p�t d'huile et de lubrifiant et confi�e � la Soci�t� MITTELWERK nouvellement cr��e, que le III�me Reich va �crire l'une des pages les plus dramatiques et les plus terribles de l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale. Le projet mis en route par Albert SPEER, architecte du III�me Reich prend le nom de DORA et sera majoritairement aliment� par les d�tenus du camp de concentration de _BUCHENWALD_distant d'environ 70 kilom�tres.

Apropos du choix du nom, il est utile de pr�ciser que le nom de DORA a �t� choisi en notion du "D" de l'alphabet (D comme Dora), et non "Deutsche Organisation Reichs Arbeit" comme cela a pu �tre �crit par erreur dans le livre de Olga Wormser-Migots "Syst�me Concentrationnaire".

Ace moment l�, DORA �tait un camp ext�rieur de BUCHENWALD. Il garde son statut jusqu'en octobre 1944. A partir de ce moment l�, il obtient le statut d'un camp autonome qui prend le nom de MITTELBAU. Il se d�veloppe en tant que centre d'un grand complexe de camps avec plus de 40 camps ext�rieurs et Kommandos de travail diss�min�s dans toute la r�gion avec des noms tels que ERICH, HANS etc.... On peut dire que la plupart des d�tenus de DORA travaillent dans ces camps. Seul un dixi�me est employ� dans l'usine souterraine et est affect�, soit � la construction des galeries, soit � la fabrication et � l'assemblage des nouvelles armes sous la direction de l'�quipe dirigeante des sp�cialistes des fus�es : Werner von BRAUN et Arthur RUDOLPH (je rappelle que Wernher von BRAUN pr�tendait tout ignorer des atrocit�s commises � ??!!). Des ing�nieurs et des travailleurs civils travaillent �galement dans ces lieux. La production des fus�es rel�ve du minist�re de l'armement du Reich alors que la SS est responsable des immenses travaux de construction sous la direction de Hans KAMMLER qui est comp�tent pour l'ensemble de la zone MITTELBAU qui s'�tend au Nord jusqu'� HALBERSTADT, � l'Ouest presque jusqu'� G�TTINGEN, au Sud jusqu'� BAD LANGENSALZA et � l'Est jusqu'� EISLEBEN.

C�est dans l'usine MITTELWERK que sont construites les fus�es A4 plus connues sous l�appellation V2 (Vergeltungswaffe 2) et les bombes volantes Fieseler FI 103 ou V1 (Vergeltungswaffe 1). Les missiles de d�fense anti-a�rienne "TAIFUN" et "R4M" y sont �galement construits de m�me que le "Volksj�ger" (chasseur du peuple) HE 162 "Schildkroete".

Dans la partie Nord de l'usine appel�e NORDWERK, on construit les moteurs JUMO 213 pour les avions Focke Wulf 190 D (long nez) , et Les r�acteurs d�avions ME 262. A la diff�rence du MITTELWERK, la main-d'oeuvre qui y est employ�e est compos�e par des travailleurs civils �trangers qui, pour la plupart, y ont �t� amen�s sous la contrainte.

Le 28 ao�t 1943, un premier groupe de 100 d�tenus arrive sur place bient�t suivi par un flot ininterrompu d'autres prisonniers charg�s d'am�nager et de creuser les tunnels. Les tunnels A et B s'�tendent sur une longueur de 1.800 m�tres et disposent d'uneVue a�rienne du camp de Dora prise par la RAF prise le 13 septembre 1944largeur comprise entre 9 et 11 m�tres et d'une hauteur comprise entre 6,5 et 7 m�tres. Ils comportent quarante-six tunnels parall�les longs de 150 m�tres, d'une largeur de 7 m�tres sur une hauteur de 5,5 m�tres. L'ensemble s'�tend sur une longueur totale d'environ 12 kilom�tres et d'une superficie de 97.000 m�. Les d�tenus travaillent jusqu'� 14 heures par jour sans compter les heures d'appel, de formalit�s et de contr�le, dans des conditions inhumaines, sans eau courante ni potable. Ils r�cup�rent la plus petite go�te d'eau m�me boueuse qu'ils lapent d�s qu'un SS a le dos tourn� puisqu'il est interdit de boire de l'eau non potable. Leur ration journali�re est constitu�e de ce qui ressemble � une soupe constitu�e d'eau et de graisse et d'un morceau de pain. Beaucoup meurent d'�puisement et de maladie au bout de quelques semaines et leurs corps d�charn�s sont, dans les premiers temps ramen�s � _BUCHENWALD_pour y �tre incin�r�s et plus tard, apr�s l'installation d'un four cr�matoire � DORA, incin�r�s sur place. Certains d�tenus qui tombent sur leur lieu de travail sont m�me coul�s dans le b�ton. La plupart ne sortent pas du tunnel dans lequel ils partagent des paillasses humides dispos�es sur 4 �tages. L'humidit� dans ces tunnels est tr�s importante. Pour pr�venir les �pid�mies de typhus, d�s qu'un prisonnier est atteint de cette maladie, il est imm�diatement renvoy� sur le camp de concentration de _BUCHENWALD_o�, de toutes fa�ons l'attend la mort. Les SS font preuve d'une extr�me violence envers ces pauvres �tres r�duits � l'�tat de loque. Les brimades, les injures et les coups sont le quotidien qu'ils doivent endurer en plus du bruit infernal, de l'odeur naus�abonde qui r�gne dans ces galeries. Lors du dynamitage pour l�extension des boyaux, les SS les obligent � continuer leur travail et beaucoup d�entre eux sont bless�s par la projection de pierres.

Des infirmiers ont trouv� un jeu particuli�rement horrible. C'est � ceux qui jettent le cadavre d'un d�tenu en bonne position sur la civi�re que revient "l'honneur" d'�tre les gagnants. Ainsi, un infirmier prend le corps d�charn� par les pieds et l'autre par les �paules et, apr�s l�avoir balanc�, le projettent dans la civi�re dans les rires et les cris d�biles des autres infirmiers. Le corps n'arrivait que rarement en bonne position et on recommen�ait plusieurs fois l'op�ration � tour de r�le. Un jour, deux d�tenus font remarquer aupr�s des SS que leur ration �tait moins importante que celle de leurs camarades et que, dans ces conditions, ils n'allaient plus travailler. Bien mal leur en pris puisque les SS les fusill�rent sur le champ. Il faut �galement parler des nombreux actes de sabotage commis par les prisonniers. Ces actes obligent les nazis � pr�lever une fus�e sur quatre � des fins de v�rification. Lorsqu'un saboteur est d�couvert, il est mis � mort et pendu pour l'exemple sur les crochets de la cha�ne de transport et passe ainsi au-dessus de tout le monde. Est �galement consid�r� comme acte de sabotage punit par la mort, une cl� �chapp�e des mains et qui tombe malencontreusement sur le sol. On pourrait bien s�r continuer ainsi durant des pages. Mais ce n'est pas le but de ce site et il existe d'excellents ouvrages comme celui de Yves BEON, "La plan�te Dora" qui, mieux que quiconque, d�crit l�enfer de Dora dans lequel il �tait d�tenu et a tant souffert.

Ce n'est qu'au printemps 1944 que le camp de baraquements est construit. Les d�tenus qui logeaient jusqu'� ce moment l� dans les galeries 43 � 46 poss�dent � pr�sent leur pauvre habitation � l'air libre si on peut dire. Mais ce camp n'a pas �t� construit pour leur bien-�tre, mais parce que les nazis ont un grand besoin de place dans l'usine souterraine et les anciennes "habitations" sont � pr�sent transform�es en ateliers de montage.

Entre janvier et d�but avril 1945, plus de 6.000 d�tenus meurent dans les camps de Mittelbau. 3.000 d'entre eux p�rissent dans la caserne Boelcke � Nordhausen, qui avait �t� am�nag�e depuis le d�but janvier par la SS comme mouroir central pour le complexe de Mittelbau.

Durant les nuits des 3 au 5 avril 1945, la RAF effectue une grande op�ration de deux bombardements qui d�truisent la majeure partie de la ville et qui atteint cependant la "caserne Boelcke" qui a �t� am�nag�e pour les d�tenus inaptes au travail, ainsi que certains baraquements. Ces bombardements ont sans doute activ�s l'�vacuation des prisonniers.

Alors que les troupes am�ricaines ne sont plus qu�� quelques kilom�tres de NORDHAUSEN, les S.S. entreprennent d��vacuer, les 5 et 6 avril, 4.000 prisonniers vers d�autres camps comme BERGEN-BELSEN. Ainsi d�bute une tr�s longue marche forc�e durant laquelle de nombreux d�tenus y laissent leur vie.

DORA est lib�r� le 11 avril 1945Un nombre impressionnante de morts attendait les soldats am�ricains � la caserne Boelckepar les troupes am�ricaines et gr�ce � un soldat de la 104e Division US d'Infanterie Timberwolf 415e R�giment, Compagnie B,John M. GALIONE, qui a d�couvert tout � fait par hasard ce camp. Ces soldats prennent ainsi connaissance de ce triste univers jonch� de cadavres et de corps d�charn�s ainsi que quelques centaines de prisonniers affam�s que les SS n'ont pu emmener. A NORDHAUSEN, ils d�couvrent le m�me "spectacle" dans la "caserne Boelcke" qui renferme quelques 1.450 morts et mourants, dont la plupart, ironie de l'histoire, sont tu�s lors des bombardements alli�s qui semblaient ignorer leur pr�sence. A la vue de ce triste spectacle, les soldats am�ricains obligent les habitants � v�tir leurs habits de dimanche et leurs font visiter les lieux. Puis ils les mettent ensuite � la t�che en leur faisant am�nager des s�pultures d�centes qui vont recevoir les victimes du nazisme.

Jusqu�� juin 1945, les am�ricains envoient une centaine de fus�es A4 compl�tes, leurs pi�ces d�tach�es ainsi qu�un grand nombre de documents aux USA. Les russes, qui prennent la place des am�ricains en juillet 1945 assemblent une fus�e A4. Ces deux nations s�approprient un grand nombre d�ing�nieurs qui seront charg�s plus tard de mener � bien les programmes spatiaux de ces deux pays. Les fran�ais "r�cup�rent" �galement quelques ing�nieurs pour leur propre programme spatial.

Les installations du camp servent � h�berger les r�fugi�s jusqu�en ao�t 1946. A partir de ce mois, on proc�de au d�montage des baraquements. Les machines sont �galement d�mont�es et envoy�es en URSS. Les entr�es de l�usine souterraine sont finalement dynamit�es par les sovi�tiques en 1948.

On estime aujourd�hui que 60.000 d�tenus sont pass�s � Dora. 20.000 d�entre eux ne sont jamais revenus de cet enfer. Parmi ces d�tenus figuraient environ 1.100 italiens, dont la moiti� �tait des soldats. Ils ont �t� fait prisonniers par les nazis apr�s l'armistice que l'Italie avait sign� avec les alli�s. Ces prisonniers, qui �taient consid�r�s comme des tra�tres par les SS, �taient trait�s d'une mani�re particuli�rement cruelle. Quelques 500 d'entre eux ont p�ri � Dora. haut de la page

Aujourd�hui, il ne reste plus grand chose de ce sinistre camp qui a �t� transform� en mus�e et ouvert au public. Bien que la nature ai repris ses droits, on peut voir le b�timent de l�administration du M�morial qui renferme la direction du mus�e et qui a �t� construit dans les ann�es soixante dix sur les fondations de la baraque en bois dans laquelle le D�partement Politique (Gestapo) poss�dait son bureau, le baraquement reconstruit qui abritait les charpentiers et les serruriers, et un autre baraquement reconstruit qui abrite aujourd�hui le mus�e.

Ces deux blocs dominent le camp et plus particuli�rement la grande place d�appel sur laquelle a �t� install� le m�morial. Un peu plus haut, on peut voir, entour� d�arbres, le b�timent en briques qui abrite le four cr�matoire. Pour le reste, il ne subsiste plus que les soubassements comme ceux des imposantes cuisines. Aux abords de la place d�appel, on trouvera les vestiges d�une vieille locomotive � vapeur et d�un wagonnet sans doute utilis� avec cette derni�re. Tout � c�t� �galement, une tour de garde qui a �t� reconstruite dans sa configuration d�origine. Le panneau explicatif datant des ann�es soixante qui indique qu'elle pouvait contenir un d�tenu emprisonn� en position debout n'est pas exact. La partie basse faussement consid�r�e comme prison servait en r�alit� d'abri lors d'�ventuelles attaques a�riennes.

Pour acc�der � l�usine souterraine, il faut emprunter la petite route d�acc�s b�tonn�e et marcher quelques 200 m�tres. Apr�s avoir franchi une porte grillag�e qui m�ne au tunnel B ferm� par les �boulis, on acc�de � droite au nouveau tunnel d�acc�s construit en 1995. La visite des lieux se fait uniquement avec un guide.haut de la page

Apr�s avoir emprunt� le tunnel d�acc�s pendant une centaine de m�tres, on entre � pr�sent dans le tunnel A. Dans la p�nombre de cette usine souterraine, on est imm�diatement surpris par une vague odeur de br�l�. A droite on aper�oit les �boulis de ce qui f�t l�entr�e A. Une tuy�re de V2 est dispos�e sur un support derri�re des barri�res. Devant nous, une maquette de l�usine et aux murs des tableaux explicatifs. A gauche, un peu plus loin, une immense montagne de d�bris de plus d�un m�tre de hauteur, aux origines diverses (morceaux de V1 � V2 � structure � gravas etc�) qui se prolonge sur plusieurs dizaines de m�tres. On emprunte une passerelle sp�cialement am�nag�e qui surplombe ces d�bris et qui emm�ne le visiteur � travers le tunnel A en passant devant la galerie 46 et jusque dans les galeries 45 et 44. Tout autour un univers de d�bris de ce qui fut l�une des plus grandes machines infernales du III�me Reich. En arrivant au d�but de la galerie 44, on se trouve � pr�sent dans la galerie centrale situ�e entre les tunnels A et B. L�ensemble est inond� � cet endroit l�, mais on peut tout de m�me apercevoir les restes qui gisent au fond de l�eau claire. On comprend mieux � pr�sent le calvaire que tous ces hommes ont eu � subir. Une fois � l�air libre, on ne peut que s�interroger sur cette folie meurtri�re des nazis dont est cependant issue une technologie d�avant garde, et qui, apr�s avoir g�n�r� les drames que l�on sait, a pourtant apport� son b�n�fice dans la conqu�te spatiale de nombreux pays comme les USA, l�URSS et la France.

Le plan du camp de Dora et de l'usine souterraine

On pourra voir les photos du camp et celles de l'usine souterraine en cliquant sur les points ronds de couleurs (jaune cercl� de rouge pour les photos actuelles et violets cercl�s de bleus pour les photos d��poque). Ces points sont appos�s aux diff�rents endroits des deux plans situ�s plus bas. La description des photos appara�t en glissant le curseur de la souris sur les photos.

Le plan du camp de Dora

INFORMATIONS CONCERNANT LE MEMORIAL DE DORA

KZ-Gedenkst�tte Mittelbau-Dora
Kohnsteinweg 20
99734 Nordhausen

Heures d'ouverture :

Du 1er octobre au 31 mars : de 10h � 16h

Du 1er avril au 30 septembre : de 10h � 18h

Ferm� les lundis

T�l. : 03631/4958-0
Fax : 03631/495813
Internet : http://www.buchenwald.de/29/
Email : info@dora.de