Problèmes de la marine byzantine (original) (raw)
Problèmes de la marine byzantine
L'historien des relations économiques, politiques et culturelles entre les puissances méditerranéennes, au moyen âge, ne manque pas d'avoir sa curiosité aiguisée, son espoir éveillé devant un titre qui annonce une étude sur la marine byzantine x : qui dit Méditerranée jusqu'au début du ixe siècle, ne dit-il pas Byzance, malgré les succès des Musulmans qui consolidèrent leur installation sur le littoral de l'Afrique du Nord et dans le bassin occidental de la Méditerranée, malgré leurs audacieuses attaques contre les villes italiennes et contre Constantinople elle-même ? Et, même pendant la période suivante, jusqu'au milieu du Xe siècle, qui est marquée par la prépondérance arabe en Méditerranée (avec la prise de la Crète, en 827, l'occupation des côtes méridionales de la Sicile), Byzance reste le seul partenaire des Arabes : à la fois par ses tentatives répétées de réorganiser sa flotte et de reviser sa politique pour porter à son adversaire des coups décisifs et par son effort efficace tant pour régler les échanges commerciaux entre Orient et Occident que pour canaliser selon sa volonté les marchandises en transit sur son territoire, pour maintenir son contrôle sur Naples, Gaète, Amalfi, la Calabre, une partie de l'Apulie, Venise, l'Istrie et la Dalmatie, exerçant une sorte de suzeraineté de prestige, qui lui assure une position dominante.
Après la reconquête de la Crète par Nicéphore Phocas (mars 961), de Chypre (965), d'Antioche (969) et le traité d'Alep 2, le besoin d'une aide navale étrangère revêt — si paradoxal que cela puisse paraître au premier abord — un caractère plus urgent ; et celle-ci prend des dimensions importantes. En fait, bien des raisons expliquent les besoins croissants de Byzance en matière de marine : c'est d'abord le souci de conserver les positions acquises en vue d'une avance plus profonde -en Orient contre les Hamdanides, projet nullement chimérique à ce moment-là ; c'est ensuite la nécessité de s'occuper des Balkans, préoccupation principale de Basile II (976-1025) : l'empereur, engagé dans cette défense des frontières septentrionales, n'a pu tirer parti pour réorganiser la marine byzantine de la
1. C. A. Alexandris, La puissance maritime dans l'histoire de V Empire byzantin, Athènes, 1957, 527 p. (En langue grecque.) 2. Traité entre les Arabes d'Alep et les Byzantins conclu en décembre 969-janvier 970 : les fonctionnaires de la trésorerie byzantine à Alep « percevraient la dîme sur les marchandises qui y arriveraient du pays des Grecs » (Yahya Ibn Said, Annales, éd. et trad. Kratchkovsky-Vassiliev, Paris, 1924. Patr. Orient, t. 18, p. 823-824.
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