christophe lemardelé | Campus condorcet Aubervilliers Paris XIII (original) (raw)
Books by christophe lemardelé
Librinova, 2020
L'histoire de Jésus se situe au carrefour du récit historique et du récit hagiographique ou légen... more L'histoire de Jésus se situe au carrefour du récit historique et du récit hagiographique ou légendaire. Malgré bien des zones d'ombre et des invraisemblances, le récit de sa vie n'en est pas pour autant incohérent car sa biographie est parallèle à celle de personnages historiques de son temps, révélés notamment par l'historiographe juif Flavius Josèphe dans ses écrits de la fin du premier siècle. En hiérarchisant les sources textuelles, le Jésus de l'Histoire n'est pas impossible à atteindre et il reste un personnage singulier bien que lié à un contexte spécifique.
Ne désirant pas livrer un ouvrage savant quelque peu fastidieux sur Jésus, l'auteur a choisi une forme plus littéraire afin d'éclairer différemment cette figure historique. Confrontant l'histoire de Jésus et ses réflexions d'historien des religions, il entremêle récit littéraire et analyse historique. L'histoire des religions est une ouverture sur l'humain...
Archaeopress, 2019
Since the Renaissance, the question of how the Bible was written has been much debated. After the... more Since the Renaissance, the question of how the Bible was written has been much debated. After the tremendous way forward due to documentary theory at the end of the 19th century, which identified “authors” and schools of writing, a century later, a complex reality emerged, that of scribes modifying texts as they copied them. The editorial layers sometimes reveal a stratigraphy so complex that the only possible approach is to undertake an archaeology of the texts. Thus, “The Bible” no longer appears as a controlled theological and historiographical project but as the empirical arrangement of heterogeneous texts linked together by an evolving religious ideology. While the great overall account of the first books is based on the election and migration of an entire people, the ideological foundations of Yahwism, apparent in less well-known but older texts, evoke rather a foreign god who, having reached Israelite territory, ultimately gained pre-eminence there.
In our attempt to understand the nature and origin, as well as the evolution, of this specific form of monotheism, which made a jealous god into the only God, we relied predominantly on the concept of the “two yahwisms”. This point of view enables one to understand how a god allied with a people was also a god creator of the universe and of all humanity. Moreover, as a god’s jealousy of his own people is an improbable fact in the history of religions, we have analyzed this characteristic, far removed from monotheism, by using some theoretical conceptual tools in anthropology, particularly in the anthropology of kinship. Considering a much-emphasized and evolutionary patrilineal trait in a specific culture has allowed us to offer an explanation. This monolatric ideology, which became monotheistic in the course of writing and rewriting Biblical texts on scrolls in the Jerusalem Temple circles in the Persian and Hellenistic periods, was above all an exclusivism that was reinforced on the “longue durée” from the time of the kings of Israel (Jehu) and Judah (Josiah), through the Maccabean revolt in the 2nd century BCE, and up to the Judean revolts against Rome in the 1st and 2nd century CE.
This book is divided into two parts. Firstly, we demonstrate that the context of scribal culture, which was also the context of the writing of the Dead sea scrolls, explain the repetitions and contradictions of the Biblical texts. Bringing to light the successive layers of writing, much as an archaeologist strips stratigraphically an ancient tell, has led us to the discovery that ancient yahwism is not to be found in the books of the Pentateuch, but in others which retained some ancient traditions, especially the prophetical books of Hosea and Amos. Secondly, we searched for ancient yahwism in these books and some other texts, assessing archaeological data through the grid of anthropological theories, in order to clarify the systems of kinship (more or less patrilineal) amongst Iron Age Israelites, and Persian, Hellenistic and Roman period Judeans. Such archaeology of the Hebrew Bible is, in fact, an “archaeology” of the Biblical texts, as well as the “archaeology” of a religious ideology.
Après la formidable avancée que fut la théorie documentaire à la fin du XIXe siècle, identifiant des « auteurs » et des écoles de rédaction, un siècle plus tard, la théorie a laissé de plus en plus la place à un réel complexe, celui des scribes modifiant les textes à mesure qu’ils les copiaient. « La Bible » n’apparaît plus alors comme étant un projet théologique et historiographique maîtrisé mais comme l’agencement empirique de textes hétérogènes reliés entre eux par une idéologie religieuse évolutive. Si le grand récit d’ensemble des premiers livres se construit sur l’élection et la migration d’un peuple en son entier, les fondements idéologiques du yahwisme font plutôt état d’un dieu étranger qui serait parvenu jusqu’en terre israélite pour, à terme, s’y imposer.
Cette idéologie monothéiste fut surtout un exclusivisme qui se renforça de l’époque des rois d’Israël et de Juda jusqu’aux révoltes judéennes contre Rome aux premiers siècles de notre ère. Pour tenter de saisir la nature et l’origine, ainsi que l’évolution, de cette forme spécifique de monothéisme, qui a fait d’un dieu jaloux le seul Dieu, nous nous sommes appuyé avant tout sur le concept des « deux yahwismes ». Cette théorie permet en effet de comprendre comment un dieu faisant alliance avec un peuple en particulier a pu être également un dieu créateur de l’univers et de l’humanité entière.
Qui ne connaît l’épisode biblique dans lequel la belle traîtresse Dalila endort le puissant Samso... more Qui ne connaît l’épisode biblique dans lequel la belle traîtresse Dalila endort le puissant Samson sur son genou pour lui raser la chevelure et le livrer ainsi impuissant à ses ennemis ? De tous les récits bibliques, c’est sans doute l’un des plus connus et l’un des moins théologiques, voire l’un des plus érotiques, sans que le lecteur sache que la scène qui inspira tant de maîtres flamands fait référence explicitement à un rituel de cheveux désigné par un terme intraduisible depuis l’Antiquité : le Nazir.
Analyser ce rituel permet de mieux saisir l’agencement des textes bibliques entre eux mais aussi d’approcher la religion du dieu biblique aniconique et au nom à ne pas prononcer sous la forme du tétragramme (YHWH), d’approcher aussi les origines de l’État israélite du Nord pour aller jusqu’au judaïsme du temple. L’analyse de ce rite contraint à mener un parcours qui permet d’entrevoir les aspects guerriers de l’Israël archaïque contrastant singulièrement avec le dogme rituel entre sacré et impur d’une religion constituée.
Mais l’étude permet encore, à terme, de comprendre comment deux religions se séparèrent linguistiquement tant les premiers auteurs chrétiens utilisèrent le motif du Nazir sans prendre en compte le terme hébraïque et sans connaître la finalité du rite puisqu’ils ne lisaient la Bible qu’en grec. C’est pourquoi la question se pose toujours de savoir si Jean le Baptiste, Jacques, frère de Jésus, voire Jésus lui-même, furent des Nazirs…
Papers by christophe lemardelé
Revue des deux mondes, 2023
La notion de genre est devenue prégnante dans les sciences sociales, au point que l’on ne se risq... more La notion de genre est devenue prégnante dans les sciences sociales, au point que l’on ne se risque plus guère à la contester. Mais est-elle scientifique ou idéologique ? Elle est en tout cas devenue totalisante. Comme l’a montré l’éthologue Frans de Waal dans son dernier ouvrage, la notion se comprend bien chez les grands primates les plus proches de nous. Mais il souligne aussi le fait que la différence biologique mâle/femelle ne peut être invalidée facilement
Sabri Giroux (dir.), La Palestine en 50 portraits. De la Préhistoire à nos jours, Riveneuve., 2024
L' histoire du héros Samson se situe dans la Shéphélah, entre la plaine côtière d'Ashdod à Gaza e... more L' histoire du héros Samson se situe dans la Shéphélah, entre la plaine côtière d'Ashdod à Gaza et les hauteurs de Jérusalem. Le récit du livre des Juges, des chapitres 13 à 16, nous indique qu' il était affilié à la tribu d'Israël de Dan, mais ce personnage sans attache réelle est la manifestation même de la liberté d'action et de mouvement. Samson n'est d'ailleurs pas un héros israélite à l'origine.
Smala 4, 2024
À l’heure de #MeToo, il importe d’interroger tout ce qui fait le comportement masculin et féminin... more À l’heure de #MeToo, il importe d’interroger tout ce qui fait le comportement masculin et féminin. Todd a montré que le patriarcat n’avait de réalité que dans un contexte de forte patrilinéarité dans des familles communautaires. De Waal, quant à lui, constate que la violence masculine précède de très loin toute tendance vers ce patriarcat mais qu’elle n’est pas inéluctable puisque les chimpanzés bonobos ont su, par la dominance des femelles, renverser la domination des mâles propre aux chimpanzés communs. Toutefois, s’il considère que l’éducation des garçons doit aller vers la canalisation de leurs pulsions agressives naturelles, il ne dit rien de celle des filles qui, conjointement avec les garçons, pourraient aller vers une meilleure acceptation de leurs pulsions sexuelles afin de trouver un terrain de rencontre avec eux et de pérenniser un même terrain d’entente.
Revue Biblique , 2024
Pourquoi les Amalécites sont-ils à exterminer dans la Bible hébraïque ? Origine du yahwisme.
Cahiers d'Etudes du Religieux, 2023
L'article pose la question d'un choix surprenant : si les Samaritains sont les descendants des Is... more L'article pose la question d'un choix surprenant : si les Samaritains sont les descendants des Israélites, rien dans leur histoire religieuse ne devait les amener à choisir le mont Garizim comme lieu de culte, sauf à reconsidérer leur histoire à partir du récit exodique tel qu'on le trouve dans le Deutéronome. Au lieu de penser le texte comme attestant le lieu de culte, nous suggérons de penser le lieu de culte comme résultant du texte.
Smala , 2024
"Ne penser l'évolution qu'en termes de coûts sociaux, c'est n'accorder aucun rôle décisif à toute... more "Ne penser l'évolution qu'en termes de coûts sociaux, c'est n'accorder aucun rôle décisif à toute notion de sexualité exclusive ou préférentielle entre les deux partenaires formant un couple souple. Or, c'est là que nous retrouvons le dimorphisme sexuel, très accentué pour notre espèce si l'on cesse de se focaliser sur la taille des individus. Car on peut sans doute penser que l'attachement entre les deux partenaires a été d'initiative féminine par la présence de signaux sexuels permanents. Hommes et femmes n'ont cessé de se différencier physiquement pour mieux s'accoupler, indépendamment de l’œstrus, privilégiant l'attachement fondé sur le désir. Les Hommes - les femmes plus que les hommes ? - ont inventé l'amour !"
"To think of evolution only in terms of social costs is to give no decisive role to any notion of exclusive or preferential sexuality between the two partners forming a flexible couple. This is where we find sexual dimorphism, which is highly accentuated in our species if we stop focusing on individual size. For we can safely assume that the attachment between the two partners was initiated by the female, through the presence of permanent sexual signals. Men and women have never ceased to differentiate themselves physically in order to better mate, independently of estrus, favouring attachment based on desire. Men - women more than men? - have invented love!"
Revue du MAUSS , 2022
L’origine des inégalités entre hommes et femmes fait appel à de nombreux facteurs explicatifs qu’... more L’origine des inégalités entre hommes et femmes fait appel à de nombreux facteurs explicatifs qu’il est difficile de combiner. Si l’on adopte une approche évolutionniste qui prend en compte les données de l’éthologie des primates, et que l’on inclut quelques notions phylogénétiques de base, il apparaît que la domination sexuelle masculine est un fait anthropologique fondamental qui a perduré ou s’est renforcé dans les sociétés humaines. Il est également important de réaliser que de nombreuses petites sociétés sans écriture ont institutionnalisé dans leur culture, locale ou plus générale, une infériorité féminine brutale avant même de devenir un fait établi dans certaines sociétés stratifiées, fondées sur l’extension du cercle familial et le renforcement du système patrilinéaire. Ainsi, les inégalités de genre sont bien des inégalités de sexe dont l’origine doit se situer en amont même de notre préhistoire.
Male Sexual Domination: From Primate Ethology to Anthropology
The origin of inequalities between men and women invites many explanatory factors that are difficult to combine. If we adopt an evolutionary approach that takes into account the data of primate ethology, and include some basic phylogenetic insights, it appears that the male sexual domination is a basic anthropological fact that has either endured or was reinforced in human societies. It is also important to realize that many small societies without writing have institutionalized in their culture, local or more general, a brutal feminine inferiority even before becoming an established fact in some stratified societies, based on the extension of the family circle and the strengthening of the patrilineal system. Thus, the gender inequalities are in fact sexual inequalities whose origin has to be situated even before our prehistory.
Archaeopress (forthcoming), 2022
La Torah désigne à la fois des textes narratifs (cosmogonie, anthropogonie, ethnogenèse) et des t... more La Torah désigne à la fois des textes narratifs (cosmogonie, anthropogonie, ethnogenèse) et des textes de loi. La forte présence de textes normatifs dans ce grand mythe des origines s’explique par deux facteurs essentiels situés bien en amont de la finalisation de ces textes eux-mêmes. D’une part, ils proviennent du droit proche-oriental tel qu’il s’exprimait par décision royale – la stèle d’Hammurabi en étant le meilleur exemple –, d’autre part, ils reflètent une conception religieuse spécifique qui devint le monothéisme biblique. En effet, la grande différence entre les lois bibliques et les lois mésopotamiennes réside dans le fait qu’aucun roi ne les promulgue, sinon la divinité elle-même. La Torah est l’aboutissement de ce que Francolino Gonçalves nommait la fusion des deux yahwismes.
The Torah includes some narratives (cosmogony, anthropogony, ethnogenesis) and some legal texts. The fact that these texts outnumber narratives in this great myth of origins may be explained by two major factors before their writing composition. Firstly, they derive from the conception of law in the Near East, linked to the decision of a king, Hammurabi’s code on his famous stele being the best example. Secondly, they represent a specific religious belief which became biblical monotheism. Indeed, the main difference between biblical laws and Mesopotamian laws is that the sovereign who promulgated them was God himself. The Torah is the result of what Francolino Gonçalves called the fusion of the two Yahwisms.
Archaeopress (forthcoming), 2022
Le concept des deux yahwismes permet d’aborder les textes bibliques pour les différencier selon d... more Le concept des deux yahwismes permet d’aborder les textes bibliques pour les différencier selon des conceptions religieuses et non selon de simples critères formels. Il permet ensuite de déconstruire la notion d’Israël religieux dans ces mêmes textes. Dès lors, une histoire des deux royaumes historiques d’Israël et de Juda, de leurs conceptions religieuses et de leurs évolutions peut être menée sur de meilleures bases, prenant en compte les nouvelles données archéologiques. À terme, le yahwisme “historique” du Nord et le yahwisme de création ou “cosmique” très ancré au Sud, concurrents puis s’entremêlant, donnèrent forme à un monothéisme abouti, absolu, mais exclusif. Le concept des deux yahwismes n’est ni minimaliste ni maximaliste, il permet d’aborder la Bible hébraïque et l’histoire des deux royaumes yahwistes sur la longue durée.
The concept of the two Yahwisms enables one to approach Biblical texts in order to differentiate between them according to religious conceptions rather than to simple formal criteria. The notion of religious Israel in these same texts may them be deconstruct. From then on, a history of the two historical kingdoms of Israel and Judah, of their religious conceptions and of their evolution can be conducted on a better basis, involving archaeological data. In the end, the “historical” Yahwism of the North and the creation or “cosmic” Yahwism very much rooted in the South, competed and subsequently each other intermingle, gave form to a finished, absolute, but exclusive monotheism. The concept of the two Yahwisms is neither minimalist nor maximalist; it allows for a long-term approach of the Hebrew Bible and of the history of the two Yahwist kingdoms.
Clio 56 , 2022
À ce jour, le passage de la patrilinéarité à la matrilinéarité dans le judaïsme rabbinique reste ... more À ce jour, le passage de la patrilinéarité à la matrilinéarité dans le judaïsme rabbinique reste sans explication convaincante. Cependant, une hypothèse anthropologique permet de considérer cette évolution comme finalement cohérente lorsque la patrilinéarité s'est avérée trop dominante pour rester fonctionnelle. Cette hypothèse peut être renforcée par la prise en compte du contexte politique de l'époque romaine, qui a conduit les rabbins à repenser la survie des communautés sans projet messianique. L'accent mis sur la transmission culturelle interne a ainsi remplacé toute forme d'action politique et religieuse contre les Romains.
To date, the transition from patrilineality to matrilineality in rabbinic Judaism remains without convincing explanation. However, an anthropological hypothesis makes it possible to consider this evolution as being finally coherent when patrilineality proved to be too dominant to remain functional. This hypothesis can be reinforced by taking into account the political context of the Roman period, which led the rabbis to rethink the survival of communities without any messianic projects. The emphasis on internal cultural transmission thus replaced any form of political and religious action against the Romans.
Asdiwal 16 , 2021
La notion d’inceste est centrale pour l’anthropologie de la parenté et pour la psychanalyse. Le t... more La notion d’inceste est centrale pour l’anthropologie de la parenté et pour la psychanalyse. Le terme « inceste », généralement utilisé sans différencier l’inceste parent/enfant et frère/sœur, et parfois étendu aux mariages consanguins, manque donc de précision conceptuelle. La confusion autour de cette notion s’est accrue dans les études sur la parenté depuis que Lévi-Strauss a adopté le tabou de l’inceste pour caractériser les origines de toute société humaine, affirmant qu’il révèle le passage de la nature à la culture. Fondant son postulat théorique sur la pensée freudienne, l’anthropologue français a été amené à invalider l’hypothèse antérieure de Westermarck. Ce dernier était persuadé que le désir de commettre l’inceste était freiné par une inhibition spontanée et naturelle, hypothèse aujourd’hui confirmée par les récentes recherches éthologiques. En conséquence, la notion d’inceste doit être considérée comme une « relique épistémologique » de l’anthropologie sociale. Il est toutefois important de noter que des écrits anthropologiques récents utilisent toujours le terme « inceste », mais, en se concentrant sur la famille nucléaire, parfois recomposée dans les sociétés modernes et postmodernes, ils réduisent cette notion à celle de crime sexuel.
The notion of incest is central for the anthropology of kinship and for psychoanalysis. The term “incest”, generally used without differentiating between parent/child and brother/sister incest, sometimes extended to consanguineous marriages, therefore lacks conceptual precision. The confusion about this notion has been increased in kinship studies since Lévi-Strauss adopted the incest taboo to characterize the origins of human society, saying that it reveals the shift from nature to culture. Basing his theoretical postulate on Freudian thought, the French anthropologist has been led to invalidate the earlier hypothesis of Westermarck. The latter was persuaded that the desire to commit incest was restrained by a spontaneous and natural inhibition, a hypothesis now confirmed by recent ethological research. Accordingly, the notion of incest should be considered an “epistemological relic” of social anthropology. However, a recent anthropological work still uses the term of “incest”, but, focusing on the nuclear family, which is sometimes recomposed in modern and postmodern societies, it reduces this notion to that of sexual crime.
Zeitschrift für altorientalische und biblische Rechtsgeschichte 27 , 2021
The story of King Saul fills most of the first book of Samuel. Saul first appears in chapter 9, a... more The story of King Saul fills most of the first book of Samuel. Saul first appears in chapter 9, and in chapter 31, he and his sons die. The end of his reign is already mentioned at the end of chapter 14; the rest of the story, as told after this note, is a story of disaster. The account insists on Saul’s belonging to the tribe of Benjamin, the smallest of Israel’s tribes, most likely to diminish his importance. One would expect a more prestigious origin of the first ruler of the (Northern) Kingdom of Israel.
Our fresh look at the textual and literary problems of 1 Samuel 1–14 leads to a new view of what the original story of King Saul was like. In the first chapter of the book, Saul has been replaced by Samuel, and his story was originally linked to the Ark of God. The original narrative portrayed the first king of Israel as a great personality, rather than a dubious, impious one. The article considers the characters that “oppose” Saul – David, Jonathan and Samuel –, examines the “Ark Narrative” in order to show that the story of the god of Shiloh is also the story of a young hero who became a king, and, finally, suggests that the topography of this ancient story differs from that of its latest redactional layer.
Revista del Instituto de Historia Antigua Oriental , 2020
Les études d’histoire des religions de la Méditerranée antique sont tributaires de l’opposition ... more Les études d’histoire des religions de la Méditerranée antique sont tributaires de l’opposition ancienne et théologique entre les notions de polythéisme et de monothéisme. Or, le monothéisme est avant tout un fait historique proche-oriental avant que d’être une notion universelle. Quant au polythéisme romain, il évolua pour les empereurs en hénothéisme solaire dans les derniers temps de l’Empire. L’exclusivisme historique et anthropologique du monothéisme proche-oriental, présent dans le christianisme, ne pouvait toutefois coexister avec cette nouvelle conception philosophico-religieuse
History of religions of the ancient Mediterranean is determined by the traditional and theological opposition between the notions of polytheism and monotheism which still exists. However, monotheism is above all a historical fact in the Near East, before becoming a universal notion, and Roman polytheism evolved for the emperors into solar henotheism in the last days of the Empire. The historical and anthropological exclusivism of the Near Eastern monotheism, present in Christianity, could not coexist with these new philosophical and religious conception.
Le Monde de la Bible, 2016
C’est avec ces textes qu’il faut sans doute comprendre la nécessité de parvenir en Canaan par l’e... more C’est avec ces textes qu’il faut sans doute comprendre la nécessité de parvenir en Canaan par l’est. En effet, le mythe exodique – c’est-à-dire un récit ancien, voire un lointain souvenir historique, relativement ténu, non encore pleinement mythifié – ne semble pas avoir concerné Juda à l’origine. Qu’une composante du royaume d’Israël ait eu une origine étrangère n’est pas à rejeter d’emblée, d’autant moins que la présence de semi-nomades dans ces sociétés dimorphiques – où sédentaires et nomades cohabitaient – était une réalité comme le montre l’exemple des Rékabites (Jérémie 35). En effet, il faut pouvoir distinguer l’existence d’une entité politique nommée « Israël », dès la fin du XIIIe siècle sur la stèle du pharaon Merneptah, et l’existence ultérieure d’un courant religieux yahwiste, porteur d’une provenance exogène s’expliquant d’ailleurs par l’origine géographique de la divinité.
Le Monde de la Bible, 2016
C’est pourvu d’une conception exclusiviste renforcée par le lien matrimonial ou filial que Yhwh s... more C’est pourvu d’une conception exclusiviste renforcée par le lien matrimonial ou filial que Yhwh s’est progressivement imposé par la voix de ses prophètes en Israël, puis en Juda après la disparition de ce royaume. La Bible hébraïque est donc avant tout porteuse de cette conception intransigeante vis-à-vis des dieux de l’étranger et ne reflète que très imparfaitement la situation religieuse complexe tant en Samarie qu’en Judée, avant et après l’Exil. Le paradoxe biblique tient au fait que c’est une divinité étrangère qui exigea le départ de dieux et de déesses pourtant bien implantées en Canaan.
Le Monde des Religions, 2019
L’histoire du monothéisme dans les deux royaumes doit donc s’envisager sur la longue durée, sans ... more L’histoire du monothéisme dans les deux royaumes doit donc s’envisager sur la longue durée, sans beaucoup de certitudes. Yahweh est le dieu principal et officiel des deux royaumes, peut-être dès l’origine pour Israël au nord, un peu plus tard pour Juda au sud, sans être pour autant le seul dieu. Ses prophètes ont réclamé qu’il soit le roi des dieux sans conteste possible, avec tous les attributs d’un tel dieu (Ésaïe 6), ou qu’il soit le seul dieu pour son peuple (livre d’Osée). Ces deux conceptions du yahwisme ont fusionné à la suite de la destruction du royaume de Juda au début du VIe siècle avant notre ère, pour aboutir au monothéisme universel du début de la Genèse et exclusif du récit exodique ou du code sacrificiel du Lévitique. Le monothéisme du judaïsme du temple portait donc en lui un paradoxe : le dieu d’Israël, que les Juifs devaient révérer de manière exclusive et par un culte spécifique, était devenu le dieu créateur de l’humanité entière.
Revue Biblique, 2020
Le témoignage d’Hécatée d’Abdère (fin du IVe siècle av. J.-C.) sur l’origine des Juifs – Moïse, l... more Le témoignage d’Hécatée d’Abdère (fin du IVe siècle av. J.-C.) sur l’origine des Juifs – Moïse, les Hébreux et l’expulsion d’Égypte – est habituellement considérée comme authentique par les historiens modernes. Cependant, l’argumentation de Claudio Zamagni mettant en cause cette authenticité peut être prolongée par un argument a silentio : Flavius Josèphe, qui cite Hécatée dans le Contre Apion, ne connaît pas ce témoignage alors qu’il réfute le motif de l’expulsion des Hébreux d’Égypte chez d’autres auteurs.
Librinova, 2020
L'histoire de Jésus se situe au carrefour du récit historique et du récit hagiographique ou légen... more L'histoire de Jésus se situe au carrefour du récit historique et du récit hagiographique ou légendaire. Malgré bien des zones d'ombre et des invraisemblances, le récit de sa vie n'en est pas pour autant incohérent car sa biographie est parallèle à celle de personnages historiques de son temps, révélés notamment par l'historiographe juif Flavius Josèphe dans ses écrits de la fin du premier siècle. En hiérarchisant les sources textuelles, le Jésus de l'Histoire n'est pas impossible à atteindre et il reste un personnage singulier bien que lié à un contexte spécifique.
Ne désirant pas livrer un ouvrage savant quelque peu fastidieux sur Jésus, l'auteur a choisi une forme plus littéraire afin d'éclairer différemment cette figure historique. Confrontant l'histoire de Jésus et ses réflexions d'historien des religions, il entremêle récit littéraire et analyse historique. L'histoire des religions est une ouverture sur l'humain...
Archaeopress, 2019
Since the Renaissance, the question of how the Bible was written has been much debated. After the... more Since the Renaissance, the question of how the Bible was written has been much debated. After the tremendous way forward due to documentary theory at the end of the 19th century, which identified “authors” and schools of writing, a century later, a complex reality emerged, that of scribes modifying texts as they copied them. The editorial layers sometimes reveal a stratigraphy so complex that the only possible approach is to undertake an archaeology of the texts. Thus, “The Bible” no longer appears as a controlled theological and historiographical project but as the empirical arrangement of heterogeneous texts linked together by an evolving religious ideology. While the great overall account of the first books is based on the election and migration of an entire people, the ideological foundations of Yahwism, apparent in less well-known but older texts, evoke rather a foreign god who, having reached Israelite territory, ultimately gained pre-eminence there.
In our attempt to understand the nature and origin, as well as the evolution, of this specific form of monotheism, which made a jealous god into the only God, we relied predominantly on the concept of the “two yahwisms”. This point of view enables one to understand how a god allied with a people was also a god creator of the universe and of all humanity. Moreover, as a god’s jealousy of his own people is an improbable fact in the history of religions, we have analyzed this characteristic, far removed from monotheism, by using some theoretical conceptual tools in anthropology, particularly in the anthropology of kinship. Considering a much-emphasized and evolutionary patrilineal trait in a specific culture has allowed us to offer an explanation. This monolatric ideology, which became monotheistic in the course of writing and rewriting Biblical texts on scrolls in the Jerusalem Temple circles in the Persian and Hellenistic periods, was above all an exclusivism that was reinforced on the “longue durée” from the time of the kings of Israel (Jehu) and Judah (Josiah), through the Maccabean revolt in the 2nd century BCE, and up to the Judean revolts against Rome in the 1st and 2nd century CE.
This book is divided into two parts. Firstly, we demonstrate that the context of scribal culture, which was also the context of the writing of the Dead sea scrolls, explain the repetitions and contradictions of the Biblical texts. Bringing to light the successive layers of writing, much as an archaeologist strips stratigraphically an ancient tell, has led us to the discovery that ancient yahwism is not to be found in the books of the Pentateuch, but in others which retained some ancient traditions, especially the prophetical books of Hosea and Amos. Secondly, we searched for ancient yahwism in these books and some other texts, assessing archaeological data through the grid of anthropological theories, in order to clarify the systems of kinship (more or less patrilineal) amongst Iron Age Israelites, and Persian, Hellenistic and Roman period Judeans. Such archaeology of the Hebrew Bible is, in fact, an “archaeology” of the Biblical texts, as well as the “archaeology” of a religious ideology.
Après la formidable avancée que fut la théorie documentaire à la fin du XIXe siècle, identifiant des « auteurs » et des écoles de rédaction, un siècle plus tard, la théorie a laissé de plus en plus la place à un réel complexe, celui des scribes modifiant les textes à mesure qu’ils les copiaient. « La Bible » n’apparaît plus alors comme étant un projet théologique et historiographique maîtrisé mais comme l’agencement empirique de textes hétérogènes reliés entre eux par une idéologie religieuse évolutive. Si le grand récit d’ensemble des premiers livres se construit sur l’élection et la migration d’un peuple en son entier, les fondements idéologiques du yahwisme font plutôt état d’un dieu étranger qui serait parvenu jusqu’en terre israélite pour, à terme, s’y imposer.
Cette idéologie monothéiste fut surtout un exclusivisme qui se renforça de l’époque des rois d’Israël et de Juda jusqu’aux révoltes judéennes contre Rome aux premiers siècles de notre ère. Pour tenter de saisir la nature et l’origine, ainsi que l’évolution, de cette forme spécifique de monothéisme, qui a fait d’un dieu jaloux le seul Dieu, nous nous sommes appuyé avant tout sur le concept des « deux yahwismes ». Cette théorie permet en effet de comprendre comment un dieu faisant alliance avec un peuple en particulier a pu être également un dieu créateur de l’univers et de l’humanité entière.
Qui ne connaît l’épisode biblique dans lequel la belle traîtresse Dalila endort le puissant Samso... more Qui ne connaît l’épisode biblique dans lequel la belle traîtresse Dalila endort le puissant Samson sur son genou pour lui raser la chevelure et le livrer ainsi impuissant à ses ennemis ? De tous les récits bibliques, c’est sans doute l’un des plus connus et l’un des moins théologiques, voire l’un des plus érotiques, sans que le lecteur sache que la scène qui inspira tant de maîtres flamands fait référence explicitement à un rituel de cheveux désigné par un terme intraduisible depuis l’Antiquité : le Nazir.
Analyser ce rituel permet de mieux saisir l’agencement des textes bibliques entre eux mais aussi d’approcher la religion du dieu biblique aniconique et au nom à ne pas prononcer sous la forme du tétragramme (YHWH), d’approcher aussi les origines de l’État israélite du Nord pour aller jusqu’au judaïsme du temple. L’analyse de ce rite contraint à mener un parcours qui permet d’entrevoir les aspects guerriers de l’Israël archaïque contrastant singulièrement avec le dogme rituel entre sacré et impur d’une religion constituée.
Mais l’étude permet encore, à terme, de comprendre comment deux religions se séparèrent linguistiquement tant les premiers auteurs chrétiens utilisèrent le motif du Nazir sans prendre en compte le terme hébraïque et sans connaître la finalité du rite puisqu’ils ne lisaient la Bible qu’en grec. C’est pourquoi la question se pose toujours de savoir si Jean le Baptiste, Jacques, frère de Jésus, voire Jésus lui-même, furent des Nazirs…
Revue des deux mondes, 2023
La notion de genre est devenue prégnante dans les sciences sociales, au point que l’on ne se risq... more La notion de genre est devenue prégnante dans les sciences sociales, au point que l’on ne se risque plus guère à la contester. Mais est-elle scientifique ou idéologique ? Elle est en tout cas devenue totalisante. Comme l’a montré l’éthologue Frans de Waal dans son dernier ouvrage, la notion se comprend bien chez les grands primates les plus proches de nous. Mais il souligne aussi le fait que la différence biologique mâle/femelle ne peut être invalidée facilement
Sabri Giroux (dir.), La Palestine en 50 portraits. De la Préhistoire à nos jours, Riveneuve., 2024
L' histoire du héros Samson se situe dans la Shéphélah, entre la plaine côtière d'Ashdod à Gaza e... more L' histoire du héros Samson se situe dans la Shéphélah, entre la plaine côtière d'Ashdod à Gaza et les hauteurs de Jérusalem. Le récit du livre des Juges, des chapitres 13 à 16, nous indique qu' il était affilié à la tribu d'Israël de Dan, mais ce personnage sans attache réelle est la manifestation même de la liberté d'action et de mouvement. Samson n'est d'ailleurs pas un héros israélite à l'origine.
Smala 4, 2024
À l’heure de #MeToo, il importe d’interroger tout ce qui fait le comportement masculin et féminin... more À l’heure de #MeToo, il importe d’interroger tout ce qui fait le comportement masculin et féminin. Todd a montré que le patriarcat n’avait de réalité que dans un contexte de forte patrilinéarité dans des familles communautaires. De Waal, quant à lui, constate que la violence masculine précède de très loin toute tendance vers ce patriarcat mais qu’elle n’est pas inéluctable puisque les chimpanzés bonobos ont su, par la dominance des femelles, renverser la domination des mâles propre aux chimpanzés communs. Toutefois, s’il considère que l’éducation des garçons doit aller vers la canalisation de leurs pulsions agressives naturelles, il ne dit rien de celle des filles qui, conjointement avec les garçons, pourraient aller vers une meilleure acceptation de leurs pulsions sexuelles afin de trouver un terrain de rencontre avec eux et de pérenniser un même terrain d’entente.
Revue Biblique , 2024
Pourquoi les Amalécites sont-ils à exterminer dans la Bible hébraïque ? Origine du yahwisme.
Cahiers d'Etudes du Religieux, 2023
L'article pose la question d'un choix surprenant : si les Samaritains sont les descendants des Is... more L'article pose la question d'un choix surprenant : si les Samaritains sont les descendants des Israélites, rien dans leur histoire religieuse ne devait les amener à choisir le mont Garizim comme lieu de culte, sauf à reconsidérer leur histoire à partir du récit exodique tel qu'on le trouve dans le Deutéronome. Au lieu de penser le texte comme attestant le lieu de culte, nous suggérons de penser le lieu de culte comme résultant du texte.
Smala , 2024
"Ne penser l'évolution qu'en termes de coûts sociaux, c'est n'accorder aucun rôle décisif à toute... more "Ne penser l'évolution qu'en termes de coûts sociaux, c'est n'accorder aucun rôle décisif à toute notion de sexualité exclusive ou préférentielle entre les deux partenaires formant un couple souple. Or, c'est là que nous retrouvons le dimorphisme sexuel, très accentué pour notre espèce si l'on cesse de se focaliser sur la taille des individus. Car on peut sans doute penser que l'attachement entre les deux partenaires a été d'initiative féminine par la présence de signaux sexuels permanents. Hommes et femmes n'ont cessé de se différencier physiquement pour mieux s'accoupler, indépendamment de l’œstrus, privilégiant l'attachement fondé sur le désir. Les Hommes - les femmes plus que les hommes ? - ont inventé l'amour !"
"To think of evolution only in terms of social costs is to give no decisive role to any notion of exclusive or preferential sexuality between the two partners forming a flexible couple. This is where we find sexual dimorphism, which is highly accentuated in our species if we stop focusing on individual size. For we can safely assume that the attachment between the two partners was initiated by the female, through the presence of permanent sexual signals. Men and women have never ceased to differentiate themselves physically in order to better mate, independently of estrus, favouring attachment based on desire. Men - women more than men? - have invented love!"
Revue du MAUSS , 2022
L’origine des inégalités entre hommes et femmes fait appel à de nombreux facteurs explicatifs qu’... more L’origine des inégalités entre hommes et femmes fait appel à de nombreux facteurs explicatifs qu’il est difficile de combiner. Si l’on adopte une approche évolutionniste qui prend en compte les données de l’éthologie des primates, et que l’on inclut quelques notions phylogénétiques de base, il apparaît que la domination sexuelle masculine est un fait anthropologique fondamental qui a perduré ou s’est renforcé dans les sociétés humaines. Il est également important de réaliser que de nombreuses petites sociétés sans écriture ont institutionnalisé dans leur culture, locale ou plus générale, une infériorité féminine brutale avant même de devenir un fait établi dans certaines sociétés stratifiées, fondées sur l’extension du cercle familial et le renforcement du système patrilinéaire. Ainsi, les inégalités de genre sont bien des inégalités de sexe dont l’origine doit se situer en amont même de notre préhistoire.
Male Sexual Domination: From Primate Ethology to Anthropology
The origin of inequalities between men and women invites many explanatory factors that are difficult to combine. If we adopt an evolutionary approach that takes into account the data of primate ethology, and include some basic phylogenetic insights, it appears that the male sexual domination is a basic anthropological fact that has either endured or was reinforced in human societies. It is also important to realize that many small societies without writing have institutionalized in their culture, local or more general, a brutal feminine inferiority even before becoming an established fact in some stratified societies, based on the extension of the family circle and the strengthening of the patrilineal system. Thus, the gender inequalities are in fact sexual inequalities whose origin has to be situated even before our prehistory.
Archaeopress (forthcoming), 2022
La Torah désigne à la fois des textes narratifs (cosmogonie, anthropogonie, ethnogenèse) et des t... more La Torah désigne à la fois des textes narratifs (cosmogonie, anthropogonie, ethnogenèse) et des textes de loi. La forte présence de textes normatifs dans ce grand mythe des origines s’explique par deux facteurs essentiels situés bien en amont de la finalisation de ces textes eux-mêmes. D’une part, ils proviennent du droit proche-oriental tel qu’il s’exprimait par décision royale – la stèle d’Hammurabi en étant le meilleur exemple –, d’autre part, ils reflètent une conception religieuse spécifique qui devint le monothéisme biblique. En effet, la grande différence entre les lois bibliques et les lois mésopotamiennes réside dans le fait qu’aucun roi ne les promulgue, sinon la divinité elle-même. La Torah est l’aboutissement de ce que Francolino Gonçalves nommait la fusion des deux yahwismes.
The Torah includes some narratives (cosmogony, anthropogony, ethnogenesis) and some legal texts. The fact that these texts outnumber narratives in this great myth of origins may be explained by two major factors before their writing composition. Firstly, they derive from the conception of law in the Near East, linked to the decision of a king, Hammurabi’s code on his famous stele being the best example. Secondly, they represent a specific religious belief which became biblical monotheism. Indeed, the main difference between biblical laws and Mesopotamian laws is that the sovereign who promulgated them was God himself. The Torah is the result of what Francolino Gonçalves called the fusion of the two Yahwisms.
Archaeopress (forthcoming), 2022
Le concept des deux yahwismes permet d’aborder les textes bibliques pour les différencier selon d... more Le concept des deux yahwismes permet d’aborder les textes bibliques pour les différencier selon des conceptions religieuses et non selon de simples critères formels. Il permet ensuite de déconstruire la notion d’Israël religieux dans ces mêmes textes. Dès lors, une histoire des deux royaumes historiques d’Israël et de Juda, de leurs conceptions religieuses et de leurs évolutions peut être menée sur de meilleures bases, prenant en compte les nouvelles données archéologiques. À terme, le yahwisme “historique” du Nord et le yahwisme de création ou “cosmique” très ancré au Sud, concurrents puis s’entremêlant, donnèrent forme à un monothéisme abouti, absolu, mais exclusif. Le concept des deux yahwismes n’est ni minimaliste ni maximaliste, il permet d’aborder la Bible hébraïque et l’histoire des deux royaumes yahwistes sur la longue durée.
The concept of the two Yahwisms enables one to approach Biblical texts in order to differentiate between them according to religious conceptions rather than to simple formal criteria. The notion of religious Israel in these same texts may them be deconstruct. From then on, a history of the two historical kingdoms of Israel and Judah, of their religious conceptions and of their evolution can be conducted on a better basis, involving archaeological data. In the end, the “historical” Yahwism of the North and the creation or “cosmic” Yahwism very much rooted in the South, competed and subsequently each other intermingle, gave form to a finished, absolute, but exclusive monotheism. The concept of the two Yahwisms is neither minimalist nor maximalist; it allows for a long-term approach of the Hebrew Bible and of the history of the two Yahwist kingdoms.
Clio 56 , 2022
À ce jour, le passage de la patrilinéarité à la matrilinéarité dans le judaïsme rabbinique reste ... more À ce jour, le passage de la patrilinéarité à la matrilinéarité dans le judaïsme rabbinique reste sans explication convaincante. Cependant, une hypothèse anthropologique permet de considérer cette évolution comme finalement cohérente lorsque la patrilinéarité s'est avérée trop dominante pour rester fonctionnelle. Cette hypothèse peut être renforcée par la prise en compte du contexte politique de l'époque romaine, qui a conduit les rabbins à repenser la survie des communautés sans projet messianique. L'accent mis sur la transmission culturelle interne a ainsi remplacé toute forme d'action politique et religieuse contre les Romains.
To date, the transition from patrilineality to matrilineality in rabbinic Judaism remains without convincing explanation. However, an anthropological hypothesis makes it possible to consider this evolution as being finally coherent when patrilineality proved to be too dominant to remain functional. This hypothesis can be reinforced by taking into account the political context of the Roman period, which led the rabbis to rethink the survival of communities without any messianic projects. The emphasis on internal cultural transmission thus replaced any form of political and religious action against the Romans.
Asdiwal 16 , 2021
La notion d’inceste est centrale pour l’anthropologie de la parenté et pour la psychanalyse. Le t... more La notion d’inceste est centrale pour l’anthropologie de la parenté et pour la psychanalyse. Le terme « inceste », généralement utilisé sans différencier l’inceste parent/enfant et frère/sœur, et parfois étendu aux mariages consanguins, manque donc de précision conceptuelle. La confusion autour de cette notion s’est accrue dans les études sur la parenté depuis que Lévi-Strauss a adopté le tabou de l’inceste pour caractériser les origines de toute société humaine, affirmant qu’il révèle le passage de la nature à la culture. Fondant son postulat théorique sur la pensée freudienne, l’anthropologue français a été amené à invalider l’hypothèse antérieure de Westermarck. Ce dernier était persuadé que le désir de commettre l’inceste était freiné par une inhibition spontanée et naturelle, hypothèse aujourd’hui confirmée par les récentes recherches éthologiques. En conséquence, la notion d’inceste doit être considérée comme une « relique épistémologique » de l’anthropologie sociale. Il est toutefois important de noter que des écrits anthropologiques récents utilisent toujours le terme « inceste », mais, en se concentrant sur la famille nucléaire, parfois recomposée dans les sociétés modernes et postmodernes, ils réduisent cette notion à celle de crime sexuel.
The notion of incest is central for the anthropology of kinship and for psychoanalysis. The term “incest”, generally used without differentiating between parent/child and brother/sister incest, sometimes extended to consanguineous marriages, therefore lacks conceptual precision. The confusion about this notion has been increased in kinship studies since Lévi-Strauss adopted the incest taboo to characterize the origins of human society, saying that it reveals the shift from nature to culture. Basing his theoretical postulate on Freudian thought, the French anthropologist has been led to invalidate the earlier hypothesis of Westermarck. The latter was persuaded that the desire to commit incest was restrained by a spontaneous and natural inhibition, a hypothesis now confirmed by recent ethological research. Accordingly, the notion of incest should be considered an “epistemological relic” of social anthropology. However, a recent anthropological work still uses the term of “incest”, but, focusing on the nuclear family, which is sometimes recomposed in modern and postmodern societies, it reduces this notion to that of sexual crime.
Zeitschrift für altorientalische und biblische Rechtsgeschichte 27 , 2021
The story of King Saul fills most of the first book of Samuel. Saul first appears in chapter 9, a... more The story of King Saul fills most of the first book of Samuel. Saul first appears in chapter 9, and in chapter 31, he and his sons die. The end of his reign is already mentioned at the end of chapter 14; the rest of the story, as told after this note, is a story of disaster. The account insists on Saul’s belonging to the tribe of Benjamin, the smallest of Israel’s tribes, most likely to diminish his importance. One would expect a more prestigious origin of the first ruler of the (Northern) Kingdom of Israel.
Our fresh look at the textual and literary problems of 1 Samuel 1–14 leads to a new view of what the original story of King Saul was like. In the first chapter of the book, Saul has been replaced by Samuel, and his story was originally linked to the Ark of God. The original narrative portrayed the first king of Israel as a great personality, rather than a dubious, impious one. The article considers the characters that “oppose” Saul – David, Jonathan and Samuel –, examines the “Ark Narrative” in order to show that the story of the god of Shiloh is also the story of a young hero who became a king, and, finally, suggests that the topography of this ancient story differs from that of its latest redactional layer.
Revista del Instituto de Historia Antigua Oriental , 2020
Les études d’histoire des religions de la Méditerranée antique sont tributaires de l’opposition ... more Les études d’histoire des religions de la Méditerranée antique sont tributaires de l’opposition ancienne et théologique entre les notions de polythéisme et de monothéisme. Or, le monothéisme est avant tout un fait historique proche-oriental avant que d’être une notion universelle. Quant au polythéisme romain, il évolua pour les empereurs en hénothéisme solaire dans les derniers temps de l’Empire. L’exclusivisme historique et anthropologique du monothéisme proche-oriental, présent dans le christianisme, ne pouvait toutefois coexister avec cette nouvelle conception philosophico-religieuse
History of religions of the ancient Mediterranean is determined by the traditional and theological opposition between the notions of polytheism and monotheism which still exists. However, monotheism is above all a historical fact in the Near East, before becoming a universal notion, and Roman polytheism evolved for the emperors into solar henotheism in the last days of the Empire. The historical and anthropological exclusivism of the Near Eastern monotheism, present in Christianity, could not coexist with these new philosophical and religious conception.
Le Monde de la Bible, 2016
C’est avec ces textes qu’il faut sans doute comprendre la nécessité de parvenir en Canaan par l’e... more C’est avec ces textes qu’il faut sans doute comprendre la nécessité de parvenir en Canaan par l’est. En effet, le mythe exodique – c’est-à-dire un récit ancien, voire un lointain souvenir historique, relativement ténu, non encore pleinement mythifié – ne semble pas avoir concerné Juda à l’origine. Qu’une composante du royaume d’Israël ait eu une origine étrangère n’est pas à rejeter d’emblée, d’autant moins que la présence de semi-nomades dans ces sociétés dimorphiques – où sédentaires et nomades cohabitaient – était une réalité comme le montre l’exemple des Rékabites (Jérémie 35). En effet, il faut pouvoir distinguer l’existence d’une entité politique nommée « Israël », dès la fin du XIIIe siècle sur la stèle du pharaon Merneptah, et l’existence ultérieure d’un courant religieux yahwiste, porteur d’une provenance exogène s’expliquant d’ailleurs par l’origine géographique de la divinité.
Le Monde de la Bible, 2016
C’est pourvu d’une conception exclusiviste renforcée par le lien matrimonial ou filial que Yhwh s... more C’est pourvu d’une conception exclusiviste renforcée par le lien matrimonial ou filial que Yhwh s’est progressivement imposé par la voix de ses prophètes en Israël, puis en Juda après la disparition de ce royaume. La Bible hébraïque est donc avant tout porteuse de cette conception intransigeante vis-à-vis des dieux de l’étranger et ne reflète que très imparfaitement la situation religieuse complexe tant en Samarie qu’en Judée, avant et après l’Exil. Le paradoxe biblique tient au fait que c’est une divinité étrangère qui exigea le départ de dieux et de déesses pourtant bien implantées en Canaan.
Le Monde des Religions, 2019
L’histoire du monothéisme dans les deux royaumes doit donc s’envisager sur la longue durée, sans ... more L’histoire du monothéisme dans les deux royaumes doit donc s’envisager sur la longue durée, sans beaucoup de certitudes. Yahweh est le dieu principal et officiel des deux royaumes, peut-être dès l’origine pour Israël au nord, un peu plus tard pour Juda au sud, sans être pour autant le seul dieu. Ses prophètes ont réclamé qu’il soit le roi des dieux sans conteste possible, avec tous les attributs d’un tel dieu (Ésaïe 6), ou qu’il soit le seul dieu pour son peuple (livre d’Osée). Ces deux conceptions du yahwisme ont fusionné à la suite de la destruction du royaume de Juda au début du VIe siècle avant notre ère, pour aboutir au monothéisme universel du début de la Genèse et exclusif du récit exodique ou du code sacrificiel du Lévitique. Le monothéisme du judaïsme du temple portait donc en lui un paradoxe : le dieu d’Israël, que les Juifs devaient révérer de manière exclusive et par un culte spécifique, était devenu le dieu créateur de l’humanité entière.
Revue Biblique, 2020
Le témoignage d’Hécatée d’Abdère (fin du IVe siècle av. J.-C.) sur l’origine des Juifs – Moïse, l... more Le témoignage d’Hécatée d’Abdère (fin du IVe siècle av. J.-C.) sur l’origine des Juifs – Moïse, les Hébreux et l’expulsion d’Égypte – est habituellement considérée comme authentique par les historiens modernes. Cependant, l’argumentation de Claudio Zamagni mettant en cause cette authenticité peut être prolongée par un argument a silentio : Flavius Josèphe, qui cite Hécatée dans le Contre Apion, ne connaît pas ce témoignage alors qu’il réfute le motif de l’expulsion des Hébreux d’Égypte chez d’autres auteurs.
Asdiwal , 2019
Après avoir considéré le monothéisme comme une étape nécessaire préparant à la rationalisation mo... more Après avoir considéré le monothéisme comme une étape nécessaire préparant à la rationalisation moderne, il est désormais mis en cause pour l’intolérance et même la violence qu’il génèrerait. Pour l’historien des religions, plus que le monothéisme en tant que catégorie heuristique, c’est la monolâtrie qu’il importe d’analyser et, plus encore, le yahwisme, c’est-à-dire la représentation religieuse et idéologique liée à une divinité spécifique. Cette divinité établissant d’après les textes une alliance avec un peuple en particulier, les fondements culturels de ce type de relation à une divinité sont à isoler et à interroger. Ainsi, cet article a surtout pour finalité d’encourager les spécialistes à s’engager dans une approche résolument anthropologique afin de prendre pleinement en compte l’idéologie patriarcale contenue dans le yahwisme.
Smala , 2019
L’anthropologie sociale et culturelle a considérablement grossi les questions de parenté à partir... more L’anthropologie sociale et culturelle a considérablement grossi les questions de parenté à partir de populations restreintes et marginales. Les considérant comme des primitifs encore proches de nos bas instincts comme le désir incestueux, on cherchait la préhistoire de l’humanité dans leurs « structures élémentaires de la parenté ». Plutôt que d’étudier comment ils faisaient famille, la focalisation s’est faite sur les prohibitions matrimoniales. L’atome de parenté recherché et énoncé par Lévi-Strauss relève plus de la logique mathématique que de la réflexion socio-anthropologique ; cela n’apporte rien à la connaissance des sociétés et de leurs évolutions.
La « valence différentielle des sexes », selon l’expression d’Héritier, qui a son origine au niveau primatologique, n’a fait que s’accentuer dès que les structures familiales se sont complexifiées dans des systèmes à filiation patrilinéaire. Il n’y a donc pas une inégalité frère/sœur aussi fondamentale que la prohibition de l’inceste, il s’agit plus simplement d’une donnée éthologique, se situant précisément cette fois entre nature et culture. Et pour comprendre pourquoi dans certaines sociétés la place des filles et des femmes est si peu enviable, interroger la parenté ne sera profitable que si celle-ci est mise en adéquation avec le système familial en place.
Les études sur la parenté ne devraient pas négliger les structures familiales mais bien au contraire en faire leur cheville ouvrière.
Antiguo Oriente, 2019
A god’s jealousy of his people is an improbable fact in the history of religions. Still at a long... more A god’s jealousy of his people is an improbable fact in the history of religions. Still at a long distance from monotheism, this feature reflects the introduction of a foreign god with a strong character in the Israelite highlands in the early Iron Age. The consideration of an accentuated and evolutionary patrilineal trait in a specific kinship context allows us to offer a tentative explanation. Later, this god and the cultural and ideological features associated with him became well established in Judea, a country and a society marked by a strong patrilineal trait too. After the failure of the messianic revolts against the Romans, a diminished form of matrilineality became common in rabbinic Judaism.
Asdiwal, 2023
L’ouvrage fait suite à L’Île aux femmes. 8 000 ans d’un seul et même mythe d’origine en Asie-Paci... more L’ouvrage fait suite à L’Île aux femmes.
8 000 ans d’un seul et même mythe d’origine
en Asie-Pacifique-Amérique, publié en 2016.
Semitica et Classica, 2012
L'Année sociologique, 2022
Alain Testart avait en projet la publication d’une sociologie générale en quatre volumes, fruits ... more Alain Testart avait en projet la publication d’une sociologie générale en quatre volumes, fruits de ses séminaires qui réunissaient quelques initiés fidèles pour un travail de longue haleine qu’il n’eut malheureusement pas le temps d’achever : « Le contenu des deux premiers livres, sur les rapports sociaux et le politique, a fait l’objet d’un séminaire […]. En revanche, les deux autres livres prévus, sur l’économie et l’idéologie, sont restés à l’état d’ébauche »
Asdiwal, 2020
Dans cet ouvrage de synthèse, l’auteur, universitaire américain, historien du christianisme, tent... more Dans cet ouvrage de synthèse, l’auteur, universitaire américain, historien du christianisme, tente de faire le point sur l’épineuse question des gnostiques, et non du gnosticisme qui est plus une construction des historiens qu’une réalité (p. 37). L’histoire de la recherche a été trop durablement orientée par l’écrit d’Irénée de Lyon, Contre les hérésies, impliquant l’idée d’une proto-orthodoxie chrétienne contestée par des courants déviants que l’on pourrait réunir sous le vocable de gnosticisme. Or, c’est précisément parce qu’il y eut des courants divers dans le christianisme primitif, qu’une orthodoxie émergea progressivement.
Asdiwal, 2020
Dans cet ouvrage, l’auteur propose une lecture nouvelle de l’Odusseus homérique, situant sa démar... more Dans cet ouvrage, l’auteur propose une lecture nouvelle de l’Odusseus homérique, situant sa démarche entre celle des humanités classiques et celle de l’anthropologie historique : « À la proximité trompeuse peut néanmoins répondre une altérité artificielle, reconstruite » (p. 7). D’une certaine manière, il situe sa démarche dans les pas de Nietzsche qui « a parfaitement cerné l’ampleur de l’antagonisme entre un idéal philosophique ascétique et une production littéraire mettant le plaisir social, esthétique, au centre de ses valeurs » (p. 9).
Clio. Femmes, Genre, Histoire, 52, 2020
Si le judaïsme restait centré sur la famille et la descendance, pour assurer la pérennité des com... more Si le judaïsme restait centré sur la famille et la descendance, pour assurer la pérennité des communautés, le christianisme était axé sur le salut individuel. On peut leur accorder une même conception conjugale de la famille, donc fondée sur le couple et une relative égalité entre les deux partenaires, mais sans que ce soit non plus « an idealization of controlled, deliberate, nonviolent male sexuality ».
L'origine des systèmes familiaux [The Origin of Family Systems] contains in its title the two amb... more L'origine des systèmes familiaux [The Origin of Family Systems] contains in its title the two ambitions of the book: "origin" for the diachronic aspects, "systems" for the synchronic aspects. Indeed, Todd was able to put into diachrony what he had studied in synchrony in his previous work: The Explanation of Ideology: Family Structures and Social Systems. Each major section of the book, concerning first the geography (in space) and then the history (in time), attempts to determine the progression of patrilineality, which transcends most of the extended family systems, in China, India, Southeast Asia, Europe and, finally, the Middle East. It is this strong patrilineal emergence, of levels 1, 2 and 3, that the author follows in its diffusion.
Each major section of the book, concerning first the geography (in space) and then the history (in time), attempts to determine the progression of patrilineality, which transcends most of the extended family systems, in China, India, Southeast Asia, Europe and, finally, the Middle East. It is this strong patrilineal emergence, of levels 1, 2 and 3, that the author follows in its diffusion. First present in the Middle East - although it comes last in the book -, then in China and North India, patrilineality, based initially on primogeniture according to the author led to a considerable lowering of the status of women. It also led to the gradual abandonment of the undifferentiated nuclear family organization, with the temporary co-residence of married children with their parents, which only survived in the margins of the Eurasian continent. The patrilineal feature as an ideology of kinship and family spread from its central spaces where it took off to its peripheries. The author also highlights that matrilineal or only matrilocal systems are often in contact with this conquering patrilineality. From then on, it is much more a question of a defensive reaction to patrilineal diffusion than of an autonomous anthropological fact.
One of the most important aspects of the book is the hypothesis of a relatively clear evolution from the original nuclear family to the extended family via the stem family. In Mesopotamia, as in China, it seems that contacts between sedentary people with primogeniture and nomads with equality of sons resulted in the extended family, whether it was exogamous Chinese or endogamous Arab. This evolutionary model is not found in Europe and is imperfectly demonstrated in India; thus, it remains to be proven. It is indeed possible that the large family did not always need to pass through a transitional stage which should be the stem family.
Asdiwal, 2018
Si le sort des esclaves africains en Amérique fut particulièrement cruel, ce n’est pas parce qu’i... more Si le sort des esclaves africains en Amérique fut particulièrement cruel, ce n’est pas parce qu’ils étaient devenus des êtres sans parenté à la merci de leur maître, comme dans une société à esclaves, mais parce que des préjugés raciaux sont venus faire de l’esclave un être inférieur non seulement en droit mais par nature… Ainsi, la réflexion d’Alain Testart sur le sujet n’atténue pas l’horreur de la traite mais, au contraire, permet d’en souligner ce qui en faisait la nouveauté, l’esclavagisme étant renforcé par le racisme d’origine européenne.
Asdiwal, 2019
Si les spécialistes de la question souhaitent obtenir une preuve de leur hypothèse, ils ne l’auro... more Si les spécialistes de la question souhaitent obtenir une preuve de leur hypothèse, ils ne l’auront pas. C’est par un faisceau d’indices que l’on parvient à construire une théorie convaincante en histoire ancienne. Or, pour « le tophet », sujet sensible s’il en est, les présupposés éthiques se mêlent aux démonstrations. Tout se concentre sur l’idée acceptée ou non de populations sacrifiant leurs propres enfants.
Semitica et Classica, 2019
Les références à la parenté utilisées dans les traités proche-orientaux et la notion de Maison à ... more Les références à la parenté utilisées dans les traités proche-orientaux et la notion de Maison à la suite d’alliances matrimoniales sont trop vite rapprochées des mariages princiers de l’Europe moderne (p. 233-234). L’approche est historique et n’a aucunement recours aux concepts et à la réflexion propres à l’anthropologie sociale et culturelle.
Semitica et Classica, 2019
En n’examinant pas les raisons de la présence du dieu Sol dans le culte de Mithra (p. 39), divini... more En n’examinant pas les raisons de la présence du dieu Sol dans le culte de Mithra (p. 39), divinité devenue centrale pour les empereurs-soldats tels qu’Aurélien, l’A. en reste à analyser un culte en apparence isolé. L’était-il vraiment ?
Semitica et Classica, 2018
Nous dirions pour conclure que l’historien, pour avancer sur cette question de l’origine du yahwi... more Nous dirions pour conclure que l’historien, pour avancer sur cette question de l’origine du yahwisme, doit avant tout opérer une distinction nette entre l’entité politique « Israël » et le dieu Yahwā. C’est le grand récit biblique qui cherche à établir l’adéquation parfaite entre les deux. Et si nous devions retenir une leçon de cet ouvrage collectif et contradictoire, c’est que l’histoire du yahwisme est influencée par la prégnance de l’idée monothéiste dans l’inconscient des chercheurs : après avoir accepté et mis en avant la singularité d’un dieu du Levant sans nuance, la tendance fut ensuite de la récuser totalement, sans nuance là encore. Une bonne part, toutefois, des points de vue soutenus dans ce livre penche heureusement pour une analyse historique du yahwisme en tant que phénomène complexe s’inscrivant sur la longue durée.
Semitica et Classica, 2018
Lorsque les auteurs de l’époque hellénistique et romaine formaient un récit historique, ils l’écr... more Lorsque les auteurs de l’époque hellénistique et romaine formaient un récit historique, ils l’écrivaient en grec et n’étaient pas dans un exercice de traduction, ils produisaient une synthèse à partir de leurs sources comme Philon de Byblos ou écrivaient au mieux une longue paraphrase à la manière de Flavius Josèphe qui, soit dit en passant, s’estimait être le premier à faire l’histoire ancienne de son peuple en « traduisant » les livres sacrés. L’auteur de la Lettre est dans cet esprit – bien que l’anonymat du texte renforce l’entreprise de falsification car un véritable historien revendiquait fièrement sa version des faits –, c’est pourquoi il lui importait de raconter une histoire édifiante se situant sous les bons auspices du fameux roi Ptolémée Philadelphe. En revanche, la traduction plate et technique de la Septante n’entre pas dans cette catégorie de textes. L’acribie philologique des lettrés de la Bibliothèque pouvait bien s’exercer sur les textes d’Homère, référence principale de l’hellénisme, mais hormis ces récits prestigieux, la littérature de l’époque consistait à réécrire l’histoire, non à traduire in extenso des livres anciens.
Semitica et Classica, 2018
Le dernier chapitre du livre rend la démonstration générale tout à fait convaincante. Le cycle de... more Le dernier chapitre du livre rend la démonstration générale tout à fait convaincante. Le cycle de Baal se lit avec les codes du langage diplomatique de l’époque, langage qui utilise les conceptions de la parenté, ce dont nous avions rendu compte dans ces mêmes colonnes en recensant le dernier ouvrage d’Emmanuel Pfoh (Syria-Palestine in the Late Bronze Age, 2016). Baal veut être intronisé roi et être reconnu à ce titre par ses frères, c’est pourquoi il devait combattre Yamm qui ne le considérait que comme un vassal : « The feast to which Baal invites his brothers is likely modeled on this diplomatic tradition of hosting one’s fellow monarchs upon obtaining status as their brother » (p. 103).
Revue de l'Histoire des Religions, 2018
L’ouvrage est organisé en trois parties : 1/ Analyse iconographique ; 2/ Signes ; 3/ Organisation... more L’ouvrage est organisé en trois parties : 1/ Analyse iconographique ; 2/ Signes ; 3/ Organisation spatiale. Avec un plaisir non dissimulé, l’A. s’applique à analyser l’iconographie préhistorique dans de courts chapitres, somptueusement illustrés, qui proposent souvent en fin d’analyse un résumé et une ou des « implications », c’est-à-dire une ou des conclusions à tirer. L’une de ces conclusions consiste d’abord à établir que l’art pariétal n’est pas narratif. Il est certes réaliste mais pratique un naturalisme limité : l’animal est sans lien avec son milieu naturel, les différentes espèces ne s’affrontent pas entre elles, seuls les animaux d’une même espèce sont en interaction. Cet art donne donc à voir d’abord et avant tout une classification selon les espèces, il est « l’expression d’une pensée classificatoire ».
Journal of Septuagint and Cognate Studies, 2017
This study about the story of David and Goliath wants to pass over the textual problem in order t... more This study about the story of David and Goliath wants to pass over the textual problem in order to consider only the literary aspects of the Greek translation. But this problem and the literary difficulties of the whole story, in Greek as in Hebrew, cannot be neglected.
Asdiwal 12, 2017
La lecture de l’ouvrage de Bernard Chapais – publié initialement en 2008 sous le titre Primeval K... more La lecture de l’ouvrage de Bernard Chapais – publié initialement en 2008 sous le titre Primeval Kinship – pourrait débuter par les deux dernières phrases : « La fin du XXe siècle aura vu la dichotomie nature-culture parvenir à l’obsolescence. Si l’on se fie à la tendance actuelle, bien amorcée, le XXIe siècle devrait être, en ce qui a trait à la compréhension du comportement humain, celui de l’intégration interdisciplinaire ».
Semitica et Classica, 2017
Au cours de l’année universitaire 2013-2014, un séminaire de recherche a été mené à l’université ... more Au cours de l’année universitaire 2013-2014, un
séminaire de recherche a été mené à l’université hébraïque
de Jérusalem, dans le cadre du Israel Institute of Advanced
Studies (IIAS), mettant à contribution des chercheurs
américains,
européens et, bien entendu, israéliens,
qu’ils soient historiens, philologues, archéologues, voire
historiens de l’art. L’essentiel des réflexions s’est concentré
sur la question de la continuité et du changement
dans les rites en contexte d’interactions polythéistes et
monothéistes en Palestine d’époque hellénistique et
romaine essentiellement (p. xvii). Le séminaire s’est clos
en mai 2014 par une conférence internationale et le tout a
produit un livre collectif contenant pas moins de dix-huit
articles, présentés et résumés dans l’introduction rédigée
par les deux éditeurs de l’ouvrage (p. xix-xxii).
Semitica et Classica, 2017
Les deux ouvrages recensés, publiés dans la foulée l'un de l'autre, chez le même éditeur et dans ... more Les deux ouvrages recensés, publiés dans la foulée l'un de l'autre, chez le même éditeur et dans la même collection, peuvent sembler au premier abord comme des livres destinés au grand public, mais le statut scientifique et universitaire des deux auteures en font des textes assez complexes à la lecture et aptes à donner une synthèse érudite sur des mouvements philosophiques et religieux qui furent importants dans l'Antiquité et que l'on peut essayer de penser ensemble, l'hermétisme marquant en quelque sorte la fin temporaire d'une certaine rationalité philosophique que put incarner l'épicurisme.
Par sa connaissance réfléchie et aigüe des textes prophétiques et sapientiaux, Francolino Gonçalv... more Par sa connaissance réfléchie et aigüe des textes prophétiques et sapientiaux, Francolino Gonçalves en est venu à distinguer deux conceptions du yahwisme dont l’une était presque uniquement présente dans le livre d’Osée mais qui allait être à l’origine de l’idéologie deutéronomique et dite deutéronomiste. Le concept des deux yahwismes est opératoire car il permet de démêler des conceptions de Yhwh quelque peu contradictoires dans les textes, notamment un yahwisme « mythologique » fondé sur la création (cosmogonie et anthropogonie) et un yahwisme « historique » fondé sur le récit d’un peuple migrant avec son dieu, donc un yahwisme universaliste d’un côté et un yahwisme particulariste de l’autre. Ce concept permet aussi de clarifier des conceptions propres à ce « second » yahwisme – second dans le temps pour Francolino, premier pour moi –, par exemple la notion d’alliance qui, pour la très grande majorité des exégètes, n’est qu’une transposition dans la sphère du religieux de pratiques juridiques et politiques néo-assyriennes. Or, on ne peut gommer facilement cette alliance et son champ sémantique de la relation d’amour, sinon en la restreignant à sa signification métaphorique.
La notion de souci de soi élaborée par Foucault ne permet en effet pas de retourner « aux corps e... more La notion de souci de soi élaborée par Foucault ne permet en effet pas de retourner « aux corps et aux plaisirs », comme il le souhaitait lui-même de manière quelque peu paradoxale, car chaque individu forge en soi sa propre éthique sexuelle , qui peut aller du libertinage hédoniste, voire à l’acte sexuel compulsif et quelque peu aliénant, à l’asexualité aujourd’hui revendiquée et devenue esthétique : je n’ai pas de désir, je le dis et je le montre. Dans un article de 1999, la philosophe américaine Judith Butler, influencée par les travaux de Foucault et qui troubla une certaine évidence de la notion de genre, a émis quelques doutes concernant cette aspiration pour les corps et les plaisirs en négligeant le désir constitué, voire en s’en méfiant, comme Foucault s’est méfié de la psychanalyse, c’est pourquoi elle en revient à Spinoza . En effet, peut-on se libérer de ses propres normes sexuelles en s’abstenant d’emprunter le chemin de la connaissance concernant la nature opaque et ambivalente du désir ? Pour que la sexualité ne soit pas une passion triste mais une action gaie – j’emprunte à dessein le vocabulaire spinozien –, sans doute faut-il passer à d’autres aveux de la chair : non ceux du péché mais de la sensualité.
Comme l’évoquait le prix Nobel de littérature 2000, Gao Xingjian, dans son roman autobiographique Le livre d’un homme seul, le bonheur tiendrait – après un temps de solitude s’apparentant à de la liberté quand on a connu l’oppression totalitaire qui ne laisse aucune place à l’individu – à la rencontre d’une personne, quel que soit son sexe, « naturellement dévergondée ». C’est le mot « naturellement » qui fait problème : à la culture, aux règles religieuses, aux lois de la société, l’individu y ajoute désormais de plus en plus son éthique personnelle, pas toujours conciliable avec celle d’autrui. C’est peut-être cela d’ailleurs, bien plus que le tarissement de la source des sentiments, qui fait la solitude amoureuse et la fragilité des couples d’aujourd’hui.
Quand ils évoquent l'offrande sacrificielle, les textes bibliques du Pentateuque établissant des ... more Quand ils évoquent l'offrande sacrificielle, les textes bibliques du Pentateuque établissant des normes religieuses, affirment tous la nécessité d'immoler un animal n'ayant aucune imperfection physique. Cette logique est sans doute la même lorsqu'il s'agit d'écarter tout homme mutilé sexuellement de l'assemblée de Yahôh (Deutéronome 23, 2), voire d'exiger la perfection physique intégrale des prêtres puisqu'ils se tenaient au plus près de la divinité à la différence des simples dévots (Lévitique 21). Cependant, les détails donnés dans ce dernier texte pour circonscrire au mieux cette perfection indiquent une volonté d'assimiler l'imperfection à l'impureté. La pensée sacerdotale qui construisit un système rituel opposant strictement le sacré à l'impur ne pouvait donc être qu'une pensée hiérarchisant et, du coup, excluant tout être qui ne pouvait convenir à une divinité intransigeante. Cette pensée se retrouve, avec quelques développements, dans les textes les plus emblématiques des grottes de Qumrân, notamment la Règle de la Communauté, ce qui nous induit à penser que l'on pourrait séparer les religions du « tournant axial universaliste », tel qu'Yves Lambert a reformulé l'hypothèse de Karl Jaspers, en deux groupes principaux : les religions sacerdotales (zoroastrisme, judaïsme du temple et hindouisme) et les religions prophétiques (bouddhisme, christianisme et islam), les unes a priori « excluantes », les autres a priori « incluantes ». Les disability studies, lorsqu'elles s'attachent aux textes religieux bibliques, ont le défaut, de notre point de vue, de considérer ces textes comme un ensemble relativement homogène et flottant quelque peu dans une chronologie antique large, voire inexistante.
Dans Avant l'histoire, Alain Testart écrivait, à propos des stupéfiantes découvertes archéologiqu... more Dans Avant l'histoire, Alain Testart écrivait, à propos des stupéfiantes découvertes archéologiques du site néolithique de Herxheim, que « l'idée de sacrifice a été avancée, sans doute parce que c'est une idée à la mode ». Extrêmement rigoureux pour définir le sacrifice afin de faire émerger l'idée de « mort d'accompagnement » en contraste de la notion qui fascine tant les historiens des religions, l'anthropologue semblait ne plus accorder d'intérêt à cette catégorie de rite. Pourtant, son interprétation socio-anthropologique de ce type de rite dans Des dons et des dieux semble recevoir confirmation dans un article collectif retentissant publié dans la revue Nature.
La question du monothéisme biblique reste une question difficile pour l'historien des religions c... more La question du monothéisme biblique reste une question difficile pour l'historien des religions car il est dépendant de textes qui brossent une histoire amplifiée, idéologique, pour ne pas dire mythique d'Israël. Sans doute faut-il aborder cette question sur la longue durée, comme un processus à l'oeuvre relativement tôt.
Retourner au latin religio ne permet pas d’embrasser l’ensemble des religions. Pour ce faire, il ... more Retourner au latin religio ne permet pas d’embrasser l’ensemble des religions. Pour ce faire, il importe de donner au concept de religion une définition d’ordre anthropologique, se basant tout autant sur des religions polythéistes que monothéistes, voire des religions sans dieux comme l’est celle des aborigènes australiens ou sans croyance nécessaire à des dieux comme dans le bouddhisme . Plutôt que d’insister sur le monothéisme, les religions de salut ou les religions universalistes , il nous semble plus prudent de faire une simple distinction entre des religions traditionnelles recélant une représentation collective du monde et des religions nouvelles, diverses et variées, s’ancrant dans une tradition et exigeant une adhésion individuelle et/ou communautaire . C’est le passage d’un monde des religions à un monde de la religion.
Lorsqu'en 1961, René Girard publia son premier ouvrage au titre si bien trouvé, Mensonge romantiq... more Lorsqu'en 1961, René Girard publia son premier ouvrage au titre si bien trouvé, Mensonge romantique et Vérité romanesque, dans lequel il analysait des oeuvres de Cervantès, Stendhal, Flaubert, Proust et Dostoïevski, c'était pour mettre en évidence un désir triangulaire qui deviendrait quelques années après une théorie dite du « désir mimétique » et qui dépassera largement le cadre de la littérature en devenant anthropologique, au sens général du terme (La Violence et le Sacré, 1972), et en étant susceptible de tout expliquer du comportement humain (Des choses cachées depuis la fondation du monde, 1978)2. Or, comme l'écrit Lucien Scubla dans son tout récent ouvrage, pourtant lui-même « adepte » de la théorie de Girard mais de plus en plus critique vis-à-vis d'elle : « Si le désir était seulement mimétique, on ne comprendrait pas, nous semble-t-il, la comédie humaine ». Pour des raisons différentes des siennes, nous avons les mêmes réserves au sujet de la question du désir chez Girard et puisqu'il commença sa carrière d'essayiste par l'analyse d'exemples littéraires, nous nous focaliserons sur un exemple du même ordre – mais pas de la même époque – pour démontrer, d'une part, la banalité du désir triangulaire dans la littérature, d'autre part, sa disparition progressive des oeuvres post-romantiques.
La manière dont la science fut érigée en système de représentation et en discours d’adhésion, et ... more La manière dont la science fut érigée en système de représentation et en discours d’adhésion, et la manière dont furent traités en hérétiques ceux qui n’adhéraient ni à cette représentation – traités de « platistes » – ni à ce discours – considérés comme « antivax » –, n’augure rien de très apaisant et rationnel. Pas mieux qu’une religion, la science n’est à même de freiner toute idée et comportement intolérants. Elle peut même les encourager.
Le Volcan est le roman du désir – trois hommes incarnés pour une femme aérienne –, le roman du ma... more Le Volcan est le roman du désir – trois hommes incarnés pour une femme aérienne –, le roman du malentendu amoureux : la parade de Hugh, la séduction façon « vieux beau » de Laruelle ont leur efficacité face à la passivité d’Yvonne qui attend telle une belle plante que le bon bourdon vienne à passer. Mais il ne passe pas car le Consul est dans la même passivité qu’elle, il a choisi de rester dans son enfer, d’observer la comédie du « petit désir pathologique ». Le grand désir, celui qui ne se vit qu’avec l’amour, semble inaccessible pour ces personnages.
Sacrifice et violence Du fait de la critique et du rejet du sacrifice animal par les chrétiens de... more Sacrifice et violence Du fait de la critique et du rejet du sacrifice animal par les chrétiens de l'Antiquité, les notions d'idolâtrie et de paganisme sont attachées au terme. Et du fait que la crucifixion ait été rapidement interprétée comme rachat des fautes des mortels pour devenir le sacrifice ultime, la violence humaine fut mise en adéquation avec ce même terme. Or, le sacrifice animal dans l'islam n'est aucunement connoté de cette sorte, le mouton égorgé est la simple offrande qui permet de partager un repas sacramentel entre dévots. Le sacrifice de pèlerinage des musulmans et, même, celui des Samaritains encore aujourd'hui lors de la fête de Pâque ne sont guère différents de celui que Jésus partagea avec ses disciples. On le voit, c'est le christianisme, de par son interprétation sacrificielle de la mort de Jésus et de par le refus de sacrifier quand des empereurs romains voulurent les contraindre, qui fit du sacrifice une catégorie religieuse problématique. Ce type de rite était central pour tous les Juifs, qu'ils fussent pharisiens et esséniens, central aussi pour les premiers chrétiens qui se rendaient au temple de Jérusalem dès qu'ils le pouvaient-c'est le cas de Paul-, rien de violent n'y était attaché. Quant à l'idolâtrie, elle ne concernait pas le rite lui-même au départ mais le destinataire du sacrifice. Et cette notion est déjà présente dans le judaïsme puisque le monothéisme biblique comporte une dimension monolâtrique intransigeante : seul le sacrifice à Dieu convient. Elle fut « christianisée » en considérant tout sacrifice en soi comme un acte condamnable puisqu'il ne pouvait être offert qu'à une divinité inexistante, Dieu n'en réclamant plus. Et tout sacrifice animal se révélait en outre un acte violent puisque la mort de Jésus, certes sur un mode métaphorique, était comprise comme étant celle de l'agneau de Dieu. C'est ainsi que la théorie de René Girard peut être comprise comme celle d'un penseur chrétien, au sens culturel du terme, puisque, même s'il ne vint que tardivement à l'interprétation des textes bibliques dans le déroulement de son hypothèse, sa conception du sacrifice relevait directement de la conception chrétienne : toute mise à mort ritualisée d'un homme est un sacrifice et tout sacrifice animal est un substitut innocent. Naturellement, l'interprétation anthropologique prenait le relais de l'interprétation théologique : le sacrifice ne rachetait pas les fautes des hommes mais il permettait la canalisation par le rituel de la violence humaine. Il ne s'agit absolument pas d'affirmer que la théorie se trouve invalidée du fait de son ancrage culturel et religieux mais seulement de souligner d'où elle part. Malgré l'aspect convivial et pacifique du dernier repas sacrificiel de Jésus avec ses disciples, on ne peut faire l'économie d'un questionnement de la violence du sacrifice car celui-ci est bien souvent sanglant. Mais ce questionnement doit se faire dans une grande sérénité de pensée. Le sacrifice humain est par essence violent. En revanche, le sacrifice animal peut être considéré comme la simple offrande et mise à mort d'un être jugé inférieur en vue d'un repas. C'est-à-dire que la violence de l'acte d'immolation quand il s'agit d'un animal peut être soit atténuée,
Les héros bibliques paraissent moins impressionnants que les deux géants de la littérature antiqu... more Les héros bibliques paraissent moins impressionnants que les deux géants de la littérature antique que sont, d’un côté, le mésopotamien de la ville d’Uruk, Gilgamesh, et, de l’autre, le héros grec aux douze travaux, Héraclès, devenu Hercule en latin. En effet, aucun n’a bénéficié d’un traitement littéraire aussi développé dans la Bible, excepté peut-être David. Mais, d’une part, David appartient à la catégorie des personnages légendaires ayant une existence historique attestée (la « Maison de David » est mentionnée sur la stèle araméenne de Tel Dan, IXe siècle av. J.-C.), d’autre part, les récits qui le concernent dans les livres de Samuel relèvent plus de développements « romanesques » que du récit héroïque proprement dit – il n’a aucune ascendance divine. Toutefois, l’amitié entre David et Jonathan, fils du roi et rival Saül, a pu parfois être mise en correspondance avec l’amitié fusionnelle (homo-érotique) entre le géant mésopotamien et son compagnon Enkidu, être au départ sauvage créé par les dieux pour contester la force brutale de Gilgamesh. Par ailleurs, le héros biblique Samson a bien souvent été rapproché d’Héraclès, au point de vouloir en faire un simple épigone du héros grec, soit par l’intermédiaire des Philistins à l’âge du Fer, après leur installation dans la plaine côtière de Canaan au XIIe siècle av. J.-C., soit, bien plus tard, à l’époque hellénistique : le héros de la littérature grecque aurait été adapté à la littérature hébraïque pour devenir le dernier juge biblique. Pourtant, sa force surhumaine et impulsive qui le caractérise plus le récit avance (tuant un lion, puis trente hommes, puis capturant trois cents renards, puis massacrant mille hommes, enfin trois mille dans le temple philistin), sa libido quelque peu débridée (la femme qu’il épouse dès qu’il la voit, la prostituée de Gaza, Dalila) et sa stature imposante (trente compagnons malintentionnés [lecture littérale de l’hébreu en Juges 14, 11] sont choisis pour l’encadrer au jour de son mariage dans la ville de Timna) en font un héros suffisamment singulier que l’on peut tout aussi bien rapprocher de Gilgamesh.
Les cheveux du Nazir, 2016
Le premier livre de Samuel est très hétérogène, il est donc nécessaire de comprendre comment il f... more Le premier livre de Samuel est très hétérogène, il est donc nécessaire de comprendre comment il fut réorienté en fonction de David, puis de Samuel, afin de faire réapparaître un récit légendaire plus ancien uniquement centré sur le premier roi d'Israël, Saül, et sur Yhwh Sebaoth, divinité résidant à Shilo (1 Samuel 1-4), capturée par les Philistins et "exilée" à Gibea (1 Samuel 7), là où Saül en prendra possession (1 Samuel 14). Cette hypothèse littéraire accompagne d'assez près l'hypothèse historique proposée par Israël Finkelstein concernant un roi Saül s'imposant dans les hautes terres et voulant étendre son territoire vers le nord.
The considerations offered here are meant to suggest a better way of understanding the nature and... more The considerations offered here are meant to suggest a better way of understanding the nature and origin of biblical monotheism.