[ITW] Robin Hobb (original) (raw)
Aujourd’hui, Kiss My Geek a l’immense honneur de recevoir Robin Hobb pour une interview. Cette grande Dame de la littérature fantasy est mondialement reconnue pour ses succès critiques et internationaux du cycle de l’Assassin Royal, des Aventuriers de la mer et plus récemment du Soldat chamane. Mais qui est la femme qui se cache sous ce pseudonyme ? C’est avec plaisir et délectation (ainsi que beaucoup d’émotion pour Eskarina) qu’elle a accepté de nous laisser la connaître un peu mieux, à vos côtés.
- Kiss My Geek : Pouvez-vous tout d’abord nous parler un peu de votre parcours, et du choix d’adopter un pseudonyme unisexe pour écrire vos romans de fantasy ?
Robin Hobb : J’ai commencé à écrire sous le nom de Megan Lindhlom, un pseudonyme qui était plutôt proche de mon nom de jeune fille (ndlr : Margaret Lindholm). Mais la fantasy est un genre très vaste, et quand j’ai commencé à écrire le cycle de l’Assassin royal, j’ai décidé d’utiliser un nom différent afin de le distinguer de mes précédents travaux. Il s’agissait de high fantasy, et je n’en avais jamais écrit auparavant. J’ai choisi un nom androgyne parce que l’histoire est narrée depuis un point de vue masculin. En tant qu’écrivain, j’apprécie vraiment d’avoir deux pseudonymes bien distincts.
- KMG : Connaissez-vous la fin de votre histoire avant-même d’avoir commencé à l’écrire ? Ou bien vous laissez-vous guider par votre inspiration ?
R. H. : La plupart du temps je sais comment l’histoire commence et se termine, et je connais quelques uns des évènements qui vont la ponctuer, les étapes importantes qui doivent survenir pour faire avancer l’intrigue. Mais je ne connais pas toujours les détails, et parfois il arrive certaines choses qui me surprennent. J’aime à travailler ainsi pour que l’histoire reste toujours fraîche et passionnante pour moi, et je l’espère pour le lecteur aussi.
- KMG : Dans quel contexte écrivez-vous vos livres (chez vous ? au calme ? en écoutant de la musique ? etc.) ?
R. H. : J’écris depuis mon adolescence, et m’y suis mise sérieusement alors que mes enfants étaient tout jeunes… Cela m’a appris à écrire partout, n’importe quand et dans toutes les circonstances. J’ai écrit dans des parcs bondés d’enfants, assise sur le sol de la salle de bain pendant qu’un tout petit jouait dans la baignoire, dans des skateparks, pendant les entraînements de foot… J’ai écrit dans la salle de pause des restaurants où je travaillais et pendant que j’attendais mon tour chez le dentiste. C’est agréable d’écrire avec un peu de musique ou lorsque la maison est au calme, mais ça n’arrive pas souvent. Heureusement je viens d’une famille très grande et bruyante, ce qui m’a plutôt bien appris à rester concentrer quand j’en ai besoin.
La trilogie de l’Assassin royal, déclinée en 6 tomes ici.
- KMG : Parmi tous les personnages à qui vous avez donné vie, quel est celui dans lequel vous vous projetez le plus ?
R. H. : J’espère vraiment que je ne me projette dans aucun de mes personnages ! Je sais bien que ce doit certainement être le cas quand même, mais j’essaye de faire en sorte que ça n’arrive pas trop, car je crois que chaque personnage doit être le produit du monde et de l’histoire qu’il habite. Je ne peux pas attraper mon voisin ou mon frère depuis ce monde pour les « jeter » dans celui de mon livre. Et il est tout aussi impossible de le faire avec moi-même. Je préfère penser que mes personnages évoluent grâce au contexte et à leur expérience.
- KMG : En vous lisant, j’ai toujours l’impression que les femmes ont une importance particulière dans vos livres et ont rarement été aussi bien mises à l’égal des hommes que dans vos sagas. Que pourriez-vous nous dire à ce sujet ?
R. H. : Hé bien, je pense que j’ai lu un certain nombre de romans de fantasy où les femmes et les hommes étaient sur le même piédestal, et où ils étaient tout aussi puissants mais dans des sphères différentes. Quand on considère les diverses façons dont les hommes et les femmes exercent leur pouvoir dans notre société, et dans les sociétés passées, je pense qu’il est difficile de vouloir définir cette « égalité ». J’ai toujours cru que bien que les femmes soient, statistiquement parlant, en-deçà des hommes en ce qui concerne la force physique, elles sont bien plus à leur aise avec le pouvoir social. Un vieux proverbe dit : la main qui berce est celle qui domine le monde (ndlr : « The hand that rocks the cradle rules the world »). Cela veut bien dire à mon sens que même lorsque les femmes étaient confinées aux affaires domestiques (plus qu’elles ne le sont maintenant), elles trouvaient des moyens de s’affirmer. Il faut bien entendu imaginer les différentes voies par lesquelles le pouvoir peut se manifester, et les transposer dans un contexte culturel fantasy ; c’est un challenge, mais j’y prends beaucoup de plaisir.
- KMG : Vous écrivez à la première personne, malgré le fait que la plupart de vos héros soient des hommes. Vous ne semblez toutefois pas avoir de difficulté à explorer la psychologie masculine (du moins, c’est l’impression que ça donne !). Pensez-vous que le fait d’être une femme vous permette d’avoir un recul différent sur la psychologie de vos personnages, notamment les masculins ?
R. H. : Selon moi, les individus sont des individus. Je ne crois pas que l’on puisse faire des généralités comme « Les femmes ne font pas ça » ou « Les hommes ne pensent pas ça ». A chaque fois que l’on fera une chose pareille, quelqu’un viendra nous prouver le contraire. Mais même si je pense ça, il faut avouer que l’on ne peut pas créer des personnages dans un vide d’informations. Mes personnages incorporent des attributs d’une certaine variété de gens que j’ai connus. Et ces attributs ne font pas toujours partie des classifications telles que « homme », « femme », « vieux », « jeune » ou quoi que ce soit d’autres. A mon avis la meilleure façon de faire évoluer un personnage est de prendre en considération ce que je sais de sa culture et de son passé, puis d’en déduire la façon dont il se conduira. Tous les hommes de mes histoires ne se comporteront pas de la même façon, et les femmes non plus. J’espère qu’ils se distinguent en tant qu’individus à part entière.
- KMG : Quel est le livre dont vous êtes la plus fière, ou auquel vous êtes la plus attachée (il peut bien entendu s’agir de deux ouvrages différents) ?
R. H. : Je suis heureuse de pouvoir dire que je suis fière de tous mes livres. Je pense que je suis devenue meilleure écrivain avec l’expérience, néanmoins je n’ai pas des frissons dans le dos lorsque je relis mes anciens travaux. Il y a deux livres qui ont beaucoup de signification pour moi. Le Dernier Magicien, écrit en tant que Megan Lindholm, a été un cap pour moi. Je n’avais jamais entendu le terme « fantasy urbaine » quand je l’ai écrit, et je m’étais beaucoup amusée à me creuser la tête pour faire de la fantasy dans un contexte urbain contemporain. Enfin, l’Apprenti assassin n’est pas seulement mon premier ouvrage en tant que Robin Hobb, mais aussi mon premier voyage avec quelques uns de mes personnages les plus extraordinaires.
Robin Hobb à Trolls & Légendes 2011
- KMG : Que ressentez-vous lorsque vous pensez aux univers et aux personnages que vous avez laissés derrière vous ? Vous arrive-t-il d’avoir envie d’écrire à nouveau sur eux ?
R. H. : Mes personnages sont mes amis. Cela pourrait donner l’impression que je tombe dans le pathos, mais ça n’est pas le cas. Lorsque je crée un personnage, j’ai la chance d’inventer un ami que j’aimerais connaître, et avec qui j’aimerais voyager. Alors oui, quand un livre se termine et que je passe à autre chose, ils me manquent. Il en est de même pour Ki et Vandien, les personnages de mon dernier ouvrage. Dans mon imagination, ils ont leur propre petite vie, et ils continuent de voyager sans moi. Mais parfois j’aimerais reprendre des nouvelles de ceux qui sont partis un peu trop loin, tout comme j’aime le faire avec mes vieux amis. Est-ce que j’écrirai à nouveau sur eux ? Seulement s’ils reviennent vers moi en me contant une histoire convaincante, une que je pourrais partager. Je ne pourrais pas faire un livre juste pour le plaisir de retrouver de vieux amis dans un endroit familier… Ce serait tricher, en quelques sortes.
- KMG : Essayez-vous de transmettre des valeurs personnelles dans vos écrits ? De faire passer certains messages ?
R. H. : J’espère que non, mais je suppose que mes valeurs personnels transparaissent, que je le veuille ou non. Je dis souvent aux gens que si j’écris, ça n’est pas parce que j’ai des réponses, mais parce que j’ai des questions. Ecrire me permet de voir à travers les yeux de mes personnages et de reconsidérer certaines questions depuis un autre point de vue. Et grâce à tout cela, j’invite le lecteur à tirer ses propres conclusions. J’espère bien n’avoir jamais l’air d’une donneuse de leçons dans mes livres !
- KMG : Quel est l’aspect de votre métier qui vous plaît le plus ?
R. H. : Tous. C’est comme avoir sa propre maison de production pour le cinéma. Mais à la différence des « véritables » producteurs de films, j’ai un budget illimité, je peux dépenser l’argent que je veux en effets spéciaux, et choisir le casting parfait pour mes personnages. Je peux m’occuper des décors, de la lumière, écrire le script et jouer un à un chacun des rôles, puis retoucher l’ensemble autant que je le désire. C’est tout simplement merveilleux.
- KMG : Y a-t-il une anecdote de dédicace qui vous a particulièrement marquée ?
R. H. : J’étais à un salon où il y avait tout un tas de gens costumés. Et une femme s’est approchée de moi pour que je lui dédicace son livre. Elle portait une espèce de combinaison avec un chapeau enturbanné décoré d’un crâne de chat sur le devant. Je pensais que c’était un crâne en plastique. Et non. Elle m’a expliqué qu’il appartenait à son animal de compagnie bien-aimé, et qu’elle avait récemment exhumé son cadavre afin de s’en servir pour son costume. Elle disait croire que son chat avait été récemment réincarné en un chaton qu’elle avait adopté. Ca m’a mise très mal à l’aise, et je ne sais toujours pas trop quoi en penser…
- KMG : Il existe de nombreux lecteurs de Robin Hobb qui méconnaissent les écrits de Megan Lindholm. Pourriez-vous leur expliquer en quelques mots ce qu’ils pourront trouver dans les écrits que vous publiez sous cette identité ?
R. H. : Hé bien dans un premier temps vous pourrez trouver ma toute première publication, Le Vol des harpies. Ce n’est pas mon premier roman ; mais comme souvent, les premiers livres sont rarement publiés. Megan Lindhlom écrit de la fantasy urbaine et d’aventure, parfois même un peu de SF. En d’autres termes, sous le nom de Megan Lindholm, je parcours tous les « autres » genres de la fantasy. Il y a une très large variété d’écrits sous ce nom, et je continue de l’utiliser pour mes nouvelles. Mon ouvrage le plus récent, The Inheritance (ndlr : pas de traduction française pour le moment), est un recueil d’histoires écrites sous mes deux noms. Si les lecteurs voulaient un échantillon de ce que Megan Lindholm sait faire, ce livre serait donc certainement de premier choix.
The Inheritance, de Robin Hobb ET Megan Lindholm.
- KMG : Aimeriez-vous nous dire quelques mots sur l’adaptation en bande dessinée de l’Assassin Royal ?
R. H. : Le mieux serait de vous inviter à visiter le site officiel de Soleil. Je suis enchantée de l’adaptation qu’ils en ont fait. Ce lien vous amène ver le tome 4 ! Pour l’instant, la bande dessinée n’est disponible qu’en français et en allemand. J’espère de tout mon cœur qu’elle sera traduite dans d’autres langues.
- KMG : Vous a-t-on déjà proposé d’adapter vos œuvres sur le petit ou le grand écran ? (Et si ça n’était pas le cas, l’aimeriez-vous ?)
R. H. : Pas pour la télévision. Il y a eu un intérêt sporadique au sujet de droits pour le cinéma, mais pour le moment les choses sont plutôt calmes. Est-ce que ça me plairait ? En tout cas j’ai beaucoup aimé l’adaptation en bande dessinée, alors j’imagine que oui. Mais je devrais tout de même prendre un certain recul afin d’accorder un peu de liberté au scénariste, et me rappeler que « ça n’est pas mon livre sur l’écran, mais l’expérience de quelqu’un d’autre l’ayant lu ». Et ça serait certainement le plus difficile pour moi !
Couverture du tome 1 de la BD adaptée de l’Assassin royal.
- KMG : Quels sont vos projets actuels et à venir ?
R. H. : Je veux écrire jusqu’à ma mort. Hmm… Oui ça résume plutôt bien la chose. Et c’est un bien meilleur avenir que ça ne pourrait en avoir l’air! Après tout, de quel autre destinée un écrivain pourrait-il rêver ? Dans un futur plus proche, hé bien, je vais finir de réécrire Les Cités des anciens afin de pouvoir m’en imprégner pour The Tarman Experition (ndlr : le projet sur lequel elle travaille actuellement). Après tout ça, je pourrai passer à mon livre suivant. Et je ne suis pas encore sûre à 100% de ce dont il s’agira…
- KMG : Quelles sont vos plus grandes influences littéraires ?
R. H. : Je pense avoir été influencée par tous les livres que j’ai lus. Des Fables d’Ésope à Dick and Jane (ndlr : des livres pour enfants, l’équivalent de nos Martine), du Trône de fer au Seigneur des Anneaux, de Huckleberry Finn à la Petite maison dans la prairie. J’aime la juxtaposition des mondes et des personnages que l’on peut retrouver dans la bibliothèque de quelqu’un. Il m’est du coup difficile de faire sortir du lot une influence en particulier. Je suis une lectrice omnivore, qu’il s’agisse de fiction ou non. Je suis triste de ne plus avoir autant de temps pour lire qu’auparavant, mais tout ce que je lis rejoint directement le gigantesque « compost » de mon esprit, où d’étranges graines y germent et se pollinisent avec d’autres. Au final, je suis donc plutôt satisfaite de n’avoir aucune influence majeure : tout me sert.
- KMG : Il existe de nombreuses fantasy ; quelle est celle vers laquelle va votre préférence ?
R. H. : Oh, je vais esquiver cette question en répondant « celle qui est bien écrite ». Je ne me fixe pas vraiment de limites. Si je tombe sur un manuel automobile et qu’il est bien écrit, je peux passer un long et agréable moment avec lui ! C’est la même chose avec mon genre de fantasy préféré. J’aime beaucoup le travail de Joe Lansdale, Robin McKinley, Steven Burst et George R. R. Martin… Comment les départager ? Peut-être en vous nommant celui qui sera cette nuit sur ma table de chevet. Mais, plus sérieusement, comment choisir une fantasy en particulier quand des auteurs comme Ray Bradbury les ont déjà toutes expérimentées, et avec talent ?
- KMG : Quels sont vos « maîtres » dans le domaine de la littérature Fantasy ? Y a-t-il des auteurs que vous appréciez particulièrement ?
R. H. : J. R. R. Tolkien sera toujours « le » maître pour moi. Je sais que beaucoup de gens ne seraient pas d’accord avec ça, mais à chaque fois que je l’ai lu c’était à des étapes de ma vie où j’ai toujours pu me plonger adéquatement dans son monde. Encore aujourd’hui, je peux piocher n’importe lequel de ses livres, l’ouvrir à une page au hasard, et me jeter sans problème à nouveau à corps perdu dans ses récits.
Voici quelques auteurs dont je suis particulièrement admirative : George R. R. Martin, Rudyard Kipling, Jack Vance, Theodore Sturgeon, Ray Bradbury, Brandon Sanderson et beaucoup, beaucoup d’autres.
« J. R. R. Tolkien sera toujours « le » maître pour moi. »
- KMG : Avez-vous d’autres passions dont vous avez peu souvent l’occasion de parler ?
R. H. : J’aime bien faire la cueillette des champignons quand j’en ai l’occasion. Et je m’essaye au jardinage, mais en toute honnêteté je n’y suis pas très douée. Je viens tout juste de tuer une carotte qui poussait dans un pot sur le rebord de ma fenêtre. N’est-ce pas ridicule ?! Manifestement, je n’ai pas hérité de la main verte de ma mère… Mais je persévère ! Sinon, quand les récoltes sont bonnes, j’adore faire des confitures et des gelées pour ma famille. Et j’aide aussi mon fils à l’occasion pour faire du vin. Il n’y a rien de tel que le fait maison !
- KMG : J’aimerais terminer cette interview par une question rituelle sur Kiss My Geek : quel est votre super-pouvoir ?
R. H. : Je viens de consulter ma petite fille à ce sujet. Elle dit que mon super pouvoir est que je finis toujours par réussir à dire « oui » à tout. Au début ça m’a semblé un peu étrange, mais plus j’y pense, et plus j’aime sa réponse. Ca m’arrive fréquemment de tout arrêter quand je commence à me mettre en colère, ou à perdre patience. J’annonce alors « Je suis en train de changer d’humeur ! ». A ce moment-là, je fais un pas en arrière, prends ma respiration, et essaye de reconsidérer les choses calmement. J’essaye de revenir sur tout ça avec un regard positif, peu importe le désastre qui s’apprête à me tomber sur la tête. La plupart du temps, c’est un simple mécanisme de défense… Mais j’aime l’idée que le « oui » puisse être un super pouvoir.
J’adresse à nouveau mes plus grands remerciements à Madame Hobb pour sa gentillesse et sa disponibilité. Ça a été un grand plaisir, une chance et, au risque de me répéter, un véritable honneur de pouvoir échanger ces quelques mails avec elle, que j’ai pris tant et tant de plaisir à lire durant ces dix dernières années. Elle est telle que je me l’imaginais et, c’est idiot mais… J’en suis encore toute émue.
Un dernier merci tout particulier pour Kia, ainsi que pour Melibellule et Necros, qui m’ont bien aidée pour éviter de glisser certaines petites erreurs dans mon anglais loin d’être aussi parfait que je le voudrais.
And here’s now the english version. I just removed the pictures from the french version. Hope you enjoy it!
- Kiss My Geek : Could you first give us a brief overview of your career, and about the choice of having a unisex pseudonym to write your fantasy novels?
Robin Hobb : I first began writing as Megan Lindholm, a pseudonym that is fairly close to my maiden name. But fantasy is a wide genre, and when I began to write The Farseer Trilogy, it was decided that I should use a different name to set it apart from my earlier works. It was an epic fantasy, unlike anything I had written before. I chose an androgynous name because the story is told from the view point of a male. I’ve truly enjoyed having two writing names.
- KMG : Do you usually know the ending of your story before starting to write it? Or do you let your inspiration lead your hand?
R. H. : I usually know how the story begins and ends, and I know some definite events along the way, important steps that must happen for the story to progress. But I don’t always know the details, and sometimes things happen along the way that surprise me. I like to work this way because it keeps the story fresh and exciting for me, and perhaps for the reader also.
- KMG : In which context do you write your books (at home? in quiet moments? while listening to music? others?)
R. H. : I’ve written since my late teens, and broke into writing while my children were young, so I’ve learned to write anywhere, anytime and in any circumstances. I’ve written on playgrounds, sitting on the bathroom floor while a young child was playing in the bathtub, in roller skating rinks, at soccer practices. I’ve written in the break room of restaurants when I was working and in dentist offices while I was waiting. It’s nice to write with music playing and while the house is calm, but that does not often happen. Luckily I came from a very large and noisy family, so I learned to focus my thoughts well from childhood.
- KMG : Amongst all the characters you have created, onto which one do you project yourself the most ?
R. H. : I truly hope that I don’t project myself onto any character! I know that I probably do, but I try not to, for I believe that every character must be the product of the world and the story that he inhabits. I can’t take my neighbor or my friend from this world and drop him or her into a book. And so of course, I can’t do that with myself, either. I like to think that my characters evolve from the settings and their experiences.
- KMG : While reading your books, I always feel like women have a special importance and it occurs to me that they have never been shown as equal as men but in your novels. What could you tell us about this?
R. H. : Well, I think I’ve read a number of fantasy novels where women and men share an equal footing, and ones in which they are equally powerful but in different spheres. When you consider the different ways in which men and women have wielded power in our society and in past societies, I think it’s sometimes difficult to define ‘equality’. I have always believed that while females may, statistically, trail behind men in physical strength, they can be more adept at social power. There’s an old saying: The hand that rocks the cradle rules the world. I think it recognizes that even when women were more confined to domestic matters than they are now, they found ways to assert themselves. Imagining the different ways in which power can be manifested, and then setting that up in a fantasy culture is a challenge but also very enjoyable.
- KMG : You are used to write in the first person, whereas most of your heroes are men. However, you do not seem to have any difficulty exploring men’s psychology (I wonder if it is true! ^^). Do you think being a woman gives you a different hindsight of the psychology of your characters, especially the male ones?
R. H. : I think that people are people. I don’t think we can ever make sweeping statements such as ‘Women don’t do that’ or ‘Men don’t think like that.’ Because as soon as we do, someone will step forward to prove us wrong. But even as I believe that, I don’t think it would work to create characters in a vacuum of information. I think my characters incorporate attributes from a variety of people I have known. And those attributes are not always classified as ‘male’, ‘female’, ‘old’, ‘young’ or any other categories. I think the best way to evolve a character is to consider what I know of a character’s culture and personal past, and then predict how he will behave. Not all the men in my story will behave in identical ways, nor will the women. I hope they come across as individuals.
- KMG : Which book are you the most proud of, or which is the one you are the most attached to (of course, they can be two different books)?
R. H. : I am proud of all my books, I am glad to say. I think that I have become a better writer as I gained more experience, but I do not shudder with horror when I look back on an older work. I think that I have two books that are very significant to me. Wizard of the Pigeons, written as Megan Lindholm, was a milestone book for me. I had never even heard the term ‘urban fantasy’ when I wrote it, and I very much enjoyed the research and novelty of setting a fantasy in a contemporary urban setting. And Assassin’s Apprentice is not only my first work as Robin Hobb, but also my first journey with some very remarkable characters.
- KMG : What do you feel when you think about the worlds and the characters you have left behind you? Do you sometimes feel like writing about them again ?
R. H. : My characters are my friends. That can be read in a pathetic ‘oh poor me!’ way but that is not how I intend it. When I write a character I have a chance to invent a friend I’d love to know, and then to journey with that person. So, yes, after a book ends and we move on, I do miss them. And that goes all the way back to Ki and Vandien, my earliest book characters. In my own mind, they do have their own lives, and they journey on without me. And sometime I would love to catch up with those who have moved on, just as I love to connect with any of my old friends. Will I write about any of them again? Only if they come to me and tell me a truly compelling story, one that I must share. No books just for the sake of hanging out with old friends in a familiar place, though; that would cheat all of us.
- KMG : Do you try to pass down personal values in your novels? To pass on some messages?
R. H. : Oh, I hope not, but I suspect that my personal values come through whether I intend it or not. I often tell people that I write, not because I have answers, but because I have questions. Writing lets me take up the lens of a character’s view point and consider those questions anew. If the reader comes with me, it’s part of the story and I invite the reader to draw his own conclusions. I hope I am never preachy in my books
- KMG : Which part of your job do you love the most?
R. H. : All of it. It’s like having my own movie production company. But unlike ‘real’ movie producers, I have an unlimited budget, I can spend as much as I like on special effects, audition for exactly the best characters. I get to set up the scenery, light it, write the scripts and then I get to play every role, and watch it over and over inside my head. Wonderful.
- KMG : Is there any book-signing session anecdote you particularly remember?
R. H. : I was at an event where there was a lot of costuming going on. And a woman came to have a book signed, wearing a sort of combination turban/hat with a cat’s skull mounted on the front of it. I thought it was a plastic cast of a cat’s skull. No. She told me it belonged to her beloved pet of many years, and she had recently exhumed it to be part of her costume. She believed the cat had been recently reincarnated into a kitten that she adopted. It made me very uneasy, and I still don’t quite know what I think of it.
- KMG : Many Robin Hobb’s readers are unaware of Megan Lindholm’s work. Could you explain in a few words what they can find in the books you write under this identity?
R. H. : Well, you’ll find my first ever published novel, Harpy’s Flight, for one thing. Not the first book I ever wrote; like most first books, that never saw print because it was really a mess. Megan Lindholm writes urban fantasy and adventure fantasy and even some SF. In other words, as Megan Lindholm, I wrote all over the fantasy map. There is a wide variety of books under that name, and I continue to use it for short stories. My most recent book, The Inheritance, is actually a collection of stories written under both names. So if readers would like to sample some of the Megan Lindholm work, that would be a good place to start.
- KMG : Would you mind telling us a few words about the comic book adaptation of The Farseer Trilogy?
R. H. : My best few words would be, visit the Soleil website and take a look! I’m thrilled with the adaptation they have done. That link takes you to volume 4! So far, the graphic novel is only available in French and Dutch. I really hope it is translated into more languages.
- KMG : Has someone already offered you to adapt one of your books to theaters or television? (If not, would you like it?)
R. H. : For television? No. There has been sporadic interest from time to time in movie rights, but at the moment, things are quiet in that department. Would I like it? Well, I’ve greatly enjoyed the graphic novel adaptations, so I think I might. I think I would have to step back, however, to give the screenwriter space, and remind myself that ‘this is not my book on the screen. This is someone else’s experience of reading my book.’ And that might be the difficult part for me.
- KMG : What are your professional plans, for now and for the future?
R. H. : I want to write until I’m dead. Hm. Yes, that sums it up. And that’s a much brighter future than it might sound. After all, what better future could a writer ask? In the more immediate future, well, I’m finishing the rewrites on the Rain Wilds Chronicles, to wrap up the adventures of the Tarman Expedition. And after that, it’s on to The Next Book. And I’m not one hundred percent certain what that will be.
- KMG : Which are your major literary influences ?
R. H. : I think I’ve been influenced by every book I’ve ever read. From Aesop’s Fables to Dick And Jane, A Game of Thrones to The Lord of the Rings, from Huckleberry Finn to Little House on the Prairie. I think I like the juxtaposition of worlds and characters that one can find on any library shelf. I don’t think I can sort out any one literary influence. I’m an omnivore when I read, fiction and non-fiction alike. I am sad that I do not have as much time to read as I used to. But everything I read goes into the giant compost heap that is my mind, and all sorts of strange seeds germinate there and cross pollinate with others. I think that actually I’m glad there is no one major literary influence. It’s all grist for the mill.
- KMG : There are many kinds of fantasy in literature : which one is your favourite ?
R. H. : Oh, I’m going to dodge this question by answering ‘the well written sort’. I don’t limit myself. If I pick up a car manual, and it’s well written, I can spend enjoyable time with it. And so that is certainly true of my favorite genre. I love the works of Joe Lansdale, Robin McKinley, Steven Brust and George RR Martin. So how would I choose a favorite? Perhaps every night it is the one that is closest to the bedside. How does one choose a favorite when authors such as Ray Bradbury write them all, and writes them all so well?
- KMG : Which are your « masters » in fantasy literature ? Are there authors you are more particularly fond of?
R. H. : JRR Tolkien is always THE master for me. I know that many people will disagree with that, but I read him at absolutely the perfect time in my life to plunge into his world. And at any moment, I can pick up one of his books, open to a random page, and fall into his tale all over again.
Authors I am particularly fond of: George RR Martin. Rudyard Kipling. Jack Vance. Theodore Sturgeon. Ray Bradbury. Brandon Sanderson. And many, many others.
- KMG : In your personal life, are there other passions that you do not have the opportunity to talk about often?
R. H. : I like to hunt mushrooms when I can. And I try to garden, but in all honesty, I am not very good at it. I just killed a carrot that was growing in a pot on my windowsill. How silly is that? So obviously, I have not inherited my mother’s green thumb. But I still enjoy trying. And when the harvest is good, I love to make jams and jellies for our family. Occasionally I help my elder son make wine. Home made is so good.
- KMG : And here comes our last ritual question on Kiss My Geek: which superpower is yours?
R. H. : I consulted with my grand-daughter on this just now. She says my super power is that I always find a way to say ‘yes’ to things. That seemed a bit odd to me at first, but the more I think about it, the more I like it. I do frequently stop myself when I’m getting angry and starting to lose my temper and announce, “I am now changing my attitude”. Then I step back, take a few breaths, and try to consider things calmly. I try to come back with a positive take on whatever disaster is currently falling on my head. Most of the time, that’s a simple survival tactic. But I do like the idea that saying ‘yes’ can be a super power.
I would like to thank Mrs. Hobb again for her kindness and her availability. It was a great pleasure, an opportunity and, even if I do not want to repeat myself, an honour that I could exchange these few emails with her, whom books I have read with such delight all along these past ten years. She is just like I pictured her and, maybe you will find that silly but… this is still moving me!
My last thanks go to Kia, Melibellule and Necros, who helped me to avoid some mistakes in my english, far from the perfection I dream about!