« En contemplant la cathédrale de Coutances, j'ai trouvé l'explication, il me semble, d'un détail qui m'a toujours intrigué. D'où venait ce nom de Sixtine que le Maître a employé dans un roman qui rassemble la somme puissante de sa culture juvénile, mais après en avoir revêtu un être qui a joué un grand rôle dans sa vie et dans son art ? Eh bien ! ce rappel de papauté, l'auteur des Lettres à Sixtine l'aura découvert dans la tiare qui règne sur la façade de cette admirable basilique... (Marcel Coulon) |
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« Le Roman des cœurs, le roman des âmes, le roman des corps, le roman de toutes les sensibilités : — après cela il fallait le roman des esprits. » Ainsi formule son effort littéraire le héros de ce livre d'où se dégage un très pénétrant parfum de confessions. Ce n'est donc pas ici la stérile analyse d'une nature plus on moins molle raisonnant péniblement les chocs des ambiances sur son système nerveux, mais la minutieuse étude d'une vie, exclusivement cérébrale, chez un jeune homme, Hubert d'Entragues, dont la brillante activité s'est localisée dans le crâne. [...] Hubert [...] est « une âme qui veut, une âme qui sait l'inutilité de vouloir, une âme qui regarde la lutte des deux autres et en rédige l'iliade ». Néanmoins, d'une curiosité toute littéraire d'abord, une passion surgit, indéniable, encore que prisonnière du rêve et à ce point absorbée par lui qu'elle ne se réalisera pas (L. Denise. |
J'ai reçu hier soir un billet exquis de M. R. de Gourmont. Mais le drôle est que je lui en avais envoyé un la veille. Comme il ne m'en parle pas, nos billets se seraient-ils croisés ? Comme nous nous complimentons à qui le mieux, ce serait amusant. La vérité est que je trouve son livre très-fort, et s'il pense ce qu'il m'a écrit j'en suis fort aise, car moi je pense absolument ce que j'ai dit (Lettre de J. Renard à A. Vallette). |
4 novembre [1890]. Sixtine, par R. de Gourmont : un délayage bien fait. C'est plein de belles choses grises, de gens qui raisonnent et ne vivent pas. Les noms mêmes sont distingués, prétentieux. Du Barrès, avec moins d'esprit. Et puis, aussi, des souvenirs de procédés latins qui l'obligent à faire toujours suivre un mot d'une épithète quelconque. Il donne une énorme importance au cogito de Descartes, et oublie que c'est une banalité ou simplement, peut-être, un jeu de mots. C'est d'un joli pathos. Je vous dis que nous revenons à Mlle de Scudéry. Un livre tout entier dominé par l'idée kantienne. C'est un livre superbe pour le cas qu'il fait de Villiers de L'Isle-Adam. 5 novembre. Ça finit, Sixtine, par la mort d'un parapluie [...]. Ier décembre. On a la sensation, en lisant Sixtine, de tremper le bout de ses doigts dans du velours où il y aurait des épingles. Le velours, il s'étale. Les épingles, elles piquent (J. Renard, Journal). |
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Sixtine, « roman de la vie cérébrale », par Remy de Gourmont (Paris, Savine, 1890 ; in-12) est, en quelque sorte, le modèle du roman symboliste. Or, il vient en partie d'A Rebours de J.-K. Huysmans, et le principal personnage, Hubert d'Entragues, ne ressemble pas moins à des Esseintes que celui-ci à M. Folantin de A Vau-l'eau, qui est le type même du roman naturaliste. De la recherche des biftecks tendres à la poursuite de la femme esthète, il n'y a que la valeur d'une nuance de style( L. Deffoux & P. Dufay). |
Je suis un peu souffrant, de plus très affairé et énervé par cette Sixtine, d'ailleurs très bien accueillie. J'ai plu à ceux auxquels je voulais plaire (il me reste à connaître votre impression) : les autres, je m'en f… A cette heure, vous avez dû la recevoir, cette aventurière. Je l'ai adressée à Pontorson (lettre à Emile Barbé). |
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