Jeanne d'Arc - H.Wallon - Appendice : Lettre de Jeanne aux habitants de Reims (original) (raw)

Jeanne d'Arc par Henri Wallon - 5° éd. 1879 Appendice 37 : Lettre de Jeanne aux habitants de Reims

« Mes chiers et bons amis, les bons et loyaux François de la cité de Rains, Jehanne la Pucelle vous faict à savoir de ses nouvelles, et vous prie et tous requiert que vous ne faictes nul doubte en la bonne querelle (que elle mayne pour le sang royal : et je vous promet et certiffy que je ne vous abandoneray poinct tant que je vivray. Et est vray que le roy a faict trêves au duc de Bourgogne quinze jours durant, par ainsi qu'il ly doibt rendre la cité de Paris paisiblement au chieff de quinze jour. Cependant ne vous donnés nule merveille se je ne y entre si brieftvement, combien que des trêves qui ainsi sont faictes, je ne soy point contente et ne sçay si je les tendroy, mais si je les tiens, ce sera seulement pour garder l'honneur du roy, combien aussy que ilz ne rabuseront point le sang royal, car je tiendray et maintiendray ensemble l'armée du roy pour estre toute preste au chief desdictz quinze jours, s'ils ne font la paix. Pour ce, mes très chiers et parfaicts amis, je vous prie que vous ne vous en donnés malaise tant comme je vivray, mez vous requiers que vous faictes bon guet et gardez la bonne cité du roy; et me faictes savoir scil y a nuls triteurs qui vous veulent grever, et au plus brief que je pourray, je les en osteray ; et me faictes savoir de vos nouvelles. A Dieu vous commande qui soit garde de vous.

« Escript ce vendredy, cinquiesme jour d'aoust, emprès un logis sur champ ou chemin de Paris. »

Sur l'adresse: « Aux loyaux Francxois habitans en la ville de Rains. »
(Procès, t. V, p. 139.)


Source : Jeanne d'Arc - Henri Wallon - 5° éd. 1879.

Notes :
1 Quicherat : Imprimée pour la première fois en 1844, par M. Varin, dans les Archives administratives de Reims (t. I, p. 596). L'original était conservé à l'hôtel de ville de Reims au commencement du dix-septième siècle ; il n'en existe plus qu'une copie du même temps qui se trouve intercalée dans le manuscrit de Rogier, à la Bibliothèque royale (Supplément français, n° 1515-2) ; c'est de là que M. Varin l'a exhumée.