Un album monochrome et coloré de la pianiste Célia Oneto Bensaid (original) (raw)
26 mai 2021 —— Jean-Marc Warszawski.
Célia Oneto Bensaid (piano), Metamorphosis, œuvres de Philip Glass, Maurice Ravel, Camille Pépin. Nomad music 2021 (NMM 092).
Enregistré en mai 2020, Maison de l'Orchestre national d'Île-de-France.
Depuis ses transcriptions d’œuvres de Georg Gershwin et de Leonard Bernstein (West Side Story), enregistrées pour label Soupir (American Touch, 2018), et son passage au festival de piano de la Roque d’Anthéron (2020), la pianiste Célia Oneto Bensaid semble faire frissonner, à juste titre, le petit monde médiatique musical. Elle s’y est sérieusement et méticuleusement préparée au Conservatoire national supérieur de Paris, en classe de piano, de musique de chambre et d’accompagnement et en accumulant les concours... et leurs Prix.
Elle forme de très bons duos avec la soprano Marie-Laure Garnier, avec le violoncelliste François Salque ou la violoniste Raphaëlle Moreau, a participé à l’enregistrement de la musique de chambre de Camille Pépin (Nomad Music 2019), dont elle est la dédicataire de plusieurs œuvres.
Cet album présente deux cycles : les cinq Metamorphosis de Philip Glass (1988) d’après La métamorphose de Franz Kafka, et les cinq Miroirs de Maurice Ravel (1906). Deux cycles décyclés, présentés dans le désordre de leurs numéros (qui n’est pas nécessairement un désordre musical) et intercalés. Et un intrus, Number 1 de Camille Pépin, offert à la pianiste, pièce inspirée par le tableau Number 1 (1948) de Jackson Pollock, le tout formant un nouveau cycle, où selon Célia Oneto Bensaid, chaque morceau se métamorphose dans le suivant. On n’est pas obligé d’y croire, mais tout s’enchaîne à merveille.
De la même manière le tableau de Pollock, réalisé par la technique du goutte-à-goutte, des projections de peinture du bout du pinceau, qui forment sur la toile un dense réseau de tâches (de points) et de striures le plus souvent en coups de fouet, nous évoque une musique plus moderniste que celle de Camille Pépin qui est plutôt expressionniste. Mais il est vrai aussi que les Number Pollock peuvent être caractérisés comme expressionnistes abstraits (et tout de même assez aléatoires).
On écoute toujours avec plaisir les Metamorphosis de Philip Glass, un classique, ici dans des tempi un peu ralentis et une volonté de varier, par le jeu, les répétitions. On reste tout de même dans un clair-obscur apaisant monochrome (qui peut être celui de l’acceptation d’un destin tragique), mélancolique, désabusé.
Cela contraste avec le scintillement coloré des Miroirs de Maurice Ravel, auquel Camille Pépin fait ... miroir, particulièrement « Alborade del gracioso » (plage 10), une « espagnolade » enjouée et virtuose.
Jean-Marc Warszawski 26 mai 2021
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Mercredi 26 Mai, 2021 3:22