Italie : la politique de Giorgia Meloni fait chuter l’immigration clandestine... qui se détourne vers l’Espagne et la Grèce (original) (raw)

Publié le 27/08/2024 à 19:41, Mis à jour le 28/08/2024 à 17:46

Selon le ministère italien de l’Intérieur, le nombre de migrants clandestins débarqués dans le pays depuis le 1er janvier est en baisse de 65 % par rapport à l’année 2023.

Sortie renforcée des élections européennes, où elle était le seul chef d’un exécutif de l’UE à conduire elle-même la liste de son parti, et a obtenu un meilleur score qu’aux législatives de 2022 qui l’ont portée au pouvoir, Giorgia Meloni peut se prévaloir cet été d’un autre score favorable : l’entrée de migrants clandestins en Italie est en chute libre. Avec 40.138 clandestins débarqués sur les plages du pays au 27 août 2024, contre 113.469 à la même date l’année passée, les statistiques du ministère italien de l’Intérieur montrent une chute de 65 % du nombre d’entrées irrégulières par rapport à 2023. L’année 2023 avait en effet été marquée par une vague massive d’arrivées de clandestins, en particulier venus des plages tunisiennes.

Ce chiffre est également en baisse par rapport à 2022, où du 1er janvier au 27 août, les autorités italiennes en comptaient 55.921. Parmi ces clandestins, le nombre de mineurs non-accompagnés a pratiquement été divisé par 4 - on en compte 5044 depuis le 1er janvier 2024, contre 18.820 à la même époque l'année passée.

Le nombre de clandestins débarqués en Italie a chuté de 65 % par rapport à 2023. interno.gov.it

Autant de statistiques que le ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi, un proche et ancien conseiller de Matteo Salvini, devenu en 2022 le visage de la lutte contre l'immigration illégale conduite par Giorgia Meloni, fait publier fièrement avec une mise à jour hebdomadaire sur le site de son ministère.

Et pour cause : alors que cette politique constituait l’une des priorités de Giorgia Meloni et de son gouvernement, les résultats peinaient d’abord à se faire sentir. En témoigne la hausse importante du nombre d’arrivées clandestines en 2023 (plus du double de 2022), qui avait conduit Matteo Piantedosi à reconnaître dans un entretien à La Stampa , au 31 décembre 2023, des chiffres «qui ne coïncident pas avec les objectifs que s’est fixés le gouvernement».

Le même avait toutefois affirmé également que le volet diplomatique des efforts portés par Giorgia Meloni était d’ores et déjà fructueux : «la collaboration avec les autorités tunisiennes et libyennes a permis de bloquer la moitié des arrivées», se félicitait-il.

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Coopération diplomatique

Cette politique d’accords et de coopérations avec les pays méditerranéens d’où est issue l’immigration illégale qui débarque sur les plages italiennes permet aussi au gouvernement transalpin de multiplier les rapatriements de clandestins : plus de 9000 ont déjà eu lieu en 2024 selon le quotidien conservateur Il Giornale , dont au moins 5000 vers la Libye et près de 4000 vers la Tunisie. Un chiffre, là encore, en hausse.

Il Giornale souligne également un probable effet dissuasif des différentes mesures de durcissement des conditions de l’immigration clandestine adoptées par Giorgia Meloni depuis son arrivée au pouvoir, la plupart du temps par des décrets-lois : renforcement des peines prévues pour les passeurs et les capitaines des bateaux, facilitation des refoulements (qui ne tiennent plus compte d’éventuels liens familiaux entre les clandestins et des personnes résidant en Italie), restriction du droit de travailler pour les personnes bénéficiant d’un régime spécial du droit d’asile, et encadrement de l’activité des ONG de sauvetage de migrants.

Malgré le retard pris par leur construction, du fait notamment de difficultés constitutionnelles, les centres d’accueil prévus en Albanie pour examiner en dehors des frontières de l’Union européenne les demandes d’asile de migrants souhaitant se rendre en Italie ont pu aussi jouer leur part. Après une série de report, le ministère italien de l’Intérieur espère les voir ouvrir en cette fin de mois d’août.

L’immigration clandestine en hausse en Grèce et en Espagne

Pour autant, cette baisse de l’arrivée de migrants clandestins en Italie ne signifie pas que les routes migratoires entre le sud et le nord de la Méditerranée sont closes, tant s’en faut. Dans le même temps, les débarquements ont augmenté en Espagne de 155 %, et en Grèce, de 222 %.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le premier ministre espagnol Pedro Sanchez s’est rendu ce mardi, et jusqu’au 29 août, en Afrique de l’Ouest : le chef du gouvernement socialiste est attendu en Mauritanie, au Sénégal et en Gambie, alors que l’archipel espagnol des îles Canaries est en proie à une vague massive d’arrivée de sans-papiers - 30 ans, jour pour jour ce 28 août, après l’arrivée de la première embarcation de clandestins aux Canaries en 1994.

Pedro Sanchez a d’ailleurs d’ores et déjà fait appel aux pays européens pour se répartir l’effort et accueillir une partie de ces migrants, alors que le Pacte européen pour l’asile et l’immigration, dont le délai de mise en œuvre ne permet pas de faire face à l’urgence aux Canaries, prévoit justement l’installation d’un tel mécanisme. Lequel a été soutenu avec insistance par Giorgia Meloni.