Interview d�Israel Shamir par Maria Poumier (original) (raw)

For One Democratic State in the whole of Palestine (Israel) FOR FULL EQUALITY OF NATIVE AND ADOPTIVE PALESTINIANS
Home Israel Adam Shamir, vous avez d�j� publi� quatre ouvrages en fran�ais entre 2003 et 2010. Le principal sujet abord� �tait les exactions isra�liennes � l�encontre de la Palestine et de nombreux autres pays et peuples. Quels sont, � vos yeux, les nouveaux facteurs susceptibles d��tre utilis�s afin d�affaiblir l�Etat juif d�Isra�l ? Pensez-vous qu�une r��dition de la Flottille de la Libert� puisse �tre r�ellement utile, � cette fin ?Non, je ne pense pas qu�une nouvelle Flottille changerait grand-chose� Vous savez, comme le disent les Fran�ais : � Tout change, mais rien ne change� � Un changement beaucoup plus important, c�est le fait qu�aux Etats-Unis, nous avons aujourd�hui un pr�sident et un gouvernement qui veulent, clairement, changer leur mode de relation (avec Isra�l) et en faire une simple relation (parmi d�autres relations inter�tatiques) et non pas la Relation par excellence. C�est l� r�ellement un progr�s. Quant aux d�veloppements dans les pays arabes, notamment et Egypte, c�est l�inconnue : nous savons d�o� ces pays sont partis, mais nous ignorons encore ce vers quoi ces r�volutions vont les amener. La r�conciliation entre les factions palestiniennes n�est pas encore effective ; c�est quelque chose qui rel�ve encore de nos esp�rances. La crise financi�re, avec ses rebondissements incessants, a pour effet que l�opinion publique s�int�resse de moins en moins au Moyen-Orient. En arri�re-fond, nous avons aujourd�hui cet �v�nement inou�, en Norv�ge. De mon point de vue, cela a �t� un v�ritable tremblement de terre, ne serait-ce que parce que cette tuerie a d�montr� ce dont des pro-isra�liens fanatiques �taient capables, en Europe et ailleurs dans le monde.Nous sommes donc confront�s � une situation extr�mement dynamique, mais l��quilibre des pouvoirs n�a pas r�ellement chang�. Aujourd�hui, vous avez quitt� Isra�l, et vous �crivez moins en anglais. Vous semblez renouer avec le russe, votre langue maternelle. Vous avez �crit, avec la fac�tie qui vous est coutumi�re � Il y a une vie apr�s le sionisme (et apr�s les batailles contre le sionisme) �). Quels sont les nouveaux sujets qui vous tiennent le plus � c�ur ?Vous savez, la fa�on de rester fid�le � sa ligne de pens�e est quelque chose de compliqu�, pour un �crivain. D�un c�t�, j�ai trouv� un soutien extraordinaire aupr�s de tr�s nombreux lecteurs, c�est vrai. Mais on peut se retrouver tellement assi�g�, tellement harcel� que cela en est parfois vraiment choquant : on emp�che vos articles d��tre publi�s. Cette censure est tr�s brutale et vous vous retrouvez dans une situation tr�s difficile � supporter. C�est une des choses qui m�ont profond�ment affect�. J�ai redout�, � un certain moment, de devenir l�homme d�une seule cause, obs�d� par une unique pr�occupation ; c��tait trop, pour moi. Je viens de passer pr�s d�une ann�e en Russie, et cela fut une exp�rience bien diff�rente. Ma position sur les �v�nements en Isra�l/Palestine est grosso modo la plus g�n�rale, que je me trouve en Russie ou en Gr�ce ou en Turquie; car ce probl�me fait l'unanimit� partout, et cette unanimit� est une des grandes diff�rences entre l'Occident et l'Orient. Je n�avais donc pas � pr�cher � des convaincus et je pouvais faire autre chose : j�ai pu observer ce qu�il se passe dans la soci�t� russe. Comme vous le savez, je suis n� en Russie. Mais cela faisait une vingtaine d�ann�es que je n�y avais s�journ� aussi longuement. Cela a �t� particuli�rement int�ressant pour moi, car j�ai pu constater les changements tr�s importants que ces deux d�cennies ont apport�s en Russie ; c�est int�ressant, la situation est tr�s dynamique. La Russie est en train de r�affirmer son ind�pendance, c�est l� quelque chose de tr�s positif. Mais, d�un autre c�t�, ceux qui sont oppos�s � l�ind�pendance de la Russie sont eux aussi extr�mement actifs. Les sionistes sont actifs �galement en Russie. Oh, bien s�r, pas autant qu�en Europe ou aux Etats-Unis� A mes yeux, il est important de favoriser une interaction entre nos amis (antisionistes) en Occident et nos amis en Russie, de sorte que nos amis russes ne se sentent pas � nouveau abandonn�s comme ils le furent il y a de cela vingt ans, �poque o� ils ignoraient encore qu�il y avait, aussi, en Occident, des forces anti-imp�rialistes, et pas seulement des n�olib�raux. Vos lecteurs occidentaux ont �t� surpris par votre d�fense et illustration de Staline, ainsi que par la tendance spirituelle religieuse que vous pr�tez au communisme. Le Parti Communiste conna�t-il une renaissance, en Russie ? Comment l�industrie russe peut-elle se d�velopper en l�absence d�immigration, avec les pertes d�mographiques que conna�t ce pays, et de tels immenses espaces vides de toute population ? La recolonisation du Birobidjan par des gens qui sont en train de quitter Isra�l serait-elle � vos yeux une bonne chose ? En ce qui concerne une (nouvelle) �migration juive vers le Birobidjan, je n�y crois pas. Il est vrai que de nombreux juifs russes �migrent en Russie � partir d�Isra�l, mais ces juifs n�ont pas l�intention de cr�er un clone de l�Etat juif en Extr�me-Orient. A ce que j�en sais, ils s�installent dans nombre de villes russes de province, ainsi que dans les deux m�tropoles de la Russie, Moscou et Saint-P�tersbourg. Ce sont des gens tr�s d�termin�s � travailler et � s�int�grer. Beaucoup d�entre eux ont connu des temps tr�s durs en Isra�l, o� ils ont fini par comprendre que le discours selon lequel les juifs seraient tellement � part, tellement diff�rents, ne tient pas la route. Donc, aujourd�hui, ces juifs russes rentrent en Russie et ils s�installent majoritairement dans les villes o� ils avaient v�cu avant d��migrer en Isra�l et, globalement, leur situation s�am�liore (sauf, pour certains d�entre eux, � Moscou, une m�tropole gigantesque o� la vie est extr�mement ch�re). Je ne peux donc imaginer un seul instant que ces juifs qui reviennent vivre en Russie auraient un int�r�t quelconque � cr�er un Etat juif (ou plut�t un mini-Etat) au Birobidjan� Le Birobidjan aurait � la rigueur eu une raison d��tre � l��poque de sa cr�ation, mais �a n�est absolument plus le cas, aujourd�hui. A propos de votre question sur l�industrie et l�immigration, je dois dire, h�las, que l�industrie russe continuer � d�cliner. Mais non pas � cause du taux de natalit� tr�s bas et du taux de mortalit� tr�s important en Russie ; depuis 1991, la Russie conna�t une d�sindustrialisation constante. C�est un ph�nom�ne massif : des millions de personnes travaillaient dans l�industrie et aimaient leur travail. Or, ce que ces travailleurs fabriquaient a �t� jug� inutile, en 1991, par les n�oconservateurs arriv�s au pouvoir en Russie. Depuis lors, la majorit� de leurs productions ont �t� supplant�es par des produits import�s, de Chine ou d�ailleurs. Donc, l�industrie russe continue � chuter et elle ne manifeste aucun signe de reprise. Il n�est donc pas question, en Russie, d�immigration rendue n�cessaire par les besoins en main-d��uvre d�une industrie aujourd�hui en plein marasme. Mais beaucoup de gens migrent, en Russie, en particulier � partir des r�gions orientales : il s�agit d�une migration interne. On ne peut parler � ce propos d�immigration (si vous aviez beaucoup d�arriv�es de Corses, � Paris, vous ne parleriez pas non plus d�immigration� en tous les cas, pas aujourd�hui, deux si�cles apr�s Napol�on�). Mais, pour les Russes, cela ne passe pas inaper�u ; il s�agit notamment de la migration de citoyens russes qui quittent le Nord du Caucase (c�est l� �galement, encore une fois, quelque chose de douloureux). Quid du Parti communiste, en Russie ? Conna�t-il une renaissance ? Le Parti communiste est toujours le parti politique le plus important en Russie (le plus important parti politique digne de ce nom, je veux dire�). Mon opinion peut �tre accus�e de parti-pris en faveur du Parti communiste� Mais un journaliste russe tr�s connu, M. Vitaly Tretiakov, qui fut r�dacteur-en-chef de la Nezavissima�a Gazeta (laquelle fut le quotidien le plus important de Russie des ann�es durant) et qui est un des publicistes en vue en Russie actuellement, a donn� une conf�rence, r�cemment, � Washington, que j�ai �cout�e. J�ai �t� estomaqu� lorsqu�il a dit, � propos du r�gime russe, que si Poutine cessait d�intervenir comme il le fait dans la vie politique russe, le Parti communiste serait en mesure de remporter les �lections. Etonnant, de la part d�un anticommuniste comme l�est ce M. Tretiakov� Par cons�quent, oui, l�id�e communiste peut encore s�imposer en Russie et les gens au pouvoir dans ce pays le reconnaissent d�ailleurs ouvertement ; c�est d�ailleurs la raison pour laquelle ils s�efforcent de briser le mouvement communiste au moyen de multiples lois et en r�pandant des mensonges infamants sur leur compte. La direction communiste russe, de nos jours, est extr�mement mod�r�e (bien trop mod�r�e, � notre go�t�) : cela est �galement probl�matique. La situation �tant celle-l�, la pr�sence communiste n�est pas quelque chose qui se serait mat�rialis� jusqu�ici. Les communistes ont v�ritablement �t� bris�s en 1993, et m�me d�j� en 1991, cela fait donc aujourd�hui vingt ans, et ils n�ont pas r�ussi � recouvrer leur autorit� et leur pouvoir, quand bien m�me ceux-ci sont r�els, car ils sont int�gr�s au gouvernement. Il faut savoir que les communistes russes sont tr�s diff�rents, tr�s �loign�s, de leurs homologues occidentaux. Il existe un v�ritable schisme entre le communisme occidental et le communisme oriental. Cela a pour effet que le communisme russe est aujourd�hui tr�s isol� ; il est tr�s mal compris en Occident, o� les mouvements communistes sont devenus extr�mement faibles, en l�absence de l�URSS. Mais m�me ces communistes occidentaux d�sormais particuli�rement affaiblis n�ont pas trouv� le moyen de communiquer avec les communistes russes� Pour en revenir � l�Occident, quid de Julien Assange et de son travail d�information, avec WikiLeaks ? Pensez-vous qu�il ait r�ussi � introduire un changement dans nos modes d�information ? Que pensez-vous, un an apr�s, de ce coup de th��tre m�diatique ?Il est tr�s difficile de r�pondre � cette question. L�ordre informationnel r�gnant en Occident est bien trop �tabli pour avoir �t� r�ellement �branl� par la r�v�lation de ces indiscr�tions. Bien s�r, il est important de conna�tre aujourd�hui avec certitude les men�es r�pugnantes des Am�ricains par le pass�. Donc, oui, c�est s�r, ces r�v�lations ont ajout� quelque chose � notre compr�hension du monde. Par ailleurs, je dois mentionner qu�il y a eu beaucoup de d�convenues, dans toute cette histoire. Notamment le fait que les grands quotidiens (The Guardian, The New York Times) ont r�ussi � tuer dans l��uf l�effet d�tonnant de ces r�v�lations en r�ussissant � s�en faire les vecteurs uniques, et ils ont bien �videmment totalement falsifi� le message. L�autre d�ception, c�est le fait que la r�v�lation des t�l�grammes secrets du Pentagone n�a eu aucune cons�quence r�elle. Il faut le reconna�tre, il faut le dire. Assange a �t� trop occup�, � mon avis, par le proc�s qui lui a �t� intent� (ce que je peux comprendre ; je sais que tout �tre humain est vuln�rable, face � la � justice �), si bien que le flot des r�v�lations a fini par se tarir. Passons � la d�sinformation, apr�s l��limination de Ben Laden. Pouvez-vous nous parler des nouvelles strat�gies de d�sinformation adopt�es par les officines de la propagande occidentale (il y avait bien eu maintes annonces de la mort de Ben Laden avant cela, non ?). Oui ; en effet, dans cette histoire, beaucoup d��l�ments ne collent pas. Je vous donne un exemple : aujourd�hui, � Kiev, on peut voir un film pour la t�l�vision tr�s int�ressant tourn� en Argentine et au Chili, dans lequel on montre un endroit o� Adolf Hitler est suppos� avoir v�cu jusqu�en� 1964 (!). Des photos nous le montrent, dans ces lieux, en Argentine. A tout instant, de nouvelles informations peuvent ainsi venir remettre en cause notre perception de l�Histoire. Hitler a-t-il pu survivre et s�enfuir en Argentine gr�ce � un de ses c�l�bres U-Boat ? Difficile � croire, mais n�anmoins possible. Cela semble � priori tr�s �loign� de ce que l�on est pr�t � admettre, mais � la r�flexion, �a ne l�est pas tant que cela. Mais cela change peu de choses quant � notre perception de l'histoire. Il en va de m�me en ce qui concerne Ben Laden. Celui-ci a-t-il �t� tu� en 2001, ou en 2011 ? Est-il encore en vie, quelque part ? Pourquoi pas aux Seychelles, ou dans quelque autre vill�giature de la CIA ? C�est certes int�ressant, mais �a n�est pas fondamental. Ce que nous constatons, depuis pas mal d�ann�es, c�est le fait que les mujahid�n de Ben Laden �taient, et restent encore aujourd�hui, des soutiens pour l�imp�rialisme am�ricain : ce sont des alli�s des Am�ricains, ce sont des alli�s d�Isra�l. Ce qu�ils font, essentiellement, consiste � assassiner des Chiites. Aujourd�hui, ils sont tr�s actifs contre Kadhafi. Ben Laden a-t-il �t� un agent des Am�ricains, ou bien a-t-il r�ussi � utiliser ces derniers ? Cela, nous ne le savons pas encore avec certitude. Ce que je constate, personnellement, c�est que Ben Laden et ce qu'il repr�sente se sont mis au service des plans h�g�moniques des Etats-Unis et d�Isra�l. Ils ne s�en sont jamais pris � Isra�l et ils ne s�en sont que tr�s rarement pris aux int�r�ts am�ricains. Pour moi, Ben Laden, mort ou vif, n�a pas l�importance qu�on lui accorde g�n�ralement. Chose curieuse : vingt-deux, sur les vingt-trois Marines qui ont pourchass� Ben Laden au Pakistan ont �t� tu�s. Quant au vingt-troisi�me, on ne sait pas au juste quel r�le il a bien pu jouer. Manifestement, quelqu�un a voulu �touffer ce qu�il s�est pass� � Abot Abad. Nous finirons bien par l�apprendre, un jour� Mais : quand ?? Et les �v�nements du 11 septembre 2001 ? Vous pensez que les gens ont compris tout ce qui l�-dedans relevait d'un montage hollywoodien? Des gens travaillent, comme par exemple Thierry Meyssan, � �tablir la v�rit� sur ce qu�il s�est pass� le 11 septembre 2001 � New York et � Washington. Mais les choses resteront en l��tat tant que nous n�obtiendront pas des informations de la part de gens qui ont effectivement particip� aux attentats, car ces gens seront en mesure de nous livrer davantage que de simples th�ories. Bien. Revenons au champ diplomatique. Les opposants � l�intervention de l�Otan contre la Libye semblent puissants, en Russie. O� en sont les Comit�s de solidarit� avec la Libye ? Leur combat est-il populaire, en Russie ?Oui, tout � fait. Les sondages montrent que 72 % des Russes soutiennent activement le colonel Kadhafi. A mon avis, c�est l� un tr�s bon r�sultat. Vous savez, apr�s de si nombreuses ann�es de diabolisation, Kadhafi est probablement le dirigeant le plus populaire aux yeux des Russes (tout au moins). Depuis longtemps, pour les Russes, c�est une question importante : Kadhafi pourra-t-il survivre � l�agression militaire de l�Otan ? Vous savez, partout dans le monde, les gens au pouvoir sont tr�s pragmatiques. Les dirigeants russes ont eux aussi eu le sentiment, pendant un temps, que Kadhafi �tait cuit. Ainsi, au cas o� il ne survivrait pas, prenons langue avec les forces �mergentes, comme l��quipe de Benghazi� Mais il semble maintenant que Kadhafi, qui est un homme � la volont� extraordinairement forte, r�ussit � r�sister � l�offensive de l�Otan. Le peuple russe le soutient et les hommes politiques du clan Poutine le soutiennent �galement. Mais ils ne veulent pas aller trop loin, parce que l�Europe est tr�s importante, pour la Russie, en tant que partenaire g�opolitique. Le principal objectif, pour les Russes, c�est de briser le lien entre les Etats-Unis et l�Europe occidentale. S�il est une chose qui importe aux yeux des Russes, c�est bien d�avoir de tr�s bonnes relations avec la France et avec l�Allemagne, et de faire en sorte que les Etats-Unis se retrouvent tenus � l��cart, tr�s loin. C�est l�, disons, un succ�s virtuel pour les Russes. Ils sont tr�s antiam�ricains, et ils sont tr�s mod�r�ment antieurop�ens. Ainsi, ils envisagent leurs rapports avec les pays du Maghreb � la lumi�re des cons�quences qu�ils sont susceptibles d�avoir, en particulier pour la France. Aux yeux des Russes, la France reste plus importante que la Libye. Un �chec de la France (en Libye) est susceptible d�amener � une France diff�rente de celle de Sarkozy et de Bernard-Henry L�vy. Cette France sera diff�rente ; elle sera nouvelle, elle sera plus amicale pour la Russie, sans que cela cause un nouveau conflit dans le Maghreb� In-sh�Allah� Vous semblez redouter que le Parti socialiste fran�ais ne soit pas mieux que Sarkozy ?Absolument, absolument� Comme partout, le choix consistera en un non-choix. C�est ce qu�Ahmadinejad a dit, voici de cela quelques jours, lors d�une interview accord�e � la cha�ne t�l�vis�e Euronews. Il a dit : � Vous parlez de d�mocratie� Quel genre de d�mocratie avons-nous aujourd�hui, dans le monde ? De fait, il n�y a pas de diff�rence marquante entre les partis politique �. C�est exact. Nous le savons ; c�est effectivement la r�alit� �� Et la Turquie, ce pays tr�s important susceptible de jouer un r�le entre l�Islam et la chr�tient�. Comment voyez-vous ses �volutions r�centes ? En effet, je suis de pr�s l��volution de la Turquie. Je pense qu�il est tr�s positif que le parti islamique AKP ait acc�d� d�mocratiquement au pouvoir et qu�il ait r�ussi � renforcer sa position, y compris une fois au pouvoir. Je suis tr�s satisfait de la position du gouvernement turc sur la Palestine et sur Isra�l, ainsi que de ses bonnes relations avec l�Iran. La Turquie est en effet � mes yeux un pays tr�s important� � bien qu�elle appartienne toujours � l�Otan ?� oui, certes, la Turquie est toujours membre de l�Otan, mais c�est sans doute trop compliqu�, pour elle, d�en sortir, en particulier en des temps o� la France, elle, s�y r�int�gre� Mais l�on peut consid�rer que la Turquie joue un r�le positif � l�int�rieur de cette organisation, � l�instar d�ailleurs de la Gr�ce (mais, � l��vidence, la Turquie est beaucoup plus importante, strat�giquement, que cette derni�re). Bien entendu, on pourrait souhaiter que la Turquie soit encore plus audacieuse�, mais il faut comprendre que la force de la Turquie, m�me s�il s�agit d�un grand pays, avec ses pr�s de cent millions d�habitants et son �conomie puissante et florissante, n�est pas encore suffisamment d�velopp�e, suffisamment efficiente pour pouvoir s�opposer seule (� l�imp�rialisme).Il serait �minemment souhaitable qu�elle renforce ses relations avec la Russie, avec l�Iran et avec la Chine, afin que ces pays construisent ensemble un nouvel avenir. Mais c�est l� encore un objectif lointain : nous n�en sommes pas encore l� aujourd�hui. Bien s�r, la Turquie a un probl�me important, aujourd�hui, avec la Syrie, � ses portes ; et c�est l� un probl�me grave et difficile � solutionner� Vous avez acquis une grande importance en Occident apr�s avoir abandonn� le juda�sme et vous �tre converti au christianisme. Vous avez d�clench� un processus tr�s important. Pensez-vous que nous ayons touch� le fond de la d�christianisation ? Pensez-vous que les choses sont en train de changer dans le bon sens, de ce point de vue, en Occident ?Je pense que les graves �v�nements qui se sont produits en Norv�ge sont une cons�quence de la d�christianisation. J�ai consacr� beaucoup de temps � lire ce qu�a �crit copi� coll� le terroriste ; le plus important, dans ses �crits, c�est le fait qu�il voulait �difier le troisi�me temple juif pour en faire une sorte de lieu d�adoration symbolique � J�rusalem. Il s�agit donc essentiellement d�un antichr�tien. Dans la chr�tient� orthodoxe, il est tout � fait �vident que quelqu�un qui veut reconstruire pour la deuxi�me fois le temple juif ne peut qu��tre un supp�t de l�ant�christ. Il est particuli�rement �clairant de constater que le terroriste norv�gien est un supp�t de l�ant�christ. Bien s�r, il est terrible qu�il faille de tels crimes pour mettre en �vidence la d�christianisation. En Russie, � l��vidence, la situation est bien meilleure, de ce point de vue, m�me si le r�-enchantement des Russes pour l�Eglise orthodoxe renaissante est d�sormais un peu d�pass�, nous assistons � une nouvelle r��valuation. En Russie, les communistes voient d�un tr�s bon �il l�Eglise orthodoxe. Je n�irais pas jusqu�� affirmer qu�ils sont pratiquants, mais� En France on en est loin... A propos du massacre du vendredi 22 juillet (2011) en Norv�ge, votre ami philosophe Marek Glogosowski a �crit que � l�anaconda sioniste est en train d��trangler les gens � l�esprit libre � ? C�est terrible, n�est-ce pas ??Oui, bien s�r. Mais je pense que la crise �conomique que nous connaissons est en train de tuer ce fameux � anaconda � ; les gens commencent � reconna�tre le pouvoir de ces ultra-riches qui ne leur laissent pratiquement pas de quoi survivre. De ce point de vue, je pense vraiment que le pouvoir des Mammonites prendra bient�t fin. Il est difficile de pr�dire quand cela se produira, et de quelle mani�re, mais toutes les �conomies sont tellement li�es au dollar que nous verrons si l�effondrement de cette devise, qui semble d�sormais imminent, changera l��tat des choses ou non. La spiritualit� a elle aussi besoin d�un espace pour se manifester. En Russie, elle s�est d�velopp�e apr�s l�effondrement de l�id�ologie communiste. De la m�me mani�re, il est possible que les peuples de l�Europe occidentale adoptent eux aussi le Christ apr�s avoir �t� d�-mammonis�s. L�effondrement du dollar permettra peut-�tre une renaissance du christianisme� Vous n'excluez pas une situation r�volutionnaire, m�me si la classe ouvri�re et les h�ros de la classe ouvri�re ne sont gu�re visibles... Parlons maintenant, si vous le voulez bien, de la domination sioniste, toujours aussi pesante. Vous avez expliqu� que le discours holocaustique vise � faire en sorte que les juifs continuent � �tre des serviteurs ob�issants d�autres juifs autrement plus puissants. Cela signifie-t-il que les pires ennemis des juifs pourraient bien �tre des juifs appartenant � une certaine �lite ? Comment d�crivez-vous ce ph�nom�ne, comment l�expliquez-vous ? Pensez-vous que ce soit l� le principal probl�me auquel sont confront�es les personnes d�origine et/ou de culture juives ? Vous savez, certaines personnes d�origine juive ont un comportement tellement horrible que je ne pense pas qu�elles se comporteraient mieux si elles coupaient leurs liens avec leur communaut� Pour vous l�expliquer, je vais prendre l�exemple des pays du tiers-monde : dans tous ces pays, il y a des communaut�s qui soutiennent l�imp�rialisme. Nous le constatons, par exemple, en Palestine, dans le petit village ancien d�Abu Ghosh, situ� non loin de J�rusalem. La population de ce village soutient toujours le vainqueur, contre tous les autres. Elle a soutenu les Turcs contre les Palestiniens, � l��poque de l�Empire ottoman, elle a soutenu les Britanniques, sous le mandat, puis les juifs, et, aujourd�hui, elle soutient les Isra�liens. Il a de tout temps exist� des groupes tels que cette population d�Abu Ghosh, des gens qui d�cident de soutenir en permanence les puissants, les gens au pouvoir. En Afrique de l�Est, les Masa� ont toujours fortement soutenu la domination coloniale britannique. Au Maghreb, certains Touaregs soutenaient le colonialisme fran�ais. D�une certaine mani�re, les juifs sont eux aussi un de ces groupes marginaux qui, historiquement, soutiennent l�imp�rialisme. Non que les juifs n�aient eu une position qui leur f�t propre. Mais, tr�s souvent, ils ont soutenu le pouvoir en place. Il faut garder � l�esprit cette propension des juifs � seconder les pouvoirs en place, qui peuvent offrir richesse et pouvoir. En Russie, les juifs ont perdu peu � peu leur connexion avec l�univers juif (en URSS, les employ�s de banque juif avaient des postes d�ex�cution, sans prestige et sans influence). Leur assimilation � la soci�t� russe est-elle en train de se poursuivre ? Il est trop t�t pour le dire. Que doit-on faire pour les gens ordinaires, qui sont g�n�ralement fortement influenc�s par la propagande holocaustique ? Comment pr�server les gens de cette propagande qui est une marque de colonisation ?Il est terrible de constater que cette propagande continue de plus belle ; elle touche aujourd�hui y compris l�Europe de l�Est. Il y a eu une visite remarqu�e de grands-pr�tres am�ricains du culte holocaustique � Moscou. Ils ont �t� tr�s bien re�us ; ils se sont d�clar�s tr�s satisfaits de leur visite. Ils vont construire un mus�e de l�holocauste �galement � Moscou (aux Etats-Unis, chacun des Etats a le sien ; en revanche, il n�y en avait aucun en Russie). Mais les Russes sont m�contents. Ils ont tellement souffert de la Seconde guerre mondiale qu�ils n�ont aucune envie d�y repenser et ils trouvent scandaleux que les juifs veuillent privatiser cette trag�die. A mon avis, il n�y a aucun avantage � se la rem�morer� La meilleure chose que l�on puisse faire, � son sujet, c�est l�oublier. Je le dis et je le r�p�te dans tous les pays o� cela est permis. Mais, comme vous le savez, formuler cette opinion en Allemagne peut vous valoir la prison. J'ai toujours �t� tr�s prudent, ce qui est interdit c'est de saper les bases factuelles du dogme, et l�aspect factuel du r�visionnisme historique de l�holocauste ne m�int�resse pas particuli�rement. Mais aujourd�hui, si vous ne participez pas � leurs comm�morations, vous �tes soup�onn� de ne pas �tre tout � fait de leur c�t� ; c�est l� quelque chose qui devient grave. Oui, je suis d�accord avec vous : il faut, en effet, mettre un terme � cette propagande. Non pas parce qu�elle serait bas�e sur quelque chose de faux. Mais bien parce que les actions men�es � ce sujet devraient �tre radicalement diff�rentes. Vous �tes toujours aussi courageux! Pensez-vous que le lobby sioniste ait pass� un accord secret avec certains think-tanks chinois en Californie, pour se d�barrasser d'Obama ? Si tel est le cas, devons-nous redouter un � imp�rialisme oriental � ? Je ne sais pas ; je ne sais pas� Malgr� toute ma sympathie pour Obama, dont je reconnais les bonnes paroles, celui-ci n�a pas encore r�ussi � tenir la moindre de ses promesses. Il se dit contre la guerre en Syrie, contre la guerre en Libye, contre la guerre en Irak, mais la guerre se poursuit. Je pense que la d�ception, � propos d�Obama, est g�n�rale. Telle est la situation actuelle� Merci. Avant de terminer, pouvez-vous nous donner un conseil, � nous autres Fran�ais : que devons-nous faire, qu�est-ce qui est le plus urgent, parmi les multiples actions que nous devons imp�rativement mener ?A mon avis, la chose la plus urgente et importante, c�est de construire une nouvelle pens�e politique �chappant � la domination des deux fr�res ennemis que sont les socialistes et les n�ogaullistes. Quelle orientation la France va-t-elle prendre ? Il est tr�s difficile de le pr�dire. L�esprit gaullien d�ind�pendance de la France reste une grande id�e, qu�il est encore possible de remettre � l�ordre du jour. Parmi les choses pr�occupantes en France, je vois l��volution de l�extr�me-droite vers un soutien de plus en plus affirm� � Isra�l. Cela risque (comme en Norv�ge) de cr�er des monstres : les tenants de l�extr�me-droite peuvent devenir de v�ritables jud�o-fascistes. Tant qu'ils r�sistent � l'esprit juda�que, ils gardent leur �me chr�tienne. Tr�s important aussi : la France doit arr�ter sa guerre en Libye. Seuls les Fran�ais peuvent obtenir qu�elle cesse ; ce ne sont ni les Libyens, ni les Britanniques, ni les Russes qui peuvent l�obtenir. La Libye est tr�s importante car, � son sujet, l�extr�me-droite et l�extr�me-gauche partagent une m�me analyse ; les anticolonialistes traditionnels et l�extr�me-droite qui pense que la France doit veiller � ses int�r�ts propres se retrouvent, � ce sujet, n�est-ce pas ?Oui. C�est d�ailleurs quelque chose d�assez g�n�ral. D�s lors qu�elles ne sont ni l�une ni l�autre pro-sioniste, l�extr�me-droite et l�extr�me-gauche ont beaucoup de choses en commun. C�est ce que nous souhaitons voir : que les deux composantes les plus dynamiques de la soci�t� unissent leurs efforts. A ce sujet, la Libye est tr�s importante. Il y a actuellement � Moscou (o� je me trouve) une importante exposition de photos consacr�e � la Libye. Beaucoup de groupes se rendent en Libye ; il y a un sentiment de solidarit� avec les Libyens et de soutien au combat de la Libye. C�est tr�s important, surtout en ce qui concerne les Russes, qui aiment les peuples capables de se battre ; c�est ainsi que les Russes ont soutenu les Vietnamiens qui luttaient pour conqu�rir leur ind�pendance. Les Russes ont �t� choqu�s et d��us par l�effondrement de l�arm�e irakienne, durant l�intervention am�ricaine. Cette d�faite a �t� si totale que les Russes avaient perdu toute consid�ration pour les Arabes. Ils pensaient que Kadhafi s�effondrerait lui aussi au bout de seulement quelques semaines. Mais, comme ils le voient tenir bon et combattre, il monte dans leur estime, et cette estime ne s�adresse pas qu�� la personne de Kadhafi, mais � l�ensemble du monde arabe.
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