Mali : un autre fief islamiste est tombé, remous à Bamako (original) (raw)

Publié le 8 février 2013 à 08h41, mis à jour à 19h03

Des rebelles islamistes présumés arrêtés par l'armée malienne, vendredi, au nord de Gao. PASCAL GUYOT/AFP

Après Aguelhok, les forces françaises et tchadiennes sont arrivées à Tessalit, dans l'extrême nord-est du pays, où les otages français au Sahel seraient détenus. A Bamako, différentes factions de l'armée malienne s'affrontent.

Les forces françaises ont pris vendredi le contrôle de Tessalit, l'un des derniers bastions des groupes islamistes dans le nord-est du Mali. La prise de cette localité intervient après une «opération aéro-terrestre» qui a eu lieu durant la nuit. «Des éléments français des forces spéciales ont été parachutés sur l'aéroport de Tessalit», selon le porte-parole de l'état-major, le colonel Thierry Burkhard. Plus tôt dans la journée, la prise de la ville d'Aguelhok, plus au sud, avait été annoncée, les islamistes abandonnant presque sans combats.

Mali avancée Aguelhok

Les régions d'Aguelhok et de Tessalit, à 200 km au nord de Kidal, sont la cible depuis plusieurs jours d'intenses frappes aériennes françaises, visant des dépôts logistiques et des centres d'entraînement des groupes islamistes. Aguelhok, à moins de 300 km de la frontière algérienne, avait été le théâtre, en janvier 2012, du massacre d'une centaine de soldats et de civils maliens, peu après la prise de la ville par des rebelles touaregs et des islamistes armés. Elle se situe dans le massif des Ifoghas, vaste zone de montagnes et de grottes où, selon des experts et des sources de sécurité, une bonne partie des chefs et des combattants des groupes islamistes se sont réfugiés.

Les routes seraient massivement minées par les islamistes

Parmi eux se trouverait l'Algérien Abou Zeïd, un des émirs les plus radicaux d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et Iyad Ag Ghaly, chef d'Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), un ex-rebelle touareg malien des années 1990, originaire de Kidal qui connaît parfaitement la région. C'est aussi dans cette région que les sept otages français au Sahel seraient détenus.

Aucun combat n'a été signalé à Aguelhok. Mais un porte-parole du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) a assuré jeudi avoir ouvert un nouveau front face aux soldats français, maliens et africains en minant massivement les routes qu'ils doivent emprunter. «Nous avons réussi à créer une nouvelle zone de conflit, à organiser des attaques de convois et organiser des kamikazes», a déclaré dans un communiqué Abu Walid Sahraoui.

Le Mujao, l'un des groupes islamistes armés qui ont contrôlé le nord du Mali pendant plus de neuf mois, multipliant les exactions, a ainsi revendiqué deux récentes explosions de mines qui ont frappé des véhicules de civils et de soldats maliens. Quatre civils maliens sont morts dans ces explosions.

En outre, un kamikaze s'est fait exploser vendredi à Gao, au nord-est du pays, et est mort sur le coup près de soldats maliens dont l'un a été légèrement blessé. «Nous revendiquons l'attentat d'aujourd'hui contre les militaires maliens qui ont choisi le camp des mécréants, des ennemis de l'islam», a déclaré le porte-parole du Mujao.

«Bérets rouges» contre «Bérets verts»

Tandis que la reconquête s'effectue au Nord, l'armée malienne peine à gommer ses divisions. A Bamako, une personne a ainsi été tuée et plusieurs autres blessées dans l'attaque du camp des «Bérets rouges», proches du président renversé l'an dernier, par des soldats des autres corps de l'armée. Cette attaque était semble-t-il motivée par le refus des «Bérets rouges» de quitter leur camp pour aller combattre les islamistes dans le Nord, comme l'avait demandé le chef d'état-major, le général Tahirou Dembélé. Selon des témoins, l'armée aurait ouvert le feu sur les familles de ces derniers.

Environ 800 «Bérets rouges» se trouvent encore à Bamako. Le général Dembélé souhaite les «réaffecter» ailleurs, sans doute pour éviter toute destabilisation supplémentaire du pouvoir. Fin avril dernier, cette unité d'élite avait en effet vainement tenté de reprendre le pouvoir après le coup d'Etat du 21 mars contre le président Toumani Touré.

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