CARTE/VIDÉOS. Ce chantier du siècle dans le Cotentin sera long de 35 kilomètres et va durer entre 4 et 5 ans (original) (raw)
Le Cotentin s’apprête à accueillir un chantier d’ampleur : le raccordement électrique souterrain du parc éolien en mer géant Centre Manche 1. Un projet estimé à 1,4 milliard d'€.
Cet article est réservé aux abonnés
Le raccordement électrique du parc éolien en mer Centre Manche 1 traversera 16 communes du Cotentin, de Saint-Marcouf à L’Étang-Bertrand. Le chantier s’étirera sur une bande maximale d’une largeur de 30 mètres. ©RTE
Par Chrismaël Marchand Publié le 12 déc. 2024 à 6h43
C’est le grand chantier de la côte est du Cotentin ! Alors que La Hague se prépare à changer de visage avec la construction de deux nouvelles usines et de plusieurs piscines d’entreposage à Orano, à l’opposé, un autre chantier titanesque est sur les rails.
Le jeudi 12 décembre 2024, le conseil communautaire du Cotentin va, en effet, débattre sur une demande d’autorisation environnementale pour le projet de raccordement électrique du parc éolien en mer Centre Manche 1 d’une puissance d’1 GW (*).
L’occasion de faire le point sur ces travaux d’envergure sous maîtrise d’ouvrage de RTE (Réseau de transport d’électricité) qui impacteront une partie du territoire cotentinois sur plusieurs années.
35 km
La partie du raccordement du parc Centre Manche 1 qui intéresse principalement les Cotentinois concerne la liaison souterraine en courant continu, terrestre plus précisément. C’est elle qui devrait le plus impacter le quotidien des habitants du territoire.
Après 75 kilomètres de liaison sous-marine via une plateforme électrique, le point d’atterrage sera situéàSaint-Marcouf (Manche). C’est à partir de là que les choses se compliquent.
Une enquête publique en 2025
L'année 2025 sera charnière pour le projet de raccordement. En plus de l'instruction des demandes d'autorisations nécessaires, une enquête publique, associant toutes les parties prenantes dont le grand public, est ainsi prévue à l'été 2025 dans toutes les communes du fuseau du moindre impact. « Ce sera le moment notamment de revenir sur les études réalisées et de recueillir l'avis du public sur la suite des interventions », évoque RTE. En amont de l'enquête publique et dans le cadre du dialogue continu mené par RTE avec les acteurs locaux, le gestionnaire du réseau public de transport d'électricité prévoit également d'organiser, au premier trimestre 2025, une réunion d'information pour faire le point sur l'avancement du projet. La date sera connue sous peu. « L'objectif étant de démarrer les travaux une fois les autorisations obtenues », glisse RTE. Soit, dès 2025 si tout se passe bien.
Le but sera, en effet, de rejoindre le poste électrique à 400 000 volts de Menuel, à L’Étang-Bertrand, où sera également située à quelques mètres la station de conversion Melleret pour reconvertir l’énergie en courant alternatif. Pour un parcours de 35 kilomètres à travers le Cotentin validé à l’issue d’une sélection de neuf mois et en concertation avec les acteurs du territoire.
Depuis la validation par le préfet de la Manche des fuseaux et emplacement de moindre impact en mars 2022, nous avons poursuivi des études techniques et environnementales ainsi que le dialogue avec les principaux intéressés en vue de la constitution des demandes d’autorisations nécessaires au démarrage des travaux.
16 communes
Dans son périple à travers le Cotentin, cette liaison souterraine traversera 16 des 129 communes de l’Agglomération : Saint-Marcouf, Émondeville, Joganville, Saint-Floxel, Fontenay-sur-Mer, Écausseville, Éroudeville, Montebourg, Saint-Cyr, Huberville, Valognes, Lieusaint, Yvetot-Bocage, Négreville, Rocheville et donc l’Étang-Bertrand.
Ce parcours empruntera un fuseau de moindre impact « d’un point de vue environnemental, sociétal et technique » au regard des connaissances actuelles du territoire.
Il permettra notamment, comme évoqué dans le dossier de concertation, « l’évitement de zones de nappes affleurantes, du tissu urbain discontinu du bourg d’Éroudeville, de réseaux enterrés, du trafic agricole et de quelques infrastructures (église, calvaire) ».
Avec toujours l’objectif d’impliquer les acteurs du territoire. « Les résultats préliminaires des études ont été partagés au fil de l’eau pour permettre d’ajuster et de préparer au mieux la phase des travaux à venir pour le projet de raccordement », confirme RTE. « Ces études ainsi que les enseignements des échanges avec les acteurs locaux alimentent notamment notre demande d’autorisation environnementale déposée auprès du préfet de la Manche ».
30 mètres
Le chantier, même s’il se veut le moins impactant possible, le sera forcément. Et il faudra un peu de place. L’installation phasée des câbles souterrains nécessitera, en effet, la mise en place d’une bande maximale de chantier de 30 mètres, « comprenant la tranchée et les zones de stockages temporaires de matériaux ».
Cette largeur s’adaptera selon la situation du chantier (passage sous route ou passage en zone agricole) et pourra sous certaines conditions être réduite.
Une fois les travaux terminés, le sol sera remis en état. Les seuls impacts seront temporaires et limités à la réalisation des travaux.
Les câbles, quant à eux, seront tirés dans des fourreaux, posés au fond d’une tranchée de 1,5 mètre de profondeur et de 1 mètre de large. Évidemment, certains obstacles nécessiteront de s’adapter.
Par exemple, pour la traversée de la voie ferrée Paris – Cherbourg, de la RN13 ou de certains cours d’eau « pour lesquels les câbles ne seront pas installés dans des tranchées mais passés sous l’obstacle par un forage ou un fonçage ».
1,4 milliard
Compte tenu de l’ampleur des travaux, le budget pour ce projet s’annonce conséquent. Lors d’une réunion publique organisée par RTE à Valognes en octobre 2022, le chiffre de 1,4 milliard d’euros avait été communiqué.
Un coût qui englobe les étapes de la station de conversion en mer jusqu’au raccordement sur le poste électrique du Menuel. L’investissement pour la construction du parc Centre Manche 1 est, quant à lui, estimé entre 2 et 3 milliards d’euros.
À titre de comparaison, l’EPR de Flamanville a coûté 13,2 milliards (NDLR : 19,1 milliards selon la Cour des comptes).
Le projet sera financé comme pour le raccordement de tous les parcs éoliens en mer en France via le tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité (TURPE), intégré dans la facture d’électricité de tous les consommateurs en France (particulier, entreprises, collectivité).
Mode d'emploi : c'est quoi un raccordement ?
Le raccordement du parc Centre Manche 1 sera composé des éléments suivants sous maîtrise d'ouvrage de RTE :
- une plateforme électrique en mer, comprenant un poste électrique et une station de conversion. Le poste électrique réceptionne et stabilise l'énergie transmise par le parc. La station de conversion convertit en courant continu l'énergie produite en courant alternatif par le parc éolien et élève son niveau de tension pour atteindre 320 000 volts, en vue de faciliter son transit vers le réseau terrestre.
- une liaison sous-marine à courant continu qui transporte l'énergie depuis la plateforme électrique en mer jusqu'à la jonction d'atterrage située sur le littoral.
- une liaison souterraine à courant continu qui assure le transit de l'énergie de la jonction d'atterrage vers la station de conversion terrestre.
- une jonction d'atterrage souterraine sur le littoral qui permet de connecter la liaison sous-marine et la liaison souterraine.
- une station de conversion terrestre, qui reconvertit l'énergie en courant alternatif et augmente son niveau de tension jusqu'à atteindre 400 000 volts.
- une liaison souterraine qui assure le transit de l'énergie en courant alternatif de la station de conversion terrestre vers un poste électrique existant de Menuel depuis lequel l'énergie produite par les parcs éoliens est mise en circulation sur le Réseau Public de Transport d'électricité.
Les coûts relatifs au réseau de transport d’électricité (réseau de RTE) représentant environ 8 % d’une facture moyenne d’un ménage français.
Enfin, concernant les retombées économiques pour le territoire, RTE entend, dans le cadre de ses travaux, maximiser le recours aux entreprises locales ou régionales.
Sur le projet de raccordement du parc éolien en mer de Fécamp, le premier de Normandie, les retombées du raccordement se sont élevées à 26 millions d’euros en faisant intervenir 57 sous-traitants et 63 fournisseurs locaux. Par ailleurs, les collectivités qui accueilleront le poste électrique du raccordement et la station de conversion percevront des taxes au titre de la présence de ces infrastructures.
5 années
C’est un projet de longue haleine. Le raccordement terrestre entre Saint-Marcouf et le Menuel à L’Étang-Bertrand, avec la réalisation du génie civil suivie de l’installation des câbles souterrains, pourrait démarrer dès 2025 et s’étirer sur 4 ou 5 ans.
Même refrain pour la future station de conversion dont la construction s’étalera de 2025 à 2030. Il faudra ensuite jusqu’à 4 mois pour la liaison souterraine à courant alternatif entre la station de conversion et le poste électrique existant.
Les travaux en mer (plateforme et liaison sous-marine) démarreront plus tard, en 2029. Enfin, le début de l’exploitation du parc éolien, prévu au préalable en 2028-2029, est désormais espéré pour 2032.
(*) : Le raccordement électrique du futur parc éolien en mer Centre Manche 2, accolé au n° 1, s’effectuera dans le département du Calvados.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.