La ville d'Euhippè en Carie (original) (raw)
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COMMUNICATION
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LA VILLE d'eUHIPPÈ EN CARIE, PAR M. LOUIS ROBERT, MEMBRE DE L'ACADÉMIE.
La ville d'Euhippè n'est connue que par un très petit nombre de documents. Parmi les auteurs grecs est seul à la mentionner Etienne de Byzance, qui écrit simplement : JZvUm\, ôfjnoç Kaçiaç- 6 oIxtjtooq T&vwnevç. Le lieu était donc en Carie, mais, d'après ce texte, nous ne pourrions savoir si c'était une ville ou un village, et nous ignorons la valeur et la date de la source où a puisé Etienne de Byzance. A la fin de son chapitre sur la Carie, Pline, N.H., v, 109, énumère les villes du conventus iuridicus d'Alabanda : longin- quiores eodem foro disceptant Orthosienses, Alindienses, Euhippini, Xystiani, Hydissenses, Apolloniatae, Trapezopolitae, Aphrodisienses liberi1. Pline utilise ici une source administrative augustéenne, une liste des villes de la province d'Asie, et il est assuré ainsi que, sous Auguste, Euhippè était une ville. Les manuscrits portent alidienses seu hippini, mais la correction Euhippini, faite dès le début du xixe siècle2, est tout à fait certaine3. Elle s'appuie aussi sur la numismatique. Il existe en effet des bronzes avec l'ethnique Evirenécov, qui assurent qu'Euhippè fut une ville pendant tout le temps de ce monnayage. Les uns sont des monnaies autonomes, que l'on date du ne ou du Ier siècle av. J.-C. ; les impériales portent les effigies de Trajan, Lucilla, Commode, Julia Domna, Caracalla et Maximin. Elles sont très rares, même dans les grands médailliers4. Le Pégase des bronzes autonomes atteste, je crois, que la ville faisait partie de la confédération des Cariens à l'époque hellénistique, la Confédération Chrysaorienne.
On n'a — heureusement, étant donné le petit nombre des documents — guère tenté de fixer le site d'Euhippè. Ce sont surtout les numismates qui ont eu à se poser la question et à risquer des suggestions. « Probablement près d'Alabanda », disait Head en 18975.
1. Sur cette liste, cf. L. Robert, Villes d'Asie Mineure, 157 sqq. ; sur son ordre, J. etL. Robert, La Carie, II, chap. iv ; voir ci-après, p. 590 et 597. 2. Elle est bien antérieure à Detlefsen ; on la trouve déjà dans VAsia Minor de Cramer en 1832 ; cf. Villes d'Asie Mineure, 157, note 6. 3. Malgré la contradiction de C. Mùller, dans son lamentable commentaire à Ptolémée (éd. Didot), p. 824, ad Alinda : « Euhippini de conj. Detlefsen ; vix recte » ; il y voit, «emble-t-il, une traduction du nom carien Alinda, rattaché à un *ala, ïjhioS. 4. Je ne donne pas ici de références, car je publierai ailleurs le corpusculum des monnaies d'Euhippè. Dans la littérature numismatique et dans les musées dont j'ai fait venir des moulages, je connais environ une vingtaine d'exemplaires. 5. BMC Caria, p. lu. Sur la carte, il met le nom d'Euhippè, avec un point d'interrogation et sans lieu précis, dans le Nord de la plaine d'Alabanda, vers Cumah. Il a dû s'inspirer de l'ensemble du texte de Pline {conventus d'Alabanda), tout en ne s'y conformant pas (longinquiores).