Paul de Rousiers, sociologue et praticien du syndicalisme (original) (raw)

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Paul de Rousiers, sociologue et praticien du syndicalisme

ANTOINE SAVOYE

Tout au long de l'œuvre de Georges Sorel, de L'Avenir socialiste des syndicats (1898) à La marche au socialisme (1920), en passant par L'Introduction à l'économie moderne, les Réflexions sur la violence, Les Illusions du progrès et les Matériaux d'une théorie du prolétariat, on trouve de fréquentes références aux travaux de Paul de Rousiers. Sorel y puise nombre de faits et d'analyses qui viennent alimenter sa propre théorisation.

Ces emprunts répétés ont été remarqués par quelques-uns des biographes et exégètes de Sorel. Pierre Andreu souligne à propos de L'Avenir socialiste des syndicats que Sorel trouve « toute sa documentation sur le syndicalisme dans le livre d'un grand bourgeois, M. Paul de Rousiers, sur le syndicalisme anglais et non dans la pratique quotidienne du syndicalisme français » К Quant à Shlomo Sand, il qualifie P. de Rousiers de « sociologue conservateur » 2. Mais ni l'un ni l'autre n'explore plus avant la personnalité et l'œuvre de cet inattendu et involontaire collaborateur de Sorel.

Pourtant, P. de Rousiers, à la lecture de son œuvre, s'avère plus qu'un observateur social pénétrant. Formé à la science sociale telle que Henri de Tourville et Edmond Demolins l'ont repensée après Le Play, il œuvre à une science de la société qui

1. Pierre Andreu, Notre maître : Sorel, avec une préface de D. Halévy, Paris, Grasset, 1953, p. 120. 2. Shlomo Sand, L'Illusion du "politique. Georges Sorel et le débat intellectuel 1900, Paris, La Découverte, 1985, p. 200.

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