Rachid Ouramdane Corps extrêmes entre chorégraphie et acrobaties extrêmes (original) (raw)

Caen le 15 mars 2023 —— Alain Lambert

Rachid Ouramdane Corps extrêmes. Photographie © Pascale Cholette / Théâtre national de Chaillot.

On avait déjà apprécié le travail chorégraphique et original de Rachid Ouramdane il y a trois ans dans ce même théâtre de Caen avec Franchir la nuit où la scène était devenue rivage, lieu tragique que les migrants doivent affronter si souvent.

Aujourd'hui, la scène est devenue montagne, par le jeu combiné d'un immense mur d'escalade sur lequel sont parfois projetées des images rocheuses et vertigineuses. L'air et ses frissons remplacent la mer et ses tragédies.

Et comme il y a trois ans, le chorégraphe travaille avec un musicien de la région. Hier Deborah Lennie du trio Atlantis, aujourd'hui Jean Baptiste Julien, pianiste du quintet Decor-um qui ouvrira le samedi 13 mai le festival jazz de Coutances. Multi instrumentiste, sa guitare électrique contemplative peut soudain s'enflammer au milieu des claviers symphoniques, survolant les danseurs en alternant climats méditatifs ou dynamiques, sinon impétueux. En harmonie totale avec les mouvements et l'esprit du ballet éthéré.

Tout commence avec un highliner, funambule extrême en pleine nature, racontant en vidéo son parcours personnel alors qu'il se déplace entre deux hauts murs rocheux, Nathan Paulin, qui a traversé dans les airs la baie du Mont-Saint-Michel sur presque deux kilomètres et demi. Et qu'on retrouve soudain en haut de la scène sur un fil tendu, alors que sa voix enregistrée continue sur sa lancée.

Puis alors qu'il vient de s'assoir en tailleur sur son fil, surgissent en haut du grand mur blanc les neuf acrobates aériens, grimpeurs et voltigeurs, qui descendent en dansant verticalement, avant de nous offrir un grand nombre de pirouettes, de portés, jetés aussi stupéfiants les uns que les autres, toujours en accord avec la musique en évolution mouvante.

Deux autres témoignages suivront, l'une d'une voltigeuse racontant sa chute au ralenti, et l'autre d'une grimpeuse de haut niveau, Nina Caprez, s'analysant pendant qu'elle joue avec le vide à mains nues sur une paroi abrupte, en vidéo, avant que sa doublure d'un soir, Ann Raber Cocheril, n'attaque en live le mur devenu rocheux par la lanterne magique du théâtre, s'y déplaçant comme si la paroi était à plat, en particulier dans sa partie inclinée à l'envers pour nous autres vers de terre et verts de peur.

Un spectacle incroyable tant qu'on ne l'a pas vu et vécu, dense et danse à la fois.

À découvrir encore à Bourges les 13 et 14 avril avant que la troupe ne s'envole à Londres, Madrid et Sankt Pölten.

Quant au festival Spring du nouveau cirque en Normandie, il continue encore un mois dans toute la région. En particulier dans la région de Caen à la Renaissance de Mondeville le vendredi 24 mars avec Belles places.

plume 14 Alain Lambert mars 2023 © musicologie.org

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