Helmut Goetz. Marc-Antoine Jullien de Paris, 1775-1848. L'Evolution spirituelle d'un révolutionnaire. Contribution à l'histoire des précurseurs des organisations internationales du XXe siècle (original) (raw)
. Traduit de l'allemand par C. Cuénot. Paris, Institut pédagogique national, 1962. In 8°, 269 pages, pi., portraits. (Mémoires et documents scolaires.)
Le 10 mars 1795, Marc-Antoine Jullien atteignit sa vingtième année. Déjà il était entré dans l'histoire... et il en était sorti. Commissaire du Comité de Salut public en 1794, il avait traqué les Girondins dans leur département d'origine, puis jeté Carrier devant le Tribunal révolutionnaire de Paris. Nourri dans le sérail il avait débuté dans la carrière politique dès 1792 par des interventions aux Jacobins et par diverses fonctions publiques. Son père Jullien de la Drôme, après avoir été précepteur chez la duchesse d'Anville, fut élu conventionnel. Il se déclara hostile au procès de Louis XVI, parce que, selon lui, le monstre devait être exécuté sans jugement. Quant à Mme Jullien, non moins exaltée que son époux, on lui doit cet aveu : « Sur les vingt-cinq millions de Français il n'y en a guère plus d'un sur cent qui se soit élevé à la hauteur de la Révolution. » Marc- Antoine, entré dès l'âge de dix ans dans les écoles parisiennes, déclarait de son côté que « les élèves, sous l'ancienne monarchie, nourris des ouvrages, des discours, des principes de Cicé- ron, de Démosthène, des républicains de la Grèce et de Rome, étaient imbus d'opinions républicaines avant de connaître les institutions et les lois de la société dans laquelle ils étaient destinés à vivre ». De la rapide carrière révolutionnaire de Marc-Antoine nous retiendrons son passage, comme agent du Comité de Salut publie en septembre 1793, dans les départements de l'ouest, à Saint-Malo, Brest et Nantes. A Vannes il exprime son indignation « quand la municipalité elle-même servant le fanatisme a empêché d'inaugurer la ci-devant cathédrale en Temple de la Raison, quand l'évèque, qui a parlé contre le mariage des prêtres et contre la loi, n'est pas encore en état d'arrestation ». De Lorient, le 25 octobre 1793, il écrivit une lettre à Robespierre. Arrêté le 10 août 1794. libéré après quatorze mois et demi de méditation, sa vie, encore agitée surtout en Italie, s'assagit enfin au service de l'empereur. :