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Jeanne d'Arc par Henri Wallon - 5° éd. 1879 Appendice 1 : Ressources financières de Charles V au début de son règne

M. Jules Loiseleur, bibliothécaire de la ville d'Orléans, a traité avec beaucoup de soin des finances au commencement du règne de Charles VII, dans un ouvrage intitulé : "Compte des dépenses faites par Charles VII pour secourir Orléans pendant le siège de 1428, précédé d'études sur l'administration des finances, le recrutement et le pied de solde des troupes à cette époque" (Orléans, 1868). Il y recherche les causes de la détresse où se trouva souvent le roi, et montre en quoi consistaient ses ressources : le domaine fort appauvri par l'occupation d'une partie du territoire et les malheurs de la guerre ; les aides, tailles et gabelles, impôts extraordinaires, devenus, au commencement du quinzième siècle, impôts permanents, mais fort diminués par l'effet des mêmes causes, et de plus singulièrement compromis, quand le dauphin, prenant le titre de régent, en 1418, abolit les aides : mesure que, devenu roi en 1422, il n'osa rétablir et qui subsista jusqu'en 1435. Avec le produit de diverses taxes, de divers emprunts onéreux, et le profit scandaleux de l'altération des monnaies, etc..., qui suffisaient difficilement aux dépenses de son hôtel ou de son administration, le roi avait surtout pour les frais de la guerre les subsides qui lui furent votés annuellement par les États : les États de Bourges (12 janvier 1422), qui votèrent un million de francs à répartir entre les pays de l'obéissance de Charles VII ; ceux de Carcassonne (avril et mai 1425), deux cent mille livres tournois payables en quatre termes ; de Selles en Berri (août), même somme ; de Chinon (10 octobre), aide extraordinaire sous forme d'impôts pour trois ans ; en 1424, les États de Langue d'oil, à Selles (12 mai), un million de livres ; et de Langue d'oc, 150 000 livres, avec une crue sur le sel pendant un an et un droit sur l'exportation des marchandises jusqu'à Pâques ; en 1425, États de Langue d'oil à Poitiers (mai), 450 000 livres ; et de Langue d'oc, à Mehun-sur-Yèvre (novembre), 250 000 livres ; en 1426, États de Langue d'oc (lieu et date précise mal connus), 150 000 livres ; en 1427 (janvier), États tenus à Poitiers (on ignore le chiffre du subside voté) ; et au mois de septembre, les États de Langue d'oc et de Langue d'oil, à Chinon, 500 000 livres ; en 1428, États de Langue d'oc à Béziers, 50 000 livres tournois ; et enfin du 1er au 10 septembre 1428, nouveaux États des deux langues tenus à Chinon, qui allouèrent 400 000 livres, payables en six mois, moitié pour la Langue d'oc, moitié pour la Langue d'oil.

Pour ramener ces sommes à leur valeur intrinsèque actuelle il faut se rappeler que la valeur de la livre tournois variait alors presque d'année en année : d'où l'impossibilité d'appliquer à ces différentes allocations une mesure commune. Il faut tenir compte, en outre, de cette considération que le rapport de l'or à l'argent n'était pas ce qu'il est aujourd'hui, et comme un paiement pouvait se faire soit en or, soit en argent, soit en espèces d'or et d'argent en même temps. (1)

Les ressources ne manquaient donc pas absolument à Charles VII, ce qui lui manqua, comme le signale justement M. Loiseleur dans le livre que nous avons cité, ce fut une administration ferme et sévère. L'argent, si largement octroyé, si péniblement levé sur les populations, était dilapidé par les favoris. Des sommes folles étaient dépensées en chevaux, en armes de luxe ou en harnais, et l'on prenait à crédit ce qui était nécessaire à la table du prince. Ajoutez que le roi ne vivant que d'emprunts faits à ses courtisans, ceux-ci commençaient par reprendre sur le produit des impôts, ce qui leur était dû, non sans y faire joindre des libéralités nouvelles, par manière d'usure. Voyez le très-intéressant et savant article de M. du Fresne de Beaucourt, Charles VII, son caractère, extrait de la "Revue des questions historiques, 1870 et 1872) ces sommes considérables, votées expressément pour la guerre, on verra plus bas ce qui fut employé au siége d'Orléans.


Source : Jeanne d'Arc - Henri Wallon - 5° éd. 1879

Notes :
1 M. Wallon donne ensuite ces sommes calculées à la période de 1860, ce qui n'au plus aucun intérêt en 2004. Cette partie a donc été supprimée de cet appendice.