Jeanne d'Arc - Henri Wallon (original) (raw)

Livre IV - PARIS I - La mission de Jeanne d'Arc - p. 255 à 267

unois raconte qu'après le sacre, quand Charles VII traversa la Ferté et Crespy en Valois, comme le peuple accourait criant Noël, Jeanne, qui était à cheval entre l'archevêque de Reims et lui-même, dit : « Voilà un bon peuple, et je n'ai jamais vu peuple qui se réjouît tant de l'arrivée d'un si noble prince. Et puissé-je être assez heureuse pour finir mes jours et être inhumée en cette terre ! — O Jeanne, lui dit l'archevêque, en quel lieu croyez-vous mourir ? » Elle répondit : « Où il plaira à Dieu, car je ne suis assurée ni du temps, ni du lieu, plus que vous-même. Et que je voudrais qu'il plût à Dieu, mon créateur, que je m'en retournasse maintenant, quittant les armes, et que je revinsse servir mon père et ma mère à garder leurs troupeaux avec ma soeur et mes frères, qui seraient bien aises de me voir ! »

Cette anecdote, rapportée par Dunois qui en fut témoin, est reproduite dans la Chronique de la Pucelle et dans le Journal du siége, mais avec cette variante : Jeanne dit à Dunois : « J'ai accompli ce que Messire m'avait commandé, qui était de lever le siége d'Orléans et faire sacrer le gentil roi. Je voudrais bien qu'il voulût me faire ramener auprès mes père et mère, etc. » Le Journal du siége est tiré d'un registre rédigé, on le peut croire, jour par jour, et à ce titre contemporain au premier chef, mais seulement pour ce qui est du siége. La Chronique de la Pucelle est aussi d'un contemporain, et d'un homme généralement bien informé : nous lui reconnaissons le droit d'ajouter de son propre fonds aux traits qu'il prend ailleurs. Mais ici les paroles ajoutées à celles que Dunois a recueillies en rompent si malheureusement la suite, qu'elles risquent d'en changer tout le sens : car on pourrait entendre que ce n'est plus de Dieu mais du roi, que la Pucelle voudrait obtenir son retour auprès de son père et de sa mère. Quel qu'ait été le sentiment de Jeanne elle-même ou de ses historiens et de Dunois sur sa mission (on en doit croire le témoin de la scène), ce n'est pas ici qu'elle l'a exprimé. La variante ne saurait donc prévaloir sur le texte parfaitement clair de l'original. Évidemment, dans ce récit, les paroles de Jeanne ne sont ni un aveu que sa mission est terminée, ni un désaveu de l'entreprise qu'elle poursuit : c'est le cri du coeur au milieu des répugnances naturelles qu'elle savait vaincre lorsqu'il s'agissait d'obéir à ses voix ; comme à Vaucouleurs, quand elle demandait à partir, déclarant qu'il n'y aurait de salut que par elle, elle ajoutait : « Et pourtant j'aimerois bien mieux filer auprès de ma pauvre mère; car ce n'est pas mon état : mais il faut que j'aille et que je le fasse, parce que Messire veut que je fasse ainsi (1). »

Les paroles de Jeanne, telles qu'elles sont données par la Chronique et le Journal du siège en cet endroit, sont pourtant le fondement principal de l'opinion qui marque au sacre de Reims le terme de sa mission. On ne s'est pas borné à les commenter dans le sens de l'addition qui les altère. On les a rattachées à celles qu'elle dit à Charles VII après la cérémonie : « Ores est exécuté le plaisir de Dieu, qui vouloit que vinssiez à Reims recevoir votre digne sacre, en montrant que vous êtes vrai roi et celui auquel le royaume doit appartenir. » On a même fait du tout une scène où Jeanne, qui veut s'en aller, cède aux instances qui la veulent retenir; et les larmes qu'elle répand dans la joie du triomphe sont rapportées au « pressentiment de sa fin prochaine, » ou pour le moins à la peine qu'elle éprouve quand, cessant d'être l'envoyée de Dieu, elle se résigne à devenir l'instrument de la politique des hommes.

Tout cela pourrait bien n'être que fiction. Il faut en revenir aux faits ; et si, avant de suivre Jeanne dans la carrière où elle continue de marcher, on veut savoir à quel titre elle y marche, c'est elle seule qui le peut dire: c'est à ses déclarations les plus authentiques et les plus sûres qu'on le doit demander.
Il faut distinguer, en effet, parmi les documents où ses paroles nous sont reproduites.

Les témoignages qui se rapportent aux premiers temps de la mission de Jeanne, au mois de juin ou de juillet 1429, à la veille ou au lendemain du sacre, sont unanimes à ne marquer d'autre terme à sa mission que l'expulsion des Anglais. C'est ce que dit Perceval de Boulainvilliers dans sa lettre citée plus haut : « Elle affirme que les Anglais n'ont aucun droit en France, et qu'elle est envoyée de Dieu pour les chasser et les vaincre, toutefois après les avoir avertis... » préliminaires auxquels Jeanne tenait beaucoup, et dont la mention prouve que l'auteur est bien informé. C'est ce que disent encore, on l'a vu, les envoyés allemands, marquant pour terme à l'accomplissement de sa parole, le 25 juin : ils écrivaient moins de huit jours auparavant ! C'est ce que répète, moins le terme ajouté peut-être sur un bruit populaire, Alain Chartier dans une lettre écrite un mois plus tard, vers la fin de juillet : « Quitte l'habit de femme pour l'habit d'homme, lui dit la voix, prends des compagnons qui te mènent du capitaine de Vaucouleurs au roi. Partant d'où que tu sois et ayant conversé avec le roi, fais en sorte que tu délivres Orléans du siége ; que tu mènes sacrer le roi à Reims , et qu'après la couronne tu lui rendes Paris et le royaume. » C'est ce que répètent en France et en Allemagne les docteurs qui examinent si l'on doit croire à sa déclaration : Jean Gerson, Jacques Gelu, qui se prononcent pour elle en raison même du but qu'elle se propose : « le rétablissement du roi dans son royaume et l'expulsion de ses ennemis; » Henri de Gorcum, qui, après avoir rappelé ce même objet de sa mission, se borne à donner six raisons pour et contre, laissant à d'autres le soin de poursuivre l'enquête et de conclure; l'auteur enfin de la Sibylle française, qui, loin de douter, montre pourquoi Dieu devait se prononcer en faveur de la pieuse France contre la cruelle Angleterre, et choisir une jeune fille, afin que le royaume, perdu par une femme, fût recouvré par une femme; et il joint aux prédictions de la Nouvelle Sibylle ses prophéties à lui, qui ne sont pas toutes aussi infaillibles. L'objet de la mission de Jeanne, au témoignage du temps même qui la voyait à l'oeuvre, était donc bien l'expulsion des Anglais; et Christine de Pisan ne lui en marquait pas d'autre, quand, pour chanter cette guerre sacrée de la délivrance, elle retrouvait le cri de la Croisade :

Et sachez que par elle Anglois Seront mis jus (à bas) sans relever : Car Dieu le veult (2).

Les témoins entendus au procès de réhabilitation paraissent quelquefois réduire la mission de Jeanne aux faits d'Orléans et de Reims/Simon Charles, président de la chambre des comptes, dit qu'en arrivant à Chinon elle déclarait avoir reçu de Dieu deux commandements : l'un de faire lever le siège d'Orléans, l'autre de mener le roi à Reims pour qu'il y fût sacré. Le conseiller Garivel, l'écuyer Thibault, Guillaume de Ricarville, Regnault Thierry tiennent le même langage; et Dunois semble même exclure tout autre objet, lorsqu'il dit « que Jeanne, bien que souvent sur le fait des armes elle parlât par manière de plaisanterie, pour animer les gens de guerre, de beaucoup de choses touchant la guerre qui peut-être ne sont point arrivées à l'effet, cependant, quand elle parlait sérieusement de la guerre, de son fait et de sa mission, elle ne déclarait jamais affirmativement autre chose, si ce n'est qu'elle était envoyée pour faire lever le siège d'Orléans, secourir le peuple opprimé dans cette ville et lieux circonvoisins, et mener le roi à Reims pour le faire consacrer (3). »

Mais si les témoins de 1429 écrivaient au milieu de tous les entraînements des espérances populaires, ceux du procès de réhabilitation n'ont-ils pas pu se laisser aller à parler seulement des faits que Jeanne avait accomplis ? Il est juste de se défier de la réserve des uns au moins autant que de l'exagération des autres; et à part quelques traits de la lettre des Allemands, où l'on sent trop qu'ils ont moins recueilli la parole de Jeanne que des bruits de la foule, les témoignages de 1429 ont incontestablement sur les autres un premier avantage : c'est que, toutes conditions étant égales dans les moyens d'information, ils offrent par leur date même la garantie d'une plus grande fidélité dans les souvenirs. Ils en ont un autre, et celui-là rompt décidément l'équilibre en leur faveur; c'est leur conformité avec les déclarations de Jeanne dans les documents les plus authentiques : dans la lettre aux Anglais signée d'elle et dans les actes de son procès (3).

Dans la lettre qu'elle écrivit aux Anglais avant de les attaquer, le 22 mars 1429, elle leur dit expressément : « Je suis cy venue de par Dieu, le Roi du ciel, corps pour corps pour vous bouter hors de toute France. » Si elle n'avait qu'à les chasser de devant Orléans, il suffisait bien de le dire quand c'était là son but immédiat ; sa déclaration rendue plus générale risquait d'être moins forte. Pour qu'elle exposât sa mission dans ces termes, il fallait bien qu'elle l'entendît ainsi ; et ce qu'elle déclara aux Anglais au début de sa carrière, c'est ce qu'elle maintint jusqu'à la fin, devant leur tribunal.

Dans le dixième des 70 articles proposés contre elle, on lit qu'elle prétend avoir eu par saint Michel, sainte Catherine et sainte Marguerite, cette révélation de Dieu: « qu'elle ferait lever le siége d'Orléans, couronner Charles qu'elle dit son roi, et chasserait tous ses adversaires du royaume de France. » Et l'on ne peut pas dire que ce soit une allégation mensongère de ses juges, invention dont on les pourrait bien croire capables, à voir toutes les faussetés que l'accusation y ajoute pour entacher sa prédiction de sortilége quand l'événement la vérifiait. Elle avait dit dans son interrogatoire que l'ange (c'est elle), en apportant la couronne au roi, lui avait certifié « qu'il aurait tout le royaume de France entièrement à l'aide de Dieu et moyennant son labeur (quod ipse haberet totum regnum Franciæ in integro, mediante Dei auxilio et mediante labore ipsius Johannæ). » Et elle y revient sur le 17e article. « Elle confesse qu'elle porta les nouvelles de par Dieu à son roi, que notre Sire lui rendroit son royaume, le feroit couronner à Reims et mettre hors ses adversaires ; » et elle ajoute « qu'elle disoit tout le royeume, et que si monseigneur le duc de Bourgogne et les autres sujets du royaume ne venoient en obéissance, le roi les y feroit venir par force. » Elle confirme enfin ses précédentes déclarations sur ce sujet, lorsque le 2 mai, dans la séance de l'admonition publique, interrogée sur l'habit d'homme qu'elle portait toujours, et pourquoi elle le portait sans nécessité, par exemple dans la prison (on verra si dans la prison il lui fut inutile), elle répondait : « Quand j'aurai fait ce pour quoi je suis envoyée de par Dieu, je prendrai habit de femme. » Même dans sa prison de Rouen, et à la veille de monter au bûcher, elle ne croyait donc pas sa mission terminée; elle ne le pouvait pas croire tant qu'elle vivait, et qu'il y avait un Anglais en France. On pourrait même prétendre qu'elle ne croyait pas sa mission bornée là ; et ce que Perceval de Boulainvilliers dit encore dans sa lettre, touchant le duc d'Orléans, qu'elle comptait délivrer, trouve dans les déclarations de Jeanne au procès une sorte de confirmation. On demande à Jeanne comment elle entendait délivrer le duc d'Orléans : selon le bruit public recueilli par Boulainvilliers, c'était par un miracle. Elle écarte le miracle, et répond hardiment « qu'elle aurait pris en-deçà de la mer assez d'Anglais pour le ravoir (par échange), et si elle n'en eût pris assez, elle eût passé la mer pour l'aller chercher en Angleterre par force ». Elle ajouta que, si elle eût duré trois ans sans empêchement, elle l'eût délivré (5).

Ces quatre choses : levée du siège d'Orléans, sacre du roi à Reims, expulsion des Anglais, délivrance du duc d'Orléans, auraient fait comme autant d'objets spéciaux de la mission de Jeanne, si l'on en croit un témoin du procès de la réhabilitation, qui n'avait pas été moins que Dunois dans la compagnie de la Pucelle : le duc d'Alençon. « Elle disait, déclare-t-il, qu'elle avait quatre charges : mettre en fuite les Anglais, faire consacrer et couronner le roi, déliver le duc d'Orléans et faire lever le siége mis par les Anglais devant Orléans. » Est-ce à dire que Jeanne dût accomplir ces quatre choses sous peine d'être convaincue d'avoir failli à ses promesses ? Non, assurément. Elle disait qu'elle était envoyée pour les faire, mais non qu'elle les ferait elle-même en tout état de cause. Il importe de s'entendre sur ce point : sans quoi, ou on limite arbitrairement la mission de Jeanne d'Arc, ou l'on prétend faussement qu'elle ne l'a pas accomplie. Il faut distinguer, en effet, ce que ses voix l'appellent à faire et ce qu'elles lui disent qu'elle fera. Ce qu'elles l'appellent à faire (et c'est là proprement sa mission, le mot le dit), comprend tout, et ce n'est pas moins que l'expulsion des Anglais : « Je suis cy venue de par Dieu pour vous bouter hors de toute France. » Ce qu'elle fera est limité. Ses voix lui avaient dit qu'elle ferait lever le siége d'Orléans, qu'elle ferait sacrer le roi à Reims : et il est naturel que Jeanne ait insisté plus particulièrement sur ces deux points, et par suite qu'ils soient surtout restés dans la mémoire des chroniqueurs du temps ou des témoins du procès de réhabilitation, que nous ne voulons incriminer en aucune sorte. Les voix ne lui ont pas dit qu'elle entrerait à Paris, qu'elle chasserait les Anglais de toute la France : mais elles lui ont dit que le roi entrerait dans Paris, que les Anglais seraient chassés de France; et toutes les choses dont elle avait annoncé l'accomplissement au roi finirent après tout par s'accomplir. Seguin, un de ceux qui l'entendirent à Poitiers, tout en rappelant lui-même les quatre points de la déposition du duc d'Alençon, y compris la délivrance du duc d'Orléans, qui n'est pourtant qu'un objet secondaire, constate, à l'honneur de Jeanne, qu'on les a vus accomplis (6).

Le rôle de Jeanne n'était donc point terminé à Reims, et si le succès ne répond plus à ses efforts, ce n'est point que la grâce de sa mission lui fasse défaut. Serait-ce qu'elle-même a manqué à sa mission ? C'est ce que l'histoire va nous montrer.


Source : Jeanne d'Arc - Henri Wallon - 5° éd. 1879

Notes :
1 Paroles de la Pucelle à Dunois, t. III, p. 14 (Dunois). Chron., ch. LIX, et t. IV, p. 189 (Journal). — A Jean de Metz, t. II, p. 436 (J. de Metz). V. M. Quicherat, Aperçus nouveaux, p. 37 et suiv. ; Laverdy, Notice des manuscrits, t. III, p. 338 et suiv., et la polémique engagée sur ce sujet, entre M. Henri Martin et M. du Fresne de Beaucourt. Ce dernier a repris la discussion dans un article sur mon livre.

2 Perceval de Boulainvilliers : « Dicit Anglicos nullum habere jus in Francia, et dicit se missam a Deo ut illos inde expellat et devincat, monitione tamen ipsius facta, t. V, p. 120.»
Les envoyés Allemands, t. V, p. 351. La chronique de la Pucelle redresse ainsi, quant au terme de la Saint-Jean, le bruit populaire :« Disoit que par plusieurs fois lui avoient été dictes aucunes révélations touchant la salvation du roi et préservation de toute sa seigneurie, laquelle Dieu ne vouloit lui estre tollue, ny usurpée ; mais que ses ennemis en seroient déboutez et estoit chargée de dire et signifier ces choses au roy, dedans le terme de la Saint-Jean 1429, t. IV, p. 213-214.
Alain Chartier, t. V, p. 132 : Et habitu muliebri deposito, virilem adsume (et socios) qui te concomitentur ad regem et conducant a capitaneo Vallis-colorum. Profecta ubi sis et cum rege loquuta, fac liberes Aurelianis ab obsidione; hinc regem consecrandum Remis adducas ; coronato Parisius reddas regnumque restituas, t. V, p. 132. Je supprime le point, misa tort après obsidione. Il y a deux verbes à l'impératif adsume et fac : de ce dernier, fac, dépendent tous les subjonctifs qui suivent. Cette remarque grammaticale a son importance historique.
J. Gerson : Restitutio regis ad regnum suum et pertinacissimorum inimicorum justissima repulsio seu debellatio. » T. III, p. 301.
Jacques Gelu : « Se a Deo missam asserentem, quatenus princeps esset exercitus regii ad domandum rebelles et expellendum ipsius inimicos a regno, ac eum in dominiis suis restituendum.» Ibid., p. 400.
H. de Gorcum : « Asscrens se missam a Deo quatenus per ipsam dictum regnum ad ejus obedientiam reducatur.» Ibid., p. 411.
Sibylla Francica : « Intra terminum, Domino auxiliante, Delphino regni promisit restitutionem, ipsumque viginti annis regnaturum. » Ibid., p. 464. — « Sic necesse est ut nostra sibylla, Delphino in regem Francorum coronato, dabit informationes et sana consilia, per quæ ipsum regnum conservabitur, gubernabitur et prosperabit. Expleto tempore sui vaticinii, exibit regnum, et Deo serviet in humiliato spiritu. Celebrior namque erit ejus memoria in morte quam in vita. » Ibid., p. 426.
Christine de Pisan : voy. ci-dessous; p. 415. Un autre poëte, qui a dû connaître la Pucelle, dit aussi (t. V, p. 28) :
Et regem patria pulsum de sede reduces;
Illius antiquo populum relevabis ab hoste
Oppressum....

3 Simon Charles : « Et dixit quod habebat duo in mandatis ex parte Regis coelorum : unum videlicet de levando obsidionem Aurelianensem ; aliud de ducendo regem Remis pro sua coronatione et consecratione. T. III, p. 115 (Sim. Charles). — « Pro reponendo eum in suo regno, pro levando obsidionem Aurelianensem et conducendo ipsum Remis ad consecrandum. » Ibid., p. 20 (Garivel). — « Ego venio ex parte regis coelorum ad levandum obsidionem Aurelianensem et ad ducendum regem Remis, pro sua coronatione et consecratione. » Ibid., p. 74 (Thibault). Cf. G. de Ricarville; ibid., p. 21 ; R. Thierry, ibid., p. 22. — « Quod licet dicta Johanna aliquotiens jocose loqueretur de facto armorum pro animando armatos, de multis spectantibus ad guerram, tamen quando loquebatur seriose de guerra nunquam affirmative asserebat nisi quod erat missa ad levandum obsidionem Aurelianensem ac succurrendum populo oppresso in ipsa civitate et locis circum jacentibus, et ad conducendum regem Remis, pro consecrando eumdem regem. » Ibid., p. 16 (Dunois).

4 Voy. Procès, t. V, p. 97.

5 Art. 10. « Quod levaret obsidionem Aurelianensem et quod faceret coronari Karolum quem dicit regem suum, et expeileret omnes adversarios suos a regno Francise. » (T. I, p. 216.)— Quod angélus certiflcabat hoc régi suo, sibi apportando coronam et e dicendo quod ipse haberet totum regnum Francise ex integro, mediante auxilio Dei, et mediante labore ipsius Johannæ (Interr. du 13 mars, t. I, p. 139).
Art. 17. « Quod vindicaret eum de suis adversariis, eosque omnes sua arte aut interficeret aut expelleret de hoc regno, tam Anglicos quam Burgundos, etc. » — « Ad hoc articulum respondet Johanna se portasse nova ex parte Dei regi suo, quod Dominus noster redderet sibi regnum suum Franciæ, faceret eum coronari Remis et expelleret suos adversarios.... Item dixit quod ipsa loquebatur de toto regno, etc., ibid., p. 231, 232. — « Item du seurplus qui luy fut exposé de avoir prins habit d'omme sans nécessité et en espécial qu'elle est en prison, etc. Répond : etc., t. I, p. 394. »
Délivrance du duc d'Orléans : « Dominum ducem Aurelianensem nepotem vestrum, dixit miraculose liberandum, monitione tamen prius super sua libertate Anglicis detinentibus facta, » t. V, p. 120, 121 (P. de Boulainvillers). « Interroguée comme elle eust délivré le duc d'Orléans, etc., t. I, p. 133, 134, cf., t. IV, p. 10 (Cagny) : « Elle disoit que le bon duc d'Orléans estoit de sa charge, et du cas qu'il ne reviendroit par de çà, elle airoit moult de paine de le aler querir en Angleterre. »

6 Objet de la mission : « Se habere quatuor onera, videlicet : fugare Anglicos ; de faciendo regem coronari et consecrari Remis; de liberando ducem Aurelianensem a manibus Anglicorum, et de levando obsidionem per Anglicos ante villam Aurelianensem, » t. III; p. 99 (Alençon).
A quelle condition la mission de Jeanne devait être accompie par elle : « Et s'il la vouloit croire et avoir (foi) en Dieu, en Monsieur Saint Michel et Madame Sainte Catherine et en elle, qu'elle le moinroit corroner à Reims et le remectroit paisible en son royaume, » t. IV, p. 326 (doyen de Saint-Thibaud de Metz, vers 1445).
Expulsion des Anglais : Sa lettre citée plus haut.
Levée du siége d'Orléans; sacre du roi : Voyez les textes déjà produits.
Seguin : « Et tunc dixit loquenti et aliis adstantibus quatuor quæ adhuc erant ventura, et quæ postmodum evenerunt : Primo dixit quod Anglici essent destructi et quod obsidio ante villam Aurelianensem existens levaretur. Dixit secundo quod rex consecraretur Remis. Tertio, quod villa Parisiensis redderetur in obedientia regis ; et quod dux Aurelianensis rediret ab Anglia. Quæ omnia ipse loquens vidit compleri. » T. III, p. 205 (Seguin). — En 1440, le duc d'Orléans fut racheté des Anglais au prix d'une énorme rançon, payée en partie par le duc de Bourgogne.
Comparez ce que dit Thomassin, Procès, t. IV, p. 311 : « Elle fut par aucuns interroguée de sa puissance se elle dureroit guères, et se les Anglois avoient puissance de la faire mourir. Elle respondit que tout estoit au plaisir de Dieu ; et si certifia que, s'il luy convenoit mourir avant que ce pour quoy Dieu l'avoit envoyée fust accomply, que aprés sa mort elle nuyroit plus aux-dits Angloys qu'elle n'auroit fait en sa vie, et que non obstant sa mort, tout ce pour quoy elle estoit venue se accompliroit : ainsi que a été fait par grâce de Dieu. « Voyez encore sur la mission de Jeanne d'Arc, l'appendice n°35

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