La chronique de Morosini (original) (raw)

La chronique de Morosini Lettre 21 - index

ouvelles de Bruges écrites à Venise de la main de sire Pancrace Justiniani, fils de Messire Marc Orsato. La plus récente est datée du 24 novembre ; elle est arrivée à Venise le 19 décembre. Elle est conçue en ces termes :

...[Pancrace décrit les pertes éprouvées par le duc de Bourgogne et les Anglais à la levée du siège de Compiègne, les avantages remportés par les Français, spécialement l'occupation de Clermont-en-Beauvaisis, la forteresse exceptée; il parle ensuite de la Pucelle et il écrit :]

Il est absolument certain que la Pucelle a été dirigée sur Rouen vers le roi d'Angleterre. Messire Jean de Luxembourg, qui l'a prise, en a touché dix mille couronnes, pour l'avoir ainsi mise entre les mains des Anglais. Quel est le sort qu'on lui réserve ? On l'ignore, mais on craint qu'on ne la fasse mourir. En vérité, ce sont choses extraordinaires et grandes que celles qu'elle a accomplies. Il (1) écrit qu'il en a parlé avec beaucoup, et il en a parlé depuis qu'elle est prisonnière ; mais universellement, tous disent qu'elle est de bonne vie, très honnête, très sage ; ce qui adviendra, nous le saurons bientôt...

XXI (pages 1155-1156, f° 534). (2)

La poncela de certo, quela è sta mandada a Roan al re di Ingletera, per la qual caxon miser Zian de Lucenburgo, che la prexe, ne à tochado XM. corone per darla in le man d'ingelexi; quelo seguirà de lie non se sa, ma dubitase i non la faza morir, e veramente queste son stranie e grande cose di faty de costie; e scrive questo aver parlado con molty, aver parlado da puo che la fo prixioniera, ma pur universalmente ognomo dixe lie eser de bona vita e onestisima e sapientisima; quelo seguira convien che in puocho tenpo se veda; che de certo, segundo el parer d'ognomo queste caxion convien presto aver fin; digo a veder chi dovera a romagnir de sovra. I fery son caldisimy d'una parte e de l'altra e ala ziornada la giente del re de Franza cresie e prospera e sapientemente se governa. Dio al ben di Cristiani proveza, nè altro per adeso non avemo de nuovo...


Source : Présentation, traduction et texte original de J.B.J. Ayroles : " La vraie Jeanne d'Arc" - tome III "La libératrice", p.567.Remarques d'Ayroles sur cette lettre :
[Dans ces lignes fort vraies, Justiniani, on peut s'en convaincre en lisant le texte, multiplie les termes pour exprimer soit l'excellente vie de la Pucelle, soit l'universalité du témoignage qui l'atteste.]Notes :
1 Pancrace

2 Le premier chiffre indique la pagination de la copie de Venise, le second les folios de l'original de Vienne.