De la maison des Schumann à Vienne avec la pianiste Anna Zassimova (original) (raw)

19 avril 2022 — Jean-Marc Warszawski.

Fantasienbilder aus Wien, Anna Zassimova (piano), œuvres de Clara Schumann, Johannes Brahms, Robert Schumann, Franz Liszt, Leopold Godowski. Melism 2022 (2 v., MLS CD (53-54).

Enregistré à l'église Saint-Marcel de Paris, août 2020 et avril 2021.

Anna Zassimova a étudié le piano à l’Institut Gnessin de Moscou sous la direction de Vladimir Tropp, puis à la Haute école de musique de Karlsruhe avec Michael Uhde et Markus Stange. Elle se produit en Allemagne, Russie, Chine, États-Unis, Suisse, Italie, Grande-Bretagne, Tchécoslovaquie. On a pu l’entendre en France à l’occasion de quelques festivals.

Elle a enregistré une bonne dizaine de cédés avec une prédilection pour Chopin et Brahms, mais surtout pour le compositeur russo-français Georges Catoire (1861-1926), objet de sa thèse de doctorat et de nombreux enregistrements d’œuvres pour piano et de duos avec violon (dont des enregistrements inédits en France).

Elle enseigne à la Haute école de musique de Karlsruhe. Elle est également artiste-peintre.

Avec ce dernier enregistrement en double album, elle vise au cœur du romantisme et donne le ton avec la première romance de Clara Schumann au thème à faire fondre la banquise. Cette romance, composée en 1855, fut dans un premier temps, dédicacée à son mari, interné depuis mars 1854 après s’être jeté dans le Rhin. Puis à Johannes Brahms, chevalier servant et d’amour. La complexité des sentiments et les puissances affectives qui liaient ces trois-là sont en soi un beau sujet romantique, mais surtout, la maison des Schumann (où Brahms habita également) était la capitale musicale d’une communauté stylistique, à laquelle on devrait réserver le caractère « romantique », même si le mouvement dit romantique s’est manifesté bien au-delà de cette famille à laquelle il faudrait également, entre autres, ajouter Felix Mendelssohn, Franz-Liszt portant ce monde à son dépassement (ce que Brahms n’appréciait pas du tout).

Anna Zassimova nous propose un très beau programme cohérent, d’élans et de déchirements amoureux, de Johannes Brahms et de Robert Schumann répondant à Clara Schumann, avec les Consolations de Franz-Liszt se mêlant aussi le piano à Robert Schumann.

On peut penser que Johannes Brahms trouva quelque consolation à ses amours impossibles au cours du séjour remarqué qu’il mena à Vienne, mais ses fantaisies opus 116, composées vers la fin de sa vie ont du pessimisme. C’est le Carnaval de Vienne, composé par Robert Schumann en 1839, après qu’il eût séjourné dans la ville, qui nous sort de l’intimité amoureuse et des tourments, voire de la tragédie, qu’on laisse définitivement derrière soi avec Alt-Wien, célèbre valse « vieux Vienne » de Leopold Godowsky.

Si ces œuvres sont en partie autobiographiques, elles sont en elles-mêmes une histoire stylistique dont les beautés peuvent se passer de littérature, dans un programme très intelligemment agencé et magistralement interprété, avec en prime le beau et rare son d’un grand piano Bechstein.

Clara Schumann, Romance no 1 (extrait).

CD I. 1. Clara Schumann: Romance opus 28, no 1 ; 2-8. Johannes Brahms, Fantasies opus 116 ; 9-11. Franz Liszt, Consolations, Pensées poétiques, S. 172, I, II, III ; Robert Schumann, Trois romances opus 28.

1. Franz Liszt, Années de Pèlerinage II (S. 161), VI, Sonet 123 de Pétrarque ; 2. Schumann-Liszt, Widmung / Liebeslied ; 3-8, . Robert Schumann, Faschingsschwank aus Wien, opus 26 ; 9. Leopold Goddowski, Alt-Wien.

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Mardi 19 Avril, 2022 15:27