La famille de Jeanne d'Arc (original) (raw)

La famille de Jeanne d'Arc

e nom Jeanne d'Arc n'a été popularisé que bien après la mort de Jeanne. Elle-même déclarait s'appeler Jeanne La Pucelle, être née et avoir été baptisée à Domrémy par le curé Jean Minet.
De nombreux érudits et chartistes se sont penchés sur le nom de famille de Jeanne, sur son origine. Certains lui ont trouvé une ancienne souche noble. Qu'en est-il exactement, c'est ce que nous allons essayer de voir dans ce dossier sur sa famille.

Le nom de famille d'Arc :

Du berceau de la famille de la Pucelle, on sait bien peu de chose, malgré les recherches auxquelles les érudits se sont livrés.
A six lieues de Chaumont (Haute-Marne), en Champagne, se trouvait un bourg nommé Arc-en-Barrois, qui a peut-être été le berceau des ancêtres de Jeanne et qui leur a donné son nom. Mais ce n'est qu'une conjecture.
Il y avait dans le duché de Bourgogne une localité portant le même nom : Arc-en-Tille (aujourd'hui dans le département de la Côte d'Or, arrondissement de Dijon). En 1392, la châtelaine de ce pays s'appelait Jeanne d'Arc (1).
Ce nom d'Arc n'a pas été porté seulement par des cultivateurs et des châtelaines ; il l'a été aussi par des bourgeois, des chapelains, chanoines et autres ecclésiastiques. ll y eu un Jehan d'Arc, évêque de Verdun de 1245 à 1253. En 1353, Simon d'Arc remplissait les fonctions de chapelain de la chapelle Notre-Dame au château royal de Chaumont ; en 1375 et 1390, il y avait à Troyes un drapier du nom de J. d'Arc et un chanoine du nom de Pierre d'Arc ; en 1404, à Bar-sur-Seine, au diocèse de Langres, le curé s'appelait Michel d'Arc. (2)
Vallet de Viriville a signalé l'existence d'une Jehanne d'Arc à qui le roi Charles VI fit remettre dix-huit sole pour la remercier de lui avoir présenté ce qu'on appelait alors chapeaux, c'est à dire couronnes de fleurs. "Le Roy, pour argent donné à une pauvre femme nommée Jehanne d'Arc qui lui avait présenté chapeaux. Pour ce, dimanche, XII° ,jour de juing 1407, à l'hôtel St Paul, argent : XVIII sols". (3)
Cette pauvre femme appartenait-elle de quelque manière à la famille de Jacques d' Arc ? On ne saurait le dire. Le lecteur qui aime les rapprochements, à l'occasion de cette couronne de fleurs présentée à l'infortuné Charles VI, pourra songer à la couronne que la Pucelle fit mettre à Reims sur le front de Charles VII.

Le nom d'Arc, d'après la Pucelle (Procès) "respondit que son père estoit nommé Jacques Tarc", était le nom de son père ; c'est celui sous lequel les actes authentiques du procès de réhabilitation désignaient sa famille. Quelle en était l'origine ?
On fait à cette question des réponses diverses. Les uns tirent ce nom d'une des localités qui le portent et supposent qu'un des aïeux de Jeanne y était établi. Le père ou le grand-père de Jacques d"Arc l'ayant quitté pour habiter Montiérender, où l'aurait appelé Pierre ou Jacques d'Arc. comme on appela le frère d'Isabelle Rommée, Jean de Vouthon, du nom du village où il était né. D'autres font venir ce nom des emblêmes que portait le sceau de Jacques d'Arc, un arc bandé de trois flèches. Il y aurait donc à choisir entre les deux étymologies : ab Arco ou ab Arcu.
La Pucelle ne porta pas habituellement le nom de Jehanne d'Arc à Domrémy et en France. Elle-même ne se nomma jamais ainsi, mais Jeanne ou Jeannette tout court, ou Jeanne La Pucelle. Cependant, elle fit observer à ses juges, dans la séance, du 24 mars, pendant qu'on lui lisait la minute de ses interrogatoires, "qu'elle avait pour surnom d'Arc ou Rommée, parce qu'en son pays les filles portaient le surnom de la mère". (Procès)
Dans le Procès de réhabilitation, elle est nommée Jeanne d'Arc aussi souvent que Jeanne tout court. (Procès de réhabilitation)
Les lettres d'anoblissement données en décembre 1429 par Charles VII à la famille de Jeanne et à tout son lignage offrent cette singularité que les membres y sont désignés sous le nom d'Ay et non sous le nom d'Arc "Johannnæ d'Ay, caræ et dilectæ nostræ - Jacobum d'Ay, patrem - Jacqueminum et Johannem d'Ay."
Edmond Richer ne peut conjecturer d'où une telle erreur est provenue, sinon de quelque vice de clerc (4). Jules Quicherat et d'autres expliquent cette altération par la manière dont les Lorrains prononcent les "r", qu'ils éteignent presque entièrement. (5)
Le même nom d'Ay pour d'Arc (Jehanne d'Ay, Jacques d'Ay, etc...), figure dans le texte de la confirmation que Henri II fit, en 1550, du privilège de noblesse accordé aux descendants de la famille de Jeanne d'Arc. (6)
Quelle est l'orthographe exacte et rationnelle du nom d'Arc ? Faut-il écrire Darc ou d'Arc ? Une des 3 signatures connues de JeanneVallet de Viriville, dans la brochure citée plus haut, s'applique à démontrer qu'il faut supprimer l'apostrophe et écrire simplement Jeanne Darc. Henri Martin s'est rangé à son avis. Ce qui n'a pas empêché l'opinion contraire de prévaloir. L'usage d'écrire Jeanne d'Arc avec l'apostrophe est aujourd'hui général. A tous les arguments mis en œuvre par l'historien de Charles VII, aucun n'est péremptoire, il suffit de répondre que jusqu'au dix-septième siècle on écrivait couramment Dalençon, Dorléans, Darmagnac et autres noms à particule incontestée, sans apostrophe, comme la lecture des manuscrits de ce temps, conservés à la bibliothèque nationale permet de le constater. On a dans des pièces authentiques les deux orthographes du nouveau nom des frères de Jeanne : Duliz et Du Lys.

Le père et la mère de Jeanne d'Arc :

Domrémy n'était pas le village originaire du père de Jeanne d'Arc, pas plus que sa mère. Jacques d'Arc, père de l'héroïne, était né vers 1375 ou 1380, de bonne et ancienne famille, a-t-on lieu de croire, à Ceffonds (7), localité champenoise dépendant de la riche abbaye de Montiérender (Haute-Marne), au diocèse de Troyes. On connaît encore dans ce village la maison d'Arc, que des titres fort anciens désignent comme ayant appartenu, au quinzième siècle à Jean d'Arc (sans doute le frère de Jeanne), demeurant à Domrémy (8). Une plaque commémorative a été placée sur la maison où Jacques d'Arc aurait vu le jour.

C'est vers le temps de son mariage, sans doute, que Jacques d'Arc vint s'établir à Domrémy. La jeune fille qu'il épousa avait nom Isabelle ou Zabillet Rommée et était de Vouthon, village à sept kilomètres à l'ouest de Domrémy, aujourd'hui dans le canton de Gondrecourt. On suppose que Rommée n'était en aucune manière son nom de famille, mais un simple surnom donné à l'un des siens, selon l'usage du temps, pour avoir fait le grand pèlerinage de Rome (9).Vouthon était divisée en deux sections nommées Vouthon-le-Haut et Vouthon-le-Bas, à un kilomètre l'une de l'autre. A laquelle de ces deux sections appartenait la famille de la mère de Jeanne ? C'est probablement Vouthon-le-Haut car c'est toujours Vouthon-le-Haut qu'on désignait quand on parlait de Vouthon tout court. Isabelle a dû conserver ses biens à Vouthon, du moins pour un temps. On sait que Jacquemin, le fils aîné de la famille, y résidait en 1425. En effet, il reçut une amende de cinq sous pour un "défaut de jour" imposée par le prévôt de Gondrecourt (S.Luce).
Le père de Jeanne d'Arc n'avait-il ni frères ni soeurs ? Un de ses descendants, Charles du Lys (10), auteur du traité sommaire cité plus haut, nous apprend que Jacques d'Arc avait deux frères nommés l'un Nicolas l'autre Jean. Nicolas étant mort, sa veuve fut une des marraines de Jeanne d'Arc. Jean prêta serment, en 1436, comme arpenteur du roi pour les "bois et forêts" au "département de France".

Jacques d'Arc après le départ de Jeanne pour Chinon, n'eut la joie de la revoir qu'à Reims, à l'occasion du sacre. La ville de Reims se réserva l'honneur de traiter et de défrayer le père de la Pucelle. Charles VII lui fit remettre une somme d'argent et le chargea d'annoncer aux habitants de Domrémy et de Greux qu'ils étaient désormais exemptés de toute taille.
Puis vinrent les évènements douloureux de 1430, l'échec de La Charité, la sortie de Compiègne, la prise et la captivité de Jeanne, enfin le procès et la sentence de Rouen.
Quand le malheureux père apprit le supplice et la mort cruelle de sa fille, il ne put supporter ce chagrin. Le poète Valerian Varanius (Quicherat, procès t.V p.83) nous apprend qu'il mourut l'année même de cet évènement.

La situation de fortune de Jeanne d'Arc :

Les parents de Jeanne d'Arc étaient-ils pauvres ou riches ; étaient-ils éloignés de la richesse et de la pauvreté dans ce qu'on appelle une honnête aisance ?
Deux témoins de l'enquête de 1456, Béatrix, veuve d'Estellin et Jeannette, veuve Thiesselin disaient d'eux qu'ils n'étaient pas bien riches : non erant multum divites. Qu'exprime le langage de ces témoins : de la compassion ou de l'ironie ? peut-être ni l'un, ni l'autre. Il est difficile d'en tirer quelque chose de clair.
Sur les trente-quatre témoins de cette même enquête, un seul parle de pauvreté à propos de Jacques d'Arc et des siens : bons catholiques, de bonne renommée quoique pauvres, quamvis essent pauperes. Mais il est à noter que ce témoin n'était pas à Domrémy : c'était le prêtre Etienne de Sionne, de Roncey, près de Neufchâteau. Parmi les témoins de Domrémy même, qui connaissaient exactement la situation de fortune des parents de la Pucelle, nous entendrons les uns comme Jeannette, femme Thévenin, comme Mengette l'une des amies préférées de Jeanne d'Arc, nous parler des fréquentes aumônes de la jeune fille ; d'autres comme Perrin le Drappier, marguillier de l'église, ajouter que ces aumônes étaient considérables, d'autres enfin et Jeanne elle-même, signaler les cierges qu'elle faisait brûler à Notre-Dame de Bermont et dans l'église de son petit village.

Ajoutons que l'habitation de la famille ne ressemblait pas à celle des habitants pauvres et besogneux. Elle était solidement et pour l'époque, luxueusement construite, puisqu'elle a traversé cinq siècles et qu'elle est restée debout ; elle fut restaurée à la fin du XV° siècle mais non reconstruite. De plus Jacques d'Arc possédait des bêtes et des chevaux dont Jeanne parfois s'occupait, et sous ce nom générique d'animaux ou de bestiaux : animalia, on doit comprendre toutes les espèces de troupeaux, boeufs, vaches, moutons, brebis, qu'on élevait dans la vallée de la Meuse. Une condition pareille n'est pas de la pauvreté, c'est au moins de l'aisance. Ajoutons à cela que Jacques d'Arc et sa femme fondèrent dans l'église de Domrémy leurs obits et anniversaires et deux messes annuelles à célébrer pendant la semaine des Fontaines (11).
Cette aisance allait-elle pour les parents de Jeanne jusqu'à la richesse ? constituait-elle une véritable fortune ? Il faudrait le croire d'après quelques érudits. Ils font valoir que en 1419, le chateau de l'Isle et des appartenances ayant été mis aux enchères pour sept années, Jacques d'Arc fut un des deux adjudicataires (12) mais la raison principale se tire de l'allégation suivante : M. Villiaumé, auteur d'une histoire de Jeanne d'Arc, déclara devant MM. De Bouteiller et de Braux tenir d'un de ses grands oncles, curé de Damvillers (Meuse), mort vers 1820, des pièces qui le conduisaient à cette évaluation des biens de Jacques d'Arc et d'Isabelle Rommée. Ces biens disait-il "représentaient environ vingt hectares dont douze en terres, quatre en prés et quatre en bois dont le Bois-Chesnu. Ils avaient de plus leur maison, leur mobilier et une réserve de deux ou trois cents francs...", somme importante à l'époque.
Voilà ce qui expliquerait la possibilité qu'ils avaient de faire la charité et de donner l'hospitalité aux mendiants et aux voyageurs qui passaient souvent dans ce pays.
Quelque confiance que mérite M.Villaumié et le curé, son oncle, il nous parait plus sage et plus sûr de ne pas attribuer une vraie fortune aux parents de Jeanne et de voir en eux des cultivateurs aisés, mais pas davantage.

S'ils n'étaient pas riches, ils étaient du moins estimés et considérés. Ce qui le prouve c'est l'unanimité des témoignages qui leur furent rendus dans l'enquête de la réhabilitation. ce qui le prouve encore, c'est le titre de doyen
(ou sergent du latin serviens) du village, donné à Jacques d'Arc dans un acte de 1423 (13). Or, ce titre et les fonctions qui en découlaient n'étaient dévolus qu'à des gens d'une probité reconnue. Le doyen prenait rang immédiatement après le maire et l'échevin. C'est lui qui convoquait les maires, échevins, jurés à leurs réunions ordinaires ou extraordinaires : il était également chargé de la collecte des tailles (14). L'acte public dans lequel Jacques d'Arc est qualifié de doyen fut rédigé à Maxey sur Meuse à la date du 7 octobre 1423.

Autres preuves de la considération dont le père de Jeanne jouissait auprès des habitants du village. En 1423, Greux et Domrémy avaient souscrit un tribut annuel au damoiseau de Commercy. Sept habitants de chaque localité s'engagèrent et répondirent pour leurs concitoyens. Jacques d'Arc fut un des sept répondants de Domrémy (15).
En 1427, les habitants de Domrémy ayant un procès important à soutenir par-devant Robert de Baudricourt, Capitaine de Vaucouleurs. Jacques d'Arc est désigné dans un acte du 31 mars rédigé à Vaucouleurs comme le fondé de pouvoir de ses concitoyens (16). Il est vrai qu'il ne figure plus dans un acte postérieur de deux ans relatif au même procès. M. Boucher de Molandon conjecture que Jacques d'Arc dut décliner un mandat qui l'eut mis en rapport avec le Capitaine à qui sa fille Jeanne, vers le même temps, demandait de la faire conduire à Chinon (17).

Les armoiries de la famille d'Arc :

On peut encore invoquer à l'appui des considérations qui précèdent, les armoiries dont la famille de la Pucelle était en possession avant qu'elle fut sortie de son petit village.
Dans le traité sommaire déjà cité, Charles du Lys nous apprend que Jean du Lys, échevin d'Arras, "retint les armoiries anciennes de la famille Darc que portaient son ayeul Jacques d'Arc, père de la Pucelle qui estoit d'un arc bandé de trois flèches auxquelles il ajousta le timbre comme escuyer, et le chef d'un lion passant à cause de la province à laquelle son roy l'avait habitué (18)
Les lettres patentes de 1612, constatent le même fait. Jean du Lys, disaient-elles "se serait contenté de porter le nom Dulis, retenant les armes du nom de leur ancienne famille d'Arc, qui sont d'azur à l'arc d'or mis en fasce, chargé de trois flèches entrecroisées, les pointes en haut férues, deux d'or, ferrées et plumetées d'argent, et une d'argent, ferrée et plumetée d'or, et le chef d'argent au lion passant de gueules".
La famille d'Arc avait donc des armoiries à elle avant que Charles VII l'anoblit et lui donnât celles que l'on connait, encore que ces armoiries ne constituent qu'un signet et nullement un blason, le timbre ou heaume y manquant, elles indiquent que la famille d'Arc sortait du commun (19). Ces armoiries, les descendants de Pierre du Lys les avaient gardées, sans y joindre celles qu'avait octroyées à la Pucelle le roi Charles VII. Par les lettres patentes de 1512, Louis XII autorisa représentants de cette branche cadette à porter les deux ensemble "escartelées en mesme ecusson" (20).
Les mêmes lettres établirent que le "cri de Charles Dulis (l'un des sollicitants) serait : "La Pucelle !" et que celui de Luc Dulis, escuyer, sieur de Reisnemoulin, frère de Charles (le second sollicitant), serait : "Les Lys !" (21)

Les frères et soeur de Jeanne d'Arc :

Jeanne d'Arc eut une sœur et trois frères. Sa sœur se nommait Catherine. Ses frères se nommaient Jacques ou Jacquemin, Jean, Pierre ou Pierrelot.

- Catherine d'Arc : d

e la sœur de Jeanne d'Arc, deux questions se posent :
- Qu'advint-il de la sœur de Jeanne d'Arc ?
- Jeanne eut-elle une sœur seulement ou en eut-elle plusieurs ?

Que savons-nous de la sœur de Jeanne d'Arc ?
Ce que nous savons de la sœur de Jeanne c'est qu'elle se nommait Catherine, qu'elle se maria avec Jean Colin, fils de Colin de Greux, qu'elle mourut avant le départ de sa Jeanne pour Chinon. Ce que nous ne savons pas c'est si elle était l'aînée de Jeanne ou sa cadette. Vu son mariage, nous croirions volontiers qu'elle était son aînée.
Ce qui prouve que cette soeur de Jeanne avait pour prénom Catherine, c'est la déposition de Allouy Robert, femme de Pariset Lengres dans l'enquête à laquelle procéda le bailli de Chaumont le 8 octobre 1555 à Vaucouleurs, au sujet d'un membre (Jehan Royer) de la famille de la Pucelle (22).
Cette Allouy Robert était la petite fille de Jehan le Vauseul et d'Aveline, soeur de la mère de Jeanne d'Arc. Elle déposa tenir de sa mère que ladite Aveline, grand'mère de la déposante, aurait dit à sa mère que "lorsque la Pucelle se départit du pays de Vaucouleurs pour aller sacrer le Roy, ladite Pucelle aurait requis ladite Aveline, que, puisqu'elle était enceinte d'enfant, si elle accouchait d'une fille, elle luy fit mectre en nom Catherine, pour la soubvenance de feue Catherine sa soeur, niepce de ladite Aveline ; tellement que la mère d'elle déposant fut nommée Catherine."
Ce qui prouve que cette Catherine, soeur de la Pucelle, fut mariée à Jean Colin, fils de Colin et maire de Greux, c'est l'enquête faite à Domrémy le 16 août 1502, à la requête des cousins maternels de Jean du Lys, fils de Pierre du Lys et neveu de la Pucelle. Cette enquête citée par M. Boucher de Molandon (la famille de Jeanne d'Arc dans l'Orléannais p.62-69), révéla par la bouche du huitième déposant, laboureur à Greux, que "Colin, le maire, fils de Jean Colin, en son vivant maïeur (maire) avait espousé la soeur de la Pucelle." Si on objectait que Colin au procès de réhabilitation n'en dit rien, on répondrait qu'il n'en dit rien parce que rien ne demandait qu'il le dit, et que, l'eût-il dit, les notaires qui reçurent et écrivirent sa déposition purent bien l'oublier ou n'en pas faire mention. D'ailleurs les dépositions prises à Domrémy et Vaucouleurs étaient établies sur un strict questionnaire en douze points. On peut encore ajouter que Catherine, au moment du procès de réhabilitation était décédée depuis longtemps (au minimum 27 ans).
Enfin, la preuve que cette sœur de Jeanne mourut avant le départ de la Pucelle pour Chinon se trouve dans la déposition ci-dessus de la femme de Pariset Lengres et dans la requête même de Jeanne. On peut invoquer comme preuve décisive le silence fait dans les lettres d'anoblissement de la famille de Jeanne à propos de Catherine d'Arc.

Jeanne d'Arc eut-elle une ou plusieurs soeurs ?
Isabellette, femme de Gérardin d'Épinal, dit, dans sa déposition : "Jeanne s'en alla à Neufchâteau, avec son père, ses frères et ses soeurs..."
Colin, fils de Jean Colin, dit : "Presque chaque samedi, cum quadam sorore sua_, et d'autres femmes Jeanne allait à l'ermitage de Bermont..._"
Michel Lebuin, de Domrémy, affirme le même fait que le témoin précédent, dans les mêmes termes "cum quadam sorore sua ibat, et candelas portabat..."
Faut-il traduire ces mots latins par "une de ses soeurs" ou par "sa soeur" ? D'autre part Jeanne exprimait devant Dunois et l'archevêque de Reims, en marchant sur Paris, le voeu que Dieu la laissât aller rejoindre "son père, sa mère, ses frères et sa soeur, qui seraient grandement joyeux de la voir - cum sorore et fratibus meis".
Jeanne avait donc alors une autre sœur que celle dont elle a avait eu à pleurer la mort avant son départ pour Chinon ? Quelques favorables que les textes précédents paraissent à cette conclusion, une simple remarque remet tout en question et laisse subsister l'incertitude. C'est que l'usage du temps et du pays faisait donner indistinctement le nom de sœur aux sœurs proprement dites et aux belles-sœurs.
Resterait donc à savoir si les témoins, si Jeanne elle-même parlent de ses sœurs propres ou de ses belles-sœurs. Jean Hordal, dans une lettre du 19 juillet 1609 à Charles du Lys, a rencontré et résolu ces difficultés. "Et faire se pourrait, dit-il, que la déposition du comte de Dunois se devroit entendre de la femme de quelques-uns des frères de ladicte Pucelle. laquelle parlant d'une sœur entendoit parler dune belle-sœur et femme d'un de ses frères.
On dit encore que la sœur de Jeanne d'Arc aurait eu dix-sept ou dix-huit ans à peine à sa mort, arrivée sur la fin de 1428 ou dans les premiers mois de 1429, chose peu conciliable avec son mariage que l'enquête faite en 1502 prouve avoir eu lieu. L'objection est peu sérieuse : qu'est-ce qui a pu empêcher Catherine d'Arc de se marier à seize ans et de mourir quelques mois après ?
Edmond Richer, dans son Histoire manuscrite de Jeanne d'Arc, dit qu'il en fut de Jacquemin comme de son père : ni l'un ni l'autre ne survécurent longtemps à leur bien-aîmée Jeanne.

- Jacquemin d'Arc : d'après MM. E. de Bouteiller et G. de Braux, des raisons sérieuses autoriseraient à penser que Jacquemin aurait vécu plusieurs années après le supplice de sa sœur, et qu'il aurait eu non seulement une fille mais un fils nommé Pierre, comme son oncle le jeune frère de Jeanne. Ce fils aurait épousé Jeanne de Prouville, et de cette branche seraient issus les Maleyssis, les Hordal, Villebresme et Haldat qui figurent dans la descendance de la famille de Jeanne d'Arc. (La famille de Jeanne d'Arc, pp- 78-88.)
Les mêmes auteurs mentionnent dans leurs Nouvelles recherches, pp. XIII, XIV, 109, un arrêt du sénéchal de Fougères qui donne Jacquemin d'Arc pour ancêtre aux Le Châtelain, par les Le Fournier et Villebresme. Jacquemin serait donc allé se fixer en Normandie. Cela prouve combien il est difficile de découvrir la vérité sur certains points d'histoire. Ce qui est hors de doute, c'est que l'aîné des frères de la Pucelle était mort lorsqu'on entreprit le Procès de réhabilitation en 1455 ; jamais, en effet, on ne l'y voit mentionné ou nommé.

- Jehan d'Arc (ou du Lys), après l'anoblissement de sa famille, second frère de la Pucelle, suivit de près sa sœur lorsqu'elle partit pour Chinon. Il était avec elle au siège d'Orléans et fut logé comme elle dans l'hôtel de Jacques Boucher. Il prit part à toutes ses campagnes. Après la mort de Jeanne, il se tint en la compagnie du Roi.

- Pierre d'Arc (ou du Lys), dit aussi Pierrelot, frère cadet, croit-on, de Jeanne, était avec elle ainsi que Jean d'Arc au siège d'Orléans. A Compiègne, il fut aussi prisonnier comme sa sœur. Il demeura prisonnier plusieurs années entre les mains du Bâtard de Vergy.

Les oncles, tantes et cousins maternels de Jeanne d'Arc :

Nous l'avons déjà dit, lsabelle Rommée, mère de la Pucelle, était née à Vouthon. Elle avait une sœur et deux frères, sinon trois. La sœur, nommée Aveline, fut mariée à Jehan Le Vauseul ou le Voyseul avant 1410. Ils eurent deux filles : 1° Jeanne qui épousa Durand Lassois ou Laxart de Burey-en Vaux ; 2° Catherine qui naquit en 1429 et fut ainsi nommée en souvenir de Catherine, sœur de la Pucelle. (E. de Bouteiller et G. de Braux, La famille de Jeanne d'Arc. pp. 93, 169-170 ; Nouvelles recherches, Introduction, p. XI)
Les deux frères connus de la mère de Jeanne furent Jehan dit de Vouthon et Dominique ou Mougin qui vint mourir dans l'Orléanais, quelques années après sa sœur. (Boucher de Molandon, Un oncle de Jeanne d'Arc oublié)
Jehan de Vouthon, époux de Marguerite Colnel, quitta le pays en 1416 et vint se fixer a Sermaize (Marne), avec ses enfants. Il y exerça le métier de couvreur dont il garda le surnom. (Nouvelles recherches p.XC) et y vécut jusqu'en 1446. (Boucher de Molandon, La famille de Jeanne dans l'Orléanais, p.128-129).
Jehan de Vouthon eut trois fils et une fille. Les trois fils furent Perresson ou Pierresson, Perrinet et Nicolas ; sa fille eut nom Mengotte. Avec Henry Perrinet, son petit-fils, mort sans postérité, s'éteignit le nom de Jehan de Vouthon. Les descendants de sa fille se sont perpétués jusqu'à nos jours. (Nouvelles recherches, p. XIX)
Charles du Lys, auteur du Traité sommaire, nous apprend que Nicolas, fils de Jehan de Vouthon, entra comme religieux profès (c.a.d qui a prononcé ses voeux) à l'abbaye de Cheminon, de l'ordre de Citeaux, à 4 kilomètres de Sermaize. Jeanne d'Arc dont il était cousin germain, lui "fit donner dispense et permission de son abbé pour lui servir de chapelain et aumônier" (Traité sommaire, p.8)
Nous avons dit que la mère de Jeanne d'Arc eut deux frères sinon trois. Si elle en eut un troisième, nous le trouverions dans un certain Henry de Vouthon qui devint curé de Sermaize et mourut dans l'exercice de ses fonctions pastorales. Un des témoins de l'enquête des 2 et 3 novembre 1476, reproduite par de Bouteiller et de Braux, Jehan Colin, l'ainé ; natif et habitant de Sermaize, dit de son curé Henry de Vouthon qu'il était natif dudit Voulton (Vouthon), en Barrois, qu'il réputait les Voulton (Perrinet et Perresson) ses prochains parents, et "qu'après son trespas, lesdits Perrinet, Perresson et Mengotte leur sœur ont prins et emporté par portions égales toute la succession mobiliaire et immobilliaire d'icelluy feu messire Henry de Voulton, comme ses plus prochains linagers habiles à luy succéder, sans que aulcuns empeschement leur en fust ni ayt été depuis lors mis, fait ou donné." (Nouvelles recherches, p.14-15)
La parenté du curé de Sermaize avec les neveux d'lsabelle Rommée et par suite avec elle se trouve par ce témoignage nettement établie. Reste à savoir si cet ecclésiastique était l'oncle ou seulement le frère desdits Perrinet, Perresson et Mengotte (24), le frère ou seulement le neveu de la mère de Jeanne. MM. de Bouteiller et de Braux voient en lui frère Nicolas, le religieux de Cheminon, qui, ayant quitté son couvent, "aurait obtenu, en souvenir des services rendits par lui à La Pucelle, la cure d'une ville où se trouvaient réunis ses plus proches parents. ll aurait alors quitté son nom monastique de Nicolas pour reprendre celui de Henry. Cette explication de MM. de Bouteiller et de Braux est malheureusement difficile à concilier avec la déposition d'une certaine Jehanne, "native de Sermaize, en laquelle elle a continuellement demouré, âgée d'environ quatre-vingts ans." La déposante dit avoir vu audit lieu de Sermaize un nommé messire Henry de Vouthon, lequel depuis qu il arriva audit Sermaize du pays de Barrois, a esté curé de la cure dudit lieu, lequel a toujours réputé Perrinet, Peresson et Mengotte leur soeur ses parents prochains. Or, si Henry de Vouthon eût été le frère des personnages désignés, ladite déposante l'eût su, il semble, et l'eût dit.
Si nous ne pouvons savoir à quel degré au juste le curé de Sermaize était parent de Jeanne d'Arc, les témoignages qui précédent suffisent à établir qu'il était un parent proche : son oncle ou son cousin, et par conséquent le frère, le cousin ou le neveu de sa mère Isabelle.


Sources : "l'histoire complète de Jeanne d'Arc" de Ph-H. Dunand - 1885Illustrations :
- Tympan de la maison natale (2004 - auteur du site).
- Une des trois signatures de Jeanne d'Arc connues.
- Maison de Jacques d'Arc à Ceffonds ("Au pays de Jeanne d'Arc" - Jean de Metz - 1910)
- Patûrages entre Domrémy et Vouthon (ibid.)
- Scènes de labour (ibid.)
- Armoiries de la famille d'Arc.
- Armoiries données par Charles VII à la famille de Jeanne (J.C Colrat)
- Fontaine "Jeanne d'Arc" à Vouthon le Haut (auteur du site - 2004)
- Monument entre Vouthon le Haut et Vouthon le bas à la gloire de toutes les mamans du monde. Il y écrit : "Monument de la reconnaissance et de l'admiration élevé à la gloire de toutes les mamans personnifiées en la noble mère de Sainte Jeanne d'Arc, Isabelle de Vouthon dite Romée offrant sa fille à la France et au Monde."
- L'église de Sermaize ("La grande histoire illustrée de Jeanne d'Arc" - H.Debout - 4° ed.)

Notes :

1 Siméon Luce, "Jeanne d'Arc à Domrémy" p.25 à 32..

2 Siméon Luce, "Jeanne d'Arc à Domrémy" p.25 à 32.

3 (Archives nation., sect. hist. KK31-32, fol. 90.)

4 Edmond Richer - Histoire de la Pucelle - liv.IV, f°, 109 verso)

5 Explication qui a paru peu convaincante auprès de natifs lorrains (Col. de Liocourt). Il est à noter que dans la séance du 24 mars 1431, le greffier de la minute lorsque Jeanne prononce "d'Arc", note "Tarc".

6 Qui n'a sans doute fait que reprendre le décret original. (ndlr)

7 Charles du Lys - Traité sommaire - éd. de 1628.
Pïerre Marot, auteur lorrain qui a écrit sur Jeanne d'Arc, ne croit pas que Charles du Lys soit un descendant de Jacques d'Arc et ne croit pas à l'origine de la famille à Ceffonds. Il lui reproche d'avoir varié dans les éditions successives de ses ouvrages. Notons que P.Marot n'apporte aucune preuve de ce qu'il avance.

8 E. de Bouteiller et G. de Braux - Nouvelles recherches sur la famille de Jeanne d'Arc - introduction)

9 E. de Bouteiller et G. de Braux - Nouvelles recherches sur la famille de Jeanne d'Arc - p.XII-XIII)

10 Charles du Lys était conseiller et avocat général du Roi en la Cour des aides à Paris. Permission lui fut accordée, par lettres patentes du 25 septembre 1612, de prendre les armoiries octroyées par Charles VII à la Pucelle. (Procès t.5 p.225).

11 Extrait d'un registre paroissial de l'an 1490, cité par MM. De Bouteiller et G. De Braux
dans leur ouvrage "la famille de Jeanne d'Arc" p.181-182.

12 Acte retrouvé par M. Jean Chapellier et publié dans le "journal de la société.
archéologique lorraine".

13 Chapellier "documents inédits de l'histoire des Vosges" t.VIII p.72.

14 Siméon Luce : "Jeanne d'Arc à Domrémy" p.40.

15 Siméon Luce : "Jeanne d'Arc à Domrémy" p.159-161.

16 Chapellier "documents inédits de l'histoire des Vosges" t.VIII p.72.

17 Boucher de Molandon, "Jacques d'Arc, père de la Pucelle" p.25-28.

18 De Bouteiller et G. De Braux "la famille de Jeanne d'Arc" p.263-268

19 Pierre Marot considère ces armoiries de la famille d'Arc comme pure fantaisie. Là non plus il ne donne malheureusement pas d'explication autre que sa défiance envers Charles du Lys..

20 Quicherat "Procès t.V p.229-231

21 Quicherat "Procès t.V p.231

22

E. de Bouteiller et G. de Braux "Nouvelles recherches sur la famille de la Pucelle" p.62

23 E. de Bouteiller et G. de Braux "La famille de Jeanne d'Arc" p.17

24 Mengotte, cousine germaine de Jeanne d' Arc, fut mariée à un jeune homme de Sermaize, nommé Collot Turlaut. Deux on trois ans après ce mariage. le comte de Salm assiégea l'église de Sermaize où les Français s'étaient retranchés. Un coup de bombarde atteignit Turlaut et le frappa mortellement. Un an et demi après la mort de son mari, sa jeune veuve se remariait. (E. de Bouteiller et G. de Braux)

.