Éric Zemmour se déclare candidat à l'élection présidentielle de 2022 (original) (raw)

Publié le 30 novembre 2021 à 12h12, mis à jour à 20h54

Le polémiste a officialisé sa décision dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux ce mardi. Il sera l'invité du 20H de TF1 dans la soirée.

Le dernier étage de la fusée. Comme le laissaient présager son attitude et ses déclarations depuis la rentrée, Éric Zemmour a officiellement annoncé sa candidature à l'élection présidentielle de 2022. «_Mes chers compatriotes, (...) comme vous, j'ai décidé de prendre notre destin en main. (...) Il n'est plus temps de réformer la France, mais de la sauver. J'ai décidé de me présenter à l'élection présidentielle. (...) Vive la République, et surtout vive la France !_», a confirmé le nationaliste dans une vidéo publiée ce mardi 30 novembre sur les réseaux sociaux, dans laquelle il reprend les codes du Général de Gaulle lors de l'appel du 18-Juin : assis à un bureau, lisant des notes apparentes, et s'exprimant face à un imposant micro de radio. Le tout avec, pour fond musical, l'allegretto de la 7e symphonie de Beethoven. Une déclaration dont le format est inédit sous la Ve République, pour un parcours qui l'est tout autant.

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Dans cette vidéo de près de 10 minutes - qui a «_été tournée il y a deux semaines, dans un endroit privé quelque part en France_», selon son conseiller Olivier Ubéda -, le candidat insiste sur le «_sentiment de dépossession_» qui touche selon lui «_tous_» les Français. «_Vous avez l'impression de ne plus être dans le pays que vous connaissez. (...) Le pays de Jeanne d'Arc ou de Louis XIV, le pays de Bonaparte et du Général de Gaulle (...). Vous avez compris (...) que la France n'était plus la France et que tout le monde s'en était aperçu_», lance-t-il. Il évoque ensuite l'immigration, qui n'est selon lui «_pas la cause_» de tous les problèmes mais qui «_les aggrave tous_».

Un début de programme présidentiel

Une intervention au cours de laquelle Éric Zemmour énumère également d'autres thèmes sur lesquels il fera campagne, comme la nécessité de réindustrialiser la France, de rééquilibrer sa balance commerciale et sa dette, ou encore de «_redonner du travail_» aux chômeurs. «_Nous devons protéger nos trésors technologiques et cesser de les brader aux étrangers, (...) permettre à nos petites entreprises de vivre, de grandir et d'être transmises de génération en génération, (...) préserver notre patrimoine architectural, culturel, et naturel_», plaide-t-il également.

Selon lui, les gouvernants qui se sont succédé depuis «_des décennies_» ont conduit le pays sur un «_chemin funeste_». Un message qu'il répète à l'envi depuis plusieurs semaines. En l'espace de deux mois seulement, Éric Zemmour a en effet su exploiter la tournée promotionnelle de son dernier livre, La France n'a pas dit son dernier mot (Éd. Rubempré), pour en faire une rampe de lancement pour sa candidature. Crédité d'à peine 5% d'intentions de vote l'été dernier, le sexagénaire a enregistré une progression fulgurante dans les sondages, qui l'a catapulté à près de 18% des voix. Un résultat qui le place régulièrement devant Marine Le Pen (RN), et lui permet d'espérer une qualification au second tour du scrutin face à Emmanuel Macron.

Reste que cette impressionnante dynamique a semblé s'enrayer ces derniers jours, après une succession de polémiques. De ses propos répétés sur le maréchal Pétain, qui aurait «_sauvé des Juifs français_» durant la Seconde Guerre mondiale, jusqu'à ses accusations contre François Hollande, proférées le 13 novembre dernier devant le Bataclan, Éric Zemmour s'est enferré dans une mauvaise passe dont il peine à se sortir. Avec, en point d'orgue, son échange de doigt d'honneur avec une militante «antifa» samedi, venu conclure un déplacement chaotique à Marseille ce week-end.

De journaliste à candidat, la mue a insidieusement démarré il y a des années

Invité du 20H de TF1 ce mardi soir, le désormais candidat mise beaucoup sur la séquence qui s'ouvre devant lui pour inverser la tendance. Sur le plateau, Éric Zemmour a d'ailleurs revendiqué son nouveau statut de candidat. «_Ma mue est faite. (...) Je ne suis plus l'écrivain, je ne suis plus le journaliste_», a-t-il affirmé. Résultat, il a refusé de s'exprimer sur ses condamnations passées, et n'a pas souhaité revenir sur ses propos sur les femmes. Quant à l'avenir, il est resté évasif sur le nom de la personnalité qu'il pourrait nommer à Matignon en cas de victoire en 2022. «_Il n'y a pas eu de question sur mon projet politique, et je le regrette_», a-t-il déploré en conclusion. Sans doute aura-t-il l'occasion d'y revenir lors de ses meetings, à commencer par celui au Zénith de Paris ce dimanche 5 décembre. L'occasion de se livrer à une démonstration de force, et parfaire ainsi sa mue. Laquelle a en réalité débuté insidieusement il y a déjà plusieurs années.

Ancien journaliste de presse écrite, l'essayiste a en effet enfilé tour à tour les casquettes de chroniqueur, éditorialiste, puis polémiste à la radio et à la télévision, avant de s'imposer comme un auteur à succès, et un acteur incontournable du débat public. Au point de se laisser convaincre ces derniers mois par certains de ses amis, qui l'encourageaient de longue date à sauter le pas, et tenter sa chance en politique.


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