Les sonates de Stéphan Elmas par la pianiste Heghine Rapyan (original) (raw)

24 septembre 2023 — Jean-Marc Warszawski

Heghine Rapyan

The soul of Smyrna, intégrale des sonates pour piano de Stéphan Elmas, Heghine Rapyan (piano). Solo musica (2023).

Enregistré les 26-17 novembre et 17-18 décembre 2022, au Klavierhaus Schimpelsberger, Wels en Autriche.

Après son diplôme accompagné des plus hautes distinctions au Conservatoire d’État d’Erevan, la pianiste Heghine Rapyan a accompli un second cycle d’études au Mozarteum de Salzbourg, où elle est actuellement pianiste et enseignante. Entre-temps elle a été lauréate d’une douzaine de concours, dans son pays natal, l’Arménie, en Grèce, Italie, Moldavie. Elle se produit un peu partout, surtout en Autriche, dans divers programmes, avec orchestre, en récital, en duo avec le pianiste Min-Hao Tsai, ou le joueur de Duduk Harutyun Chkolyan (œuvres de Komitas et tradition arménienne). Elle est apparue en France pour les fêtes musicales de Savoie, à Courchevel, en été 2020 (Bach, Mozart, Liszt, Franck, de Falla).

Elle nous offre avec ce cédé et en première mondiale, les quatre sonates pour piano de Stéphan Elmas (1862-1937), compositeur arménien formé en Autriche, qui s’installa en Suisse, auprès de la peintre Adeline Aimée Rapin.

Auteur de mazurkas, valses, ballades, nocturnes, polonaises, et autres pièces de salon en vogue dans sa jeunesse à Smyrne (Izmir) et certainement prisés par son premier professeur, sa musique évoque Chopin sans équivoque, mais ce serait réduire un style personnel héritier de la sève romantique des Schumann, Mendelssohn, Liszt, qu’il ne joua pourtant jamais en concert, Brahms auquel il semble rendre hommage dans le dernier mouvement de la 4e sonate (5e Danse hongroise).

Il appartient à cette tradition encore vivace dans son enfance, mais passant de mode à partir des années 1870. Stéphan Elmas y resta fidèle jusqu’aux années 1910, où la surdité lui fit abandonner les tournées de concerts et la composition.

Un héritage qu’il a fait merveilleusement fructifier, par un sens exceptionnel de la mélodie et une harmonie bien assurée, une narration libre, équilibrée et touchante par un flux d’affects permanent qui semble aussi naturel que distancié (au moins sans pathos appuyé), peut-être l’influence de l’expressionniste viennois d’un monde qui sombre dans la nostalgie de ses valses et ses dorures.

Si la rencontre de Stéphan Elmas avec le romantisme germanique fut musicalement des plus heureuses, telle est aussi celle d’Heghine Rapyan avec Stéphan Elmas. De toute évidence, c’est une musique qui lui parle et dans laquelle elle se glisse à plaisir, avec magnifique sonorité et grande palette expressive pianistiques, sans les timidités qu’on pourrait subir dans une création sans modèle, c’est-à-dire en donnant en premier le sens de manière toute personnelle.

plume 7 Jean-Marc Warszawski 24 septembre 2023
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Dimanche 24 Septembre, 2023 0:54