Sarkozy veut délocaliser Normale sup (original) (raw)

Au revoir Cachan, bonjour Saclay. Hier, le président de la République a indiqué que l'Ecole normale supérieure (ENS) de Cachan pourrait prendre la direction du plateau de Saclay (Essonne).

Lors d'une conférence de presse à Paris, au cours de laquelle le chef de l'Etat a détaillé les priorités de son grand emprunt de 35 milliards d'euros, Nicolas Sarkozy a officialisé la création d'un « gigantesque campus » à Saclay, pour un montant d'un milliard d'euros, regroupant l'Ecole centrale de Paris, l'Ecole normale de Cachan et l'université Paris-XI.

« C'est un grand pas vers la réalisation de ce projet, se réjouit Jean-Yves Mérindol, directeur de l'ENS. Depuis plusieurs mois, nous travaillons sur l'hypothèse de ce déménagement, qui a été voté par notre conseil d'administration en février. Pour nous, c'est simple : soit on dépérit et l'histoire scientifique se fait sans nous, soit on rejoint Saclay. »

Pour cette école prestigieuse, qui a formé l'économiste Philippe Aghion, le physicien Alain Hapse ou encore Marie-Noëlle Lienemann, l'ancienne ministre du Logement de Lionel Jospin, le déménagement ne se fera pas à n'importe quel prix.

« Cette annonce du chef de l'Etat est préoccupante »

« Nous attendons maintenant le détail de ce financement, les conditions d'accueil et d'accessibilité, précise le directeur de l'ENS. Dans les prochaines semaines, il s'agira de vérifier si ce projet reste au niveau d'ambition qui doit être le sien. »

Sur le campus, l'annonce était attendue. « On nous en a parlé à la rentrée, raconte Claire, étudiante de troisième année en anglais. Pour nous, les littéraires, il n'est pas certain que l'éloignement de Paris, où nous passons beaucoup de temps pour nos travaux, soit un plus. Ce déménagement est surtout favorable aux étudiants de physique et chimie. »

Hier après-midi, en séance plénière, le conseil général a dénoncé ce souhait formulé par Nicolas Sarkozy. « On peut travailler entre établissements sans avoir à tout regrouper sur un même pôle, estime Christian Favier, le président (PC) du département. Même Jean Nouvel, un des architectes du Grand Paris, a expliqué que c'était une erreur de vouloir tout concentrer. Cette annonce du chef de l'Etat est préoccupante. » Même sentiment du député-maire socialiste de Cachan, Jean-Yves Le Bouillonnec : « C'est une éventualité que nous regrettons. Nous avons besoin de ce pôle d'excellence pour le développement économique de la vallée de la Bièvre. Je ne peux pas imaginer Cachan sans l'ENS. Mais rien n'est faitâ?¦ » Si le déménagement est acté, il devrait se faire vers 2016.