Grabar (André), Ampoules de Terre Sainte (Monza-Bobbio) (original) (raw)

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Grabar (André), Ampoules de Terre Sainte ( Monza-Bobbio ) . Paris, Klinck- sieck, 1958. In-8°, 70 pp., LVI planches. Prix : 3 120 F.

Les ampoules de Saint-Jean-Baptiste de Monza comptent parmi les objets les plus précieux du Trésor de cette basilique. Ces sortes de petits flacons étaient essentiellement destinés à contenir de l'huile prélevée dans les lampes des lieux de pèlerinage : on les emportait et on les gardait en guise de reliques et en gage de « bénédiction » : eulogia, comme portent certaines inscriptions. Ils étaient d'ordinaire décorés de figurations rappelant les souvenirs du sanctuaire visité. Les ampoules de Monza, comme les décrit A. Grabar, sont de petites fioles plates, en argent, aux parois très minces, avec des ornementations au repoussé. Les deux parois sont couvertes d'inscriptions et d'images en relief, différentes sur les deux côtés, ce qui suppose que les deux moitiés d'ampoule étaient confectionnées séparément, puis soudées ensemble. Les inscriptions : « huile de bois de vie des lieux saints du Christ » indiquent manifestement le lieu d'origine, la Palestine, ce que confirment les sujets représentés, qui rappellent les grands événements évangéliques de la vie du Christ : nativité, passion, résurrection, ascension. Les inscriptions-cadres, les plus soignées, ont les caractéristiques des inscriptions du milieu ou de la fin du vie siècle. Quant à la présence de ces ampoules à Saint-Jean-Baptiste de Monza, la tradition l'explique par un don de la reine Théodelinde, à qui est due la construction de cette basilique. L'antiquité des objets et la vraisemblance qu'il y a à ce qu'elle ait voulu doter aussi le monument d'un mobilier sacré appuie cette tradition. A quoi s'ajoute le témoignage indirect qu'apporte le papyrus de Monza sur les « olea » rapportés de Rome par le prêtre Jean qu'elle y avait envoyé. On conçoit donc qu'elle ait tenu à faire venir aussi de semblables souvenirs, plus précieux encore, des Lieux Saints de Palestine.

Aux ampoules de Monza depuis longtemps connues sont à joindre celles de San Colomban de Bobbio, découvertes en 1920 dans une cachette de la crypte de cette église. Les mêmes caractéristiques d'inscriptions et d'images indiquent manifestement la même provenance et la même antiquité. Elles doivent probablement elles aussi être un don de la reine Théodelinde sous le règne de qui l'église, fondation du grand moine dont elle porte le nom, fut construite (612). Elles n'existent plus à l'état d'ampoules, mais à l'état de fragments qu'il n'est malheureusement pas possible de joindre pour reconstituer les objets primitifs avec avers et revers. C'est à cause de leur identité d'origine et de leur parenté iconographique