Double «victoire» pour les victimes de l'amiante (original) (raw)

Ce mardi, l'association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva) peut se réjouir. Le tribunal des affaires de sécurité sociale (TASS) de Créteil a reconnu la «faute inexcusable» de Sanofi-Chimie vis-à-vis d'un ancien salarié du site de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) contaminé par l'amiante. Ce même jour à Paris, un ancien dirigeant d'Eternit, Joseph Cuvelier, a été mis en examen pour «homicides et blessures involontaires». Quelque 20 salariés du groupe sont morts après avoir été trop longtemps exposés à ce matériau utilisé notamment pour l'isolation.

Ainsi Yves Derume, 68 ans, qui a travaillé comme technicien de laboratoire pendant 43 ans sur le site Sanofi-Aventis (ex-Rhône-Poulenc) de Vitry-sur-Seine, recevra une indemnité «au titre du préjudice physique et moral». En 2006, des plaques pleurales, une maladie due au dépôt de fibres d'amiante sur la plèvre (l'enveloppe des poumons), ont été diagnostiquées et il s'est vu reconnaître un taux d'incapacité permanente de 5%. Au moins 25 ex-salariés de ce site sont morts de pathologies liées à l'amiante, avait annoncé le 8 octobre le syndicat CGT des retraités, qui veut la reconnaissance du site comme établissement classé amiante. La décision sera connue à la fin de l'année.

Un ancien patron d'Eternit mis en examen

Ce mardi, «pour la première fois c'est un industriel et pas simplement un employeur qui devra rendre des comptes à la justice», se réjouit l'Andeva. Un ancien patron d'Eternit, Joseph Cuvelier, été mis en examen à Paris par la juge d'instruction Marie-Odile Bertella-Geoffroy pour «homicides et blessures involontaires» dans l'enquête sur la mort d'une vingtaine de salariés du groupe victimes de l'amiante.

Il lui est notamment reproché l'absence de mesures de sécurité nécessaires pour protéger les salariés de l'exposition aux fibres d'amiante dans cinq usines du groupe Eternit*. Joseph Cuvelier «est un dirigeant emblématique d'une époque où les contaminations étaient très importantes», a expliqué Me Jean-Paul Tessonière, avocat de plusieurs victimes de l'amiante qui se sont constituées partie civile. «Jusque-là, seuls des dirigeants d'établissements avaient été mis en examen. Il s'agit d'un passage très spectaculaire à l'étage supérieur dans les responsabilités du groupe», a-t-il estimé.

En France, l'amiante est jugée responsable de 10% à 20% des cancers du poumon et devrait être responsable de 100 000 morts d'ici 2025, selon l'Agence santé-environnement (Afsset). Son caractère cancérigène est connu depuis les années 50 mais le premier décret réglementant son usage ne date que de 1977 et son interdiction de 1997.

* Cinq usines d'Eternit, aujourd'hui filiale d'Etex, font l'objet d'une instruction judiciaire centralisée au pôle de santé publique de Paris: Vitry-en-Charolais (Saône-et-Loire), Valenciennes-Thiant, Caronte-Martigues (Bouches-du-Rhône) Albi (Tarn) et Saint-Grégoire (Ille et Vilaine).