Les Hittites, l'Ancien Empire (original) (raw)
Sphinx de Tell Alaf – Syrie
Le royaume de Kussara se termina avec la destruction de Kanesh (ou Kûltepe), pour certains spécialistes peut-être même sous le règne d’Anitta, puisque le dernier Roi, Pusarrumas résidait à Shanahwitta (ou Sanahuita ou Sanahwitta ou Šanahwitta), soit par le royaume de Zalpa (ou Zalpuwa, qui n’est pas localisée avec certitude mais qui devrait se situer sur la côte Sud de la mer Noire, près de l’embouchure du Halys), soit par celui des Hourrites. De cette civilisation, il nous reste quelques objets en bronze, en argent et en or qui symbolisent des Dieux, provenant des tombes d’Alaca Hüyük (Centre de l’Anatolie).
Le fait qu’[Hattousili I](#Hattousili I), fondateur de l’Ancien Empire Hittite, se prétendit descendant des Rois de Kussara, confirme que ce royaume fut un précurseur du grand Empire Hittite qui suivit. Plusieurs hypothèses sont avancées concernant l’origine des Hittites. L’archéologie atteste qu’ils sont issus du deuxième mouvement de populations, vers 2300/2200, qui se fit des Balkans vers l’Anatolie. Ils parlaient le Nésite (ou Nesili) et s’installèrent en territoire Hatti, dans la boucle du fleuve Halys. Selon l’Ancien Testament, ou ils sont nommés "Héthéens" ou "Hittim" (Fils de Heth), ils auraient peuplé les hauteurs du pays de Canaan au temps d’Abraham. Certains spécialistes affirment que les Hittites sont des autochtones de l’Asie Mineure, descendant des cultures de Çatal Hüyük ?. Le débat reste ouvert.
Quoiqu’il en soit, ils se mêlèrent d’abord à la population Hatti, puis prirent de l’importance au point de les combattre. Lorsqu’ils eurent conquis la région du Hatti, les souverains Hittites prirent le titre de "Grand Roi du Hatti" et ils fondèrent une confédération de royaumes qui finit par dépendre du Roi d’Hattousa. On divise traditionnellement l’histoire des Hittites en trois grandes époques : l’Ancien Empire, la Période Intermédiaire (ou royaume du Hatta) et le Nouvel Empire.
Pusarrumas nomma pour lui succéder son gendre
Labarna I (ou Labarnaš ou Labarnas, v.1680 à v.1650 ou ? à 1629 ou v.1600 à 1586 ou ? à 1565 ou ? à 1533). Son nom signifie probablement “_dirigeant puissant_“. Il était le fils d’un Prince de Shanahwitta (ou Sanahuita ou Sanahwitta ou Šanahwitta). Peu de documents datant de son règne attestent de son existence, ce qui fait penser à certains spécialistes qu’il pourrait s’agir d’un Roi légendaire (Mais ils sont minoritaires). Toutefois le nom de Labarna, après lui, deviendra un titre (Comme le nom de César chez les Empereurs Romains), et sera accolé à celui du Roi, ce qui tend à prouver son importance, voire existence. Traditionnellement on le considère comme le fondateur de l’Ancien Empire Hittite. Dès le début de sa prise de pouvoir, il dut faire face à son beau-frère, Papahdilmah, héritier du trône, mais déshérité après sa tentative d’usurpation. Ce dernier avait encore des soutiens parmi les nobles et les fonctionnaires de la cour et mena la révolte. Labarna I sortit finalement vainqueur de la lutte contre les rebelles après une féroce répression.
Labarna I comme ses prédécesseurs avait soif de conquête et il étendit le territoire du royaume. Certains spécialistes pensent probablement de la mer Noire à la Méditerranée, car il est connu que son successeur domina Adana (ou Adanija ou Adaniya), dans le royaume du Kizzuwatna. Afin d’assurer son pouvoir, il nomma ses fils Gouverneurs de grandes villes : Hupisna (ou
Ḫubišna), Tyana (ou Tyane ou Tuwanuwa ou Tawunawa, près du Kizzuwatna, aujourd’hui Kemerhisar dans la province Turque de Nigde), Nenasa (ou Nenašša ou Ninašša), Landa (ou Zanda à l’Est d’Hattousa, aujourd’hui Karaman), Zallara (Région de la rive Nord-ouest du lac Tuz), Purushanda (ou Burushattum ou Purušḫanda ou Purušḫattum ou Paršuḫanda) et Lusna (ou Lušna). Les identités de certaines de ces villes sont incertaines. On pense aussi qu’à l’Est il gagna probablement des territoires sur le royaume Hourrite. On sait d’après l’édit de Télépinu que sous son règne, Kussara fut la capitale du royaume. Il y a une polémique entre spécialistes sur sa succession, puisque certains prétendent que le Roi suivant fut un neveu, fils de Papahdilmah, d’autres (et ils sont minoritaires) pensent que ce fut son fils.
L’Empire Hittite sous Hattousili I et Moursil I
Cliquez sur les noms de villes ou régions
Sphinx sur un bas-relief – Karkemish
Hattousili I (ou Hattusili ou Hattušili ou Hattushili ou Labarna II, v.1650 à v.1620 ou 1629 à 1604 ou 1586 à 1556 ou 1565 à 1540 ou 1533 à 1508) dut batailler pour arriver sur le trône. Il fut probablement le fils de Papahdilmah, comme il se définit lui même “Le fils d’un frère de la Tawananna” (La Reine) et donc le neveu de Labarna I. Selon Franca Pecchioli Daddi, à la mort de Labarna I, Labarna II/Hattousili I revendiqua le trône, il était de sang royal et descendant direct de l’ancien Roi Pusarrumas. Sa tante, la Tawananna, essaya de placer son fils (ou petit-fils) afin de défendre les droits dynastiques de ses propres enfants, mais elle fut bannie du royaume. Ces faits expliquent les conflits qui surgirent et qu’Hattousili I dut se battre avec un prétendant au trône issu de la ville d’Arinna (Ville au Nord d’Hattousa). Il reprit dans la foulée possession d’Hattousa qui avait gardé une certaine autonomie et en fit sa capitale. Pour commémorer ce fait, il prit le nom d’Hattousili qui signifie “_Homme d’Hattousa_“.
Ce fut un Roi combattant et il entreprit une série de campagnes militaires en tirant parti de sa puissante cavalerie et de chars lourds transportant trois hommes. Une tablette cunéiforme trouvée en 1957 écrite en Hittite et enAkkadienfournit des détails sur six années de son règne. Ces annales décrivent très bien les six premières campagnes lors de ces années. La première année il dirigea une attaque vers le Nord, le but étant la ville/royaume de Zalpa (ou Zalpuwa, qui n’est pas localisée avec certitude mais qui devrait se situer sur la côte Sud de la mer Noire, près de l’embouchure du Halys). La première ville à être attaquée fut Shanahwitta (ou Sanahuita ou Sanahwitta ou Šanahwitta).
Hattousili I atteignit son territoire et plaça une garnison dans le voisinage, mais ne pénétra pas dans la cité, il partit directement attaquerZalpa qui fut détruite. La deuxième année il se tourna vers la Syrie. Il franchit les monts Taurus et détruisit Alalah (ou Alalakh), du Roi Ammitakum (ou Ammitaqu), lui-même vassal de la ville d’Alep, puis il conquit le Nord de la Syrie, région importante pour ses routes commerciales et l’accès aux ports méditerranéens de Byblos et Ougarit. Il fit notamment le siège de la ville de Warsuwa (ou Waršuwa ou Ursu), une ville située sur l’Euphrate au dessus Karkemish, gouvernée par un Roi dont on ne connait pas le nom mais qui dans les annales est dénommé “_le serviteur du Dieu des tempêtes_“. La ville demanda le soutien du Roi d’Alep, mais avant que les troupes de cette dernière ne puissent lui venir en aide Hattousili I conquit la cité et se déplaça vers le Nord-est. Le dernier objectif du Roi de sa campagne fut la ville d’Ikakali et, sur le chemin du retour, la ville de Tashiniya (ou Tašhiniya ou Tishiniya ou Tišhiniya), cités qui n’ont pas été identifiées.
Char de guerre Hittite – Bas relief trouvé à Karkemish
La troisième année, la campagne fut dirigée contre le royaume d’Arzawa(Dont l’emplacement exact n’est pas bien défini). Il ne réussit toutefois pas à conquérir sa capitale Apasa (ou Abasa ou Amasa). Les chercheurs, à la lecture des annales, pensent que cela a dû être une expédition désastreuse, car Hattousili I ne rendit pas compte des villes prises et se limita au pillage des récoltes et du bétail. Pour ce faire, cependant, il quitta les zones non protégées du Sud et Sud-est qui furent conquise par un allié de l’Arzawa, les Hourrites (Qui donneront lieu au royaume du Mitanni), peuple qui entra pour la première fois dans l’histoire de la péninsule Anatolienne. Étant donné le succès des Hourrites, d’autres villes se révoltèrent contre la domination Hittite. Hattousili I passa toute la dernière partie de la troisième année de son règne à regagner les territoires perdus. Le texte Hittite nous dit qu’il y réussit avec l’aide de la divinité solaire Arinna(Également une ville au Nord d’Hattousa). La première ville qui fut conquise fut Nenasa (ou Nenašša, aujourd’hui Ak Saray) qui se rendit sans résistance. Ensuite, il lutta contre Ulma (ou Ullumma, au Sud du pays, mais qui n’est pas bien localisée) qu’il détruisit et il regagna sa capitale.
La quatrième année fut axée sur une deuxième campagne au Nord, dans un premier temps contre Shanahwitta (ou Sanahuita ou Sanahwitta ou Šanahwitta) qui s’était rebellée, elle fut détruite au bout de six mois. Puis il défit sans trop de résistance la ville de Parmanna qui avait dirigé une coalition contre lui. Le but ultime de cette campagne fut la conquête et la destruction de la ville d’Alakhkha (ou Al
ḫḫa) dont nous ne connaissons pas l’emplacement. La cinquième année fut une campagne sur l’Est de la Syrie. Après la destruction de la ville de Zaruna, il attaqua la ville Hourrite duKizzuwatna, Hassuwa (ou Hassu ou Hasu), à l’Ouest de l’Euphrate, entre Milid (ou Melid ou Arslantepe dans les faubourgs de Malatya aujourd’hui) et Karkemish. Le Roi d’Alep, Yarim-Lim III (v.1625-?) envoya ses Généraux Zukraši (ou Zukrassi) et Zaludis (ou Zaludi) avec des renforts pour aider à défendre la ville. L’armée était composée d’une centaine de chars et des milliers de fantassins.
La bataille eut lieu près du mont Atalur (ou Adalur, situé au Nord d’Aleppas très loin de l’Amanus [ou monts Nur], il peut être identifié avec le mont Kurd-Dagh).Le Hittite sortit victorieux. Il détruisit Hassuwa (ou Hassu ou Hasu), le Yamkhadet ses alliés Hourritestels que les villes de Zippasna (ou Zippašna) et Hahhum, puis il retourna àHattousa avec important butin de guerre, qui fut offert au temple du Dieu des tempêtes, Teshub (ou Teshoub). La même année il marcha contre la ville de Tawanaga, il captura son Roi qui fut décapité. Il détruisit ensuite la ville Hourrite de Zippasna (ou Zippašna), alliée à Yarim-Lim III, où le butin récolté fut offert à la divinité Arinna (Également une ville au Nord d’Hattousa). Enfin, il attaqua la ville de Hahhu (ou Hakhkhu ou
Ḫaḫḫu), toujours en pays Hourrite, au Sud près d’Hassuwa, sur l’Euphrate, qu’il vaincu après trois batailles à sa périphérie.
La sixième année fut une deuxième campagne contre l’Arzawa et contre Alep. La chronique s’arrête à cette époque. De ce fait, nous ne savons pas quand Hattousili I réussit à maîtriser totalement le royaume d’Arzawa, à qui il ne faudra pas longtemps pour retrouver son indépendance. Hattousili I finalement porta une nouvelle attaque contre Alep, dont il fit le siège, mais il fut grièvement blessé dans la bataille. Le Roi d’Alep fut tout de même vaincu et perdit certains territoires, mais sa capitale ne fut pas conquise. Le royaume d’Hattousili I s’étendait alors de Zalpa (ou Zalpuwa, qui n’est pas localisée avec certitude mais qui devrait se situer sur la côte Sud de la mer Noire, près de l’embouchure du Halys) au Nord, jusqu’à l’Arzawa au Sud-Ouest, la Méditerranée et Alalah (ou Alalakh) au Sud et à l’Est jusqu’à l’Euphrate. Le Roi revint mortellement blessé dans sa ville de Kussara, mais il ne trouva pas la paix pour autant dans ses derniers jours. Sa fin de règne fut marquée par des luttes à l’intérieur de la famille royale. Son fils Huzziya (ou Huzziyas) et son neveu Labarnas (ou Labarnaš), se révoltèrent contre lui, mais il réussit à rester sur son trône. Il écrivit à cette occasion son Testament Politique, qui commémore ses hauts faits. Ce fut son petit-fils Moursil I (ou Mursili), qui lui succéda.
Hattousili I épousa Kaddusis (ou Kaddušiš) et il eut quatre enfants connus, mais qui ne sont pas tous de la Reine :
▪ Huzziya (ou Huzziyas), qui fut Gouverneur de Tappasanda (ou Tappaššanda) et qui fut déposé pour rébellion contre son père, puis déshérité.
▪ Labarnas (ou Labarnaš), fils d’une de ses sœurs, qu’il adopta.
▪ Hastayar ou (Haštayar), qui fut la mère de Moursil I (ou Mursili) qui lui succéda et qui fut également adopté en tant que fils.
▪ Une autre fille dont le nom n’est pas connu.
Teshub (ou Teshoub) Dieu de L’orage et de la guerre
Moursil I (ou Mursili ou Mursilis ou Muršili, v.1620 à v.1590 ou 1604 à 1594 ou 1556 à 1526 ou 1540 à 1530 ou 1508 à 1498) succéda à son grand-père (mais il fut adopté en tant que fils) et les trois premières années de son règne, du fait de son jeune âge, lui fut adjoint un tuteur, Pimpira, qui était Prince de Nenasa (ou Nenašša), peut-être même un frère d’[Hattousili I](#Hattousili I). Comme le précisent Harry A.Hoffner et Gary M.Beckman, deux autres Princes: Ammuna, Prince de Sugziya et Huzziya, Prince de Hakmi, que certains spécialistes donnent aussi comme des frères d’Hattousili I, furent également chargés de protéger le jeune Moursil I et l’aidé à lutter contre les Seigneurs du camp de l’ancienne Reine Tawananna, épouse de [Labarna I](#Labarna I) et ses fils qui avaient été exilés par [Hattousili I](#Hattousili I).
Moursil I, comme son aïeul, fut un grand guerrier. Dans les premières années de son règne il fit la conquête du royaume du Yamkhadet de sa capitale Alep, dans le Nord de la Syrie, dans le but de venger [Hattousili I](#Hattousili I), qui avait décédé suite aux blessures subies dans une bataille contre cette ville. Le contrôle des royaumes du Kizzuwatna (partie Sud de l’Empire Hittite) et du Yamkhadétait également stratégique si le Roi voulait faire des expéditions vers la Syrie et la Mésopotamie. Vers 1600 sollicité par ses alliés du Hana, il partit d’Alep, dans une opération militaire de grande envergure. Il marcha le long de l’Euphrate et pritEbla enAmourrou. Puis, continuant sa route, il prit Terqa et Mari le long de l’Euphrate. En 1595, il surprit et pilla Babylone et y fonda la IIe dynastie de Babylone. Cet acte mit fin à la dynastie Amorrite de la ville (Voir Mésopotamie, Babylone). Les Hittites ne régnèrent pas directement sur Babylone, dans le cadre d’une alliance, ils cédèrent le pouvoir aux Kassites en échange d’une aide pour contrer plus efficacement la menace que représentaient les Hourrites sur les frontières de leur Empire. Moursil I retourna à Hattousaplein de gloire avec un riche butin. Il épousa Kali mais on ignore le nom de ses enfants.
L’État Hittite, au début, fut de forme féodale, au-dessous du Roi on trouvait des Rois vassaux qui étaient issus de sa propre famille. Au Nouvel Empire, ces Rois inférieurs furent remplacés par des Gouverneurs. Moursil I, comme souvent les grands guerriers, fut un mauvais administrateur et son royaume se fragilisa. L’anarchie et les rivalités de palais s’installèrent et il fut assassiné, dans le cadre d’un complot, fomenté par son beau-frère Hantili I (1604 à ? ou v.1590 à v.1560 ou 1530 à ? ou 1526 à 1496 ou 1498 à ?), époux de sa sœur Harapsili (ou
Ḫarapšili), aidé de son fils adoptif Zidanta, qui s’empara du pouvoir. Ce fut le début d’une longue période de troubles, lesGasgas(ou Kaska ou Kaškäer ou Kaschkäer ou Gaschgesch ou Gašgeš ou Keschkesch ou Keske, petit royaume près de la mer noire) firent leurs premières incursions dans les provinces du Nord et les Hourrites se soulevèrent. La menace qu’ils firent peser sur les frontières du royaume fut intense. Pour faire face Hantili consolida son l’alliance avec les Kassites de Babylone. En gage d’amitié, sous le règne d’Agum II (1570-1521), la statue du Dieu Mardouk qui avait été prise lors du sac de la ville par[Moursil I](#Moursil I) fut renvoyée au Roi.
Alors que le Roi consacrait toute son énergie sur les problèmes extérieurs, se profilèrent des problèmes internes à la famille royale. Pendant les années de règne d’Hantili I la puissance de Zidanta augmenta considérablement et il était maintenant considéré comme l’héritier légitime du trône. Lorsque le Roi tenta de s’associer au pouvoir son fils Piseni (ou Pišeni), Zidanta le fit assassiner, ainsi que ses fils, et enfin Hantili I lui même. L’usurpateur prit le pouvoir sous le nom de Zidanta I (v.1560 à ? ou v.1560 à v.1550 ou 1496 à 1486). Afin de légitimer son accession au trône il épousa la fille de[Moursil I](#Moursil I). Elle lui donna trois enfants : Ammuna qui succèdera à son père ; Zuru ?, un fils ? et une fille, Istapariya (ou Ištapariya) qui épousera Télépinu. Zidanta I finit lui même assassiné par son propre fils, Ammuna (v.1550 à v.1535 ou v.1550 à v.1530 ou 1486 à 1466) qui prit le pouvoir. Sous le règne de ce dernier, la situation du pays fut de plus en plus dramatique, avec la perte de plusieurs provinces. Son royaume fut réduit à une bande de territoire en Anatolie centrale. La ville de Kanesh (ou KÜltepe) fut perdue puis retrouvée, plusieurs autres villes, y compris Zalpa (ou Zalpuwa, qui n’est pas localisée avec certitude mais qui devrait se situer sur la côte Sud de la mer Noire, près de l’embouchure du Halys), Sattiwara (ou Šattiwara) et Suluki se rebellèrent, affaiblissant davantage la force militaire royale. Ces soulèvements furent également provoqués par une longue période de famine, due à une grave sécheresse, qui causa le mécontentement général parmi les sujets. Le Roi perdit également le contrôle du Kizzuwatna qui déclara son indépendance. Comme le précise Trevor Bryce, la perte de contrôle des territoires du Sud, dont l’Arzawa et la ville d’Adana se traduira par l’interruption du commerce avec la Syrie. Ammuna, cependant, eut une longue vie, comme en témoigne le grand nombre d’enfants qu’il engendra. Quelques noms nous sont connus, trois fils : Tittiya (ou Titti), Hantili, Huzziya et une fille, Istapariya (ou Ištapariya) qui est aussi donnée comme une l’épouse de Télépinu.
Huzziya I (ou
Ḫuzziya, v.1535 à v.1525 ou v.1530 à v.1525 ou 1466 à 1461), le troisième fils, usurpa le trône après avoir assassiné ses deux frères aînés, avec l’aide du commandant de la garde du palais, Zuru. Il faut noter que certains spécialistes affirment qu’il ne fut pas un fils d’Ammuna ?. Il ne garda pas longtemps le pouvoir, il fut renversé par Télépinu (ou Telibinu ou Telibiny ou Telebinu ou Télépinou, 1574 à 1554 ou v.1525 à v.1500 ou 1525 à 1495 ou 1510 à 1490 ou 1478 ou 1458 ou 1460), qui l’exila. Ce dernier fut l’époux d’une nommée Istapariya (ou Ištapariya), qui est donnée soit comme une fille de Zidanta I, soit comme celle d’Ammuna. Télépinu remit un peu d’ordre dans le royaume. Il remporta quelques victoires militaires et signa un traité d’alliance avec le Roi du Kizzuwatna, Ishputahshu (v.1530-v.1500), afin de faire face à l’expansionnisme du Mitanni Hourrite. Dans celui-ci il était stipulé que les villes du Kizzuwatna d’Hassuwa (ou Hassu ou Hasu) à l’Ouest de l’Euphrate, entre Milid (ou Melid ou Arslantepe dans les faubourgs de Malatya aujourd’hui), Lawazantiya (Qui se situait probablement non loin de Kummanni et qui est peut-être identique à la Luhuz Antiya des tablettes Cappadocienne) et Zizzilippa seraient désormais dans la sphère d’influence Hittite. Quelques fragments de ce traité ont survécu, écrit dans la langue Hittite et en Akkadien. La situation à la cour royale ne fut cependant pas encore pacifiée, puisqu’une Reine et un Prince héritier semble avoir été assassiné. Après avoir pacifié la situation, Télépinu mit fin aux rivalités de palais en instaurant une loi de succession, l’Édit de Télépinu. Le Roi gardait quand même le privilège de désigner son successeur, mais dans la pratique la succession était héréditaire. Dans l’État Hittite le souverain n’avait pas le pouvoir absolu, il était limité et contrôlé par l’assemblée de la noblesse, le Pankous, qu’il devait consulter dans les cas très graves. Les Hittites furent de grands législateurs, on a retrouvé deux recueils de lois traitant du "droit civil" et du "droit pénal". Télépinu et considéré comme le dernier Roi de l’Ancien Empire le pays tombant à sa mort sous l’emprise du Mitanni Hourrite.
Période Intermédiaire ou royaume du Hatta de vers 1500 à 1465 ou 1430
Avec l’émergence de l’Empire duMitanni Hourrite, les Hittites connurent une longue éclipse. Le Mitanni, était situé à l’Est de l’Euphrate, appelé Hanigalbat par les Assyriens, il était le résultat d’une scission avec le Hourri, qui lui était situé sur la rive gauche du moyen Euphrate entre Karkemish et Édesse. Le Mitanni fut à cette époque l’allié de l’Égypte (les Pharaons Thoutmôsis IV et Amenhotep III épousèrent des filles d’Empereurs du Mitanni) ce qui favorisa à l’époque son expansion, à tel point qu’à son apogée (de v.1450 à v.1365) son territoire s’étendait du Zagros jusqu’à la Méditerranée. Sa capitale Wassouganni (ou Washshukanni) n’a jamais été découverte. Le Mitanni n’eut pas une très longue histoire, il s’écroula sous les assauts de ses anciens vassaux, les Assyrienset les Hittites. (Voir l’article sur le Mitanni).
Récipients en forme de taureau – Hattousa – Temple du Dieu de la tempête – XVIe siècle
Le royaume de Hatta (du nom de la ville) naquit pendant "l’occupation" du Mitanni où la puissance Hittite était considérablement affaiblie. Ce fut une période dont on sait peu de chose, qui dura près d’un siècle et qui fut aussi appelée parfois, Moyen royaume. Il y en a des traces uniquement sur des listes d’offrandes aux souverains décédés. Le premier Roi connu fut le successeur de Télépinu, son gendre, époux de la Princesse Harapšeki (ou son fils selon certains spécialistes ?), Alluwamna (ou Alluanna, v.1500 à ?), la succession n’est toujours pas très claire. On ne sait rien de son existence. Lui succéda sur le trône, Tarhurwaili (?) où là encore la succession n’est pas sûre. Il est censé être le cousin de Télépinu. Certains chercheurs le font régner avant Alluwamna. Il n’est pas mentionné dans les nombreuse listes, mais son existence est confirmée par les empreintes d’un sceaux trouvé à Hattousa. Il régna quelque part entre Télépinu et Zidanta II. Il est souvent mis après Alluwamna et même Hantili II, opinion basée sur le style de son sceau, mais cette décision est purement de nature spéculative.
Hantili II (?) lui succéda dans des circonstances inconnues. Il est considéré par beaucoup comme un fils d’Alluwamna, comme il est attesté dans un document de concession de terres. Sa mère était probablement la Reine Harapšeki, la fille du Roi Télépinu. Hantili est mentionné sur les listes d’offrandes, juste après Alluwamna. Vers 1480, il dut faire face à une invasion desGasgas(ou Kaska ou Kaškäer ou Kaschkäer ou Gaschgesch ou Gašgeš ou Keschkesch ou Keske), royaume sur les rives de la mer noire à l’Est deZalpa (ou Zalpuwa, qui n’est pas localisée avec certitude mais qui devrait se situer sur la côte Sud de la mer Noire, près de l’embouchure du Halys). Ceux-ci envahirent le petit territoire Hittite, conquérant les villes de Tiliura et Nerik (Au Nord d’Hattousa, mais dont l’emplacement exact est inconnu). Hantili II renouvela l’alliance signé avec le Kizzuwatna. Il fut suivi sur le trône par son fils (ou neveu pour certains spécialistes), Zidanta II (v.1465 ou v.1450), mais on ne sait pas dans quelle circonstance. Il renouvela lui aussi le traité de paix avec le Roi duKizzuwatna, Pilliya (ou ou Pillija, v.1480-v.1450). Mais cette coalition ne put faire face auMitanni de l’Empereur Parattarna (ou Barattarna v.1480-v.1450) qui finit par annexer la région. Il fut marié à une femme du nom de Yaya. Lui succéda, Huzziya II (ou
Ḫuzziya, v.1450) qui est peut-être son fils ?. Son épouse fut la Reine Šummiri. Son règne est inconnu, il fut tué par son successeur, Mouwatalli I ([et non pas Muwatalli comme on le trouve souvent en Français, cf Larousse] ou Muwatallish ou Muwattalli ou Muwatallis ou Moutallou, v.1430 ou v.1420 ou v.1400). Son existence est certifiée par la découverte d’un sceau à Hattousa. Son épouse fut la Reine Walanni. Selon certains historiens, il était le mesedi gal(Titre militaire et signifiant Chef des gardes du corps du Roi).
Il fit l’erreur de nommer à de hautes fonctions les fils d’Huzziya II : Huzziya (ou Huzzijas), Kantuzzili et Himuili. Ces derniers l’assassinèrent et portèrent sur le trône
Tudhaliya I(ou Tudhalia ou Touthalija ou Duhalijas ou Tudhalijaš, v.1460 à v.1420 ou v.1430 à v.1420 ou v.1430 à v.1400 ou v.1420 à v.1400), un fils d’Huzziya. Celui-ci continuera à commander les armées pour le compte de son fils. Il est difficile de séparer les faits qui se sont produits pendant le règne de Tudhaliya I et ceux qui se sont passés au début du règne de son beau-frère et fils adoptif, Arnouwanda I (ou Arnuwanda) qui lui succéda. Cependant, il existe un consensus sur la grande expansion Hittite au cours de cette période, qui se poursuivra lors du Nouvel Empire. Il est assez clair, que pour obtenir sa légitimité sur le trône, après avoir tué son prédécesseur, Tudhaliya I, dut faire face à une guerre civile lancée par certains proches de l’ancien Roi. Cette confrontation, cependant, fut rapidement résolue, laissant les mains libres à Tudhaliya I et ses armées pour s’engager contre les royaumes de l’Anatolie occidentale. Quelques chercheurs avancent que Tudhaliya I obtint aussi sa légitimité par son mariage avec Walanni l’épouse de son prédécesseur, dernière descendante de la dynastie de l’Ancien Empire ?. Toutefois la grande majorité lui attribuent une Reine au nom de Nikalmati (ou Nikal-mati) qui lui donna une fille, Asmunikal (ou Ašmu-nikal ou Ašmunikal), qui épousera Arnouwanda I.
Un de ses premiers objectifs fut de combattre les tribus de Gasgas (ou Kaska ou Kaškäer ou Kaschkäer ou Gaschgesch ou Gašgeš ou Keschkesch ou Keske, petit royaume près de la mer noire), constamment menaçantes à la frontière Nord du royaume. Bien que Tudhaliya I ne remporta pas une victoire complète, il les força à retourner dans leur territoire. Après cette "victoire" contre les Gasgas, le Roi se tourna vers la frontière Est de son royaume, où il avait des problèmes avec le royaume vassal d’Isuwa (ou Issuwa ou Ishuwa, royaumeHourrite situé autour deMilid) qui s’était rebellé à plusieurs reprises, avec le soutien du royaume du Mitanni. Dans la même région il reprit possession la ville Hourrite d’Hassuwa (ou Hassu ou Hasu), à l’Ouest de l’Euphrate, entre Milid (ou Melid ou Arslantepe dans les faubourgs de Malatya aujourd’hui) et Karkemish. Puis, vers 1444, il profita des expéditions menées par le Pharaon Thoutmôsis III (1479-1425) contre le Mitanni et de la défaite de leur Empereur Parshatatar(v.1450-v.1440) à Alep, pour reprendre à celui-ci, le Kizzuwatna, avec qui il renouvela un traité de paix, et l’Arzawa, puis, les Égyptiens partis, il fit un raid sur Alep. Après cette période troublée, dont on a peu de trace, Tudhaliya I, vers 1430, fonda une nouvelle dynastie qui gouvernera pendant huit générations avec treize souverains derrière lui qui prirent le titre "d’Empereur" et une branche cadette de cette dynastie qui s’installa à Karkemish. Pour beaucoup de spécialistes c’est à partir de cette période que l’on fait débuter le Nouvel Empire Hittite, d’autres le font commencer avec le règne de Souppilouliouma I (ou Suppiluliuma, 1355-1322).
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la période voir les ouvrages de :
Ekrem Akurgal :
– The art of the Hittites, Thames and Hudson, London, 1962.
Gary M.Beckman :
– Hittite diplomatic texts, Scholars Press, Atlanta, 1996.
Birgit Brandau et Hartmut Schickert :
– Hethiter : Die unbekannte weltmacht, Piper, München, 2001-2003.
Trevor Bryce :
– The Kingdom of the Hittites, Clarendon Press, Oxford, 1998 – Oxford University Press, New York, 1998 – 2005.
Charles Allen Burney :
– Historical dictionary of the Hittites, Scarecrow Press, Lanham, 2004.
– Life and Society in the Hittite World, Oxford University Press, 2002.
C.W.Céram : (de son vrai nom Kurt Wilhelm Marek)
– Secret des Hittites : La découverte d’un ancien Empire, Schocken Books, Juin 1973 – En Anglais, The secret of the Hittites : The discovery of an ancient empire, Phoenix Press, London, 2001.
Georges Contenau :
– Éléments de bibliographie hittite, Library Binding, 1922.
– La civilisation des Hittites et des Hourrites du Mitanni, Payot, Paris, 1934- 1948 – Éditions d’Aujourd’hui, Paris, 1983.
Marc Desti :
– Les civilisations anatoliennes, PUF, Paris, 1998.
Emil Forrer :
– Die Boghazköi-texte in umschrift, J.C. Hinrich, Leipzig, 1922-1926.
– Die hethitische bilderschrift, University of Chicago Press, Chicago, 1932.
Massimo Forlanini et Gian Maria Di Nocera :
– Anatolia, La prima metà del II millennio A.C., Università degli Studi di Roma La Sapienza, Dipartimento di Scienze Storiche, Archeologiche e Antropologiche dell’Antichità, Roma, 1992.
Jacques Freu :
– Hittites et Achéens : données nouvelles concernant le pays d’Ahhiyawa, Centre de recherches comparatives sur les langues de la Méditerranée ancienne 11, Université de Nice-Sophia Antipolis, Nice, 1990.
John Garstang :
– The land of the Hittites, Constable and Company Ltd., London, 1910.
– Index of Hittite names, British School of Archaeology in Jerusalem 1, Sup. Papers, 1923.
Harry A.Hoffner, Gary M.Beckman, Richard Henry Beal et John Gregory McMahon :
– Hittite studies in honor of Harry A. Hoffner Jr. : On the occasion of his 65th birthday, Eisenbrauns, Winona Lake, 2003.
Jörg Klinger :
– Die Hethiter, C.H.Beck, München, 2007-2012.
Isabelle Klock-Fontanille :
– Les Hittites, PUF, Paris, 1995.
Guido Kryszat :
– Herrscher, kult und kulttradition in Anatolien nach den quellen aus den altassyrischen handelskolonien Teil 3/1 : Grundlagen für eine neue rekonstruktion der geschichte Anatoliens und der Assyrischen handelskolonien in spätaltassyrischer zeit, (AOF) Altorientalische Forschungen 35, N°2, 2008.
James Galloway Macqueen :
– The Hittites : And their contemporaries in Asia Minor (Ancient Peoples and Places), Thames & Hudson, Revised and enlarged edition, Septembre 1996.
Franca Pecchioli Daddi :
– Note di storia politica antico-ittita, Studi epigrafici e linguistici sul Vicino Oriente antico, N°9, 1992.
Oğuz Soysal :
– On the origin of the royal title tabarna / labarna, pp : 189-209, Anatolica 31, Leiden, 2005.
Claude Vandersleyen, René Lebrun et Claude Obsomer :
– L’Égypte et le Hatti au 2e millénaire av.J.C, Collection : Histoire et institutions, UCL Institut Orientaliste, 1998/1999.