De Courbes Charles (XVI-XVIIe siècles) (original) (raw)
On ne sait pratiquement rien sur ce personnage. Il aurait passé quelques années de son enfance à Chenonceau, à la cour de Louise de Lorraine (1553-1601), la veuve d'Henri III. Il appartient à l'administration royale. On lui attribue un recueil de poésies paru en 1613. Il a fait paraître en 1622 un recueil de cantiques spirituels. Un autre recueil de musique serait perdu.
Charles de Courbes, Regina caeli, Schola Sainte Cécile, enregistrement public.
Catalogue des œuvres
Le Parisi de C. de courbes présenté au roy. Heureux Blanvillain 1613
Cantiques spirituels nouvellement mis en musique à quatre, cins, six, sept et huit parties par le sieur de Courbes, esleu et lieutenant particulier.
- Pierre Ballard, Paris 1622 [2 exemplaires conservés : Médiathèque de Troyes, cote S-11-2432 ; Bibliothèque nationale de France, musique, cote : Rés. Vm. 7 273, manque feuillets 1-4]
MARC DESMET (éditeur), Cantiques spirituels nouvellement mis en musique à quatre, cins, six, sept et huit parties par le sieur de Courbes, esleu et lieutenant particulier. Institut Claude Longeon (Renaissance et Âge classique), Publications de l'Université Jean Monnet de Saint-Étienne, Éditions Symétrie, Lyon 2005 [360 p. ; édition critique moderne et fac-similé intégral de l'exemplaire conservé à Troyes]
Dans les années 1960, Denise Launay (1906-1993), bibliothécaire, organiste et musicologue attirait l'attention sur la singularité d'un livre de Cantiques spirituels publié en 1622 chez Pierre Ballard à Paris par un certain sieur de Courbes. Dans les années 1990, l'ensemble Sagittarius, enregistrait trois de ces cantiques pour les disques Erato. Marc Desmet nous livre aujourd'hui une édition critique moderne des 37 cantiques, avec le fac-similé du seul exemplaire complet connu, conservé à la médiathèque de Troyes.
Du sieur de Courbes on sait, grâce au catalogue Ballard, qu'il se prénomme Charles. D'un de ses poèmes on déduit qu'il a peut-être séjourné très jeune à la cour de Louise de Lorraine - veuve d'Henri III, à Chenonceau. La page de titre de ses cantiques le désigne comme « élu et lieutenant particulier », c'est à dire officier de l'administration fiscale de la couronne.
Désireux d'en dire plus sur le personnage, l'auteur consacre une partie de son introduction à solliciter le nom, le titre d'élu ou de lieutenant particulier, et le milieu évoqué par les poésies de 1613. Peut-on établir une filiation entre ce De Courbes et ses homonymes, ici musiciens à la Sainte-Chapelle, là organistes à Saint-Sauveur de Paris, ou encore avec le célèbre graveur et dessinateur Jean de Courbes, installé à Barcelone et son frère Jérôme, libraire prospère à Madrid ? On aimerait suivre la piste espagnole, celle de la diplomatie royale qui aboutit le 25 novembre 1615 à Bordeaux, au mariage d'Henri IV d'Espagne âgé de 10 ans avec Élisabeth de France (de Bourbon) quant à elle âgée de 13 ans. L'auteur sollicite également le livre de cantiques en ce sens, cherchant dans la formes, dans les dispositions, voire jusqu'en des opérations de numérologie à appuyer cette idée.
Les 37 cantiques composés par De Courbes sont, tant dans leur inspiration ou source littéraire et musicale assez disparates. Les textes sont en français, en latin et français, en latin et le dernier en grec. L'index les désigne comme psaumes, hymnes, concentus, terme ambigu au début du XVIe siècle, où en plus de désigner le chant orné à l'unisson du chœur (en opposition au chant accentué du soliste), désigne aussi tous les chants en écriture d'église, que ce soient les parties du chantre ou du chœur.
Les sources littéraires sont issues de la liturgie traditionnelle, mais on y trouve aussi des textes du poète pétrarquiste et ligueur Philippe Desportes (1546-1606), des paraphrases et des traductions de De courbes lui-même.
Musicalement, les cantiques essentiellement à quatre voix empruntent ou citent le répertoire traditionnel. Marc Desmet dresse le catalogue de ces emprunts.
Sans être luxueuse, cette édition est de qualité et agréable. L'édition moderne comme la reproduction de l'original sont parfaitement lisibles, et utilisables par les chanteurs. Mais les Éditions Symétrie ont eu la bonne idée d'éditer les partitions en 7 cahiers selon le temps liturgique, avec des remarques pour l'exécution.
Je dois dire mes quelques réticences quand à la manière de traiter la matière historique, qui semble viser l'exercice érudit et brillant et le sauvetage des intuitions plutôt que les exigences de la discipline historique.
Ainsi, contrairement à ce qui est écrit, on n'est pas autorisé aux rapprochements filiaux entre le De Courbes des cantiques, et les De Courbes d'Espagne. On aurait pu aussi penser à Augustin Courbe, le libraire du duc d'Orléans vers 1624-1656, ou aux de Courbes de la dynastie des relieurs parisiens, Jérôme qui est vers 1586-1610 le maître de la confrérie, ou encore Jean, Gilles et Jacques qui exercent le métier pratiquement tout au long du XVIIe siècle. Il y a évidemment à cette époque en France des de Courbes qui ne sont pas cités dans la littérature érudite et qui pourraient être rapprochés tout aussi bien de notre personnage.
Charles de Courbes est simplement un gentilhomme lettré et érudit de son temps, se laissant aller à la rime mondaine à la mode. Il est officier dans l'administration de la couronne. La question forte à mon sens est de savoir ce qui a motivé la composition des cantiques dont le manque de cohérence littéraire et musicale est peut-être plus la marque de l'amateurisme que celle de la volonté. Acte de dévotion personnelle ? Mondanité ? Volonté de plaire à la cour ? Acte politique d'un catholique modéré ou au contraire acte de foi militant ?
Mais au fait, c'est quoi un livre de cantiques spirituels au XVIIe siècle ?
Jean-Marc Warszawski 1er septembre 205 © Musicologie.org
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Lundi 6 Mai, 2024