Isra�l Shamir veut un seul �tat pour Isra�liens et Palestiniens (original) (raw)
Isra�l Shamir veut un seul �tat pour Isra�liens et Palestiniens
"On dirait que les sionistes veulent prouver que tout ce que les antis�mites disent sur les juifs, c'est vrai. On le voit chaque jour, ce d�sir de dominer, de d�poss�der"
JOONEEDKHAN
"JE SUIS NE EN Isra�l, je suis du courant majoritaire, pas vous. Pensez-vous que le peuple juif a droit a sa terre ancestrale?", demande le premier intervenant a s'emparer du micro pour la p�riode de questions.
"Vous vivez maintenant a Montr�al?", lui demande le conf�rencier, innocemment. "Oui", re-pond-il. "Si demain les peuples autochtones d'ici r�clament leur terre ancestrale, allez-vous par-tir?" lance alors Isra�l Shamir, sous un tonnerre d'applaudissements.
Atypique, Isra�l Shamir. Math�maticien et avocat, journaliste et �crivain, ce juif venu de Sib�rie, age de 50 ans, d�range m�me les pacifistes isra�liens de bon aloi parce qu'il propose "un homme, une voix; la fin de l'apartheid" - alors que ceux-la pr�nent la solution des "deux �tats ".
II d�range aussi les Arabes, ceux qui aux �tats-Unis oeuvrent pour la paix avec des juifs notamment, qui jugent que sa critique du sionisme frise parfois 1'antisemitisme, et qui s'en m�fient.
Devant plus de 200 personnes attentives remplissant 1'autre soir un auditorium de I'Universit� McGill, ce p�re de famille devenu une star d'Internet (www.israelshamir.net) a livre ses impressions de 1'incontrolable conflit isra�lo-palestinien.
"Je n'ai pas de r�ponse, ce serait pr�somptueux, j'ai mon avis, c'est tout ce que je peux donner", a-t-il averti en guise de pr�face, dans un anglais a saveur russe, le d�bit h�sitant, fait de petites phrases truff�es de mots d'esprit.
Pour Isra�l Shamir, qui vit a Jaffa, le conflit vient de 1'idee d' "exception juive" d'un "peuple �lu, diff�rent des autres" d�veloppe par des rabbins apr�s la fin du juda�sme biblique, dit-il, citant Yosef Yoval, ex-professeur a l'Universit� Hebraique.
La "division
du monde entre juifs et non-juifs" s'est compliqu�e, selon lui, avec 1'organisation sioniste apparue fin 19s si�cle pour cr�er un �tat juif en Palestine.
Provocateur sous sa bonhomie a la Chaplin, le sourire faussement timide, Isra�l Shamir, moustache �paisse et teint basane, lance: "On dirait que les sionistes veulent prouver que tout ce que les antis�mites disent sur les juifs, c'est vrai. On le voit chaque jour en Isra�l, ce d�sir de dominer, de d�poss�der."
A Novossibirsk, mes grand-parents avaient d�cide de rompre avec cette mentalit�, et de vivre en �galise avec les autres, dit-il.
Pour ce journaliste v�t�ran de la radio isra�lienne et de la BBC, des journaux Haaretz, Maariv et Al-Hamishmar, collaborateur de la Pravda et de 1'hebdo Zavtra, les Palestiniens sont les indig�nes du pays, lies a la terre et a la nature, d�poss�des par le projet sioniste.
"J'�tais porte-parole du parti socialiste Mapam a la Knesset, et comme j'avais du temps libre, je visitais les villages et hameaux de Palestine sur un �ne, que j'appelais Linda", raconte-t-il.
"Dans le d�sert au sud de Khalil / H�bron, j'ai d�couvert des caves habit�es par des humains de-puis 3000 ans. Mais 1'armee a d�truit ces caves, dynamite les puits et expulse les habitants pour faire place a des colonies. C'est triste, cette destruction. C'est comme un enfant riche qui arrache le jouet d'un enfant pauvre, pas pour jouer avec mais pour le d�truire", poursuit-il.
Romancier, traducteur de Hom�re, de Joyce et d'Agnon, Shamir aspire a 1'egalite, comme ses grands-parents. "Un seul �tat, on I'a avec 1'occupation. Ce qu'il faut, c'est le suffrage �galitaire pour tous. Les juifs sont d'excellents Am�ricains et Canadiens, ils peuvent aussi �tre d'excellents Palestiniens", lance-t-il, a une interlocutrice qui s'inqui�te de la minorisation des juifs dans une grande Palestine.
Id�e anath�me aux yeux de la majorit� d'Isra�liens. La plupart des pacifistes parlent de "deux �tats". Certains parlent d'une "F�d�ration bi-nationale", estimant que les Palestiniens veulent leur propre �tat avant de songer aux liens avec 1'Etat juif. Mais a un �tudiant qui 1'inter- pelle sur le terrorisme, Shamir demande: " Si quelqu'un entre dans une kibboutz et mitraille une soixantaine d'hommes, femmes et enfants, 1'appelleriez-vous un terroriste?". "Bien sur", r�pond 1'etudiant. "Chez nous, on 1'appelle Premier ministre", lance Shamir, citant le massacre impute a Ariel Sharon en 1953 a Qibla, en Cisjordanie.
Un partisan de Sharon s'est en-suite empare du micro pour louer Isra�l et d�nigrer les Palestiniens, les Arabes et Shamir. Les agents de s�curit� de McGill 1'ont fermement pousse vers la sortie. II est parti en tirant la sonnette d'alarme; les gardiens ont ferme la porte et la r�union a pris fin dans le calme. Cette r�union �tait organis�e par le groupe SDHP (Solidarit� pour les droits humains des Palestiniens), qui r�unit de six universit�s de la r�gion Montr�al - Ottawa.