Paul-Louis COURIER - Épistolier, pamphlétaire, polémiste et helléniste hors pair (original) (raw)

Insensé qui croit asservir et se dispenser d'obéir…
Lettre X au rédacteur du Censeur

M'est avis que cet enchaînement de sottises et d'atrocités qu'on appelle histoire ne mérite guère l'attention des hommes sensés.
Lettre à M. Guilhem de Sainte-Croix, 12 septembre 1806

Parler est bien, écrire est mieux ; imprimer est excellente chose. Car si votre pensée est bonne, on en profite ; mauvaise, on la corrige et l'on profite encore.
Pamphlet des pamphlets

La noblesse n'est pas de rigueur pour entrer à l'Académie ; l'ignorance, bien prouvée, suffit.
Lettre à MM. de l'Académie

Les gens qui savent le grec sont cinq ou six en Europe ; ceux qui savent le français sont en bien plus petit nombre.
Lettre à Monsieur Renouard, libraire

Ce ne serait rien d'avoir tué quinze ou vingt mille hommes, par exemple. Avec cela on est à peine nommé dans l'histoire. Pour y faire quelque figure, il faut massacrer par millions.
Conversations chez la comtesse d'Albany

Femme qui prête l'oreille prêtera bientôt autre chose.
Lettres de France et d'Italie, A M. le général Dulauloy, 28 mai 1806

Rendons aux grands ce qui leur est dû; mais tenons-nous en le plus loin que nous pourrons, et, ne nous approchant jamais d'eux, tâchons qu'ils ne s'approchent point de nous, parce qu'ils peuvent nous faire du mal, et ne nous sauraient faire de bien.
Simple discours

De l'acétate de morphine, un grain dans une cuve se perd, n'est point senti, dans une tasse fait vomir, en une cuillerée tue, et voilà le pamphlet.
Pamphlet des pamphlets

L'apostrophe, c'est la mitraille de l'éloquence.
Lettre X au rédacteur du Censeur

Je n'ai fait pour être des vôtres que quarante visites seulement, et quatre-vingts révérences, à raison de deux par visite. Ce n'est rien pour un aspirant aux emplois académiques ; mais c'est beaucoup pour moi, naturellement peu souple et neuf à cet exercice.
Lettre à MM. de l'Académie

On écrit aujourd'hui assez ordinairement sur les choses qu'on entend le moins. Il n'y a si petit écolier qui ne s'érige en docteur. A voir ce qui s'imprime tous les jours, on dirait que chacun se croit obligé de faire preuve d'ignorance.
Lettre à M. Renouard, libraire

Mieux vaut tuer un marquis, disent les médecins, que guérir cent vilains : cela vaut mieux pour le médecin ; pour les ministres non ; mieux vaut tuer les vilains.
Lettre XI au rédacteur du Censeur

Mais une notice d'un livre par quelqu'un qui ne l'a point lu est une bouffonnerie toute neuve
Lettre à M. Renouard, libraire

Il faut hurler avec les loups, d'autres disent braire avec les ânes, mais il ne faut pas s'aller fourrer parmi les ânes et les loups.
Lettre à sa femme, 24 décembre 1819

Elles [Les Calabraises] sont noires dans la plaine, blanches sur les montagnes, putains partout ; Calabraise et braise, c'est tout un.
Lettre de France et d'Italie à un destinataire inconnu, 1805

Qu'on mette un roi à Genève avec un gros budget, chacun quittera l'horlogerie pour la garde-robe.
Livret de Paul-Louis, vigneron

Il faut hurler avec les loups, d'autres disent braire avec les ânes, mais il ne faut pas s'aller fourrer parmi les ânes et les loups.
Lettre à sa femme, 24 décembre 1819

La vie est un brelan où celui qui laisse voir son jeu est assuré de perdre.
Lettre à sa femme, 4 mai 1819

Il n'est vilain qui, pour se faire un peu décrasser, n'aille du roi à l'usurpateur et de l'usurpateur au roi, ou qui, faute de mieux ne mette au moins un de à son nom.
Lettre à MM. de l'Académie

La postérité ne se doutera jamais combien, dans ce siècle de lumières et de batailles, il y eut de savants qui ne savaient pas lire et de braves qui faisaient dans leurs chausses.
Lettre de France et d'Italie, à un inconnu, août 1806

La vie est un brelan où celui qui laisse voir son jeu est assuré de perdre.
Lettre à sa femme, 4 mai 1819

Soldat pendant longtemps, aujourd'hui paysan, n'ayant vu que les camps et les champs, comment saurais-je donner aux vices des noms aimables et polis ?
Procès de Paul-Louis Courier

Quelque grands que soient nos péchés, nous n'avons guère maintenant le temps de faire pénitence. Il faut semer et labourer.
Pétition pour des villageois

Je conteste fort peu : j'aime la liberté par instinct, par nature.
Ière Réponse aux anonymes

Né d'abord dans le peuple, j'y suis resté par choix. Il n'a tenu qu'à moi d'en sortir comme tant d'autres qui, pensant s'ennoblir, de fait ont dérogé.
Ière Réponse aux anonymes

Une pensée déduite en termes courts et clairs, avec preuves, documents, exemples, quand on l'imprime, c'est un pamphlet et la meilleure action, courageuse souvent, qu'homme puisse faire au monde.
Pamphlet des pamphlets

Oh ! qu'une page pleine dans les livres est rare ! et que peu de gens sont capables d'en écrire dix sans sottises.
Pamphlet des pamphlets

La gloire aujourd'hui est très rare : on ne le croirait jamais ; dans ce siècle de lumières et de triomphes, il n'y a pas deux hommes assurés de laisser un nom.
Lettre à M. Renouard, libraire

J'aime mieux vous dire en un mot ce qui me distingue, me sépare de tous les partis, et fait de moi un homme rare dans le siècle où nous sommes ; c'est que je ne veux point être roi, et que j'évite soigneusement tout ce qui pourrait me mener là.
Lettre à MM. de l'Académie

Vous êtes bien bon de vous occuper des grands hommes. J'en ai vu depuis deux ou trois : c'étaient de plats personnages.
Lettre à M. Clavier, 20 mars 1810

Si l'on savait ce que c'est, les rois descendraient du trône et personne n'y voudrait monter.
Lettre à M. et Mme Thomassin, 12 octobre 1809

Mais dites-moi, je vous prie, vous qui avez couru, sauriez-vous un pays où il n'y eût ni gendarmes, ni rats de cave, ni maire, ni procureur du roi, ni zèle, ni appointements (…) ni généraux, ni commandants, ni nobles, ni vilains qui pensent noblement ? Si vous savez un tel pays, montrez-le-moi, et me procurez un passeport.
1ère Lettre particulière

Justice, équité, providence ! vains mots dont on nous abuse ! Quelque part que je tourne les yeux, je ne vois que le crime triomphant, et l'innocence opprimée.
Pétition aux deux Chambres

On est quelque chose en raison du mal qu'on peut faire.
IIe Lettre au Censeur

Tout vice vient d'oisiveté, tout désordre public vient du manque de travail.
Ve Lettre au Censeur

Trop d'aise le rend insolent [le peuple] ; il faut le faire payer pour lui ôter ce trop d'aise. Trop peu l'empêche de payer ; il faut lui laisser quelque chose comme aux abeilles on laisse du miel et de la cire.
VIe Lettre au Censeur

Chacun se lance ; non : à la cour, on se glisse, on s'insinue, on se pousse.
VIIIe Lettre au Censeur

Je suis Tourangeau, j'habite Luynes…
Pétition aux deux Chambres

La Charte vint, on me dit : Parlez, vous êtes libre, écrivez, imprimez (…) Moi pauvre, qui ne connaissais pas le gouvernement provocateur, pensant que c'était tout de bon, j'ouvre la bouche et (…) on me met en prison.
Ière Réponse aux anonymes

Dès l'âge où j'ai commencé à faire quelque usage de mon intelligence, j'ai eu le désir de m'instruire, et la passion de l'étude.
Ière Réponse aux anonymes

La vérité, dites-vous, ne veut aucun ornement ; tout ce qui la pare, la cache. Peignez-la donc nue mais belle ; qu'elle frappe et plaise en même temps.
éloge de Buffon

Né d'abord dans le peuple, j'y suis resté par choix.
éloge de Buffon

La douleur raisonne peu. Comme elle ébranle au contraire la raison la plus ferme et trompe le sens le plus droit !
Consolations à une mère

La prairie une fois fauchée, que fait à telle ou telle fleur d'être tombée le soir ou le matin ?
Consolations à une mère

L'éloquence vit de passions, et quelles passions voulez-vous qu'il y ait chez un peuple de courtisans, dont la devise est nécessairement : Sans humeur et sans honneur.
Lettre à M. Bosquillon, après le 28 mars 1811

J'ai eu à me plaindre des grands, des femmes, de mes amis et de moi-même. J'ai pardonné à tout le monde, et gardant toujours la même indulgence, je m'abandonne à la fortune, content qu'elle ne me mette jamais ni trop haut ni trop bas.
Lettre à Dalayrac, 24 mars 1805